Autorité institution et imaginaire le voyage au pays des mangas

sommaire :

Argument CMPP

Mon écrit en cours d'écriture

Entre Prométhée et Antigone (violet) en cours d'écriture

Du côté du manga (cf. jaune) non prêt

L’aspect politique de l’institutionnalisation (vert) en cours d'écriture

Institution, autorité et autoritarisme (orange) non prêt

Autonomie et individualisme (bleu) non prêt

La dette non assumée par les parents (bleu) en cours d'écriture

Clinique (marron) non prêt

La synthèse institutionnelle en cours d'écriture

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Argument

L'institution n'est autre que les pratiques humaines existantes dans un espace social où les individus les trouvent effectives et constituées devant eux. L'institution est aussi bien l'acte du professionnel engagé dans sa pratique que la fabrique du lien qui constitue les réalités du collectif. Si nous admettons avec Alain Ehrenberg que les discours sur le soin psychique sont au coeur de la construction du lien social dans les sociétés occidentales et traduisent leur évolution et leurs impasses, nous reconnaissons notre participation à la fabrication du récit de la société sur elle même, dans les débats de notre discipline où la défense d'une clinique humaine et respectueuse du sujet, opposée à l'instrumentalisation scientiste de l'individu, prend quelque fois des allures de rituel collectif. Quels sont les ressorts et les ressources d'une institution de soin psychopédagogique qui soutient aujourd'hui une pratique au plus près de la clinique, ce qui comporte d'en renouveler les cadres de réflexion ? Notre journée de travail tentera d'en déplier quelques aspects théoriques sous l'angle historique et d'actualité, ainsi que de témoigner d'expériences institutionnelles concrètes où la pratique et sa réflexion sont inséparables.

Argument de la première intervention au CMPP  autour de la question de l'autorité

On le dit partout : il y a une crise de l'autorité : elle concerne aussi bien le monde politique, que la famille, l'école et le pouvoir judiciaire.

On ne peut pas affirmer cette assertion sans tenter de définir ce qu'est l'autorité :

Historiquement la crise de l'autorité serait liée à l'avènement de la modernité qui récuserait toute autorité procédant du divin et de la tradition, et aurait cherché son fondement en elle-même. La crise de l'autorité se caractériserait par un arrachement au passé et à la tradition lors du passage à la démocratie et à la formation des partis.

« Du passé faisons table rase »

Pour le philosophe, l'autorité ne consiste pas à faire obéir, elle n'est pas un instrument du pouvoir et n'a pas besoin de s'affirmer sur le mode autoritaire. Elle requiert une dissymétrie où chacun la reconnaît dans sa justesse et sa légitimité, et s'oppose à la persuasion par l'argumentation et à la coercition comme substituts de l'autorité.  La coercition vise à obtenir l'obéissance par la force, dans un rapport de pouvoir, tandis que la persuasion passe par l'argumentation, le dialogue afin d'obtenir l'adhésion de l'autre et sa soumission. On a donc d'un côté l'autorité qui ne se décrète pas et de l'autre toutes les manoeuvres qu'utilise le pouvoir pour arriver à ses fins. (Hanna Arendt, M. Revault Dalonnes).

Prétendre  restaurer l'autorité en faisant appel à l'ordre, à l'obéissance par la force est un contresens, c'est de l'autoritarisme. Cela provoque d'ailleurs des réactions de défense agressives par crainte, pour  la personne forcée d'obéir, qu'en devenant  objet de l'autre, elle disparaisse en tant que sujet.

L'autorité ne se décrète pas, elle ne peut suppléer à quoi que ce soit. Si elle n'est plus opérante c'est en raison d’une succession de facteurs et de phénomènes sociaux et politiques qui sont à l'oeuvre depuis déjà longtemps et qu'on ne peut modifier.

Il est clair que dans certains secteurs des institutions de l'état, l'autorité est malmenée, je m'attacherai pour ma part à l'envisager dans la sphère familiale et dans le cadre de éducatif et scolaire.

L'autorité est proprement humaine et ne passe que par le langage.  Elle est respectée parce qu'elle est une parole qui fait acte.

Pour cela l'autorité suppose la mise en jeu de la fonction paternelle, spécifique de l'être humain parlant.

La fonction paternelle intervient comme  tiers, tiers qui est  généralement incarnée par le père pour séparer la mère de son enfant. Le père de par cette fonction prive la mère de la jouissance de son enfant et interdit à l'enfant l'accès à la mère Il pose le premier interdit dit à l'enfant, l'interdit de l'inceste. Pour cela il faut que  la mère soit partie prenante, qu'elle reconnaisse cette fonction séparatrice qui s'origine dans le langage. Et par le fait qu'elle a  un lien particularisé avec son enfant, qu'elle l'a imaginé pendant sa grossesse, qu'il a été parlé, nommé accueilli, elle l'introduit  au langage. Dans le même temps elle est attentive à satisfaire ses besoins et à ménager un écart, une attente (avec la collaboration du père) entre ses demandes et leur satisfaction. La frustration est supportée progressivement grâce à l'alternance raisonnable de sa présence et de son absence dans un bain de paroles que l'enfant s'approprie et qui sera le support de son développement psychique.

L'autorité si elle ne se confond pas avec la fonction paternelle, elle en est le corollaire.

Le père est celui qui d'abord dit non, interdit, puis celui qui dira oui, autorisera, et accompagnera les expériences nouvelles de l'enfant en l'assurant de son soutien et de son accord.

Autoriser et autorité ont même racine auctoritas, et sont dispensées  par un auteur (auteur, on dit l'auteur de mes jours, créateur, et passeur de savoir et de tradition). Autorité signifie à la fois permettre et interdire, l'un n'allant pas sans l'autre, et on connaît les ravages des pères trop autoritaires ou trop permissifs.

Les discours actuels sur l'enfant prônent le dialogue, l'écoute de sa parole, le respect de sa personne. On ne frappe pas un enfant. Il a des droits qu'il peut faire valoir et qu'on doit respecter. Toutes ces avancées peuvent produire des confusions dans l'esprit de certains parents.

Le respect comme l'autorité, ça ne se décrète pas, cela passe par le cas que l'on fait de la parole de l'autre, la considération qu'on a pour lui. Entre les parents le respect et le contrôle du langage sont très importants (en particulier l'usage des insultes).

Les enfants souffrent  des paroles en l'air et des promesses non tenues. Pour eux soit l'adulte dit vrai soit il ment. D'ailleurs ses parents lui interdisent de mentir. Quelle confusion ! Car mentir pour l'enfant est la possibilité de protéger son intériorité contre le désir de savoir de l'autre.

C'est la confusion des registres qui angoisse l'enfant et non l'autorité. Beaucoup de parents confondent interdits et perte de liberté. L'idée de priver l'enfant de liberté est souvent référée à leur propre histoire (généralement d'adolescents, l'enfance ayant été pour part refoulée) et à une souffrance vécue qu'ils veulent épargner à leur enfant.

Pour autant ils croient au bien-fondé des limites mais ils craignent le rejet de leur enfant, la perte de l'amour qu'il leur porte, s'il le frustre dans ces désirs.

Par exemple j'ai reçu à une famille qui a offert à Noël à son enfant de 5 ans la Wii et l'enfant a tout simplement cassé la télévision neuve d'une valeur de 800 euros en lui administrant un coup parce qu'il s'en était approché de trop près : résultat : punition, terreur de l'enfant persuadé qu'il allait mourir le jour même, épouvante du père devant la réaction de peur de l'enfant. J'ai demandé quel cadeau de Noël l'enfant avait demandé : il s'agissait d'une toupie à 15 euros. On peut dire que par cet acte malencontreux il a infligé la castration à ses parents ! Il se trouve qu'il y avait conflit entre les parents au sujet de la WII et que la mère est passée outre l'opposition du père. Le fait que le père n'ait pas tiré jouissance de la défaite de la mère et aie à tout instant été surtout préoccupé de son enfant rend l'aventure édifiante et offre des perspectives pour ce père plutôt rassurantes

Prendre le risque de ne pas être aimé c'est perdre un plaisir, une jouissance qui ferait place à des ouvertures vers de nouvelles perspectives (désir). Nous avons la chance en tant que thérapeutes, de voir le bénéfice de ces pertes de jouissance chez les sujets que nous recevons.

Poser les interdits aux enfants, ce n'est pas la tâche exclusive du père, c'est aussi celle de l'éducateur, de l'enseignant voire du psychothérapeute. C'est par cette action que l'enfant se sent reconnu en tant que sujet par un autre qui s'engage dans sa parole : ce qui revient à dire que l'enfant peut penser : l'autre a pu perdre quelque chose pour moi, d'autant plus si l'adulte supporte de la part de l'enfant son rejet, ses manifestations de frustration : colère bouderies pleurs.

Les parents ne sont pas les seuls à devoir poser des interdits aux enfants, cela incombe également à l'éducateur, l'enseignant le thérapeute, lorsque c'est nécessaire. D'ailleurs les enfants ne s'y trompent pas qui vont chercher ailleurs chez un enseignant voire un chef de bande l'autorité qui leur fait défaut

Françoise Dolto disait qu'un enfant qui finit par pleurer devant un adulte qui interdit montre qu'il a rendu les armes, qu'il accepte son autorité, elle rappelait cette évidence parce que voir pleurer un enfant est très mal supporté par les parents actuellement.

L'école accueille tous les enfants et il est très difficile aux enseignants de jouer leur rôle de passeurs de savoirs, pas seulement à cause d'enfants qui n'ont pas de limites mais aussi parce que tous ne sont pas en situation de désirer apprendre. Et ne pas désirer apprendre n'est pas sans rapport avec le manque de limites, mais pas dans tous les cas.

Le désir d'apprendre est l'aboutissement dans le développement de l'enfant de la maîtrise des pulsions. Freud l'appelle pulsion épistémophilique, C'est la curiosité qui au départ était sexuelle et qui, au sortir de l'Oedipe se meut en curiosité intellectuelle. L'absence de limites freine la maîtrise des pulsions et par conséquent l'avènement de la curiosité intellectuelle.

La curiosité intellectuelle n'est avérée qu'après un parcours psychique semé d'embûches de la naissance à l'âge du CP environ. Tous les enfants ne sont pas prêts à recevoir le savoir en même temps, et bien que ce soit le cas pour une majorité, il y a des enfants que la vie scolaire met en souffrance. Cela n'implique donc pas qu'il y a un problème d'autorité de la part de l'enseignant mais qu'il y a à prendre en compte les différences entre les enfants.

L'enfant dit agité exprime par ses passages à l'acte des états de souffrance dont il n'est pas en mesure de parler. Ce comportement peut constituer une gêne pour l'entourage familial et scolaire et pas pour l'enfant. Pour l'enfant c’est sans doute un message à décrypter c'est-à-dire un symptôme.

Un enfant peut être agité dans une classe parce que la promiscuité avec les autres lui est insupportable, ou toutes sortes d'autres raisons extérieures à l'école : préoccupations d'ordre familial affectives économiques . Chaque enfant pris dans sa spécificité, son individualité peut  dire un bout de ce qui lui arrive et s'apaiser du même coup. Aux adultes de se pencher sur lui et de lui aménager un espace particulier qui lui permette de bénéficier de l'enseignement scolaire, par exemple.

Nous avons à notre actif de bénéficier encore des moyens mis en place les précédentes décennies et qui nous ont permis d'adapter l'environnement de la façon la plus respectueuse possible pour certains enfants en grande difficulté.

