mis à jour le 02/03/10

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lexique

curiosité et compréhension

le « ON » de manière indifférenciée

Moi à travers lui égal SOI

autonomie

symbolique et signe

ambulance

sommaire (des pages du dessous !)

Présentation d'une situation d'enfant

- historique prise en charge

- éléments familiaux

- présentation aide rééducative

- résistance à la lecture et/ou automatismes non installés

- l'autonomie

- question de l'identité et de la trace

- la toute puissance et la lecture

- la place du féminin

- rupture de lien (entre culture et famille)

- fin de rééducation...

- ... et la place du social

Compléments pour l'élaboration de la situation

- autour de l'acte de lire

- l'évolution de la demande

- le on indifférencié

- la place du vide

Entretien avec le papa et l'enfant

Définitions du dictionnaire

En guise d’introduction...

...  à la causerie je propose la lecture de ces deux extraits. Je pense qu’il y a une erreur de traduction car « symbole » et « signe » sont synonymes (cf. définitions du dictionnaire ). Mais l’idée développée dans ces deux textes me paraît intéressante !  

C’était oublier Hegel ! Un grand merci à Jean Hyppolite pour les éclaircissements dans l’extrait n°3 ! Visiblement Hariku Murakami a lu Hegel…

Extrait 1 : « Les amants du spoutnik » de Hariku Murakami pages 42 - 43

Autrement dit, tu me téléphones pour me demander la différence entre un signe et un symbole ? Un dimanche matin, à l’aube, hmm ?

- À 4 h 15 du matin, exactement. Ça me tracas­sait trop, tu comprends. Quelqu'un m'a posé cette question il y a quelques jours et je n'y pensais plus; mais là, tout à l'heure, en me déshabillant pour me coucher, elle m'est revenue, et je n'ai pas pu m'endormir. Comment tu expliquerais ça, toi, la différence entre un signe et un symbole?

- Voyons ..., dis-je, puis je regardai le plafond. (Expliquer quelque chose de logique à Sumire n'était pas une tâche aisée, et même en possession de tous mes moyens, j'avais du mal à y parvenir.) L'empereur est le symbole du Japon. Ça, tu comprends?

- Enfin, si on veut.

- Non, non, pas de «si on veut» ici. C'est inscrit dans la Constitution japonaise, rétorquai-je en m'efforçant de garder mon sang-froid. Tu peux avoir des doutes ou des objections, mais pour comprendre ma démonstration, tu dois d'abord accepter ce fait comme point de départ.

- D'accord, je l'accepte.

- Merci. Donc, je répète : l'empereur est le symbole du Japon. Mais ça ne veut pas dire que le Japon et l'empereur soient équivalents. Tu me suis?

- Non.

- Bon, écoute : la flèche n'a qu'une seule pointe, pas deux, d'accord? L'empereur est le symbole du Japon, mais le Japon n'est pas le symbole de l'empe­reur. Tu saisis, là ?

- Je crois.

- En revanche, s'il était écrit dans la Constitution que l'empereur est le signe du Japon, les deux seraient équivalents. Quand on parlerait du Japon, cela signifierait aussi l'empereur; et quand on parle­rait de l'empereur, cela signifierait le Japon. Les deux seraient interchangeables. Comme quand on dit : «Si a = b, alors b = a. » Voilà ce qu'est un signe, en gros.

- Tu veux donc dire qu'on peut intervertir le Japon et l'empereur. Vraiment, c'est possible, d'après toi?

- Mais non, ce n'est pas ça du tout. (À l'autre bout du fil, je secouai violemment la tête.) J'essaie juste de t'expliquer de manière simple la différence entre un signe et un symbole. Le Japon et l'empereur c'est juste un exemple, je n'ai pas l'intention d'inter­vertir quoi que ce soit.

- Hmm, fit Sumire. Je crois que je comprends vaguement. C'est une image - comme la différence entre une route à sens unique et une route à double voie, non.

- Un spécialiste te donnerait certainement une explication plus précise mais je pense que comme définition simple, oui on peut l'accepter.

- Ce que tu expliques bien, constata-t-elle. C'est ce que je me dis toujours.

- C'est mon métier d'expliquer les choses, répli­quai-je. Tu verrais, si tu étais institutrice. Les élèves passent leur temps à te poser des questions : pour­quoi est-ce que la Terre n'est pas carrée? pourquoi est-ce que les seiches ont dix tentacules et pas huit? Et il faut trouver chaque fois une réponse qui se tienne.

- Tu dois être un bon maître d'école.

- Je me demande, répondis-je. (Je me le demandais vraiment.)

- Au fait, pourquoi les seiches ont-elles dix tentacules et pas huit?

- Est-ce que je pourrais dormir, maintenant? Je

Extrait 2 : « Kafka sur le rivage » de Hariku Murakami pages 534 - 535

- C’est le cas de tout le monde, dit le grand. Ou presque. Mais si tu déclares « Je n’ai pas envie d’aller à la guerre », l’Etat ne va pas te répondre bien gentiment « Ah bon, tu n'as pas envie de faire la guerre? D'accord tu n'es pas obligé d'y aller alors.» Ce n'était pas possible de déserter. Dans tout le Japon, il n'y avait pas un endroit où l'on aurait pu fuir. Où qu'on aille, on nous aurait retrouvés tout de suite! Après tout, c'est un petit archipel. Du coup, nous sommes restés ici.

Il secoue la tête, puis reprend:

- Et on n'a pas bougé depuis. Ça fait très, très longtemps comme tu dis si bien. Mais comme je l'ai dit aussi tout à l'heure, le temps n'est pas un facteur important ici. Il n'y a presque pas de différence entre maintenant et il y a très, très longtemps.

- Tu veux dire pas de différence du tout, intervient le costaud.

Et il accompagne sa phrase d'un geste vif de la main, comme pour écarter quelque chose.

- Vous saviez que j'allais venir?

- Oui, dit le costaud.

- Nous montons la garde ici, alors nous savons bien qui va arriver. Nous faisons quasiment partie de la forêt, dit l'autre.

- L'entrée est ici, dit le costaud, et nous montons tous les deux la garde

- Pour le moment, l'entrée est encore ouverte, dit le grand. Mais elle ne va pas tarder à se refermer. Aussi, si tu veux entrer, c'est maintenant ou jamais. Tu peux me croire ce n'est pas souvent que cet endroit est ouvert.

- Si tu veux entrer, nous te guiderons. Le chemin est dur à suivre, tu auras besoin de nous, dit le costaud.

- Si tu n'entres pas, fais demi-tour ici, dit le grand. Le sentier n'est pas trop difficile à retrouver. Ne t'inquiète pas, tu pourras retourner d'où tu es venu. Et tu reprendras la vie comme avant. A toi de décider. Entrer ou ne pas entrer, personne ne t'oblige à rien. Mais une fois à l'intérieur, il sera difficile de reculer.

- Emmenez-moi, dis-je sans hésiter.

- Vraiment? dit le costaud.

- J'ai des gens à voir là-dedans, je crois.

Les deux soldats se lèvent lentement, sans mot dire, ramassent leurs fusils. Ils échangent un bref regard, puis se mettent à marcher devant moi.

Le grand se retourne pour m'adresser la parole:

- Peut-être trouves-tu étrange que nous nous promenions avec des fusils aussi lourds qui ne nous servent à rien? D'ailleurs, ils ne sont même pas chargés.

- C'est un symbole, dit le costaud sans se retourner. Nos fusils symbolisent ce qu'on a laissé derrière nous.

- C'est important, les symboles, dit le grand. Il se trouve que, par hasard, nous portons un uniforme de soldat et un fusil, comme tu vois. C'est pour cela que nous acceptons le rôle de sentinelle. Un rôle: c'est à cela que mènent les symboles.

- As-tu quelque chose de ce genre sur toi? Quelque chose qui pourrait servir de symbole? demande le costaud.

Je secoue la tête.

- Non, je n'ai rien. Je n'ai que mes souvenirs.

- Hum, fait le costaud. Des souvenirs?

- Cela ne nous dérange pas, naturellement, dit le grand.

Les souvenirs peuvent tout à fait servir de symboles. Toutefois, j'ignore quelle est la durée de la mémoire et si elle est réellement fiable.

- Je préférerais un objet tangible, dit le costaud, c'est plus facile à comprendre.

- Un fusil automatique, par exemple, explique le grand.

À propos, comment t'appelles~tu ?

- Kafka Tamura.

- Kafka Tamura, répètent-ils en chœur.

- Drôle de nom, dit le grand.

- Ça c'est sûr, renchérit le costaud.

Ensuite, nous avançons en silence.

