Exploration sommaire d'une histoire séculaire...
Quelques repères pour relire une très longue histoire...
Des outils datant du paléolithique moyen (pierre taillée) ont été découverts lors de travaux de construction de la gare
d'eau dans les années 1830 (les objets découverts sont conservés à la Mission Archéologique de la Seine St-Denis), ce qui
tendrait à projeter dans la pré-histoire la présence humaine sur le site qui est aujourd'hui celui de la ville de Saint-Ouen.
On n'exclue cependant pas que ces objets puissent provenir d'un autre milieu.
Comme à Lyon et en de nombreuses cités gallo-romaines, l'Église dans cette zone est née de
l'action apostolique de commerçants
et d'ouvriers, venus des bords de la Méditerranée et parfois d'Orient en remontant l'axe Rhône - Saône.
L'Église locale s'est organisée sur le modèle romain, où des " prêtres cardinaux " étaient nommés responsables de
territoires déterminés. Ce découpage, consacré par le concile de 845, définit la base toujours actuelle de l'action pastorale :
la paroisse.
L'époque mérovingienne, avec la présence d'une villa royale, "Clippiacum", appartenant
au roi Dagobert, marque le début de l'histoire de Saint-Ouen, attestée, dès 832 dans un inventaire de biens de l'abbaye
de Saint-Denis. C'est dans cette villa royale que l'évêque Audënus (Audoenus) dont le nom est (devenu "Ouen") est mort.
Le nom de "Saint-Ouen", la ville le doit à cet évêque de Rouen du VIIème siècle qui fut aussi chancelier du roi Dagobert.
(voir Clippiacum: click ici) Statue de Saint Ouen dans
l'église du Vieux-Saint-Ouen
Basilique Saint-Denis - ville Saint-Denis
Le roi Dagobert avait en effet fait bâtir une église l'an 630 à Saint Denis au même endroit où les reliques du premier évêque
de la zone, martyrisé au IV siècle, étaient sensés reposer. En juillet 754, le fils de Charles Martel, maire du palais, avait
reçu dans la basilique le saint chrême royal des mains du pape Etienne II. Son nom est Pépin le Bref. Dagobert s'y était fait
lui-même enterrer en 639. C'est l'origine d'une longue histoire royale de la basilique-nécropole, rehaussée et embellie par
l'abbé Suger (1122-1151) au XIIème siècle.
Voir Saint-Ouen, le personnage: click ici
Notre Dame de Paris________
Le Moyen Age est le temps des cathédrales, lieu privilégié où se cristallise la culture de l'époque. Maurice de Sully,
archevêque de 1160 à 1196, entreprend la construction de Notre Dame de Paris. Au milieu du XIIIè siècle, saint Louis édifie
la Sainte Chapelle, au cœur de son palais de l'Île de la Cité.
En 475, sainte Geneviève avait fait établir une première communauté religieuse sur le site actuel de la cathédrale
de Saint-Denis pour propager le culte du premier évêque-martyr de la région, saint Denis, enseveli à cet endroit,
selon la tradition. Le roi Dagobert fait bâtir une église en ce même lieu l'an 630; et il s'y fait lui-même enterrer en 639.
C'est l'origine de la longue histoire royale de la basilique-nécropole, qui sera rehaussée et embellie par
l'abbé Suger (1122-1151) au XIIème siècle, le siècle des cathédrales par excellence.
Jean le Bon________
Timbre - 1964 à l'occasion du
6e centenaire de la mort de Jean le Bon Le Franc - monnaie dont
Jean le Bon était le créateur En 1285, Guillaume de Crépy fait construire sur le site qui est aujourd'hui
celui de la Ville de Saint-Ouen,
un manoir qui sera plus tard fréquenté par Philippe IV le Bel.
Le 6 novembre 1351, le roi Jean II le Bon créa, en l'ostel de Saint-Oyn, le premier Ordre de Chevalerie Français: l'Ordre de l'Étoile des Chevaliers de Notre-Dame de la Noble Maison. Cet éphémère Ordre Chevaleresque fut, à cette époque, ce qu'est actuellement l'Ordre National de la Légion d'Honneur. Jean le Bon assigna l'ostel de Saint-Oyn comme résidence de l'ordre dont les armoiries étaient perpétuées sur le blason de la Ville actuelle. Armoiries des Chevaliers de Notre Dame de la Noble Maison
On peut y lire: "Monstrant regibus astra viam" Ces photos sont à mettre au crédit de la revue Saint-Ouen ma Ville de la ville de Saint-Ouen
A l'éclat de la Révolution de 1789,
les Audoniens rédigent leur "Cahier de doléances" qui réclame la suppression des "capitaineries"
(réserves de chasse royale) et des "aides" (impôts indirects). Le village, qui comptait alors
700 habitants, sera rebaptisé "Bains-sur-Seine" et envoya des volontaires à combattre dans
les armées de la République. La Révolution divisa gravement l'Église en France. Les prêtres " jureurs ", qui acceptaient la Constitution civile du clergé, s'opposèrent aux " réfractaires ", qui refusaient le serment exigé. Nombre de ceux-ci furent sommairement exécutés aux Carmes en septembre 1792, et leur martyre est aujourd'hui une des mémoires du diocèse de Paris. De ces années difficiles émerge la figure de M. Emery, supérieur de Saint Sulpice, qui sut préserver à la fois un délicat équilibre et l'essentiel. Le Concordat de 1801 rétablit le catholicisme comme "religion de la majorité des Français", avec un clergé fonctionnarisé. Mais la captivité du Pape (1809-1814) suscita une nouvelle crise.