Il y a un danger à brandir la défaite de l'autorité dès qu'on est confronté à un enfant qui refuse de se soumettre au cadre institutionnel de la classe. Les termes qu'on utilise introduisent des confusions des erreurs d'analyse et par conséquent de réponses inadéquates et intempestives. Plaquer un paradigme sur un ensemble de situations très différentes nous conduit à des réflexes de généralisation réducteurs, à des réponses violentes qui chosifient.

Parler de la perte d'autorité des enseignants et des adultes en général ne rend  pas compte de  la complexité des problèmes. Tout comme il est trop simplificateur de réduire les enfants à ce qu'ils montrent en les qualifiant par des vocables tels que  éléments perturbants, perturbateurs, enfants agités.

Nous sommes invités  à mettre en commun nos réflexions basées sur nos réussites comme nos échecs qui nous enseigneront sûrement sur nous-même. Il nous reste  à inventer des modes d'action créatifs pour accompagner le devenir les enfants dont nous avons la charge.

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 En cours d'écriture

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Argument CMPP

Mon écrit en cours d'écriture

Entre Prométhée et Antigone (violet) en cours d'écriture

Du côté du manga (cf. jaune) non prêt

L’aspect politique de l’institutionnalisation (vert) non prêt

Institution, autorité et autoritarisme (orange) non prêt

Autonomie et individualisme (bleu) non prêt

La dette non assumée par les parents (bleu) en cours d'écriture

Clinique (marron) non prêt

La synthèse institutionnelle en cours d'écriture

Institution, autorité et imaginaire (entre Ehrenberg et Castoriadis en passant, non pas par la Loraine mais par Kammerer)

Mon argument : Reprendre cette question de l’individualisme pour la différencier de la notion d’autonomie. En reprenant l’une des idées défendues par Ehrenberg, c’est narcisse contre oedipe, le retournement contre soi du conflit envers le père. Les Amériques contre les valeureux gaulois enfin l’image d’un reflet de ceux-ci. Il serait intéressant de mettre cela en perspective avec la question de l’imaginaire instituant (les trois nomos) qui vient résonner avec la dette de vie que l’enfant doit contracter comme héritage de ses parents. Dette de vie en forme de « tu seras un homme ‘social’ mon fils. Je ne pourrais donc pas tout te donner, il te faudra le chercher par toi-même. Et je n’ai pas peur de cela, car tu es fabriqué pour ça. » De la même façon que les hommes ont hérité de la connaissance du fait qu’ils sont mortels avec des espoirs aveugles. Comment tenir ces éléments glanés de ci de là, voilà ce que je mets au travail avec vous aujourd’hui. Pour éviter de paraître trop dogmatique et rester sur un plan purement théorique j’essaierai de me placer sur le terrain de la clinique. En tous les cas sur le terrain de notre institution. 

Je voudrais commencer cette discussion par deux extraits d’un texte de Dominique Friard, s’annonçant comme un criminel sur le site du SERPSY. « Toute réflexion sur l'institution se heurte à une " difficulté fondamentale " : celle des enjeux psychiques de notre rapport à la dite institution. Ni la formation infirmière ou médicale, ni la pratique quotidienne ne nous permettent de penser ce qui d'une certaine façon nous pense. » et comme promis une deuxième pour la route « L'institution n'est pas un matériau docile, il n'est pas facile de s'en extraire, de s'en extirper. Ca pègue ! » (C’est une référence directe à la force d’inertie considérable de l’institution selon Sartre). Ne me demandez pas ce que veut dire « ça pègue ». Une troisième, je vois que vous insistez « Ainsi donc, les comportements et les modes de pensée propres à l'institution dans laquelle je travaille ne sont pas essentiellement le fruit de pensées individuelles mais sont au contraire impersonnels et collectifs. Ils sont un héritage du passé, un des effets de l'éducation à entendre comme reproduction du même. ». 

Qu’en retenir ? Que d’une part l’institution tend à se reproduire, à se maintenir. Elle n’est pas vraiment le fruit de la pensée d’un individu et encore moins d’un groupe d’individus et pire, pas du tout représentative de la pensée de ceux qu’elle est sensée servir. C’est une espace de consistance pâteuse de laquelle il est difficile de s’extirper. Pourquoi cela ? Car elle a un caractère rassurant, elle nous porte dans ses bras, tout simplement car elle ne permet d'envisager sereinement ce qui sera demain. Hors si l’on s’en tient à la recherche du personnage sus cité, « Institution : nom féminin. Action d'instituer, d'établir. Le mot apparaît au 13ème siècle. Ca vient du latin instituere : mettre sur pied, fonder, organiser. » Mieux « On considère en 1870 que tout ce qui est inventé et établi par les hommes est une institution. » Comment se fait-il que l’on est perdu ce sens étymologique pour en arriver à « Toute institution se présente comme un ensemble de tâches, règles, conduites entre les personnes et pratiques. » Que j’entends avant tout comme structure établie et pérenne chargée de se maintenir avant tout contre vents et marées. Mais surtout, dans le cadre qui nous occupe, celui de l’institution CMPP comment assurer une vitalité garantie d’innovations fertiles. En d’autres termes comment assurer un possible du côté de l’imaginaire instituant. Il me semble qu’il y a ici deux éléments constitutifs de cette ouverture du côté du poïétique (définition). La synthèse institutionnelle et la synthèse clinique. 

Autant la deuxième se laisse apprivoiser assez facilement, du moins au niveau de l’idée. Faire circuler la parole autour d’une prise en charge pour permettre au thérapeute de mettre en évidence le contre transfert dans lequel il est pris. Ou encore, faire émerger les enjeux de la thérapie au niveau de l’institution. Par exemple autour de ce qui se rejoue dans nos murs de la pathologie familiale. Mais la synthèse institutionnelle quelle est sa fonction ? Entre réunion d’information, mis au travail d’un imaginaire collectif, assurer la pérennisation de l’institution et surtout libérer l’imaginaire instituant. Il me semble que si rôle elle a, autre que celui d’une réunion d’information, c’est de nous éviter deux écueils, l’autorité pervertie sous la forme de l’autoritarisme et l’hubris. Il faut tout suite souligner que les deux sont liés dans un rapport de causalité. C’est à fin d’éviter l’hubris que l’on pervertie l’autorité dans une crispation autoritaire. Le problème, c’est que l’hubris est aussi ce qui génère de l’imaginaire pour sortir de situations problèmatiques. 

L’hubris (définition), ou encore le pathos (définition), ne sont pas à bannir ipso de facto. Ce ne sont que les formes d’une folie qu’il nous faut entendre. C’est la matrice de la pensée créatrice. Cependant, c’est aussi la focalisation des inconscients individuels dans un collectif qui dévient réceptacle de ces inconscients et dans lesquelles il se reconnaît, y compris dans leur dimension pathologique. Cela donne naissance à un objet que l’on pourrait qualifier par extension, d’inconscient collectif. Il s’agit de désirs mimétiques qui s’orientent brusquement dans une direction qui les focalisent. Le risque c’est le bouc émissaire soit à travers le patient, soit à travers une figure du groupe.  Les deux formes de protection que génère l’institution sont l’autoritarisme et le renfermement sur soi. Prise dans les reflets du miroir elle peut s'écrier "Oh mon beau nombrils." 

Le rôle de la synthèse institutionnelle doit permettre de se dédouaner de la peur et de l’autoritarisme afin de libérer l’imaginaire. Elle doit rendre possible un passage de l’autre côté du miroir où  "Je" se voit voir, le reflet qu'il présente à à l’autre. L’aspect thérapeutique des trois nomos mis en situation. 

Il reste que la synthèse institutionnelle ne peut jouer son rôle qu’à la condition que l’on soit prêt à s’emparer de cette espace, hors aliénation. C’est parce qu’on s’en empare que l’on peut jauger de notre degrés de liberté. C’est formateur. C’est aussi un cercle vicieux dans lequel on est pris. On peut s’emparer de cette espace parce qu’il le permet, mais il le permet parce qu’on s’en empare. Il n’est pas de liberté donnée en soi par la structure, même institutionnelle, quelle qu’elle soit. C’est peut être ce qu’on peut entendre par un processus social historique. L’institution n’est pas née ex nihilo, elle est inscrite dans un processus historique qui rend possible l’autonomie du sujet. On a donc une part de responsabilité dans le fait de s’interdire de dire. On a un devoir de dire pour mettre au travail la question qui fait débat. Un projet n’est pas donné d’emblée, il faut le mettre au travail, le questionner pour en faire émerger l’essence. Qu’est-ce qui peut nous rendre apeuré au point de ne pas oser dire ? La question de l’hubris, une sorte de peur archaïque venue du fond des âges, de l’institution, une sorte de mythos qui raconte une déroute de l’institution dans une sorte de liberté extrême qui focalise les désirs mémitiques. La difficulté que pose l’imaginaire instituant, c’est qu’il s’appuie sur l’hubris, c’est le point de départ de la force créative. C’est d’une certaine façon ce qui a à voir avec la figure du sacré que l’on contrôle par le rituel. C’est la part des Dieux dans le nomos. Quel rituel devons-nous instituer pour libérer l’imaginaire instituant tout en contrôlant la part d’hubris ? On  retrouve le cercle vicieux, c’est en instituant qu’on se gare du sacré, et c’est en se garant du sacré qu’on peut instituer, toujours la logique historique. C’est en s’appuyant sur l’histoire de l’institution et la génération d’un espace de parole protégé de l’hubris que l’on peut comprendre l’historique de la force créatrice qui a permis de sortir de ce mauvais pas. Il faut cependant que ce ne soit pas au prix d’un nouveau sacrifice, celui de la pensée créatrice sur l'autel de la fonctionnalité. 

Ce qui nous conditionne à agir, par un repli sur la fonctionnalité, c’est une mauvaise idée de l’individualisme que l’on relie à l’autonomie.  Pour moi le sens exact de l’individualisme est autolimitation. Ce n’est pas la culpabilité réactivée dans la figure du chef, dépliée dans un père qui serait la loi. C’est le signe qu’il faut se lever et prendre la parole pour éprouver notre sentiment de liberté et de ce fait, redéfinir les conditions de l’énonciation. Accuser l’autre, de jugement erroné, d’incompétence, c’est lui dire « je te reconnais comme mon égal capable de me répondre et de justifier ta position ». C'est aussi de penser possible, dans un discours contradictoire, de faire avancer le problème, ne serait-ce qu’en formalisant un désaccord patent. Protéger l’autre de cette mise en cause, c’est nier sa position de sujet en le considérant comme étant incapable de se mesurer à moi, c’est l’infantiliser. 

La figure de l'individualisme poussée à l'extrême c'est le consommateur libre de s’assumer à travers ses choix de consommation. Mais il se retrouve dans une position de client roi, qui n’est autre qu’une figure dépliée de tous les autres nous, client roi. On a perdu l’idée de la collectivité et de la valeur représentée par ce qui n'appartient pas à l'un mais à la cité. Ce qui est à nous est à moi où n'est pas considéré et dégradé sorte de retournement du roi envers ce qui met en cause son statut. Ce qui est au peuple met en exergue l'incohérence du client roi par le fait que le peuple appartient au Roi et est assujetti à lui. Si tous nous sommes des rois, nous sommes condamnés à la folie, soumis à la persécution de l'autre. Ou alors dernière figure possible celle de l'indifférenciation du groupe sous la forme de la meute en furie gouvernée par un psychopathe anonyme. 