Extrait 3 : Logique et existence de Jean Hyppolite pages 34 – 46

L'imagination s'est donc haussée de l'intuition à la représentation effective par le symbole et le signe dans lesquels le sensible se transcende lui-même. La mémoire objective pose en même temps l'identité du signe et de la signification. Dans le symbole l'intuition présente et le contenu symbolisé absent ont encore quelque chose de commun, ils se ressemblent, comme les onomatopées suggèrent ce qu'elles désignent, comme l'écriture symbolique ou par hiéroglyphes conserve des éléments représentatifs fixes, abstraits par un découpage arbi­traire du sensible. L'intelligence est encore prisonnière du donné extérieur, et d'une analyse en notions· invariantes qui est contraire à la relation mutuelle des déterminations, à l'immanence de la totalité aux déterminations particulières. Le langage naturel, l'enfant de l'intelligence, dit quelque part Hegel, rend au contraire possible le discours dialectique dans lequel les déterminations conceptuelles sont non seulement caractérisées par leur contexte, mais encore aptes à enrichir leurs significations par le discours qui les pose et les dépasse. Le passage du symbole au signe, dont on pourrait suivre l'histoire dans une anthropologie, manifeste la négation dia­lectique du sensible, du pur donné affectant le Moi dans l'intuition. Déjà l'énigme est plus que le symbole. La pyramide est sans rapport avec le pharaon mort, elle invite l'imagination à se dépasser vers on ne sait quel secret, mais il n'y a pas de secret particulier: « Les énigmes des Égyptiens étaient des énigmes pour les Égyptiens eux-mêmes. » Le sensible n'est pas ce qu'il paraît être; il se nie lui-même en lui-même, comme les sons de la voix qui ne sont plus là aussitôt qu'ils sont là, et qui pourtant se prolongent les uns dans les autres. Mais dans le signe pur, dans les mots prononcés, ou dans les mots écrits qui sont des signes de signes, le sensible est réduit au minimum. Il ne compte pas pour lui-même. L'idéal est de parler sans accent, et pour l'homme cultivé la lecture est sourde et l'écriture muette. Le sensible est sans aucune ressemblance avec le contenu représenté, il le signifie mais n'est pas lui-même ce qu'il signifie, il le devient par la mémoire créatrice du langage qui, d'abord arbitraire pur, fixe ensuite cet Univers du langage, et lui donne la consistance solide de l'être trouvé et toujours repris. « Dans le signe à l'état pur paraît d'abord une intuition immédiate qui représente un tout autre contenu que ce qu'elle est elle-même (1). » Cet arbitraire de principe est un moment essentiel. Il faut que le sensible se transcende complè­tement comme sensible, que l'intelligence se trouve elle-même dans une extériorité qui soit intégralement la sienne, un être qui tout en restant être, soit pourtant sa création, une aliénation d'elle-même en elle-même. C'est pourquoi l'origine anthropologique du langage, l'existence des onomatopées par exemple, n'est pas le problème essen­tiel pour Hegel. Il ne s'agit pas là exactement d'une histoire. Contrai­rement au symbole, et même aux suggestions sensibles de l'énigme, dans le signe comme tel le propre contenu de l'intuition, qui est un maintenant ici, et le contenu dont elle est le signe ne s'accordent en rien. Il faudra également oublier la musicalité du signe pour voir ou entendre en lui seulement la signification. En tant que l'intelligence devient signifiante, elle s'élève au-dessus de l'imagination symbolique, elle domine le sensible, bien qu'elle se fasse elle-même être et extériorité. Elle pose absolument cette intuition du signe comme la sienne, et elle se pose elle-même dans cette intuition, mais elle n'existe pas ailleurs; elle est cette position; le langage n'est pas une traduction. La mémoire opère donc sur le signe sensible comme tel une nouvelle négation. Ce qu'il est lui-même disparaît, n'est plus entendu ou vu, et nous entendons et voyons à sa place la signification, dans la phrase le devenir du sens. La signification est là dans l'exté­riorité du langage, les signes sont pour nous les significations elles-mêmes ; ainsi l'intelligence s'est rendue extérieure à elle-même, objec­tive; elle a même dépassé sa création arbitraire, puisqu'elle se trouve elle-même dans le langage et vit en lui. Elle trouve le sens, l'intériorité, le contraire de l'être, comme un étant, et elle trouve l'étant, le contraire du sens, comme une signification. C'est comme si une nature était devenue intégralement signification et vie du sens, sens visible et audible, sans aucun support étranger, en restant pourtant une nature, mais se réfléchissant.

Le Moi universel, l'intériorité, n'existent que dans le langage; il n'y a pas un sens intérieur qui s'exprimerait ensuite. « Dans l'intui­tion sensible le Moi trouve les déterminations, dans le langage ce qui est sien lui devient comme un devenant-trouvé (1). » Le langage précède la pensée dont il est pourtant l'expression, ou, si l'on veut, la pensée se précède elle-même dans cette immédiateté. Le langage ne renvoie qu'à lui-même, ne se dépasse que dans le langage, et c'est en ce sens qu'on peut le dire naturel. L'imagination symbolique est par rapport à lui ce qu'est le rêve par rapport au réveil. « Le monde, la nature ne sont plus un empire d'images qui n'ont aucun être-là, mais un empire de noms. Cet empire des images est l'esprit rêvant qui s'occupe d'un contenu qui n'a aucune réalité, aucun être-là. Son réveil est l'empire des noms ... c'est maintenant seulement que ses images ont une vérité. Celui qui rêve ne peut lui-même se distinguer de celui qui est éveillé, mais celui qui veille peut se distinguer de celui qui rêve. » Si, dans la création arbitraire du signe, lé contenu repré­senté paraît un autre que l'intuition qui le représente, cette différence disparaît avec la mémoire objective. « L'intelligence fait sienne cette liaison qui est le signe, elle élève par ce souvenir la liaison indi­viduelle au rang de liaison universelle, c'est-à-dire permanente, où mot et sens sont pour elle unis objectivement, elle fait de l'intuition qu'est tout d'abord le mot une représentation, en sorte que contenu, sens et signe identifiés, ne sont qu'une seule et même représen­tation (1). » Cette élévation d'une création arbitraire à un système permanent qui est le moi lui-même dans son extériorité à soi supprime donc bien la différence visée de la signification et du nom. « Nous pensons les choses dans les mots sans avoir recours aux images sen­sibles. Le nom est la chose, comme elle est dans l'empire de l'enten­dement. La mémoire a et connaît dans le nom la chose et avec la chose le nom sans intuition et sans image. Devant le nom - Lion ­nous n'avons plus besoin ni de l'intuition d'un tel animal, ni même de l'image, mais le nom, quand nous le comprenons, est la représen­tation simple et sans image; c'est dans le nom que nous pensons (2).» Plus encore le nom ne renvoie pas au sensible, mais le sensible au nom, à l'univers des significations exprimées et exprimables : « Par le langage nous disons l'être vrai de la chose. Qu'est ceci? Nous répondons, c'est un lion, quelque chose de tout autre que ce qui est dans l'intuition, et c'est là son être vrai, son essence. Par le nom, l'objet, comme étant, est donc né une seconde fois. Telle est la puis­sance créatrice que l'esprit exerce. Adam donna à toutes choses un nom. L'homme parle aux choses comme à ce qui est sien, et vit dans une nature spirituelle, dans son monde, et tel est l'être de l'objet, l"être comme sens (3). » Cet être comme sens, c'est le langage qui le révèle, à condition d'entendre par là ce système qui se dépasse lui-même en lui-même, le discours qui anticipe la pensée logique (1), et qui élargit sans cesse le concept-nom - déjà une proposition origi­naire - par ses liaisons avec d'autres concepts déterminés. Il renvoie pour préciser une signification non à un sens qui serait derrière le langage, mais à d'autres significations, elles-mêmes exprimées et exprimab1es. Le Moi est, comme universalité, immanent à la totalité du discours, il le sous-tend, mais sans jamais se distinguer de lui, car les insuffisances du langage sont aussi bien des insuffisances de la pensée, et inversement. Les mots ne sont plus alors, comme on l'a dit, extérieurs les uns aux autres, ils s'enchaînent, d'une façon qui peut être plus ou moins contingente ou nécessaire selon la nature de ce langage, mais qui, dans la dialectique philosophique, tend à l'unité de l'entendement intuitif et de l'entendement discursif qui est l'âme de la logique hégélienne. Le langage comme vie est ainsi l'intuition intellectuelle qui n'existe que par son développement discursif, l'enchaînement dialectique de toutes les déterminations comme des moments de cette intuition unique. C'est pourquoi Hegel nomme cet univers du discours l'espace des noms: « Le nom, comme existence du contenu dans l'intelligence est l'extériorité de l'intelligence même en elle-même. La mémoire du nom est en même temps l'aliénation dans laquelle l'esprit théorétique se pose à l'exté­rieur de soi. Il est ainsi l'être - un espace des noms. Il y a une multi­plicité de noms, des liens multiples entre eux. Le Moi est leur être universel, leur puissance, leur lien (2). » Mais ce Moi, celui qui parle, ne se trouve lui-même que dans et par ce langage. Il n'existe pas ailleurs comme singularité vraie ou universelle. Comprendre le nom c'est aller de significations en significations, c'est transcender le langage avec ·le langage. L'intelligence tout entière est dans ce système qu'elle a enfanté, mais en dehors duquel elle ne peut se trouver elle-même.

Nous avons vu que ce langage était le moment suprême de la représentation, le passage à la pensée. Les textes de l'Encyclopédie nous montrent ensuite comment ce langage qui est pensée en soi (Gedacht­nis), devient pensée pour soi, comment la pensée de l'être qui constitue le langage devient pensée de la pensée, sans que cette réflexion sur le langage sorte elle-même du langage. Le mouvement par lequel le sensible à travers le symbole et le signe se hausse à la pensée est le même que celui par lequel le Moi universel s'extériorise. Il est là, dans le langage, c'est pourquoi le contenu étranger, ce dont on parle, est devenu une pensée, celle de celui qui parle. En pensant l'être, la pensée se pense donc elle-même, son discours de l'être devient discours de soi, discours sur son discours. « L'intelligence connaît dans le nom la chose, or pour elle son élément universel a la double signification de l'universel comme tel et de l'universel comme immédiat ou qui est, par suite c'est l'universel véritable qui est l'unité de soi-même, enveloppant son autre, l'être. Ainsi en soi l'intel­ligence connaît pour soi, en elle l'universel, sa production, la pensée est la chose; simple identité du subjectif et de l'objectif. Elle sait que ce qui est pensé est, et que ce qui est, ne l'est qu'en tant que pensée ... pour soi le penser de l'intelligence c'est avoir des pensées, elles sont son contenu et son objet» (1). Cependant cette identité de la pensée et de la réflexion n'est à ce niveau encore qu'une identité formelle. La pensée, comme réflexion de son identité, s'oppose à ses pensées en tant que déterminées, et leur attribue pour le contenu une source étrangère; c'est à dépasser une telle distinction que s'attachera la Logique hégélienne comme ontologie.

 

 

Ecrivez- moi pour me dire, pour me poser des questions , pour critiquer ... je ne demande que ça ! 

Une réaction !

Matinée Thématique du CMPP

Partie en cours de réécriture !

Le Vendredi 12 février 2010

de 9h. à 11h.30

L’entrée dans la lecture et l’écriture :

Un passage de l’infantile au sujet ?

Le passage de l’infantile au sujet donc de l’infant, le sans langage, au sujet de son énonciation dans la cité des hommes. Il s’agit aussi de la sortie du cercle familial pour entrer dans l’espace de la socialisation par excellence, l’école. Cela nécessite que les parents aient ouvert un potentiel de curiosité et d’avidité de connaître, qu’ils aient fermé l’illusion négative du moi se prenant lui-même comme objet pour se mirer dans les eaux de la dilution.

Ou encore : A quel espace éducatif a fait place la famille ? Comment opère-t-elle une obturation de l’abîme de négativité dans lequel est attiré l’enfant ? Le moi se prenant lui-même pour miroir de son désir, le désir se désirant lui-même.