Voir aussi Le Château - monument historique Expo de tableaux aujourd'hui au Château de Saint-Ouen Château de Saint-Ouen 1ère forme
(avant que Louis XVIII ne décide sa démolition) Industrialisation
Au XIXème siècle, notamment à partir du Second Empire, Saint-Ouen devient une
ville industrielle
Cet essor industriel est visible de nos jours par l'imbrication des quartiers et des usines: l'industrie a marqué le paysage urbain.
Le banquier Ardouin avait inauguré le 25 mai 1830 une "gare d'eau", avant-port de Paris, sur la Seine.
__Usines Farcot à Saint-Ouen
Cette "gare d'eau" aura une grande influence sur le développement commercial de la zone, et on considère sa construction comme le point de départ de l'industrialisation de Saint-Ouen. Lorsque la guerre éclate en 1870, les Audoniens souffrent des rigueurs du siège de Paris; et dans sa majorité, ils se rallient à la Commune. L'industrialisation s'est faite globalement hors de l'influence chrétienne, sinon par l'apport de petites communautés provinciales ou latines. La tendance laïque puis celle du Parti communiste a dominé cette évolution, obligeant l'Église à marquer le pas. A noter cependant que Paris reste au XIXè siècle la grande pépinière du mouvement missionnaire mondial. Jean Pernin - forgeron 1er maire socialiste de Saint-Ouen en 1887 Coll.Ville St-Ouen cliché G.Laforge La tension qui cuvait depuis longtemps entre l'Église et l'État, résultat de l'histoire
singulière de la France, aboutira enfin à une issue heureuse en 1905 avec la loi de la séparation de l'État et de l'Église,
qui libérera finalement celle-ci de l'emprise du pouvoir politique, mais dont les bénéfices ne furent pas compris par tout le
monde sur le moment.
La fin du XIXème et le début du XXème siècle, sont aussi marqués par un fort accroissement de la population. La construction de l'église Notre Dame du Rosaire (1898-2003) a été précisément une des réponses à cette augmentation d'habitants à Saint-Ouen. On était en plein milieu de ce qu'on appellera la "révolution industrielle" avec tout le bouleversement que cela a impliqué pour la vie sociale et économique du pays. A la veille de la Première Guerre Mondiale, près de 20000 actifs à Saint-Ouen étaient des ouvriers. La population audonienne fut durement frappée par cette guerre: 2238 morts, au front ou des suites des blessures reçues. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, la ville subit plusieurs bombardements, notamment en avril 1944, avec des dizaines de résistants fusillés ou déportés, 600 habitants exterminés dans le sinistre camp d'Auschwitz. Marcel Carrier, militant jociste audonien, est mort en déportation condamné au Camp de Flossenburg au motif de son "action catholique". Le XXè siècle est aussi celui du développement des structures paroissiales dans la région parisienne (catéchismes, patronages). Le cardinal Verdier fonde les "Chantiers du Cardinal" pour construire de nouvelles églises (comme le Sacré-Coeur à Saint-Ouen ou le Saint-Esprit dans le XIIè arrondissement de Paris). En pleine Seconde Guerre mondiale, le cardinal Suhard relance la réflexion sur l'évangélisation par de grandes lettres pastorales. La Mission de France et la Mission de Paris sont créées pour rejoindre le milieu ouvrier. Le cardinal Feltin poursuit dans la même voie, malgré la crise des prêtres ouvriers. Dans les années 1960, Mgr Veuillot est chargé de réorganiser la province ecclésiastique de Paris. De nouveaux diocèses sont créés, calqués sur le découpage administratif de la région : le diocèse de Paris se limite, à partir de 1966, à la ville intra-muros. Le Diocèse de Saint-Denis fait partie des nouveaux Diocèses créés par le pape Paul VI
le 9 octobre 1966. Son premier évêque fut Mgr Jacques Le Cordier. Mgr Guy
Deroubaix (Fraternité de Jésus - Charles de Foucauld) lui succéda en 1978.
Mgr Olivier de Berranger (Fraternité du Prado) a présidé le diocèse d'octobre 1996 au mois de janvier 2009
se retirant alors pour raisons de santé.
Enfin, Mgr Pascal Delannoy a repris le gouvernail le 10 mai 2009
dans une suite apostolique ininterrompue qui, passant par Saint-Denis, premier évêque de Paris martyrisé sur
les Buttes de Montmartre au IVème siècle- nous arrive de son fondateur, Jésus de Nazareth et son Collège apostolique au premier siècle
de notre ère.
Enfin, l'église de Saint-Ouen a reçu, en octobre 2002, la toute dernière relève des responsables pastoraux locaux,
les prêtres de l'Institut "Fils de la Charité" pour le service des trois paroisses.
|
|