Notre travail thérapeutique peut être entendu comme un apprentissage de l’institutionnalisation

Qu’apporte la psychothérapie institutionnelle comme réponse à ces éléments problématiques ? Tout d’abord la prise en compte, dans la clinique même, de la question de l’extériorité. Cependant il y a une différence entre la conception de l’institution chez Oury et notre institution CMPP c’est justement le rapport aux espaces hétérogènes pour faire circuler la folie et pouvoir agir sur le transfert fractionné du psychotique. Oury évoque à ce sujet le rôle de ce qu'il nomme les clubs. Pour nous l’hétérogène c’est quoi ? Les familles et les enfants qui nous rapportent ce que dit le monde a à nous dire . Le problème, c’est qu’à la différence de Oury l’hétérogène est pathologique et fait partie intégrante du processus pathologique, alors que chez Oury l’hétérogène peut rendre compte du pathologique ou bien être lui-même pathologique, mais pas au départ. Il est pensé dans un premier temps comme une réponse objective à la psychose. C’est dans son rapport aux psychotiques qu’il est envahit ou prit dans la pathologie et les transferts fractionnés. Peut-être ici se trouve l’importance du rééducateur, entre autre, pour redonner de la cohérence à un extérieur en lui donnant une autre entrée. Le contexte scolaire et le rapport au savoir que l'on peut décliner en une confrontation à l’autre dans un espace régit par des lois qui rendent compte de l’humain dans toute son implication sociale. Mais est-ce que cela rend compte de la dimension des institutions dans l’institution pour lutter contre l’institution souveraine ? Il ne s’agit pas d’une lute pour le pouvoir, mais pour la créativité par la puissance désirante. Peut-être si on le prend au sens large, c’est l’éducation, car rééducateur, et psychologue scolaire, sont une partie rapportée d’une autre institution, l’Education Nationale. On trouve une autre institution dans notre institution, c’est « le dispositif » destiné à accueillir les enfants autistes. Je pense que ce "dispositif" a aussi cette fonction, de venir questionner l’institution dans sa souveraineté

Maintenant je voudrais montrer en quoi notre institution promeut l’imaginaire instituant dont nous parle Castoriadis. Je vais essayer de faire résonner cela avec l’idée de loi, plus exactement de nomos Je voudrais vous faire part d’une réflexion issue d’une discussion avec Isabelle autour de la notion de règles. Dans un groupe éducatif, en tous les cas dans sa façon de le conduire, les règles viennent dans la gestion même du groupe. Elles émergent pour que le groupe puisse vivre et se constituer sans sombrer dans le chaos. Elles sont générées par la vie du groupe du côté de l’ento nomos. Elles viennent du dedans, de l’imaginaire instituant force élémentaire qui fait l’humanité.

Petit point de clarification sur l'ento nomos : Si l’on s’en tient au texte cité ci-dessous, c’est « la conception de l’institution imaginaire de la société » qui vient interférer dans la monade (l’unaire) pour amener au processus d’autonomie. La question qui reste, Est-ce une force interne au sujet ou bien est-ce la société qui vient faire violence pour pénétrer cette monade ? Pour moi l’infans incarne cette force et l’unaire n’est qu’une figure pathologique quand le moi se prend pour objet d’amour afin de fuir l’extérieur trop persécutif ou trop angoissant. C’est une conception assez proche de Freud qui parle de manière autistique dans le rapport à la mère, mais à mon avis c’est dans le sens où elle comble totalement le désir d’incorporation de l’enfant, l’empêchant de chercher à incorporer autre chose. Il est intéressant de voir comment F. Urbibarri dit d’une certaine façon ce que j'essaye de défendre, en faisant référence au plaisir de représentation supérieur au plaisir d’organe. Il est d’ailleurs intéressant de noter que Castoriadis explique plus loin « L'humain est défini par la prédominance du plaisir de représentation sur le plaisir d'organe, sur la simple satisfaction pulsionnelle.  » Affaire à suivre… 

The texte cité ci-dessous : « conception de l'institution imaginaire de la société, qui décloisonne, avec une certaine violence, la psyché monadique de l'infans pour le faire accéder à un processus d'autonomisation.  »

Pour ce qui est de la rééducation, en tous les cas comme je la mets en pratique, les règles sont données d’emblées. Elles sont du côté de l’hétéro nomos. L’objectif est de confronter l’autre à la production de savoirs et aux questionnements dans un espace rassurant où l’on peut attaquer le cadre pour lui faire dire ce qui le fonde dans la réalisation de désirs qu’il faut nécessairement différés dans leur satisfaction. Il faut pour cela ne pas avoir entraver ses possibilités du côté de l’imaginaire pour créer de la satisfaction différée. Il y a donc à libérer l’accès à l’ento nomos, ce travail est du côté de la thérapie. Dégager l’enfant notamment d’un rapport faussé à la dette de vie. L’acte rééducatif n’est autre qu’une mise en acte de l’institutionnalisation. C’est dire permettre aux hommes de vivre en société dans un espace relativement serein qui nous garantit d’échapper au chaos. La personne dans son rapport à l’autre, notamment à travers les jeux, mais aussi le savoir, éprouve cette mise en acte d’une institution dans un espace suffisamment protecteur pour que cet éprouvé puisse ne pas être trop angoissant. Car ce qui est en jeu c’est le chaos, venir s'y frotter pour s'en éloigner, voir de quoi il en retourne et ce que ça fait dans le rapport à l'autre. Que devient celui qui chemine à mon côté quand les règles s'estompent pour devenir folie.

La question de l’ento nomos n’est pas complètement évacuée du rééducatif du fait de la possibilité de jouer. Le faire semblant permet dans un jeu (au sens du playing anglais) d’éprouver l’élaboration des lois, un peu comme dans le groupe éducatif évoqué ci avant. La mise en scène de la loi (ou des lois) peut passer par des jeux comme le garage, les marionnettes ou se travaille des thèmes comme la dévoration, la toute-puissance, le massacre). La condition pour que ce travail ait du sens, c'est de rester dans un transfert sublimé cf. texte cité ci-dessous. Pour le dire autrement, un transfert moins régressif ou moins dense que dans le cadre d'une analyse. Ce transfert sublimé porte sur des supports valorisés socialement, ou pour ce qui nous occupe, le savoir. Il s’agit, par exemple dans le jeu du garage, de placer une interprétation restant sur le plan très pragmatique de la compréhension de la loi « Est-ce que je dois attraper le voleur ? » Question que je pose, toute simple, juste pour savoir ce quel rôle le policier doit jouer dans cette histoire de poursuite. Mais c'est en même temps un arrêt dans la jubilation, une scansion dans la répétition qui rend possible une prise de conscience de la situation. La réponse n'est autre qu'un positionnement par rapport à la loi. Que la réponse soit affirmative ou négative, importe peu, ce qui compte c'est que soit entendu qu'il y a Une Loi. La difficulté c'est justement de ne pas plonger trop profondément dans un aspect régressif qui conduirait à rendre opaque la spécificité des lieux thérapeutiques. Cela reviendrait à changer de registre transférentiel et donc donner une fonction à un lieu de soin qui ne correspond pas. C'est ce qui est arrivé avec le jeu de la maison ou encore la mise en scène du marchand avec une fille de 8 / 9 ans. Le jeu met en scène de manière répétitive sans qu'il n'y ait d'évolution de la problématique la question de l'abandon. Le problème se doublant d'un désinvestissement de l'autre espace thérapeutique dédié à ce type de travail. Il est impératif, à ce moment, de faire jouer la synthèse clinique pour analyser ce qui se joue transférentiellement et contre-transférentiellement dans le dispositif institutionnel et qui rend inopérant le travail thérapeutique par la confusion des espaces.

The texte cité ci-dessous : « Mais dans la pédagogie, il ne peut y avoir que des formes sublimées de transfert, si je peux utiliser cette expression bizarre. Je veux dire que, dans ce cas, le transfert doit être soutenu par et porté sur ce qui est sublimé, c'est-à-dire sur les activités qui sont des objets sociaux -le savoir est un objet social par excellence - et qui sont source d'un plaisir qui n'est ni plaisir d'organe ni simple plaisir de représentation (comme dans une rêverie ou un phan­tasme), mais le plaisir de penser.  » Limite de relecture

Derrière ces questions se joue la place de l’humanisme à travers la gestion de la violence ultime. C’est par l’institutionnalisation que l’on se montre humain, à la condition que l’institution fasse autorité et ne soit pas uniquement du côté de la fonctionnalité pour se faire autoritarisme bureaucratique. A la condition que nous soyons prêt à assumer les contraintes du socius[OI1]  en nous libérant des contraintes inconscientes sur l’intra nomos grâce à un travail thérapeutique de type analytique par exemple. Qu’est-ce que nous apprennent les manga, c’est le fait de reconnaître dans la figure de l’autre vaincu sa part d’humanité comme valeur intrinsèque qui fait de moi effectivement ce que je suis. Il n’est donc pas nécessaire de n’être que haine destructrice, que la mort de l’autre pour la mort de l’autre n’apporte que le chaos où la mise en application de la sanction suprême, l’anéantissement. Si la société se tourne du côté de la peur à travers un autoritarisme répressif elle nous renvoie non pas vers notre part d’humanité créatrice, mais vers les pathologies narcissiques. La violence est retournée sur soi où se trouve du côté de la paranoïa. Cette fois-ci l’acte premier peut se trouver du côté du rééducatif, plus exactement du côté du créatif et de l’art comme première étape vers une estime de soi reconstruite ouvrant vers un espace thérapeutique enfin entendable pour un autre pouvant s’estimer comme étant en acte. La grande difficulté du travail c’est d’arriver à une estime de soi vraie d’où la difficulté pour l’alimenter avec quelqu’un qui n’en a pas ou qui prisonnier de son image. Le jeu et la création artistique ? Il me semble que seule la création artistique est la solution, car le jeu est du côté de l’ento nomos ce qui est un accès invalidé par définition puisque manque d’une estime de soi nourrissante pour affronter l’angoisse de la loi castratrice.

L’incompatibilité entre la grande distribution pour une consommation infinie et la part de l’humain vendue au diable est une donnée incontournable pour moi. La consommation ultime nous replie sur la question de la dette de vie de laquelle nous avons déjà eut à nous dédouané en l’endossant à travers les figures de la parentalité. Nous nous pensons désengagé du côté du manque pour entrer dans le comblement absolue de tous nos désirs inassouvis prit dans la vitesse de l’exécution et l’immédiateté.

Entre l’ento nomos et l’hétéro nomos il y a la part du sacré (les trois nomos), de laquelle nous ne pouvons nous dégager comme cela. On est du côté du rituel, du poids de la chaire. Consommer pour consommer, rentabiliser pour produire, valoriser la part marchande de l’humain nous place du côté de la bestialité, en dehors de l’humanité et nous rabat sur l’hubris, sur l’apolis. Les deux figures échouées à travers celle de Créon, j’ai raison seul, et Antigone, je bafoue ce qui relève de la part des dieux, à savoir donner une sépulture à ceux qui en ont été privé par la communauté des hommes pour avoir trahi les lois fondamentales de la cité.

La question de l’éducation de la pédagogie et de l’autolimitation et donc de l’autonomie. Jusqu’à quel point s’autoriser, rapport à la loi aux règles. Pédagogie implique un rapport dissymétrique, alors que le jeu met dans un rapport d’égalité pour traiter la connaissance du monde. Il s’agit dans ce cas d’une co création de la compréhension du monde. Ce qui doit nous guider dans notre travail au quotidien, ce sont les moments d’autonomie du sujet, les moments où le sujet est effectivement sujet en acte. Ce sont ces moments qu’il faut guetter pour les encourager. Toute la difficulté c’est de ne pas être trop en avant, au risque de déposséder le sujet de sa place de sujet. La difficulté du pédagogue c’est de ne pas usurper la place du sujet.  Etre roi à la place du roi.

(La praxis) Celle-ci, nous l'avons vu, part de l'activité réelle des individus concrets pour dégager ce qui fait signe vers l'autonomie afin de leur permettre, par un effet retour, de développer les tendances mises en avant.