Quelle que soit la description en termes de trouble affectant la cognition (commentaire 1) nécessaire à la lecture et/ou l’écriture, la difficulté d’accès à cette relation nouvelle au langage implique d’être abordée par les différents aspects par où l’enfant lui-même est concerné dans ce passage : une relation qui se renouvelle à son environnement humain (commentaire 2) et un apprentissage où s’organisent des inscriptions mobilisables par l’enfant seul devant cette responsabilité (commentaire3). Ces différents aspects recoupent les composantes « médico (commentaire4)-psycho (commentaire5). » et « pédagogiques » qui amènent les traitements à s’étayer sur des interventions pluri professionnelles. L’articulation et la réflexion entre les intervenants des équipes du CMPP et de l’école (commentaire6) nous rapprochent d’une compréhension plus pertinente de nos actions et de leurs limites, de nos attentes et de notre vécu (commentaire7)  auprès de l’enfant.

Mes commentaires sont en bleus. 

10h.15 Ruptures Rejouer ce qui s’est mal nouer autour de l’éducation. La rupture est entre le médico-psycho / et le pédagogiques. C’est répondre à la question : Qu’est-ce qui s’est engagé de l’un qui vient faire écran dans l’autre ? Quelles sont les questions qui restent ouvertes sans réponse ? Il s’agit d’une réitération de la question qui tourne en rond et que l’enfant repose continuellement jusqu’à ce qu’il puisse l’entendre puis s’approprier la réponse pour lui-même à travers l’autre., retrouvailles, inscription L’inscription se joue dans tripatouillage de mon écriture, comme sa mère le tripatouille dans les toilettes. Le "laisser une trace" ici prend tout son sens. Une trace de soi, identifiée comme un « je » autonome dégagé de la question du « on » de l’indifférenciation des actants.

La question envahissante de la violence réciproque. Le sacré et le sacrifice de celui qui prend la place de … Le fils de … ne sera pas sacrifié car il est inscrit dans le socius (voir remarque ci-dessous sur l'utilisation du terme "socius").  

Remarque : J'utilise socius dans le sens de "environnement social" mais intégré dans les représentations acquises par l'enfant. Celles qu'il a intériorisées, en grande partie en les construisant au sein du système familial. Cette construction s'appuie sur les valeurs misent en avant par les parents (entre autre). Il y a, dans ma vision du socius, peut-être un amalgame des deux définitions de socius et habitus. Les valeurs familiales se combinent de celles conscientes que les parents peuvent énoncer mais aussi d'autres, inconscientes qui sont constitutives de la structure psychique de la famille.

Il me semble que ce "socius" est une trame d'ouvertures et de fermetures qui permettent à l'enfant de se situer dans le monde qu'il va avoir à découvrir. Il faut que cette trame soit le plus en adéquation avec les formes que met en avant la société civile. C'est à partir des discordances qui vont s'établir entre les représentations, aussi bien conscientes que inconscientes, et l'organisation sociale mise en place pour accueillir le futur citoyen que se créeront des interdits de penser. Ce sont ces barrières mentales qui peuvent invalider gravement l'organisation mentale de l'individu.

  Suite ci-dessus...

commentaire 1 : En ce qui concerne l'enfant dont je fais la présentation plus loin, on peut parler en termes de "trop intelligent et logique" pour être en bute à une pensée nécessitant un surinvestissement pour arriver au sens. Pour certains enfants la lecture est équivalent à un travail de forçat. Ils fournissent un quantité d'énergie pour assembler les éléments du sens qu'ils perdent justement le sens global de ce qu'ils tentent vainement de déchiffrer. retour au texte

commentaire 2 : Mise en relation des espaces et du temps, c’est à dire de l’historicité de ce qui fait que l’enfant est advenu ici et maintenant. retour au texte

commentaire 3 : De quoi se sent responsable l'enfant dans ma présentation de situation ? De la jouissance que lui procure les actions de sa mère autour de la toilette ? Quelle est la responsabilité dont il pense avoir hérité ? Celle de la rupture des espaces entre l’Afrique des demi-frères et la France de sa fratrie ! retour au texte

commentaire 4 : Ici la place des soins maternels qui ont engagé une représentation de l’enfant perturbant la notion d’apprentissage. retour au texte

commentaire 5 : La rupture des espaces retour au texte

commentaire 6 L’articulation et la réflexion entre les intervenants des équipes du CMPP et de l’école  

Quand la question du travail scolaire apparaît de manière effective, le travail rééducatif est terminé et de fait l’enfant demande à arrêter. On peut encore le dire de la façon suivante, le simple fait que l'enfant énonce ses difficultés lui permet de les surmonter. Pourquoi ? Parce que le simple fait de bien poser la question montre qu'il a prise sur ses difficultés et qu'il est prêt à les surmonter. Il serait de bonne augure qu’il trouve la réponse à l’école et qu'il puisse la rapporter en séance rééducative. De cette façon il lui est ménager la possibilité de se présenter comme sujet sachant étant là présent face à l’autre accueillant cette évocation d’un être en position de réel sujet.

L’école ne vient pas à la suite de l'aide engagée au CMPP. L'aide n'est pas première, elle est simplement concomitante du travail fait par l'école. Ce travail est le nourrissage de ce qui fera évoluer le questionnement de l’enfant. Il alimente ce qui sera le pouvoir effectif d’un être posé là parmi les autres.

Le rééducateur n’apprend pas à lire, il apprend que l’enfant apprend à lire à l’école.

Le rééducateur est un colosse aux pieds d’argile. Il est face à tous les possibles, mais n’a aucun pouvoir.

Nous ne sommes pas les experts du savoir enseigner, car savoir enseigner c’est être en acte et donc il ne peut s'énoncer que du point de vue de la classe.

La demande d’aide scolaire montrant l’évolution de l’enfant est re_tournée vers l’école. Il faut distinguer la véritable demande d’aide scolaire qui annonce une fin de rééducation d'une demande scolaire recouvrant une question qui fait obstacle à l'évolution de l'enfant.. Par exemple je peux citer cette demande d'aide scolaire formulée par un enfant. Nous nous sommes mis d'accord pour qu'en début de séance il m'explique les difficultés qu'il rencontre en classe afin que je lui préparer des exercices pour la séance d'après. Le simple fait de m'expliquer ce que je dois préparer pour l'aider suffit pour que,  la séance d'après, il arrive en s'exclamant « Ca y est j’ai compris ». Le véritable acte pédagogique, c'est quant il amène à constater la dissolution du pédagogue. Il n'est plus là que pour entendre énoncer sa propre.

Je peux aussi rapporter cette autre demande d'aide qui recouvre une autre question. C'est un enfant qui enfant qui demande à être aidé en anglais alors qu’il est aussi en perdition dans toutes les autres matières. Cette demande recouvre un autre message qu’il faudra décrypter avant que ne puisse s’énoncer un véritable questionnement sur ce qu’apprendre veut dire. Cependant il ne faut pas évacuer cette demande, d'abord par le simple fait que l'enfant est en position de sujet énonciateur. Mais aussi parce que ce sera en se coltinant à la question que le rapport au savoir pourra évoluer vers un positionnement plus adéquat.

Le savoir lire est du côté des enseignants, nous avons peu à en dire. Comment un enfant en classe de CP apprend à lire ? Ce sont les enseignants les mieux à même de répondre à cette question. Je pense que les enseignants dits en « classe banale » ne se rendent pas compte du savoir dont ils sont les dépositaires. Il me semble que la prochaine rencontre, ce sera à nous membres du CMPP de nous rendre à l’école pour y écouter la prochaine conférence sur comment on apprend en classe.

Retour sur l’éducatif dans la cellule familiale.

Le transfert de compétences entre la cellule familiale et le socius n’a pas eu lieu ! Pour deux raisons. Soit le retournement de soi sur soi, appelle à la négativité abyssale. Recherche d'une image de soi au plus profond d'un reflet se brisant infinement. Soit parce que la « loi divine » qui règne au sein du système familial est totalisante et n’ouvre pas à l’autre.

Il faut accepter la négation du soi pour que l’enfant s’expatrie et sur l’élan  de son estime acquise au sien du système familial puisse rencontrer l’autre du socius et la loi des hommes. Négation du soi quand je rencontre cet autre qui n'est pas moi. Il me faudra alors intégrer cet autre, non moi, à ce qui me constitue et ce sera à ce prix que le soi sera constitutif d'un Soi réflexif.

Et encore un petit plus :

La compréhension en acte de quelque chose posé là à côté.

Il y a soi et il y a l’autre en négatif, négatif de moi.

Il faut pouvoir se reprendre soi dans une mise en acte qui permet de rejouer mon rapport à l’autre pour avancer la représentation que j’en ai. Le concept.

L’enfant a à se reprendre dans la pensée en acte de laquelle il a été exclu.

Soit parce que un interdit est posé là de part l’autre éducateur (parents par exemple mais frère ou paires etc.). Interdit effectif ou ressenti. Le poser là permet déjà d’identifier le positionnement de soi par rapport à l’interdit (G). Résistance à ou évitement.

Soit parce que non confronté assez tôt à quelque chose qui mobilise l’intériorisation des automatismes (E) Mais si la souffrance trop répétée transforme la difficulté en échec alors on est sur le registre de l’aide rééducative. Car cela peut prendre la forme d’une fermeture à toute tentative d’apprentissage nouveau.

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commentaire 7 : Nos émotions qui nous guident dans l’importance de ce qui se joue auprès de l’enfant.

 

jecit in domo lupi

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pareil que dans la case d'à côté !

Présentation d’une situation d’enfant (DK)

Historique de la prise en charge :

DK est un garçon de 9 ans et 4 mois né le 11/10/00. Il est scolarisé en CE2 avec une aide en Clad. Il a été maintenu auparavant en CE1.

Une première synthèse a lieu le  17/09/07. Il y est évoqué la possibilité d’un travail rééducatif avec DK.

4 séances d’observation ont été effectuées dans le cadre rééducatif à partir du 18/02/08

Un travail orthophonique est mis en place courant septembre 2009

Présentation des éléments familiaux :

Il s’agit d’une famille dans laquelle le papa à deux foyers. Le premier se trouve en Afrique avec deux grands enfants qui sont les demi frère et sœur de DK. Dans le second foyer il vit avec sa femme actuelle, la maman de DK et deux autres enfants plus petits. La maman a été longtemps à la recherche d’un domicile avec DK, vivant dans des conditions précaires. L’enfant a été placé en foyer et un éducateur nommé pour épauler les parents. Il y a eu à cette époque un premier contact avec un CMP. C’est un enfant qui a été gravement brûlé par un biberon trop chaud. La maman s’est montrée, jusqu’à une période encore récente, très intrusive pour ce qui est de l’éducation à la propreté.

Un voyage était prévu en Afrique avec la maman et DK. Il attendait beaucoup de ce voyage. Finalement la maman a dû se rendre en Afrique pour raison familiale, et DK n’a pu venir. En effet, la maman craignait que le papa ne les abandonne, suite à des périodes difficiles au domicile.

Les rapports avec l’école n’ont pas toujours été bons, notamment avec la maman. Celle-ci était dans une grande colère face à l’école suite à une « agression sexuelle » qui aurait été faite par un autre enfant sur son fils. Les « attouchements » auraient eu lieu sans que l’école en ait pris connaissance au moment des faits. La maman pensait que l’école était « raciste » et ne prenait pas en compte les problèmes de son fils. C’est une situation qui n’est, maintenant, plus du tout d’actualité. Il n’est plus question de rapports conflictuels entre la famille et l’école.

La question de l’importance de l’apprentissage du français est aussi quelque chose qui a évolué dans les représentations de la famille. En effet, quand DK venait à ses séances de rééducation, il manquait l’école toute la matinée. L’école a réussi à impliquer les parents pour que DK assiste au cours de français dispensé en Clad. D’autre part, la mise en place de l’orthophonie n’a pas été très régulière au départ. Il a fallu, dans un premier temps, que le papa prenne conscience des difficultés conséquentes de son fils, puis qu’il soit convaincu de l’importance de l’aide orthophonique. A partir de là, il a pu accompagner son fils régulièrement aux séances d’orthophonie.

Présentation de l’aide rééducative :

L’évolution de la demande

La demande s’oriente autour de trois pôles :

·          La demande du thérapeute en direction du rééducateur

·          La demande de l’enfant envers le rééducateur

·          Le projet du rééducateur

La demande est l’un des repères qui permet de resituer le travail rééducatif quand il perd son objet, le rapport au savoir. L’autre repère, c’est la rencontre avec l’école qui permet d’évaluer finement l’état d’avancement du travail rééducatif. C’est à mettre en perspective avec la dimension du temps écoulé depuis le début du travail rééducatif.

La demande peut aussi évoluer au cours du travail, principalement du côté de l’enfant. Il s’agit alors d’une réappropriation de sa propre demande. En effet, il a bien compris que les adultes faisaient quelque chose pour lui mais sans en intégrer les enjeux. Bien souvent il se contente de reprendre les paroles des adultes qu’il a entendues. C’est au cours de la rééducation qu’il questionnera le pourquoi de cette rencontre avec un (ou des adultes). C’est à cette période qu’il pourra commencer à se poser effectivement comme sujet de ses difficultés. Plus tard, la demande évoluera parce que les besoins au niveau de l’aide aux apprentissages ne sont plus du même ordre. Au départ les enfants présentent, bien souvent, leur difficulté d’une manière globale. Ils se servent de termes comme « je sais pas » ; « je ne me rappelle plus ». C’est quand ils arrivent à énoncer les difficultés en termes de « ce que je n’ai pas compris c’est … » ou encore « pourquoi on fait comme ça pour … » qu’ils montrent qu’ils ont repris confiance en eux. Le travail effectif d’aide spécifique par rapport aux difficultés prend une autre tournure. Ils sont prêts à se confronter à ce que apprendre veut dire.

Quelques repères dans l’évolution de la demande de DK

La demande de départ formulée par le médecin psychiatre (17/09/07) au cours de la synthèse clinique est  une rencontre avec un enfant qui a un rapport difficile aux apprentissages. C’est assorti d’une demande d’évaluation des difficultés.

Le 14 avril 2008 le projet rééducatif que je formalise est un travail autour du « désir effectif de connaissance à travers l’écrit ». Ce projet de travail s’appuie sur les séances d’observation dont il ressort principalement que la place des apprentissages semble problématique et plutôt évacuée par l’enfant. La difficulté à élaborer une histoire structurée est préoccupante. Par contre, il est capable en situation de jeux, de faire preuve de compréhension, de logique et de pertinence. A l’issue des séances d’observation, DK confirmera que le travail rééducatif l’aide d’une manière globale. Il précise que ça l’aide aussi pour à l’école. Par contre il dira ne pas avoir de désir particulier pour cette aide par rapport à l’école et à ses difficultés.

Lors de la séance n°13 du 13 octobre 2008, le projet rééducatif est reformulé par l’enfant. Cela devient un temps consacré à la lecture en fonction de ce que demandera DK en début de séance. C’est une première énonciation de la demande, elle n’est pas encore intégrée par l’enfant. Le fait qu’il utilise le « ON » pour parler de son travail laisse entendre que pour le moment la demande n’est pas encore réellement reprise à son propre compte. Il faudrait qu’il se positionne en sujet énonciateur et parle en terme de « JE ». La véritable appropriation de la demande viendra quand il dira que l’apprentissage de lecture, c’est à l’école et en séance d’orthophonie. C’est durant cette période qu’il s’intéresse à l’écrit, le mien (voir ci-dessous : L’autonomie ).

Lors de la séance n°14 il dit avoir oublié qu’on devait faire un peu de lecture à chaque séance (ce sera finalement effectif avec la lecture de mes écrits sur lui). Il peut être intéressant de noter un passage par le jeu du Tactile où il faut deviner sans voir des objets pour les nommer, comme il peut chercher à deviner sans lire…

Lors de la séance n°15, rappel du projet de l’aide à la lecture, qu’il avait oublié… mais pas moi ! Par contre je l’oublierai plus tard, jusqu’à ce qu’il ré-émerge dans les dernières séances (voir Séance n°36 ci-dessous).

Séance n°18 (15/12/08) : C’est une séance où DK constate qu’il a oublié la question de la lecture.

Synthèse clinique du 06/01/09 : C’est au moment où se mettent en place les séances d’orthophonie que nous sommes amenés à repenser l’ensemble du cadre thérapeutique. L’orientation sera de    travailler avec moi le sens ce que veut dire écrire.

A la séance n°20 (12/01/09) il demande « Qu’est-ce que le CMPP ? » C’est aussi une séance où il met en scène une ambulance chargée de soigner les animaux victimes d’une série de combats entre les animaux d’Afrique et les dinosaures. Il s’intéresse au médecin psychiatre qui travaille avec lui. Il me semble que le questionnement qui émerge sur le rôle du CMPP et la place des différentes personnes qui travaillent avec lui fait partie intégrante de l’appropriation de la demande d’aide par l’enfant. C’est à un tel moment qu’il prend conscience du dispositif d’aide dans son ensemble. Il ne passe plus simplement de salle en salle, il perçoit les implications de chacun comme faisant partie d’un tout. D’une certaine façon il s’approprie les aides qui ont été mises en place pour lui, mais par d’autres.

Lors de la séance n°36 du 7/9/09, il est fait à nouveau référence au projet et à la demande. Le projet de l’enfant est formulé, à partir de là, en termes de « lire et écriture ».

Entre résistance à la lecture et automatismes non installés

Il s’agit d’une présentation de mes hypothèses de travail. Elles sont multiples et sont des axes de travail. Elles sont issues des  questionnements apparus au cours des différentes séances. Ce sont des questions réitérées qui préoccupent l’enfant et mobilise beaucoup de son énergie. Elles peuvent parasiter l’accès au savoir en devenant trop envahissantes. La première étape est de permettre à l’enfant de prendre conscience de leur existence en favorisant leur émergence principalement grâce au jeu. Cela peut être aussi par une mise à place d’une demande de travail scolaire. Il arrive que celle-ci  se double de questions venant interférer dans la gestion normale de la difficulté. La deuxième étape, c’est la prise de conscience cette fois-ci du côté du rééducateur de l’existence de ces questions envahissantes. Ce qui permet de mettre en évidence leur importance c’est la répétition de celles-ci. Il peut s’agir de la répétition des supports  (type de jeux, de médiations utilisées) ou encore de thématiques. Il me semble important que les hypothèses qui permettent de lire le travail rééducatif soient multiples. L’unicité de celle-ci, l’hypothèse magique qui explique tout, est bien souvent une fermeture qui empêche toute élaboration de l’enfant et le rend objet de cette explication.

L’autonomie

Lors de la séance n°16 sera reprise d’une certaine façon la question de l’autonomie avec le jeu des personnages à habiller, chacun le sien. C’est à mettre en relation avec la façon dont la maman gère l’éducation à la propreté et l’autonomie par rapport aux toilettes (voir curiosité et compréhension  ; Moi à travers lui égal SOI  ; le « ON » de manière indifférenciée  ; voir aussi séance n°13 ).

Lire pour cet enfant, c’est lire ce que j’écris de lui et qu’il doit décrypter dans mes « hiéroglyphes » (prise de notes personnelles). Se pose alors la question de la différence entre curiosité et compréhension ou encore vouloir savoir et connaissance (voir autonomie ). Que va-t-il rechercher dans ces écrits ? Que rejoue-t-il du rôle intrusif de sa mère quand elle gère la propreté à la place de son fils ?

Lors de la séance n°33, il est en difficulté, il va perdre, il appelle sa maman pour l’aider. C’est une séance qui se double d’un empêchement à penser. Il montre un manque de logique inhabituel chez lui. Il rend le jeu difficile en bougeant involontairement les pions avec sa manche. Il devient complexe de se repérer afin de savoir comment jouer. Autant pour lui que pour le rééducateur.

La question de l’identité et de la trace

(séance n°19) C’est un temps où je lui propose d’écrire un petit texte sur ce qui s’est passé durant la séance. Il me demande de l’écrire. En parallèle, il recopie au fur et mesure que j’écris. Plus tard, je suis amené à lire ce qu’il écrit, n’ayant pas encore perçu qu’il était en train de recopier mon écrit. Il y a un temps d’étrangeté, où je découvre ce que j’ai écrit à travers son propre écrit. D’autre part, dans une sorte d’aller retour entre nous, il essaie de lire ce qu’il écrit venant de moi et parlant de lui. D’une certaine façon il se voit exister LUI à travers MOI ce que je conçois comme une élaboration du SOI. Il y a là un aller retour entre nous que j’interprète comme une façon de se représenter agissant en intégrant sa propre image. Il me semble que ce sont des temps essentiels où l’enfant se construit une sorte de double virtuel. Cela permet de planifier une action et de rendre objective l’évaluation de sa propre action.

Il a tendance à utiliser le « ON » de manière indifférenciée . Que ce soit lui qui soit le sujet de l’acte, ou bien moi, ou encore nous deux. ON a joué à la dame ; ON a fait de l’écriture. Qui a fait quoi ? Il faudra du temps pour qu’il convienne que celui qui fait c’est un « MOI » qu’il finit par énoncer.