Le pathos[OI2] , sont le figures de la folies qui nous pousse à instituer comme le bébé dans sa monade psychique au moment de sa rencontre avec le monde et ses figures angoissantes. Le problème c’est quand il y a un « trop angoissant » qui conduit vers un repli autistique. La synthèse institutionnelle non renseigne sur le niveau du pathos et  nous pousse à réagir pour échapper à deux impasses. Celle du repli autistique et celle d’une crispation autoritaire ou l’autorité est dévoyée sur la fonctionnalité machinique autre possible pour échapper à l’angoisse au prix de la disparition d’un sujet pensant. C’est de notre degré de liberté que nous jugeons et de notre aliénation tout autant que du niveau du « pathos » de l’institution. En ça elle est formatrice car elle met au travail la question de l’imaginaire instituant pour préparer des hommes libres, capables de se positionner entre ento nomos, hétéro nomos et figure du sacré. La gestion du pouvoir totalisant est un élément constitutif de l’organisation des sociétés, tant moderne que traditionnelles, ayant pour objectif de rendre impossible la possibilité d’un pouvoir incarné en un homme. C’est de cette question qu’il faut aussi apprendre à se méfier afin de ne pas jeter notre liberté de décision avec une peur infondée de ce qu’elle peut engendrer.

Le complexe d’oedipe rend compte d’un pathos social contextualisé dans un type de société où les imaginaires se sont focalisés sur cette structure. On pourrait tout autant parler d’inconscient. Le narcissisme est une forme du pathos social, incarné dans un individualisme exacerbé au nom d’une consommation effrénée pour servir le productivisme. Le pathos social vient d’une focalisation des inconscients individuels dans une forme archétypale qui se révèle à travers l’expression d’un désir mimétique. Cela focalise la folie dans une figure emblématique (le diable en est la forme archétypale, car il est bon et veut se sacrifier). La synthèse institutionnelle serait cette focale qui fait converger les inconscients pour les réaliser au niveau du groupe et de ce fait les mettre au travail grâce à l’imaginaire instituant. La psychanalyse est la référence institutionnelle car elle a pour objet de faire advenir la personne à la position de sujet en la débarrassant des constructions inconsciente qui dysfonctionnent dans le sociale. Plus exactement elle ne débarrasse pas le sujet de ses constructions inconscientes mais de la façon dont il a tissé son asservissement à celles-ci. C’est une solution qu’il a trouvé pour vivre en mettant à distance les angoissantes non élaborables entre soi et sa conscience. Cependant la psychanalyse ne peut réparer le social dans son aspect pathologique, car c’est à l’homme libre de s’en emparer.

La dimension institutionnelle, à travers la synthèse avec tout le personnel a pour objectif de mettre à son service l’imaginaire insitutuant, la force créatrice. La poïétique se démarquant d’un rapport à l’autorité pour aller vers ce qui fait autorité. Un espace de parole où chacun à la possibilité de dire, indépendamment de sa position hiérarchique dans l’institution. Il y a deux dangers entre lesquels il faut apprendre à louvoyer, et il n’y a pas de structure pour s’en prémunir car ils sont constitutifs du deinos indissociable de l’imaginaire instituant. D’un côté la soumission à une autorité pour juguler le pathos ou encore l’hubris qui menacera toujours dans la question de la liberté créative. C’est au nom de l’efficacité et du fonctionnel qui règlera la bonne marche de l’institution assaini, débarrassée de ses mauvais démons, grâce à un contrôle et une mise en ordre pragmatique. C’est le moment où le fonctionnel se referme sur lui-même et ne produit plus que du fonctionnel, impersonnel. Cela vient de la peur, peur de se perdre. Pour se réassurer on fait du contrôle mais en oubliant que ce contrôle ne fait que réalimenter la peur dont il est sensé nous prémunir. Si on en fait une analyse historique, en se rend compte qu’il ne conduit qu’à sa propre légitimité à travers la figure de la peur, de l’angoisse. L’opérationnalisation du savoir en terme de techné objectalise le sujet pour le rendre perceptible, mais au nom de la connaissance scientifique. Pas d’un asservissement. De l’autre,  c’est le repli sur soi dans une conduite autistique qui se ferme au monde, autre façon de se débarrasser de l’aspect angoissant.

L’imaginaire peut être débordant, c’est cela que l’on craint, c’est que je nomme, d’une manière un peu indistincte, le pathos ou bien l’hubris. C’est aussi le chaos et le magma à la Castoriadis. C ’est aussi la foule informelle qui s’agglutine pour faire corps et prendre partie contre les forces de la polis dans un sentiment d’injustice ressentie en acte. On est dans l’agir groupal. Quand la société contraint l’imaginaire dans un socius non intégré aux formes d’institutions que propose la société, celle du vivre ensemble.  Que nous raconte les mythes, une fait réel ? Plutôt quelque chose qui a à voir avec un originaire oublié, occulté par la mémoire collective, oubli d’un chaos fondateur, reconduit jusqu’à sa mystification. C’est quelque chose qui a à voir avec l’imaginaire dans sa forme débordante, débridée. C’est aussi quelque chose qui traverse l’histoire de notre institution. Entre une forme imprégnée de paranoïa délirante et un repli sur soi expédiant l’extériorité dans une intériorité vitalisée par une pathos logie. Mais c’est une forme de l’imaginaire qu’il faut entendre, comme source de la créativité. Le mythe nous dit la force de l’imaginaire et il nous met en garde contre la part des Dieux. Autre vision de ce nous raconte la tragédie. Le mythe nous parle de l’originaire renvoyé aux tréfonds de l’inconscient, la tragédie nous raconte l’inéluctable de la part des Dieux, du sacré. Même annoncé il se produit, et parce qu’il est annoncé il se produira. Dans la parole est le deinos. Qu’est-ce que la bureaucratie, sinon le contrôle extrême de l’imaginaire débordant, au prix de l’aliénation. Une aliénation telle que les fous n’existent plus. Ils intéressant de noter que dans les sociétés totalitaires, la folie n’est plus internée. La folie est le quotidien.


Au formalisation de la même idée. Quelle drôle d’idée, redire pour dire !

Je voudrais tout d’abord dire ce qui m’a conduit ici devant vous. Lors d’une synthèse institutionnelle, dont le sujet était la présente journée, je voulais présenter deux points de vues issues de lecture récentes. Le premier c’est l’idée défendue par Castoriadis, je sais ce n’est pas ce qu’on fait de plus tendance aujourd’hui. Il parle de l’imaginaire instituant et du pouvoir de cet imaginaire au service de la création. Je me dissocierai d’ailleurs légèrement de sa vision de l’unaire dans la dyade mère enfant, pour mettre en avant justement ce pouvoir créatif que j’appellerai pour faire un peu sérieux, vis vitalis. La force vitale. Je prends le latin pour marquer ma différence de point de vue, lui s’appuyant sur les étymologies grecques.  Ca c’est parce qu’il m’énerve, je suis un tantinet jaloux par sa maîtrise du grec ancien. Pour moi le bébé à la naissance n’est que vis vitalis, ouverture aux autres, par une volonté d’incorporation de tout ce qui se présentent à lui. La figure de l’unaire, cette parfaite harmonie que présente Castoriadis qu’il faudra ouvrir au social, est pour moi une figure pathologique liée au refermement sur soi, dans une conduite autistique pour fuir l’angoisse d’anéantissement. Fin de la parenthèse. Le deuxième point de vue c’est celui tirée de ma lecture d’ Ehrenberg dont il est question dans l’argument. Mais c’est sa vision des individualismes qui m’a intéressée dans une acception très positive autre atlantique et plutôt négative de ce côté ci de l’atlantique, enfin à l’origine. Il montre que de là viennent deux postures psychanalytiques. L’une basée sur l’idée du conflit, le complexe d’oedipe et l’autre sur l’image de soi, le narcissisme. Je pense que la question de l’individualisme est un piège du quel on ne peut sortir, dans une sorte de guerre entre le bon individualisme et le mauvais. Il me semble plus pertinent d’interroger la question de l’autonomie en termes d’autolimitation. Non pas dans un faire seul, ou l’être humain serait son propre recours, mais dans un faire avec les autres sans être pris dans un logos aliéné à la figure de l’autre.

A partir de là, et pour être soucieux de l’aspect clinique, c’est à cause de Catherine, je vais vous présenter une situation avec laquelle je tente de me dépêtrer. C’est un enfant qui est arrivé avec un discours dans lequel il n’y avait de fait aucune place à l’autre. Il faisait les questions et les réponses, partait d’un point pour le laisser et se jeter sur un autre sans relation apparente. Ce qui avait attiré mon attention, c’est que noyer dans cette foison de mots, il y avait des éléments qui attendaient une réponse de ma part, mais sans m’en laisser le temps. Ce que je considère comme un appel à l’imaginaire, car les enfants ne savent faire que ça, appeler leur imaginaire pour rassembler toutes les ressources dont ils disposent pour tenter une énonciation de la question qui l’angoisse. Il fait appel à tout son imaginaire instituant pour poser la question corporellement, en acte. La difficulté n’est pas du côté de l’enfant, elle du côté des adultes pour arriver à se sortir de leur représentation pour entendre ce questionnement. Car à chaque fois il est unique dans son essentialité. Se borner à en faire une lecture à travers une grille de représentations c’est ne pas entendre le sujet qui essaye désespérément de le rester. Son problème à lui, c’est qu’il est pris dans une réseau d’énonciation construit sur une éducation inopérante qui rend impossible, ou très difficile l’énonciation de la pensée car prise dans un présent engluant qui empêche la mise en perspective dans un futur. C’est évidemment à l’école que le symptôme se présente dans toute sa splendeur, car le principe de ‘apprendre’ c’est justement d’accepter de remettre à plus tard la réponse attendue. C’est en acceptant de faire le chemin qu’on est prêt à entendre ce qu’il y a de nouveau, en acte, dans cette entreprise de cogitation. Cette question dont le thérapeute doit se saisir, est une question très complexe. Elle est prise dans une résistance de la part de la mère à entendre ce qu’elle engage comme conséquences si on n’y répond, mais encore plus si on n’y répond pas. Nous sommes pris dans une alternative schizophrénique, un double bind dont la seule porte de sortie, sera que l’institution se laisse traverser par cette folie. Dans une circulation de la question entre les différents thérapeutes, rééducateur, psychiatre, psychothérapeute, sans se laisser déposséder de son imaginaire instituant, et surtout sans externaliser la question de la folie.  Position rassurante car la pathologie devient de ce fait quelque chose dont il amputer le patient, comme on coupe un membre gangréné pour sauver le reste du corps et lui réapprendre à fonctionner dans une compensation du handicap. Cela grâce à une rééducation appropriée. Je sens votre surprise de m’entendre parler, en tant que rééducateur, du danger de la rééducation. Cela vient du fait que je ne le pense par de la même façon. Ré éducation, il y a une césure, car c’est le ré de rejouer ce qui s’est mal engager du côté de l’éducatif. Fin de l’aparté. Donc accepter de se laisser traverser par la folie du patient, ne pas y perdre son latin, accepter d’être mis à mal, accepter parfois de n’avoir pas de réponse. Ne pas avoir de réponse ça veut aussi dire accepter la mise en temps de la question. C’est différer la réponse pour lui permettre de s’énoncer. Ce qui s’est joué à mon sens, c’est que l’on est sorti d’un face à face trop angoissant pour créer un espace de jeu qui va introduire du tiers énonciateur. La maman ne pouvait entendre la nécessité d’une aide thérapeutique, par un rejet en acte, de la question. Ne se rendant pas au rendez-vous alors qu’elle avait elle-même demander ce nouvel horaire, qu’elle allait pouvoir rejeter. Elle teste à ce moment notre capacité à supporter toute l’angoisse sous-jacente de la question que pose son enfant. Est-on suffisamment solides, tous, car il en faut du monde pour étayer un tel questionnement. Elle finira par me remercier d’avoir parler à la thérapeute pour voir comment elle pouvait reprendre rendez-vous. C’est d’autant plus intéressant que pour moi, il n’était pas question de jouer les intercesseurs, et que j’avais fermement décidé de laisser la maman se débrouiller avec ma collègue pour trouver un aménagement. Ce dont elle me remerciait ce n’était pas d’avoir trouver quoi que ce soit, c’était d’avoir entendu que la question avait cheminé. Qu’elle se réappropriait la question, comme sujet énonciateur, pour tenter d’y répondre de sa place de sujet. Je voudrais mettre cela en filiation directe avec une situation présentée en synthèse clinique d’où il ressortait qu’une maman se créait une sorte de roman familial pour expliquer sur rapport troublé avec son fils. J’avais trouvé très juste une remarque faite par Michèle Papermann sur le fait que ce qui était important c’est qu’elle commence à imaginer l’histoire qui a conduit à ses difficultés. Elle fait appelle à son imaginaire, pour inscrire dans le temps quelque chose de figé dans une présentification mortifère. Bien sur qu’elle est prise dans une fantasmagorie, mais c’est justement le rôle du thérapeute de faire jouer les registres de cette fantasmagorie pour qu’elle puisse avoir des résonances dans la vie quotidienne. Ce qui fait la justesse de l’élaboration c’est qu’il ne s’agit pas théorie qui tourne en boucle sur elle-même dans une fermeture totalisante mais qu’elle est ouverte sur l’imaginaire comme co-recherche de solution avec le thérapeute. Invalider sa part de folie c’est se situer hors de la temporalité. Il faut accepter de la mettre au travail pour renouer avec la temporalité afin que, une fois que le roman familial se constitue, l’on puisse nier cette folie. Mais à la condition qu’elle soit remplacer par un équivalent en creux, ce fameux roman familial. Je suis fou quand je est pris dans sa folie et que toucher à cette folie c’est tuer « je ». L’artiste n’est pas son œuvre !