La question du « Qui est ON ? » se pose d’une autre façon quand je constate qu’en bas de sa feuille il a inscrit son prénom ainsi que le mien et mon nom de famille. Je m’étonne de la présence de ces deux noms. Mon idée première est de lui faire constater que c’est lui qui a écrit et que son prénom suffit. Je veux aussi lui faire percevoir l’enjeu du copier qui une duplication du même pas très utile si elle n’est pas suivie d’une appropriation. Il explique qu’il a mis son prénom car c’est lui qui a écrit (recopié mon écrit) et il a ajouté « Olivier ISSAURAT » parce que j’étais avec lui lors de l’activité. Cela permet de donner du sens à cet écrit dupliqué, première appropriation d’un texte. Il s’agit de questionner l’ « identité » du qui fait quoi dans cet écrit. De cette façon, du ON émerge du JE et du TU. J’ai écrit et tu étais là.

Lors de la séance n°20 je constate qu’il pense encore en terme de « on ». Il donne l’impression, dans ses explications de faire comme si j’étais présent dans le jeu qu’il a mis en place. Il s’agit d’une mise en scène avec les animaux d’Afrique et des Dinosaures. C’est lors de la reprise en fin de séance où nous parlons de ce qu’il a retenu qu’il peut donner un sens à ce « ON ». En effet, il explique qu’il aurait bien voulu que je vienne jouer avec lui, mais qu’il ne l’a pas demandé.

C’est lors de la séances n°21 que l’utilisation du ON est rendu plus opérante par l’enfant. En effet il constate que ON a coopéré contre le gorille (il s’agit d’un jeu où il faut arriver à accrocher des animaux dans un arbre avant que le gorille ne les fasse tomber). Puis, avec le « Je » il ajoute « J’ai gagné » qui se traduira par l’écrit suivant DK est le premier, donc IL a gagné.

La toute puissance et la lecture

Lorsque nous parlons du film qu’il a vu, le Roi Lion, je fais référence à Shakespeare. En effet, l’histoire est plus ou moins inspirée de Hamlet. Cependant je parle du Roi Lear, car il me semblait que c’était plutôt de ce livre qu’était tiré le film. C’est quelque chose qui restera très présent pour lui, même lorsque je rectifierai la séance suivante. J’essaie de lui expliquer qu’il s’agit de Hamlet mais il n’entend pas vraiment. Il est pensif. C’est plus tard que je comprendrai ce que lui avait en tête. Il s’agissait pour lui du Roi « Lire ».

Que représente ce roi de la lecture tout puissant ? Il ajoutera plus tard dans la séance qu’il ne veut pas être roi car il craint qu’on ne lui coupe la tête. De quelle toute puissance la lecture est-elle chargée et qui peut venir parasiter son accès au lire ? Quelle place ne se sent-il pas le droit d’assumer ? Il peut être intéressant de noter que l’éducation au sens large, mais aussi les devoirs étaient assumés principalement par la maman. Elle se plaignait, lors de la mise en place du travail au CMPP, que son mari était laxiste. C’était à elle qu’incombait le rôle de punir, la gestion des devoirs etc. La maman est issue d’une famille africaine que son mari décrit comme « bourgeoise », possédant les animaux d’élevage. Il est important de noter, que maintenant, c’est le papa qui s’occupe d’accompagner son fils au CMPP. Il s’intéresse aux rencontres avec l’école et se soucie beaucoup plus des aides mises en place.

La place du féminin

C’est un enfant qui va questionner la place du « e » final dans son prénom. Il se demande s’il est nécessaire de le garder puisqu’on ne l’entend pas. Il faudra passer, spontanément par la comparaison avec Stéphaneu qu’il accentue comme dans son prénom pour se rendre compte que ce n’est pas spécifique à son prénom. Que cherche-t-il a mettre à distance du côté du féminin ? On peut aussi faire l’hypothèse qu’il essaie de se rassurer sur son identité masculine, mise à mal par le rapport envahissant de la maman autour de la propreté.

C’est un questionnement qui réapparaîtra d’une autre façon. Nous parlons des « explications » que je lui ai données pour qu’il comprenne comment je fais pour gagner aux dames. Il cherche le bon pronom pour qualifier « explications ». Il proposera « ils » puis « on » ; « tu » comme s’il cherchait à éviter absolument le « elles » pour qualifier ces explications. Il peut être intéressant de préciser que, au départ, il voulait que je lui dise comment gagner contre moi. Je lui réponds que je peux lui expliquer comment je procède pour gagner contre lui, mais que gagner, c’est à lui de trouver comment faire. Je l’amène de cette façon à comprendre qu’il doit prendre une part active pour gagner contre moi. L’attitude passive qui consiste à attendre de ma part que je le fasse gagner reconduit un principe éducatif  mis en place par la maman.

Il est possible d’entendre cette question à la lumière de l’entretien avec la maman et l’enfant le 30/06/08. Lorsque nous aborderons les devoirs, il ressort que le papa s’en occupe occasionnellement et que c’est la maman qui s’en charge. Elle a dans l’idée de bien faire, mais elle y consacre un temps trop long et cela se passe mal. Vient se surajouter le fait que la maman parlera de faute, que c’est de « sa faute », qu’elle a beaucoup traversé de moments difficiles, qu’elle était toute seule, que le père de l’enfant ne l’a pas aidée, ne l’aide pas. Ce sentiment de «  faute » dans le rapport qu’elle a avec son fils, peut gêner la compréhension que son fils a de son rapport avec les adultes, mais aussi avec les apprentissages. Qu’est-ce que la maman essaye de rattraper ou bien de réparer quand elle se « confronte » avec son fils autour des apprentissages ?

Rétablir un lien entre ses deux espaces culturels et familiaux :

séances 32

Avec la pâte à modeler, il crée les personnages de deux grands frères qui accompagnent le plus petit au parc. DK est le moyen. A la suite de cette mise en scène, il explique que son grand frère et sa grande sœur en Afrique lui manquent. Puis il fait un gâteau dont il dira qu’il n’est pour personne. Puis il ajoutera que la maman donne le gâteau pour les remercier d’avoir accompagné le plus petit au parc. Lorsque nous évoquons cette situation il se demande pourquoi il a dit que le gâteau n’était pour personne et il demande à aller aux toilettes.

Lors d’une autre séance, il demande qui a inventé le jeu du Moulin (jeu de société basé sur l’alignement de 3 pions par placement, puis déplacement) et celui du Backgammon. La séance suivante je lui fournis une documentation sur ces jeux et leur histoire.  A la suite de la présentation des documents, il s’intéresse à l’histoire d’une famille… la sienne !

Au cours d’une autre séance, il dessine une maison avec deux chemins parallèles qui mènent l’un à l’école des filles et l’autre à l’école des garçons. Précédemment, il avait dessiné une maison dans laquelle il avait rassemblé les membres d’une famille.

C’est lors de la séance n°43 du 07/12/09 qu’il finira par dire qu’il est inquiet pour ses demi-frère et sœur restés en Afrique. Je lui propose d’en parler avec son père. L’entretien avec le papa en présence de l’enfant aura lieu le 04/01/10.  Pendant l’entretien, DK découpera un avion et le coloriera. Il me semble, qu’en pratiquant cette activité, il cherche à relier les deux espaces qu’il ressent comme un rupture dans l’histoire familiale. Assez vite, avec le papa il sera question de cette histoire familiale. DK parle de l’ « Afrique » pour caractériser les origines de ses parents. DK a en effet un demi-frère et une demi-sœur qui vivent en Afrique. La maman s’est rendue dans son pays d’origine pour le décès de sa mère (25 août). Les enfants devaient l’y rejoindre, mais cela n’a pas pu se faire. L’explication fournie par le papa pour expliquer l’annulation du voyage pour DK est de deux ordres. Les difficultés liées au logement sont le premier élément de cette explication. Le deuxième élément c’est le fait que la maman croyait que le papa allait se débarrasser d’eux. DK ne connaît aucun de ses grands-parents si ce n’est sa grand-mère maternelle (mamie) qu’il a vue sur vidéo. Il ne se souvient pas des photos (du grand père paternel) présentées par son père. Il se rappelle que sa mamie a beaucoup de vaches qu’elle en a donné aux autres membres de la famille afin qu’ils aient de la chance. Ils ont une grande maison où il y avait beaucoup de monde (cf. la vidéo). Le papa précisera que les vaches ont été données par la grand-mère de madame et que le grand-père de madame est un « bourgeois ». Quand nous évoquerons tout cela, DK parlera des cauchemars qu’il faisait. Il y a est question de massacre. Le papa demandera ce que c’est un massacre à son fils. DK dira que c’est quand on « met à terre ». Dans le cauchemar il y est question d’un tigre. Il y aussi des gens qu’on attache dans les arbres. Il faut qu’il pense à autre chose pour échapper aux cauchemars. Il dira aussi que d’en parler il pense que ça peut les faire revenir. Ces cauchemars sont évoqués au moment où nous parlons des films qui font peur. Les vampires ne lui font pas peur, ce qui lui fait peur c’est quand on tue. Il fait référence aux rois à qui l’on coupe la tête et qu’il a vu la nuit. Il s’agit visiblement de Louis XVI. DK dira qu’il ne veut pas être roi car il a peur d’être puni s’il se trompe.

Il me semble que la question de l’inquiétude autour de sa famille était quelque chose qui pouvait prendre beaucoup de son énergie et de son attention. Il était important que DK ne reste pas seul face à cette inquiétude. Le fait que l’on ait pu parler de ses soucis a permis de les rendre existants, de leur donner corps. C’est un préalable pour arriver à soulager l’enfant de sentiment qui semblait l’oppresser. Reste encore très présent le risque autour des apprentissages, notamment les erreurs, qu’il vit comme une décapitation. Quelle est cette place qu’à nouveau il ne peut assumer et à laquelle il met les apprentissages ?

La fin du travail rééducatif :

L’un des aspects qui caractérise la fin du travail rééducatif, c’est quand l’enfant est capable d’expliquer ses difficultés. Etre capable d’énoncer les difficultés qu’on rencontre signifie que l’on a conscience des enjeux. D’autre part, qui sait énoncer clairement un problème, ou encore la difficulté à laquelle il est confronté a fait le principal du chemin qui conduit à la solution. D’ailleurs, le simple fait que l’enfant s’explique, en énonçant clairement ce qui fait sa difficulté, fait que bien souvent, il trouve de lui-même la solution.

L’autre aspect qui permet de sentir que la fin du travail rééducatif est proche, c’est quand l’enfant dit au rééducateur que « ça », c’est à l’école qu’il l’apprend. C’est aussi quand il rapporte les difficultés qu’il a rencontrées au cours d’un exercice vu en classe. Il montre par là qu’il est prêt à se prendre en charge et à se coltiner au problème qu’il rencontre.

Pour DK, la fin du travail rééducatif commence à s’énoncer quand nous abordons la lecture syllabique. Il m’explique que ça, il en fait déjà à l’école et en orthophonie. Il est même plus précis puisqu’il dit que c’est là, la place de l’apprentissage de la lecture. Il m’explique que ce que je lui présente n’est pas pareil que ce qu’il a vu. C’est un temps essentiel où le rééducateur doit faire attention de ne pas perturber ce que l’enseignant met en place dans sa classe pour organiser la progression de l’enfant. Pour le moment ce n’est qu’une première étape, car il redéfinit l’espace rééducatif, mais pour le dédier aux questions qu’il a encore à travailler et qui mobilisent encore beaucoup de son énergie.

L’aspect social de la question à travers les bilans avec l’école et les étapes d’une évolution ponctuées par des régressions :

Synthèse école le 24/03/09 : Le premier point essentiel concerne « la jubilation » autour de la lecture et les progrès notables constatés par l’orthophoniste. En classe, il y a un changement d’attitude par rapport au travail, DK est plus autonome, même si cela s’accompagne de moments où il peut se décourager. Les difficultés en lecture demeurent, notamment avec les sons complexes. L’orientation sera un passage en CE2 accompagné d’un soutien en Clad. La menace d’expulsion reste un élément à suivre.

Entre les deux synthèses Son père est à l’hôtel car il en « a marre » de la maison (séance n°35   29/06/2009).

Entretien avec le papa et l’enfant le 22/06 puis le 29/06/09

Il sera aussi question du fait qu’il voudrait envoyer DK « au pays ». D’une certaine façon il sera plus tranquille pour gérer les histoires de logement (ce qui semble provoquer une certaine angoisse chez son fils). Le problème c’est que la carte d’identité de son fils comporte une erreur sur la date de naissance, 2006 au lieu de 2000. Il semble que ce soit compliqué de la refaire.

C’est aussi une période où il dira être inquiet pour son demi-frère et sa demi-sœur restés en Afrique. (séance n°43 du 07/12/09).

L’entretien avec le papa et l’enfant le 04/01/2010 (cf. ci-dessus les difficultés liées au voyage prévu en Afrique)

Synthèse scolaire du 26/01/10 : Si dans un premier temps le constat fait par la maîtresse de la Clad semble globalement négatif, il s’avère par la suite plus nuancé. DK a un intérêt pour l’écrit. Son écriture s’est nettement améliorée et il aime écrire. Il est plus présent en classe. Il sait justifier une stratégie, même s’il a encore des difficultés pour verbaliser en Clad. Il a un niveau CE2 en math qui correspond à sa classe d’intégration. Il commence à se servir de la lecture même si son niveau reste inquiétant. Il a accepté et compris l’intérêt de la Clad dans le dispositif d’aide. Il vient régulièrement en Clad y compris sur les temps de français que la famille avait tendance à occulter.

Ils sont toujours sous la menace d’une expulsion dès que sera terminée la période hivernale qui les en protège.  

 

Accès séances : séance n°13  ; séance n°13 bis ; séance n°14  ; séance n°15 ; séance n°16  ; Séance n°18  ; séance n°19  ; séance n°20  ; séance n°20  bis ; séances n°21  ; séance n°21 bis ; séance 27  ; séance n°28  ; séance n°30  ; séance n°31  ; séances 32  ; séance n°33  ; séance n°33 bis ; séance n°35  ; Séance n°36  ; séance n°37  ; séance n°38  ; séance n°40  ; séance n°43  ; séance n°49

Compléments qui ont permis l’élaboration de la présentation d'une situation.

La rupture : Pour cette enfant elle s’inscrit dans le temps présent avec des déménagements successifs, mais aussi dans le passé avec une histoire des origines africaines qu’il continue d’interroger.

Sur le plan rééducatif comment se pose les questions ?

A travers les jeux. Il utilise les animaux, d’un côté les dinosaures, animaux des temps ancestraux, qui viennent batailler avec les animaux d’Afrique, pour moi du temps présent. Vient interférer, dans cette rencontre un autre animal, le chat. La violence réciproque conduit les animaux, plutôt ceux d’Afrique vers l’hôpital, réparateur des corps avec l’ambulance qui fait les allers-retours. Le monde des hommes est là pour réparer les torts, mais seul le gentil peut le faire suis-je l’ambulance ou encore le CMPP). Il y a un autre espace, indéfini, sorte de cimetière ou encore de limbe, dans lequel il place des animaux. Il semble que certains en reviennent, mais le plus souvent c’est définitif. Il s’agit du panier en plastique dans lequel sont rangés les animaux.

La question de l’apprentissage de l’écrit passe par le questionnement autour de l’appartenance à un peuple, à l’inscription dans une histoire et culture. C’est ce qui peut faire l’intérêt du travail rééducatif qui à travers les jeux va permettre de travailler ces questions en dehors d’un réaménagement psychique dans la mesure où elles sont élaborables ce qui pose la limite du travail rééducatif ou encore sa nécessaire articulation avec un autre espace, dédié lui à l’aspect thérapeutique.

Si la question du signe distingué du symbole peut ne pas paraître pertinente dans les extraits sus-cités, il n’en reste pas moins qu’il peut arriver à l’enfant d’être pris dans ce collage trop rigide :  Signe = réel. En effet, cela court-circuite la place qui est faite à l’autre dans le message adressé puisque pour que l’autre ait une place dans mon message il me faut admettre que le signe pour lui est évocation d’une idée et non seulement de l’être d’un objet. Mais surtout cela rend plus complexe la place de l’imaginaire pour nourrire la créativité à travers le maniement des signes.

Lire c’est retrouver l’esprit de soi (voir Moi à travers lui égal SOI ) qui est dans l’objet en faisant abstraction du chemin qu va faire ma rencontre effective avec l’objet. Qu’est-ce qui est de « soi » dans l’acte de lire ? Quelle est la partie subjectivante du lire ? Si elle  n’est pas, comment puis-je retrouver quelque chose de moi dans les mots qui font sens et non symbole ? Le symbole est le représentant de l’être de la chose. Le mot est une métaphorisation l’être de la chose Ca implique d’avoir l’objet rationnellement en soi. L’être dans soi signifie qu’on a intériorisé l’effectivité.

Esprit signifie vie étique d’un peuple, un individu qui est un monde. C’est le savoir de soi-même. Il faut d’abord avoir réglé la question de l’éthique d’un peuple. Voilà les questions posées à travers le jeu. L’intellection implique d’avoir fait la place de l’appartenance à un peuple. Le dédoublement de soi entre culture et essence se résout dans la moralité qui se saisit comme essentialité. La singularité comme conscience d’appartenir à un peuple permet la certitude de soi-même.

Le soi dans un autre est la famille (voir Moi à travers lui égal SOI). Mort et famille c’est aboutissement de la conscience de soi. Seul la sortie par un travail pour l’universel permet de le positiver. La mort est du côté du dédoublement si quelque chose d’autre que l’étant fit son entrée dans le mouvement. C’est le vide qui habite l’étant, désir inconscient d’une nature abstraite, nature négative. C’est la famille qui tient cette négativité destructrice éloignée de lui en posant son le sien (son étant je pense) à la place. C’est une force qui tient liés les matériaux singuliers et les vitalités basses qui vouaient se libérer contre lui et le détruire. C’est à entendre comme une loi divine parfaite.

Lire pour cet enfant, c’est lire ce que j’écris de lui et qu’il va déchiffrer dans mes hiéroglyphes. Mais se pose la question de la différence entre curiosité et compréhension ou encore savoir et connaître (voir autonomie ). Il va chercher l’importance du « e » final dans son prénom. Est-il essentiel puisque on peut lire « Kévin’ ».  Il passe par la comparaison avec Stéphaneu qu’il accentue comme dans Kévineu. Quelle est le sens de cette marque du féminin dans son prénom et de son rapport envahissant avec sa mère ?

Ce devoir ultime (Cet agir qui le déshonore, d’un désir inconscient et d’essences abstraites, la famille le tient éloigné de lui, pose le sien à la place, et marie le parent avec le sein de la terre, l’individualité impérissable élémentaire ; elle en fait pas là le compagnon d’une essence-commune qui plutôt dompte et tient liées les forces des matériaux singuliers et les vitalités basses qui voulaient se libérer contre lui et le détruire.) constitue donc la loi divine parfaite, ou l’opération éthique positive en regard du singulier. Toute autre relation en regard de lui qui ne s’en tient pas à l’amour, mais est éthique, relève de la loi humaine, et a la signification négative d’élever le singulier au-dessus de l’insertion dans l’essence commune naturelle dont, comme effectif, il relève.

Les questions autour de l’acte de lire

Lire c’est s’inscrire dans le temps, cf. le calendrier quand il cherche à comprendre le sens de V pour vacances et A pour absent.

La question de la métaphore et l’exemple du médecin psychiatre.

Apprendre c’est savoir repérer l’état dans lequel on est et la capacité qu’on a à rester concentré, sinon on désapprend !

Lire ce qui est « dangereux » quand il joue au jeu l’Oie.

Il semble jouer de manière à perdre. Il met en place des stratégies inopérantes alors qu’il sait ce qui compte pour prendre l’avantage. Le jeu du Moulin ou encore l’Othello.

La question que le préoccupe, relier les deux espaces l’Afrique et la France , deux lieux dans lesquels se trouve une partie de sa famille. Demi-frère et demi-sœur  pour des demis lieux.

Le rapport que l’on peut faire avec les jeux des animaux où deux temps s’affrontent. Celui des animaux de l’ancien temps, de la préhistoire et ceux de l’Afrique avec un entre-deux, le chat. La place de la violence, de la réparation avec le passage pour l’hôpital et le non lieu, le panier de rangement où échouent certains animaux.

Lire c’est fastidieux ! PIT PAT POT ! Plus la confusion possible avec la langue arabe, son père lit le coran et lui a suivi ou suit encore des cours d’arabe.

La notion de la distinction. Qui est « on » ? Kévin et Olivier ISSAURAT. Il essaye de lire ce qu’il écrit venant de moi et parlant de lui. Moi à travers lui égal SOI !