La question de la folie est ce qui fait, à mon sens, la force de la psychothérapie institutionnelle. Cela revient à comprendre comment on accepte de mettre au travail la question de la folie. Il semble que la synthèse institutionnelle ait un rôle essentiel à jouer. C e qui fait notre spécificité c’est notre capacité à entendre la folie comme une question sur la société, par laquelle nous sommes traversés. Traversé au sens de faire raisonner en nous la part de folie comme constitutif de l’être humain et surtout de sa capacité à imaginer, à créer notamment de l’institution, comme réponse totalement neuve à une situation angoissante. La difficulté étant de ne pas externaliser la question de la folie en la considérant comme pathologique et nous comme pathos logie. C’est croire qu’il s’agit de séparer la partie saine de la partie malade. Cela ne peut se faire qu’au prix de désubjectiver le patient pour le rendre objet d’un traitement. Le problème c’est qu’il ne suffit pas d’une synthèse institutionnelle pour garantir cette circulation, encore faut-il des êtres libres pour s’emparer de cette espace de parole. S’il y avait une structure qui pouvait garantir que tout irait bien, de fait elle fermerait la possibilité d’un imaginaire instituant puisque cette imaginaire est intimement lié à la question de la folie et du pathos. Le risque étant de faire sombrer l’institution dans les excès de l’hubris. Entre mythos et autoritarisme nous naviguons à vue.

On peut alors saisir la dimension véritable de l'insti­tution dont le surgissement est manifestation de l'être comme à-être, dont le sens profond est de masquer le Chaos ou l'Abîme dont elle procède et qui n'est que l'autre nom de l'être. « La signification émerge pour recouvrir le Chaos, faisant être un mode d'être qui se pose comme négation du Chaos. Mais c'est encore le Chaos qui se manifeste dans et par cette émergence elle-même pour autant que celle-ci n'a aucune "raison d'être".72» Castoriadis entend en finir avec la fausse opposition de la transcendance et de l'immanence, pour manifester la présence d'une « transcendance » au cœur même de l'immanence qu'elle ne cesse de « travailler » ou d'altérer. « Le Chaos n'est pas séparé, précise-t-il, il est source perpétuelle, altération toujours imminente, origine qui n'est pas reléguée hors du temps ou à un moment de mise en marche du temps, mais constam­ment présente dans et par le temps. Il est littéralement temporalité. »

Mais les significations imaginaires ne se contentent généralement pas de répondre au Chaos; elles le dénient, ce qui « entraîne nécessairement la position d'une source extra-sociale de l'institution ». Le plus souvent, la société refuse donc de se savoir à l'origine d'elle-même et des significations qui la structurent, elle occulte sa dimension instituante, pour ne se reconnaître qu'en tant qu'instituée par un Autre. Ce dernier est donc perçu comme la source ultime du sens, la réponse dernière à toutes les questions qui peuvent se poser pour elle. Castoriadis parle alors d'une clôture du sens, assurant que les questions qui ne pourraient pas être élucidées dans et par l'imaginaire social sont « mentale­ment et psychiquement impossibles pour les membres de la société» 74. Et comme les significations imagi­naires sociales spécifient ce qui est juste et ce qui est injuste, indiquant par là ce qu'il convient de faire ou non, et établissant des types d'affects sous-tendant les actions qu'elles valorisent 75, le fait de les rapporter à une origine transcendante par rapport au social porte la marque de l'hétéronomie au sens propre du terme: recevoir les lois d'un Autre.

Le denos c’est l’imaginaire avec son corollaire, la force de la représentation liée au fantasme sous-jacent. Selon l’angoisse associée au fantasme il plus ou moins difficile de s’en déprendre quand la construction est inopérante au niveau social. On est fait pour fabriquer de l’analogie sans qu’elles soient forcément causalité, comme le fait d’être toujours « b » dans la suite des classes à l’école comme le pense Igori. Ce qui peut produire des modes de pensées magiques, par exemple, auquel on va se fixer plus ou moins fortement en fonction du degré d’angoisse réactivée. La force de la représentation est telle qu’elle peut invalider l’idée de se nourrir, de dormir, l’autre etc. S’il y a une élaboration on est du côté de la névrose, mais si cette élaboration a été esquivée pour passer directement dans l’inconscient on se trouve du côté de la psychose, du forclos. On se trouve dans les soubassements du sous cortical, automatisation d’un fonctionnement il faut apprendre à se déprendre. Le problème, c’est la charge d’angoisse réactivée, ou encore la charge de travail qu’il faut engager pour se déprendre du fonctionnement.  (On peut imaginer que le fait de déplacer la charge de travail par un apprentissage rééducatif vers des figures moins invalidantes, peut se comprendre comme cela. C’est la charge de travail qui écrase l’angoisse pour l’empêcher d’être envahissante qu’on déplace.) Il faut accepter, dans un premier temps, de perdre pour gagner. La résistance du patient, c’est justement un moment où il pèse le pour et le contre. Il jauge de ce qu’engage la question. C’est un moment, où en général, c’est mis en acte pour jauger de la capacité de l’institution, ou du thérapeute, à supporter l’angoisse qui va se mettre au travail. C’est dire d’une autre façon le holding à la Winnicott. Mais ça peut être du côté de la rêverie maternelle à la Bion , car rêver c’est imaginer, c’est créer. On peut expliquer comme cela le fait que les patients s’endorment dans la salle d’attente. Comme la maman de Aboubacar, par exemple.  Sinon c’est en élaborant un roman familial pour inscrire une dans une trame temporelle un récit sur lequel on va pouvoir avoir prise. Là, on est du côté du thérapeute. Le fait de tester la capacité. Il est intéressant de noter le nombre de patients empêtrés dans la représentation du temps. Par exemple, le « après c’est maintenant » qui inaugure le moment où l’on va parler de ce qui s’est joué dans la séance. Le hier, demain, hier, demain qui gomme le moment présent du aujourd’hui.

On peut entendre la dépression comme le fait d’avoir raison tout seul.

L’idée intéressante de la psychose comme étant le problème d’accéder à un autre non barré, figure trop angoissante et envahissante. Et la notion d’autisme où la question c’est l’absence de l’autre, l’autre est nié dans son existence cf. discussion avec Rajou.


Après tout ça qu’en reste-t-il ?

9h30-9h45. Anna Konrad (psychiatre) médecin directeur au CMPP) :

L'institution au coeur de la fabrique de l'avenir pour le soin psychique

Il a été question de l’Institution républicaine dans laquelle on ne se reconnaît pas. C’est tout le problème de l’institution qui concerne le vivre ensemble et dont il faut s’emparer pour la rendre plus adéquat. L’institution est aussi ce qu’on veut en faire. La démission du peuple prit dans un individualisme exacerbé a oublié la contrepartie qui est celle du désinvestissement du vivre ensemble. On ne peut pas à la fois vouloir quelque chose et son contraire. Il est nécessaire de redéfinir un projet politique, portée par le peuple et débarrassé de son emprise économico scientifique dont le dernier terme n’est qu’une forfaiture.

Les mots d’usage font partie de l’institué et sont l’architecture de l’institution. D’où la difficulté de faire une analyse de ce qui constitutif de l’outil qui permet l’analyse.

Il a été question aussi de la fixité de l’institution et de la non-réponse de celle-ci. Il me semble qu’il faut bien distingué les deux, car la fixité est une réponse de l’institution. Mauvaise, peut-être, mais c’est une réponse.

J’ai trouvé intéressant, dans la présentation de mon intervention, qu’il ne reste que « autorité » parmi les trois : autorité, institution, imaginaire !

9h45-10h05 Annick Hubert (psychologue clinicienne à Bourg en Bresse)

Nécessité d'une subjectivation de4 enfants autistes à l'aide des apprentissages scolaires

Il a été dit quelque chose qui pour moi ne va pas de soi, mais qui reste une interrogation qu’il faudrait reprendre. Annick Hubert fait une distinction entre illettrisme et échec scolaire. A causer…

Il y avait aussi un point intéressant que la question de l’autisme des méthodes d’apprentissage, c’est le fait que de répondre uniquement sur le registre de l’adaptation, on ne peut faire que le sujet puisse « penser pour soi-même ».

Les apprentissages par cœur, notamment des contes, ont un effet contenant. C’est à relier avec la question des apprentissages types, comme le classement des figures, avec le passage au tableau à double entrée. Le moment où ils vont acquérir cette notion, cela va donner un temps de ritualisation, presque régressif, car c’est une façon de gérer l’angoisse de la découverte de quelque chose qui les engagent dans de nouvelles représentations du monde. Mais il s’agit d’un passage qu’il faut soutenir. Ils travaillent aussi le vocabulaire de manière systématique, enfin je pense qu’il s’agit de quelque chose de très basique. Ils le font comme s’il s’agissait d’apprendre une langue étrangère, ce qui est un peu le cas pour ces enfants qui ne sont pas réellement entrer, lors de la petite enfance dans un langage structuré. Ils les font répéter de petites scènes. L’objectif principal étant la narration. Il est intéressant de noter que les enfants autistes se complaisent dans l’utilisation d’imagiers. Ils fonctionnent un peu comme un arrêt sur image, dans la lecture d’un texte. Ils vont rester sur une image qui les colle dans un hors temps narratif. Il y aura aussi un travail sur le graphisme, notamment écrire entre les lignes et il semble que ce soit justement ce qui est le plus investit. Je pense que l’idée des lignes peut être entendu comme un contenant de l’angoisse de débordement dans un espace infini incontrôlable. Il y a aussi un travail autour des comptines et des chansons. Il me semble même qu’il a été dit que les consignes pouvaient être chantées. Les autistes sont des enfants qui savent chanter avant de parler.