Les lettres éparpillées, ont-elles un sens ? (séance n°13). C’est une séance autour de l’impossibilité. Il manque de l’encre dans le tampon encreur (il sera déjà question d’empreintes avec « mon doigt » et de trace 1Q avec K K K ) et  ; le Cluedo  (empreintes suite) est difficile car il n’arrive pas à lire ; la bataille navale, il manque les pions. Il n’a utilisé que de vieux jeux obsolètes ! Lorsqu’il décidera d’utiliser le Puissance 4, la séance sera finie. Cependant ce sera une séance où on décide de consacrer un peu de temps de chaque séance à la lecture (voir séance n°13 bis). Quel sens ont les lettres éparpillées, en tous les cas elles ont à voir avec la trace (donc la gestion des selles par la maman voir aussi autonomie ).

Lors de la séance n°21, il y a tout un travail autour de la compréhension de la consigne dans le jeu du gorille.

Lors de la séance 27, avec la peinture, il y a un temps d’inscription de l’empreinte du doigt. Quel lien avec l’identité, la reconnaissance par les papiers. Il y aura aussi une maison qui donne envie de connaître l’histoire de cette maison. Il lira l’inscription sur la porte des toilettes.

Lors de cette même séance n°27 il peut dire « je ne comprends pas ». Puis il y aura un temps de lire = jouer = plaisir de lire. Ce plaisir de lire et d’écrire sera un enjeu du travail rééducatif pas vraiment atteint. Par contre, il le sera autour de l’identification à mon écriture (voir le « ON » de manière indifférenciée ) de par sa curiosité. Entre curiosité et savoir (voir curiosité et compréhension ).

La question de son prénom avec un K ce qui est rare. Donc il a un prénom rare et la place de la toute puissance ? Je lui photocopie la page du dictionnaire où les mots commencent par KE (séance n°28).

Les OU partout (séance n°30). Il sait lire Karembolage et sait écrire BOU et DO mais se trompe en les lisant ! Il lit BOUH ! comme le fantôme.

L’élément de sens « MA » de maman qu’il cherche dans « MEMORY » (séance n°31).

Il appelle sa maman pour l’aider. C’est une séance qui se double d’un empêchement de penser. (séance n°33).

Son père est à l’hôtel car il en « a marre » de la maison (séance n°35)

La difficulté en lecture selon deux axes. Une résistance à l’acte de lire pour trouver quelle vérité. Mais aussi, « la lecture c’est dure… et il n’aime pas » (séance n°37). Pour un enfant capable de penser rapidement et aimant aller vite, la lenteur d’un déchiffrage astreignant rend complexe l’acquisition des automatismes qui se font en CP, GS et CE1 !

Il dégage un espace rééducatif pour le dédier aux questions qu’il a à y travailler. La syllabique GA GO GU, il me renvoie dans les cordes on m’expliquant que la technique de la lecture il en fait déjà à l’école et en orthophonie ! Il est même plus précis que ça, il dit que c’est là la place de l’apprentissage de la lecture et que finalement je l’embrouille plus qu’autre chose ! (séance n°37) je pense)

L’intéressante question du Roi Lear et la toute puissance du Roi Lire ! Qui est ce roi qui vient interférer dans l’acte de lire. (séance n°38)

Le il l’ « avait bien dit » et l’histoire de la prédiction du Sphinx à Œdipe « tu tueras ton père et tu … vivras avec ta mère ! » Le rééducateur à l’épreuve de la vérité, mais laquelle ? (séance n°40)

Othell [o] et la maison de nous avec la peinture de la séance n°43 où il réunit tout le monde. Le Sénégal, pays de qui… au final il ajoute « de ses parents ».

La notion de périodicité et de temps. Il pose la question pour la deuxième fois de la signification des numéros inscrits à côté de la date de la séance. Je réexplique qu’il s’agit du nombre de séances. Puis il se pose la question de la durée du travail avec moi. Nous cherchons le nombre d’années de date à date. Je fais référence à la date de naissance qui fonctionne sur le même principe. Puis il passe au boulier chinois et compte jusqu’au dizaine de milliers de milliards. Il s’étonne qu’il n’y ait que un seul 1 avec 13 zéros. (séance n°49)

L’évolution de la demande

La demande : objet vivant. Le travail rééducatif et les questions élaborées autour du jeu (entre autre) peuvent éloigner la question des apprentissages en terme de savoir faire pour opérer sur le réel.

La demande est une balise mobile qui permet de resituer le travail rééducaif quand il perd son objet entre thérapie et apprentissage (~à la fonction de précepteur, différent du maître de la classe car il manque l’objet classe et la fonction social associée. Le précepteur vient au domicile et est associé à l’aristocratie ou plus tard à la bourgeoisie).

Le travail rééducatif s’appuie principalement sur le jeu pour travailler les questions que l’enfant se pose sur le monde, les relations aux autres, la place du sacré etc. Cependant, le jeu peut ouvrir sur des questions qui mobilisent des réaménagements d’ordre psychique (soit en termes de psychanalyse soit en terme de psychiatrie et de santé mentale).

La demande s’oriente autour de trois pôles :

·          La demande du thérapeute

·          La demande de l’enfant

·          Le projet du rééducateur

La demande peut aussi évoluer au cours du travail, principalement du côté de l’enfant. Il s’agit alors d’une réapropriation de sa propre demande. Soit parce qu’il a prise pour lui mais sans la comprendre, sans en intégrer les enjeux. Bien souvent parce qu’il reprend les paroles des adultes. Soit parce que les besoins au niveau de l’aide aux apprentissages ne sont plus du même ordre.

Pour que les questions que l’enfant pose en rééducation puissent évoluer il faut, soit qu’elles n’aient plus qu’à être parlées. Il suffit bien souvent de dédramatiser les choses simplement en les mettant en scène et qu’elles soient reprises par la parole. Cela permet une distanciation et une appropriation des enjeux réels de l’acte engagé par la question (on pourrait dire qu’elles sont présentes à l’état latent, préconsciente). L’autre option, c'est-à-dire quand les questions engagent beaucoup plus les instances psychiques, il faut que les espaces thérapeutiques résonnent et fassent échos. Le plus important étant que l’enfant ne fasse pas jouer les espaces comme empêchement aux différents réaménagements de sa structure psychique. Dans ce cas, il peut arriver, par exemple, qu’un enfant joue l’aspect thérapeutique en rééducation, et pose la question des apprentissages avec le thérapeute.

Lors de la séance n°13 (soir aussi la séance n°13 ) le projet est réélaboré par l’enfant le 13 octobre 2008 ; Consacrer du temps à la lecture en fonction de ce que dira Kévine. C’est une première énonciation de la demande, elle n’est pas encore intégrée par l’enfant. ON décide de consacrer ! Pour le moment la demande n’est pas énoncée en terme de « je ». La véritable appropriation de la demande viendra quand il dira que pour lire, c’est à l’école ou en orthophonie. Et du coup il s’intéressera à l’écrit, le mien, celui que parle de lui à travers moi (voir Moi à travers lui égal SOI ).

Lors de la séance n°14 il dit avoir oublié qu’on ferait un peu de lecture à chaque séance (ce sera finalement effectif avec la lecture de mes écrits sur lui). Il peut être intéressant de noter un passage par le jeu du Tactile ou il faut deviner sans voir des objets pour les nommer, comme il peut chercher à deviner sans lire…

Lors de la séance n°15, rappel du projet de l’aide à la lecture, qu’il avait oublié… mais pas moi ! Par contre je l’oublierai plus tard, jusqu’à ce qu’il ré émerge faire les dernières séances (voir Séance n°36 ).

Lors de la séance n°16 sera repris d’une certaine façon la question de l’autonomie avec le jeu des personnages à habiller, chacun le sien. C’est en mettre en relation avec la façon dont la maman gère l’éducation à la propreté et l’autonomie par rapport aux toilettes (voir curiosité et compréhension  ; Moi à travers lui égal SOI ; le « ON » de manière indifférenciée  ; voir aussi séance n°13 ).

Séance n°18 : la question de la lecture oubliée !

A la séance n°20 il demande « Qu’est-ce que le CMPP ? » (et la place de l’ambulance  !) et s’intéresse au médecin psychiatre qui travaille avec lui.

Séance n°36 référence au projet et à la demande.

Le demande de départ formulée par le médecin psychiatre au cours de la synthèse clinique : «Une rencontre avec l’enfant et le rapport difficile aux apprentissage à évaluer. »

Le 14 avril le projet, le mien, est « désir effectif de connaissance à travers l’écrit ».

Synthèse clinique du 6/1/09 : Travailler avec moi le sens ce que veut dire écrire.

Bilan fait avec l’enfant : Le travail l’aide, y compris par rapport à l’école, mais il n’y a pas de désir particulier pour une aide par rapport à l’école et ses difficultés.

Projet de l’enfant : « Lire et écriture » le 7/9 lors de la séance 36 rappel du projet.

Le ON indifférencié

Il a tendance à utiliser le « ON » de manière indifférenciée. Que ce soit lui qui soit le sujet de l’acte, ou bien moi, ou encore nous deux. On a joué à la dame ; on a fait de l’écriture. Qui a fait ? Moi. (séance n°19).

Lors de cette séance 19, il écrit mon prénom et suscite en moi une émotion me faisant revivre mon enfance dont je ne parlerai pas !

Je lis aussi ce qu’il écrit, recopie, venant de moi, à travers lui ! Alors le soi ! (Moi à travers lui égal SOI )

Il a écrit « Kévine » car c’est lui qui a écrit (recopié mon écrit) et il a écrit « Olivier ISSAURAT » parce que je suis avec lui. Du coup on sort du ON !

Lors de la séance n°20 je constate qu’il pense « on » car c’est comme si j’étais dans le jeu (mise en scène des animaux d’Afrique et des Dinosaures). Plus tard il dira qu’il aurait voulu que je vienne jouer avec lui, mais qu’il ne l’a pas demandé.

Puis lors des séances n°21 le fait que ON coopère contre le gorille avec le « Je » du j’ai gagné qui passe par le Kévine est le dernier, donc IL a gagné (écrit).

La place du vide

séances 32

Il se demande pourquoi il a dit que le gâteau était pour personne et il demande à aller aux toilettes. Il dira plus tard que c’est un gâteau que donne la maman aux enfants plus grands pour être aller au parc avec le plus petit.

Il s’intéresse à l’histoire des jeux et à l’écrit ce qui ouvre sur l’histoire d’une famille… la sienne !

autre formulation : Avec la pâte à modeler, il crée deux grands frères qui accompagnent le plus petit au parc. Lui est le moyen. Son grand frère et sa grande sœur en Afrique lui manquent. Du coup il fait un gâteau pour personne. Que la maman leur donne pour les remercier d’avoir accompagner le plus petit au parc.