Il sera question de la méthode Teacch et du test PepR[OI3]  qui mesure les émergences et qui sera relié à l’idée de Vigotsky et de la zone proximale de développement. Elle fera remarquer que lorsqu’ils ont fait repasser le dernier test échoué, plus tard je pense, il y avait réussite ce qui était en accord avec l’idée que face à une difficulté il y a un temps de maturation qui rend possible une réponse si on laisse du temps au temps !

Il a eut aussi une intervention autour de la continuité et de la discontinuité. C’est lors de ce qu’elle appelle des activités de « surstimulation » par durée de 10 minutes avec des adultes différents. Le temps et l’espace sont matérialisés par une ritualisation qui rend moins angoissante les activités scolaires proposées. Ce sont des temps dont s’emparent tout de suite les enfants. Mais ce qui est très intéressant c’est le fait que les temps de discontinuité ce sont les enfants qui les gèrent et que l’un des éléments essentiels qui constitue son travail, c’est la valorisation de ces discontinuité, car c’est là qu’émerge le sujet ! Il me semble que c’est aussi à des moments où les adultes ne cèdent pas que dans un contexte de refus, émergent des mots et du sujet, justement dans l’expression de la discontinuité.

La question de la santé du personnel est aussi apparue par le fait qu’ils sont cinq dans la même salle pour aussi soutenir le moral des thérapeutes. C’est une question qui traverse aussi la psychothérapie institutionnelle, si mes souvenirs sont bons ! Notamment par les temps de reprises.

Un autre point intéressant c’est la façon dont ils prennent le contre-pied de ce qui se fait habituellement. Ce n’est pas « ce qu’ils peuvent faire » qui les intéressent mais « ce qu’ils doivent apprendre »

Autour de la question de la gestion de l’angoisse, ils placent les enfants à une table de classe, mais de telle façon qu’ils soient dos mur. Je pense que l’idée c’est de leur un contenant et réduire l’angoisse du vide.

Il a été question aussi du fait de forcer les mimiques dans un face à face que je ne peux pas m’empêcher de relier avec ce que dit Régine Prat sur les premiers contacts de la mère :

c'est la perception des manifesta­tions affectives de la mère qui permet au bébé d'organiser, de réguler et de prendre conscience de ses états affectifs, c'est-à-dire de les intérioriser. .. Gergely et Watson confirment et mettent en évidence par des procédures expé­rimentales, les intuitions psychanalytiques et les concepts tels que l'identification projective, le rôle de miroir de la mère. .. C'est donc la perception sur le visage de la mère du reflet de ses propres émotions qui permet au bébé de visualiser les contours émo­tionnels de son ressenti interne: il pourra ainsi se les attribuer, les reconnaître

Il y aura aussi la question de l’apprendre à parler en partant d’un  registre métonymique « Maman bobo doigt » qui se double d’une utilisation d’une « drôle de voix » qui se transforme en « leur voix » à partir du moment où il y a de la subjectivation. Dans un premier temps, ils parlent tout doucement quand ils acquièrent leur propre voix car ils découvrent leur propre voix. Il sera aussi question de paroles « qui se parlaient toute seule ».

Il sera beaucoup question de Jean Bergès[OI4]  dans les différentes interventions. L’intervenante dira en référence à Bergès, écrire c’est bouleversant car c’est une deuxième naissance sachant que la première naissance c’est le langage oral.

10h05-10h25. Virginie Briard (pédopsychiatre au CAMSP de Saint Denis), Anne Bauer (musico­thérapeute au CAMSP de Saint Denis) :

« Le corps dans-sans »

 Intéressante intervention sur la question de l’arts comme énergie brute avec l’idée que pour certaines pathologies, l’expression du corps est première, et anticipe d’une parole rendue possible que celui-ci est contenu et limité. Il y a quelque chose holding à la Winnicott. Il n’est pas anodin que ce soit destiné aux mamans pendant que les enfants sont dans un lieu séparé dans une situation de groupe.

C’était aussi une intervention très intéressante sur l’imaginaire instituant face à la résistance de l’institution qui ne comprend pas l’intérêt d’un tel dispositif. C’est une bataille sur trois ans pour arriver à faire reconnaître le bien fondé du travail proposé. Notamment sur la question de la prise en charge des enfants pendant que les mamans s’emparent de leur espace propre. Séparer les enfants des mamans n’est pas quelque chose que l’institution peut entendre si facilement, même si, dans une énonciation protocolaire, elle le mettre en avant ! Il était aussi intéressant de voir que ce qui a débloqué la situation, pour partie, c’est l’arrivée de « deux nouveaux ». La place de l’extériorité dans l’institution est ici, une nouvelle fois, montré dans son essentialité. La création qui se redouble de la création artistique ne peut provoquer que de la résistance et la nécessité de mettre au travail une question difficile puisque jamais énoncée.

10h55-11h10. Michèle Pagano (Psychiatre au CMPP) :

Psychothérapie institutionnelle, psychanalyse: Question

Intéressante question autour de la désacralisation de la fonction, sachant qu’il est « fou » d’être identifié à sa fonction. Il me semble que ça fait référence à des passages sur la psychothérapie institutionnelle dans le livre prêté par Michel Joyaux (mais je n’ai pas trouvé la référence exacte).

Il sera aussi question du la nécessité de dépasser la peur du conflit qui me paraît être un élément déterminant pour jauger du degré de liberté des individus à l’intérieur de l’institution et de l’état de santé de celle-ci.

Michèle soulèvera la question du troisième temps de la pulsion[OI5] . C’est Catherine qui soulignera l’importance de ce temps. Le premier temps c’est l’émission d’un désir par l’enfant, le deuxième c’est la reprise de ce désir par la mère et le troisième c’est le rappel de l’enfant. Je pense qu’on peut y retrouver quelque chose du côté de Régine Prat

10h25- 10h55. Discussion avec la salle

Ce sera un temps où on reparlera des apprentissages avec les autistes, je crois. Il y sera expliqué le rôle premier de la mémoire pour récupérer quelque chose du côté de la perception et je pense lui donner forme par une représentation adéquat. Il y aurait quelque chose comme un travail premier de la mémorisation pour ouvrir un réceptacle pour contenir une pensée en lien avec l’expérience émotionnelle.

11h10-11h25 « Mon petit frère de la lune» Film d'animation de Frédéric Philibert

11h25-12h15 Michel Joyaux (psychiatre), Cathy Navas (psychologue clinicienne), Jeanne Fillion, Laurence Maréchal (étudiantes en psychologie)

« Terrain d'aventure, du cercle au tourbillon. »

Lola Monléon (psychologue stagiaire) :

"Le cerisier du Japon: une expérience d'accueil du sujet"

Avec la collaboration de l'équipe du dispositif expérimental pour enfants autistes

Il sera question de l’accueil du Chaos pour les enfants autistiques et de leur apprendre à le gérer car c’est très angoissant. Je pense qu’a une image assez précise de ce qui pourrait être l’Hubris qui pourrait s’emparer de l’institution. Est-ce que le travail avec les autistes pourrait nous éclairer sur la façon dont l’institution doit faire avec cet Hubris tout en ne dépossédant pas la part de sujet créatif à l’être humain ?

Les autistes sont dès le départ dans quelque chose de la fonctionnalité cérébrale. Je continue à faire le parallèle avec l’institution qui peut elle aussi, pour se mettre à l’abris d’une surcharge angoissante, se réfugier dans de la fonctionnalité.

Il est intéressant de comparer les deux types de travail avec les autistes. Celui du CMPP où l’idée serait de rechercher et de favoriser le contact avec l’autre en apprenant à gérer l’angoisse et le travail centrer sur les apprentissages qui serait de donner des contenants de pensées pour que les pensées y prennent place. En tous les cas un travail sur les représentations. Qu’est-ce qui est premier ? Peut-on aller vers l’autre si l’on n’a pas les représentations pour gérer la surcharge d’angoisse ? Mais en même temps comment rendre ces représentations opérantes sans une rencontre avec l’autre pour leur donner forme ? Il me semble qu’il est nécessaire de penser en termes d’aller retour dans les deux domaines qui sont indissociables. Les buts et des moyens ne sont pas déterminables a priori, ils se déterminent au fur et à mesure du chemin qui se trace. Il est nécessaire de travailler la « supportabilité » de la charge angoissante mais aussi la capacité à représenter en s’appuyant sur la plasticité cérébrale pour contenir le Chaos.

14h-14h30      Brigitte Bataille

(Psychanalyste, Paris) :

"A la croisée des discours"

Il y a eu un temps autour du symptôme et de la place qu’il occupe dans le discours de l’autre au sein de l’institution. Cela a été déplié avec l’idée que rester à sa place empêche la rencontre avec l’autre. Cela reprend l’idée du statut comme pouvant rendre impossible la rencontre avec l’autre de la folie. Car se confondre avec son statut est déjà folie. C’est évidemment à relier avec la question de la désacralisation de la fonction abordée par Michèle. Brigitte Bataille a cité Lacan en disant que selon lui on attend tout de la fonction et rien des personnes. Référence énigmatique qui peut se lire dans tous les sens. On peut le lire comme c’est justement parce que la personne est traversée par la fonction qu’elle peut se laisser appréhender à travers elle. La personne est, la fonction permet de se dire à l’autre à travers ce que j’entends de moi dans lui. Si la personne est la fonction, il n’y plus d’existence de l’autre possible dans l’interstitielle préalable à toute rencontre.

Le dernier élément que j’ai retenu c’est la question de l’histoire de l’institution, en termes d’ « histoire des lieux » qui protège du symptôme. J’y mettrais une nuance, il me semble que c’est plus en terme d’historicité à la Castoriadis. Car à contrario on peut être pris dans une histoire des lieux qui empêche l’innovation créatrice.

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14h30-14h45- Radjou Soundaramourty (psychologue clinicien au CMPP) :

« D'un discours instituant du sujet »

15h-15hI5. Olivier Issaurat (rééducateur EN au CMPP) :

"Autorité, imaginaire et institution "

15hI5h-15h30. Catherine Langumier (psychologue clinicienne u CMPP) :

« Création mythologique au psychodrame»

Je suis archi désolé pour Catherine mais je n’étais pas en état de me concentrer sur son intervention vidé que j’étais. Mais je pense qu’il serait très intéressant de relier son intervention à la question du Chaos d’une part et de l’autre aux mangas.  

Question(s) complémentaire(s) suite à mon intervention :

Michel me fera la critique suivante. Il me dit que je n’ai pas assez distingué les imaginaires. Notamment la vision lacanienne de celle de Castoriadis. La première étant une vision pessimiste, car pour Lacan, il n’y a pas de sujet. Le sujet n’existe qu’en tant que sujet barré. Pour lui le sujet est aliéné, pris dans la parole de l’autre et n’existant que par cette parole. D’où l’idée surprenante que l’aliéné est celui qui refuse d’être aliéné… dans la parole de l’autre. Le schizophrène ne peut engager de ce fait une parole effective qui fait une place à l’autre. Il se réfugie dans un discours délirant où l’autre échappe. Cette vision pessimiste n’est pas étrangère aux origines « droitières » de Lacan comme du Foucault (à vérifier, cité de mémoire). Lacan du côté de l’action française. Il est évident qu’il ne s’agit pas là de les réduire à cela puisqu’ils s’en sont démarqués très nettement par leur propos et leur prise de position. Du côté de Castoriadis, on est sur le terrain de l’ultra gauche, tout comme Marcel Gaucher (à vérifier aussi). On est dans une visée de l’homme libre et d’un imaginaire libérateur. Michel me dira que ce qui est aussi reproché à Castoriadis c’est sa compréhension de la démocratie très appuyée sur la Grèce ancienne. Il lui sera notamment retourné la question de l’esclave qui, à mon sens, est une mauvaise entrée qui opte pour la facilité. D’abord parce que cette question de l’esclave n’est pas empreint de contresens historique. Michel me fera remarque que même dans son positionnement gauchiste, Lacan vise un maoisme ne faisant pas vraiment une place au sujet libre. Pour revenir sur Castoriadis, on est plus sur un imaginaire social émancipateur. Il me semble que la critique qui peut être formulée à Castoriadis ne se situe pas tant sur la question des esclaves. Où alors homme esclave de son hubris et la difficulté à se départir de la difficulté de rendre possible un homme libre dans une institution instituante. Sachant qu’il faut l’un est l’autre pour cela puisse advenir en partant d’un état de fait où justement c’est cette condition de départ qui fait défaut pour que ça advienne. Catoriadis répond par l’historicité, plus exactement par le social-historique .

Pour finir sur cet aspect, Michel soulignera par contre la justesse de ma lecture de Ehrenberg (où alors il a dit ça pour être gentil avec moi, et Michel c’est quelqu’un de très gentil !) notamment sur la question de l’individualisme et du narcissisme. On y retrouve d’ailleurs une vision optimiste de l’individu (alisme) et une vision plus pessimiste en France, notamment avec le courant lacanien. Il ajoutera que Anna fait un contresens quand elle se réfère à Ehrenberg. Il faudrait relire ce qu’elle en dit dans l’argument…

Si nous admettons avec Alain Ehrenberg* que les discours sur le soin psychique sont au cœur de la construction du lien social dans les sociétés occidentales et traduisent leur évolution et leurs impasses, nous reconnaissons notre participation à la fabrication du récit de la société sur elle-même, dans les débats de notre discipline où la défense d'une clinique humaine et respectueuse du sujet, opposée à l'instrumentalisation scientiste de l'individu, prend quelque fois des allures de rituel collectif.

… et que j’en recause à Michel. Il me semble que ce qu’en disait Michel c’est qu’Anna ne s’appuie que sur la première partie du texte d’ Ehrenberg lequel en tant que sociologue ne se positionne pas de façon aussi catégorique.  

Michel avait soulevé un autre point dans sa critique sur mon manque de distinction dans les imaginaires. Il faisait référence à la distinction imaginaire, réel et symbolique. D’une certaine façon c’est le même point puisqu’il y est clairement fait référence à Lacan. D’autre part, après avoir évoqué cette critique avec Catherine Martin du Bosc, elle ne se semblait pas adhérer à l’idée du pessimisme dans la vision de l’imaginaire lacanien. Mais on n’a pas eu trop le temps de développer. J’espère avoir l’occasion d’en reparler avec elle. Alors revenons à imaginaire, réel et symbolique. Pour moi le réel est quelque chose d’irreprésentable et d’impossible à appréhender. Il est la douleur extrême quand on se cogne le petit doigt pied dans le coin d’un meuble. C’est le seul moment où il se rend perceptible dans on intégrale étrangeté. Le symbolique est une tentative avortée dans l’œuf  à fin d’essayer de rendre compte de cette expérience avec le réel. L’imaginaire c’est notre réserve insondable, et inversement proportionnel au réel pour puiser des ressources afin de nourrir le symbolique d’un fond d’hubris. C’est de cette façon qui nous pouvons créer, inventer des solutions pour nous dépêtrer de cette donne incommensurable nous sommes mortels. Mais elle est associée d’une autre nous avons une capacité infini à imaginer (Merci Prométhée :des espoirs aveugles ). Je dois reconnaître ma grande difficulté à supporter Lacan et ses écrits absconts. Cependant, il me semble que ce qu’il dit au niveau de l’imaginaire et de son fonctionnement intriqué dans son rapport au réel (« l'espace imaginaire et l'espace réel se confondent. Cela n'empêche pas qu'ils doivent être pensés comme différents  ») est un dépliage de ce que serait l’imagination dans le fonctionnement de l’individu. Il recherche les intrications qui rendent opérant l’individu dans son rapport au monde en le déclinant dans sa triade IRS (imaginaire, réel et symbolique) qui sonte d’une certaine façon interdépendant. Sachant que pour moi, le réel est donné dans son immédiateté et dans son incompatibilité irrévocable avec toute apréhension de sa totalité. Pour essayer de mettre en perspective les deux aspects, Castoriadis versus Lacan, il me semble que Castoriadis rend compte de l’imagination créative dans son rapport au groupe, ou encore au collective, tandis que Lacan le décline au niveau de l’individualité dans sa rencontre avec l’autre. La multiplication des autres donne une réalité toute différente à la question de l’imaginaire, c’est peut-être ce que tente de rendre compte un Castoriadis, mais en même temps ce sur quoi il bute, c’est le dimension individuelle et son aliénation à l’autre.

Il y a une intéressante question avec l’imaginaire et la répétition du côté de l’inconscient. Je vois bien cela comme la question qui tourne sans cesse et bute éternellement sur le réel pour en tentative créatrice, c'est-à-dire symbolisable, ou encore représentable. La sortie de cette répétition c’est l’imaginaire créatif qui transcende l’angoisse en creux d’un réel inatteignable mais surmontable.

L’imaginaire est l’ordre de tout ce à quoi le sujet se prend et en quoi il se rassemble: images, fantasmes, représentations, ressemblances et significations. Champ par excellence du narcissisme, du corps comme image, de la fantaisie et des fantasmes, de tout ce qui est pour le sujet sa réalité en tant qu’il s’y retrouve, la partage et, pourrait-on dire, y ressemble. Défini à partir du miroir, c’est l’ordre du tout, de la capture par le leurre et du mirage. Lieu du petit autre, le semblable, l’alter ego  qui toujours me vole mon image parce qu’il est moi. Ordre de la signification en ce qu’elle a de partagé et de reconnu, il est déterminé par le symbolique, tout en ayant une consistance formellement identique à lui. Pour Lacan, l’inconscient ne résiste pas, il répète. Le moi, instance imaginaire qui n’est pas le sujet de la parole, est le lieu de la résistance. Une théorie de la cure fondée sur le moi ne peut que renforcer celle-ci. Dans l’analyse, «le vrai voyage commence au-delà du miroir».

Le symbolique, l’imaginaire et le réel

(extraits de l’encyclopédie Universalis)

La structure, c’est aussi le symbolique, le réel et l’imaginaire. Ils sont, il est vrai, d’abord posés, par rapport à elle, d’une manière connexe; elle s’inscrit plus dans le symbolique que dans l’imaginaire et que, en un sens, dans le réel. Chronologiquement, leur distinction précède sa définition. Mais la théorie du nœud borroméen leur donne finalement une consistance équivalente. Structure où trois ronds de ficelle, indistincts dans leur forme, sont noués l’un à l’autre de telle façon qu’il est impossible d’en couper un sans défaire le nœud, libérer les deux autres et briser la structure. Celle-ci, produit du discours de la psychanalyse, saisit chaque concept pour le laisser se penser selon l’ordre de sa logique, qui est celle de ces trois ronds distincts – trois uns distincts – et de leurs relations.

Le symbolique est le champ du langage. Préexistant, autonome et extérieur, il est pour le sujet son seul lieu «naturel» qui dénature toute appartenance au monde et toute harmonie avec lui. Il porte la parole dans sa dimension constituante du sujet, de pacte fondateur et d’appel en la foi de la parole donnée. Garant de la vérité, il est le lieu de la loi et de l’alliance que rappelle l’étymologie. C’est le concept de l’Autre, de l’altérité dans ses multiples sens: Autre scène du rêve, Autre sexe, Autre inconscient – «l’inconscient, c’est le discours de l’Autre». Fondamentalement, le symbolique est le concept de l’unité du signifiant. Il y a, dans la langue, du discernable et le signifiant en est le nom.

L’imaginaire est l’ordre de tout ce à quoi le sujet se prend et en quoi il se rassemble: images, fantasmes, représentations, ressemblances et significations. Champ par excellence du narcissisme, du corps comme image, de la fantaisie et des fantasmes, de tout ce qui est pour le sujet sa réalité en tant qu’il s’y retrouve, la partage et, pourrait-on dire, y ressemble. Défini à partir du miroir, c’est l’ordre du tout, de la capture par le leurre et du mirage. Lieu du petit autre, le semblable, l’alter ego  qui toujours me vole mon image parce qu’il est moi. Ordre de la signification en ce qu’elle a de partagé et de reconnu, il est déterminé par le symbolique, tout en ayant une consistance formellement identique à lui. Pour Lacan, l’inconscient ne résiste pas, il répète. Le moi, instance imaginaire qui n’est pas le sujet de la parole, est le lieu de la résistance. Une théorie de la cure fondée sur le moi ne peut que renforcer celle-ci. Dans l’analyse, «le vrai voyage commence au-delà du miroir».

Le réel s’impose de l’existence. Il se distingue de la réalité, qui est toujours un fantasme. Il s’oppose à toute reconnaissance sans être pour autant inconnaissable. Il prend «son existence du refus»; il n’est pas «pour être su». Il existe comme impossible; «le réel, c’est l’impossible». Un impossible qui ne cesse pas d’exister et qui ne cesse pas de ne pas s’écrire. Mais il se démontre et la logique, «science du réel», peut, sans le représenter ni lui donner figure, l’inscrire par une impasse de la formalisation.

L’analyse le rencontre dans la cure, en particulier sous la forme du trauma, comme sa butée, son impossible, limite cernable du pouvoir de la représentation et de la parole, limite de la symbolisation. Limite concrète – les mots manquent, mais comme on dit que les forces manquent. Il y a une altérité du réel, qui n’est ni vide ni pure extériorité; le langage aussi est réel.

Le réel a une place logiquement démontrable, une place vide mais cernable. A-t-il un nom? Le sien est celui de son unité, qui ne forme pas un tout; il n’est saisissable que par bouts, «des bouts de réel» qui peuvent se dire et recevoir un nom. À son réel, Lacan a donné ce nom: «Il n’y a pas de rapport sexuel.» Énoncé paradoxal, qui ne vise pas l’existence de la réalité contingente du rapport sexuel, ce qui serait une absurdité, mais la possibilité de le formuler dans la structure, d’écrire et de quantifier le rapport qu’entretient le sujet parlant avec le sexe.

Lacan rejoint Freud, mais en le renversant. Pour ce dernier, le sens est sexuel; la référence de l’inconscient est sexuelle. Toute formation de l’inconscient peut recevoir en dernière instance un sens sexuel. Freud le justifie par une théorie historique du langage: à l’origine, les mots avaient un sens sexuel; ce sens refoulé fait retour dans l’inconscient. C’est une position archéologique qu’il n’a jamais quittée et qui se retrouve dans son intérêt pour les travaux d’Abel sur le sens antithétique des mots primitifs et pour le mythe darwinien de la horde primitive et du meurtre du père. Lacan fait de cette origine un manque structural. C’est parce qu’il n’y a pas de rapport sexuel que le sexe est ab-sens , hors du sens et informulable. Le sens sexuel vient suppléter l’absence d’un rapport que le langage ne peut fonder mais indique comme une référence impossible, car il en est la dérive. Les deux sexes ne sont pas complémentaires l’un de l’autre; et rien dans le langage n’assure cette complémentarité qui serait le garant d’un rapport sexuel, au sens où il inclurait la différence des sexes et leur complémentarité. Au contraire, le défaut de cette garantie fait de la sexualité le lieu d’une rencontre possible, mais non d’un rapport stable et inscriptible, car, au-delà du partenaire, se profile toujours l’autre de l’altérité absolue, le réel.

En ce point de réel, se conjoignent une théorie du langage et une théorie de l’inconscient: «Le langage fonctionne pour suppléer l’absence de la seule part du réel qui ne puisse venir à se former de l’être, à savoir le rapport sexuel.» L’équivoque du langage est le dépôt du réel: «L’inconscient, d’être structuré comme un langage, c’est-à-dire la langue qu’il habite, est assujetti à l’équivoque dont chacune se distingue. Une langue, entre autres, n’est rien de plus que l’intégrale des équivoques que son histoire y a laissé persister. C’est la veine dont le réel, le seul pour le discours analytique à motiver son issue, le réel qu’il n’y a pas de rapport sexuel, y a fait dépôt au cours des âges.»

réf. Lacan


 [OI1]socius

Définition 1

socius masculin Du latin socius (« compagnon, associé »).

  1. (Philosophie) (Sociologie) Élément social constitutif de l'individu et consubstantiel de son organisme.
    • Comme les sociétés humaines sont constituées d'Êtres dotés d'une psyché évoluant dans une collectivité qui appelle au socius, la conscience historique peut désormais se définir comme une représentation sociale qu'une collectivité se donne de son développement dans l'espace et dans le temps.
    • Pour Kant, l'hétéronomie est la dépendance à l'égard de mobiles pathologiques sensibles ou d'une loi extérieure. Il distingue le domaine de l'hétéronomie, soumission inévitable au socius politique, - de l'autonomie, capacité de se donner à soi-même ses propres lois, qui ne se conçoit valablement que dans le domaine de la liberté morale.

réf. http://fr.wiktionary.org/

Définition 2

élément social intervenant dans le comportement humain

réf. http://dictionnaire.reverso.net/

Définition 3 Cours Vincennes : nature des flux - 14/12/1971 Gilles Deleuze

ce que j'appelle socius, ce n'est pas la société mais une instance sociale particulière jouant le rôle de corps plein. Toute société se présente comme un socius ou corps plein sur lequel coulent des flux de toutes natures et sont coupés, et l'investissement social du désir, c'est cette opération fondamentale d la coupure-flux à laquelle on peut donner le nom commode de schize.

réf. http://www.blogg.org/

 [OI2]Pathos is often associated with emotions, but it is more complex than simply emotions. A better equivalent might be appeal to the audience's sympathies and imagination. An appeal to pathos causes an audience not just to respond emotionally but to identify with the writer's point of view - to feel what the writer feels. So, when used in tragedy, pathos evokes a meaning implicit in the verb 'to suffer' - to feel pain imaginatively or vicariously. Pathos is often employed with tragedies and this is why pathos often carries this negative emotional connotation. Perhaps the most common way of conveying a pathetic appeal is through narrative or story, which can turn the abstractions of logic into something palpable and present. The values, beliefs, and understandings of the writer are implicit in the story and conveyed imaginatively to the reader. Pathos thus refers to both the emotional and the imaginative impact of the message on an audience, the power with which the writer's message moves the audience to decision or action.

réf. http://en.wikipedia.org/

 [OI3]Le Psycho-Educational Profil ou "Profil Psycho-Educatif " est un test destiné aux enfants souffrant de troubles autistiques. Il a été établi dans le cadre du programme de la Division TEACCH (Treatment and Education of Autistic and related Communication handicapped CHildren) de l'Université de Caroline du Nord à Chapel Hill. Ce programme a été créé en 1971 par Eric Schopler et ses collaborateurs (Reichler & Schopler , 1976 ; Schopler, Reichler & Lansing , 1980 ; Schopler, Mesibov, Shigley & Baschford , 1984) dans l'objectif de traiter et d'éduquer les enfants de tous les âges atteints d'autisme et de troubles apparentés du développement (Schopler, 1989). Ce test peut être utilisé indépendamment du programme afin d'effectuer une évaluation psychologique standardisée.

réf. http://isabellesamyn.e-monsite.com/

 [OI5]Première référence

Dualisme entre "Pulsions sexuelles" et "pulsion d'autoconservation"

Dès ses premiers écrits, puis de manière approfondie dans Trois essais sur la théorie de la sexualité, Freud insiste sur la sexualité infantile s'opposant au pulsion du moi[6]. La sexualité est d'abord génétiquement non génitale; avec les pulsions partielles qui s'étayent sur des fonctions organiques (la faim notamment). Il distingue trois processus:

1.     Un temps actif : si l'on prend l'exemple de la tétée, le nourrisson veut se nourrir parce qu'il ressent une sensation interne (qu'il ne peut se représenter et qui est désagréable), il cherche le sein (ou le biberon) ou il crie ; il s'agit là d'un temps qui s'articule au besoin et à la fonction physiologique ;

2.     Un temps passif selon Freud où l'enfant se fait « objet » de l'autre (de la personne qui l'a nourri);

3.     Un temps réflexif qui survient après que l'enfant se soit nourri : il n'a plus faim mais pourtant il continue, nous dit Freud, à « suçoter ».

Les pulsions sexuelles (génitales et prégénitales) sont régies par le principe de plaisir qui recherche une décharge immédiate qui annule la tension alors que les pulsions du Moi ou 'pulsions d'autoconservation sont elles soumises au principe de réalité. Cette dernière tend à ajourner la satisfaction au nom du principe de constance. On peut enfin noter que la pulsion d'autoconservation vise la survie et que la pulsion sexuelle vise la reproduction. Le modèle darwinien et malthusien servent là de références.

réf. http://fr.wikipedia.org/

Autre référence

Les trois temps de la pulsion.

Freud indique en effet qu'il y a trois temps dans l’instauration du circuit de la pulsion. Un premier temps actif, par exemple pour ce qui concerne la pulsion scopique, c’est le Schaulust, associé au fait de regarder. Un deuxième temps passif, c’est celui d’être vu. Et un troisième temps, fondamental pour le bouclage du circuit de la pulsion, qui consiste à se faire voir, par exemple quand le nouveau-né se fait voir par l’Autre. Là, dans ce bouclage de la pulsion, il y a pour Freud émergence du sujet et arrimage à l’Autre, comme Autre du langage aussi bien. C’est ainsi que la pulsion se noue au langage dans l’émergence du sujet. C'est d’ailleurs à ce propos que Freud emploie pour seule fois dans toute son œuvre le terme ''sujet'', en parlant de l’émergence d’un nouveau sujet.

On peut définir sur le même modèle le bouclage de la pulsion orale, entre manger, être mangé, et se faire manger. À un certain moment dans l’interaction précoce, le bébé met sa main dans la bouche de l'autre, donc il se fait manger. Ce troisième temps, pour Freud, est très important. Lacan le pointe dans le Séminaire XI où il montre que la pulsion en se bouclant articule le sujet à l’Autre30.

réf. http://section.clinique.online.fr/

poïétique /pɔ.je.tik/ féminin

Du grec ancien ποιητικός (« propre à fabriquer, à confectionner »).

  1. Étude des potentialités inscrites dans une situation donnée, et qui débouche sur une création nouvelle.
  2. (Arts) Étude des processus de création.
    • L'auteur René Passeron y consacra un texte, « La poïétique ».

Hubris

Étymologie

Du grec ancien ὕϐρις (húbris, « insolence »), un concept recouvrant l’excès, l’orgueil, l’outrage et l’insoumission aux dieux. Il s’agit d’un équivalent de la notion judéo-chrétienne de péché. La loi athénienne condamne l’hybris, sans préciser ce que recouvre le terme ; cela inclut l’agression physique ou sexuelle.

Nom commun

hubris /ˈhjuː.bɹɪs/ invariable

  1. (Grèce antique) Hybris : (Loi) outrage, agression ; (Morale) démesure, insolence, orgueil, péché.
    • In Athens there was a law against hubris, which protected even slaves from its sting. The Athenians, moreover, regarded hubris as an offense against the community, not just the victim; and, consequently, any free adult male, not just the victim was entitled to prosecute an alledged offender. (David Keyt, Aristotles Politics Books V and VI, Oxford University Press, 1999)
      À Athènes, il y avait une loi contre l’hybris, qui protégeait même les esclaves de son effet. Les Athéniens, de surcroît, considéraient l’hybris comme une offense à l’encontre de la communauté, pas seulement de la victime ; et, par conséquent, tout homme adulte libre, et pas seulement la victime, avait la possibilité de poursuivre son auteur.
  2. (Par extension) Arrogance, orgueil, présomption.
    • We have also fallen victim to a kind of technological hubris, which tempts us to believe that our new powers may be illimited. (Al Gore, Earth in the Balance, 2007)
      Nous avons aussi été victimes d’une sorte d’arrogance technologique, qui tente de nous faire croire que nos nouveaux pouvoirs puissent être illimités.

réf. http://fr.wiktionary.org/

Pathos

Étymologie

Du grec ancien πάθος, páthos qui signifie passion (et souffrance que l'on trouve dans des termes médicaux).
Les rhéteurs antiques donnaient ce nom aux mouvements, aux figures de rhétorique propres à toucher fortement l’âme des auditeurs ; ils opposaient le pathos à l’ithos.

Nom commun

Invariable
pathos
/pa.tɔs/

pathos masculin

  1. Chaleur, emphase affectée, confuse et vaine dans un discours, dans un ouvrage littéraire.
    • Modeste m’a dit que tout ce pathos venait du traducteur et qu’il fallait lire l’anglais. Mais, je n’irai pas apprendre l’anglais pour lord Byron, … . (Honoré de Balzac, Modeste Mignon, 1844)

réf. http://fr.wiktionary.org/


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 Extraits de textes lus

Extrait numéro 1

un père qui serait la loi :

Mais il ne faut pas en rester là. Car l'apparition du père ne suffit pas pour rompre la clôture, socialiser, pour accomplir la fonction œdipienne. Il faut encore que le père soit reconnu comme père entre autres pères, qu'il apparaisse comme n'étant pas lui-même la source de la Loi , mais comme porte-parole de la Loi , soumis, lui-même, à la Loi. extraits de PSYCHÉ ET ÉDUCATION

 

 
   Extrait numéro 2

Une institution se trouve ainsi constituée de multiples institutions permettant de lutter contre l'inertie ou la transcendance d'une « Institu­tion » souveraine. Elles créent des espaces hétérogènes mais unis. Cette hétérogénéité constitue un collectif et permet de lutter contre la réification et la sérialité de l'institué. L’association a une place centrale dans ce réseau.

L’organisation de la clinique de la Borde s'est définie sur ce principe:

« Aux instances centrales et totalisantes prévues par la constitution, se superposent d'autres instances ... Ce sont des organismes de médiation ouverts: le club des ma­lades, le comité du club, les réunions des dossiers médicaux, les veillées du club, le co­mité menu, la commission médicale ... C'est dans la prolifération de ces institutions que se constitue le véritable collectif de travail... Un nouveau pouvoir se constitue là, non en ce qu'il a des vues sur le pouvoir, mais en ce qu'il est puissance désirante sur un certain type de travail, sur un mode d'existence dans une clinique41. »

Cette hétérogénéité va permettre le travail thérapeutique avec les psychotiques perdus dans leur monde morcelé et indifférencié, sans contenance ni contenu. Ils peuvent parcourir un monde institutionnel fait de diversité mais qui reste unifié et contenant. Oury rappelle que « les prises en charge des psychotiques, ça demande beaucoup de mondé2 » : plus le parcours sera hétérogène, plus il sera riche. Les psy­chotiques pourront y tisser leur « constellation », c'est-à-dire leur propre réseau de liens institutionnels.