Emergence d’une maison avec deux chemins parallèles qui mène l’un à l’école des filles et l’autre à l’école des garçons.

séance n°33 : Nous travaillons sur le mot « jouer » et le son ou. Je joue, tu joues. Il dit « C’est moi qui joue.»

La séance 34 en compte-rendu

Il y avait dans les animaux, une bagarre [qui avait l’air féroce] parmi les dinosaures. Ils ont perdu car ce sont les lions, aidés par les éléphants qui ont réussi à les renvoyer dans leur pays en les écrasant, pas en les repoussant, en les écrasant de tout le poids des éléphants [le ça renvoyé à sa place]. Ils ne sont pas morts. [Il semble qu’il soit important qu’il ne soient pas morts]. Il semble aussi important qu’ils ne reviennent pas… mais ils ne sont pas morts].

Vers la fin, les animaux se sont mis en ligne, la famille et la famille [il y a les animaux sauvages du côté de l’Afrique… et les animaux de la ferme côté famille] Les animaux se sont mis à côté du Roi, car c’est le roi, c’est comme le président, mais c’est le roi des animaux. En dessous il y avait d’autres animaux, comme le zèbre, ils avaient peur.

Puis, une fois les familles constituées, les dinosaures dans leur pays, l’éléphant invitait ceux de la famille à venir jusqu’à leur pays, ceux de la ferme.

Il se demande comment je vais faire avec tous les enfant pour me rappeler !

Ce que je retiens… c’est pas la peine puisque j’ai écrit sur ma feuille.

Réaction de "Elle"

Je cite son message :

Titre du message : commentaires

le message : (partie concernant la toute puissance autour de la lecture)

"il ne veut pas être roi car il a peur d’être puni s’il se trompe."Elle est incroyable cette histoire du roi" lire" décapitable.
L'angoisse de castration ( pour lui)est sous-jacente à l'acquisition de ce pouvoir de lecteur et semble donc se faire au prix d'une perte redoutable.
tchao!

Commentaires, les miens cette fois :

Je n'avais pas parlé de castration, mais c'est une piste à déplier. Je parle plutôt de "place" inassumable. En même temps qu'est-ce qui la rend telle ? Il y a là question à castration en effet... En tous les cas un grand merci pour la remarque...

suite de la réaction

 perdidit

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pareil que dans la case d'à côté ! (attention y a un doute qui court ...)

suite de la réaction de "Elle"...

Moi je suis pour le partage des idées, alors merci.
Il y a cependant un petit quelque chose qui me chiffonne, c'est l'écrit concernant la situation de DK.
Le site est accessible et tu sais combien internet est exploité par les jeunes, ne crains-tu pas d'exposer les éléments familiaux à des regards indiscrets?

ma réponse : Pour ce qui est de la confidentialité j'espère avoir pris toutes les garanties. Les initiales ne sont pas les bonnes et je situe le contexte familial en Afrique.
Mais c'est vrai que c'est un véritable problème pour pouvoir écrire sur le travail rééducatif !

Petite réflexion complémentaire : De plus rendre anonyme une situation n'est pas sans conséquence non plus. Le sujet devient objet. D'une certaine façon il est nié. Il devient quelque chose de mort, il perd son caractère vivant. Cela se transforme en une abstraction qui tient plus de la fiction. Il y a comme une forme de duperie. En tous les cas il me semble important de garder à l'esprit que cette "abstraction du sujet" n'a rien de réel. Elle peut servir de point de départ pour une réflexion, une mise en question, mais en soi, elle est problématique. Peut-être même nuit elle à la qualification de la question nécessaire à l'élaboration de la réflexion. Affaire à suivre ... A nouveau encore un grand merci pour cette réaction !

Entretien avec le papa et l’enfant le 04/01/2010

M. ISSAURAT Olivier, rééducateur

Objectif de l’entretien :

-         Faire le point pour le livret du premier trimestre de l’année scolaire 2009 / 2010

Les éléments qui ont retenu mon attention à avoir en « background » :

-         aucun

Compte-rendu : Pendant l’entretien, Kévine découpera un avion et le coloriera.

Il est en CE2 et devrait être en CM1, ce qui fait que, à priori il irait en CM1 l’année prochaine. Il n’a rien été dit d’une autre orientation et s’il y aurait maintien du dispositif Clad. Je regarderai le livret, puisque c’était le but de la rencontre avec le papa et son  fils. Il ressort qu’il aime venir à l’école, mais qu’il manque d’autonomie, ce que confirme le papa en disant qu’il ne travaille que s’il y a quelqu’un à côté de lui. Les difficultés se situent massivement du côté de la lecture. Par contre, en mathématique, c’est globalement positif, si l’on excepte les compétences faisant appel à l’écrit comme « sait lire les informations dans un énoncé » et « sait rédiger ses réponses ».

Commentaire sur le bulletin : Kévine semble avoir trouvé le bon rythme et de bons repères au sein de la classe. Il manque encore d’organisation et de méthode, mais a le désir d’y arriver. Les résultats en mathématiques sont satisfaisants, c’est un domaine que Kévine apprécie et dans lequel il est très à l’aise. Les acquis en lecture sont très insuffisants et ne permettent pas à Kévine d’être autonome. Il semble ne pas trouver d’intérêt pour la lecture et fait peu d’effort. Il faut que Kévine s’investisse davantage.

Nous parlerons du travail d’orthophonie avec l'orthophoniste, qu’il n’y va pas de manière régulière du fait que le papa « oublie ». Il explique qu’il travaille de nuit. Je lui rappelle l’importance de l’orthophonie et surtout qu’il y fait des progrès en lecture. Je lui redis qu’il peut voir avec l'orthophoniste s’il y a un problème d’horaire.

Puis assez vite il sera question de l’histoire familiale en lien avec une évocation en séance avec moi (séance n°43 du 07/12/09). Il parle de l’ « Afrique » pour caractériser les origines de ses parents. Kévine a un frère et une demi-sœur qui vivent en Afrique. La maman est allée en Afrique pour le décès de sa mère (25 août). Les enfants devaient l’y rejoindre, mais cela n’a pas pu se faire. L’explication fournie par le papa n’est pas claire. Entre les difficultés de logement, le fait que la maman croyait que c’était pour se débarrasser d’eux. Kévine ne connaît aucun de ses grands-parents si ce n’est sa grand-mère maternelle (mamie) qu’il a vue sur vidéo. Il ne se souvient pas des photos (du grand père paternel) présentées par son père. Il se rappelle que sa mamie a beaucoup de vaches qu’elle a données aux autres membres de la famille afin qu’ils aient de la chance. Ils ont une grande maison où il y avait beaucoup de monde (cf. la vidéo). Le papa précisera que les vaches ont été données par l’arrière grand-mère et que l’arrière grand-père de madame est un « bourgeois ». Quand nous évoquerons tout cela, Kévine parlera des cauchemars qu’il faisait. Il y a est question de massacre. Le papa demandera ce que c’est un massacre à son fils. Kévine dira que c’est quand on « met à terre ». Dans le cauchemar il y est question d’un tigre, qu’on attache les gens dans les arbres. Il faut qu’il pense à autre chose pour échapper aux cauchemars et il pense que d’en parler peut les faire revenir. Ces cauchemars sont évoqués au moment où nous parlons des films qui font peurs. Les vampires ne lui font pas peur, ce qui lui fait peur c’est quand on tue. Il fait référence aux rois à qui l’on coupe la tête et qu’il a vu la nuit. Il s’agit visiblement de Louis XVI. Kévine dira qu’il ne veut pas être roi car il a peur d’être puni s’il se trompe.

Après coup : La question de la rencontre avec l’école serait à (ré)évoquer en synthèse clinique.  En séance il sera question de ne pas dépasser la limite (au jeu du mille bornes, sachant qui si on passe 1000 on a perdu). Donc pour ne pas prendre ce risque Kévine n’avance plus au risque de permettre à l’autre de gagner qui lui continue à avancer. Cela devient, celui qui a fait le moins a gagné. Il y a aura aussi le fait qu’il me donne un feu vert afin que je puisse le rattraper.

 

définitions du dictionnaire

signe n. m. (lat. - signum). Indice, marque : signe de pluie. Il Marque distinc­tive : marquer ses livres d'un signe. Il Ce qui sert à représenter : les mots sont les signes des idées. Il Manifestation extérieure de ce qu'on pense, de ce qu'on veut : signe de tête. Il Méd. Manifestation élémentaire d'une maladie. (On distingue les signes phy­siques [observés par le médecin], les signes fonctionnels, ou symptômes [dont certains ne sont perceptibles que par le malade], et les signes généraux.) H Math. Symbole indiquant un sens ou une opération algébrique. • Ne pas donner signe de rie, sembler mort; et, au fig., ne pas donner de ses nouvelles. Il Signes abréviatifs astronomiques, signes adoptés par les astronomes pour la représen­tation des divers éléments du système solaire. Il Signe de la croix, représentation de la Croix que font les chrétiens par le mouvement de la main. Il Sous le signe de, en astrologie, sous l'influence de : Sous le signe de Mars, de Mercure. Il - Pl. Signes extérieurs de richesse, indices que le fisc tire du mode de v!e du contribuable pour évaluer son revenu.

symbole n. m. (gr. sumbolon, signe). Etre ou objet qui représente une chose abstraite, qui est l'image d'une chose: le chien est le symbole de la fidélité; la balance est le symbole de la justice. Il Résumé des vérités essentielles de la religion chré­tienne (en ce sens, prend une majuscule) : le Symbole des apôtres; le Symbole de Nicée; le Symbole de saint Athanase. Il Tout signe conventionnel abréviatif. Il Signe figuratif d'une grandeur, d'un nombre, d'un être ma­thématique ou logique de nature quelconque. Il Chim. Lettre ou groupe de lettres adoptées pour désigner la masse atomique d'un élé­ment : « Pb» est le symbole du plomb.

mot n. m. (lat. muttum, grognement). Son ou groupe de sons servant à désigner un être, une idée : un mot de plusieurs syl­labes. Il Lettre ou ensemble de lettres, délimités par deux blancs, qui représentent ce son: un mot illisible. II Ce qu'on dit, ce qu'on écrit brièvement : dire un mot à /' oreille; écrire un mot à quelqu'un. Il Sen­tence, parole mémorable : beau mot de Socrate. Il Parole vide de sens: se payer de mots. Avoir le dernier mot, l'emporter dans un différend, dans une discussion. Il Bon mot, parole spirituelle. Il Grand mot, terme emphatique. Il Gros mot, parole gros­sière, injurieuse. Il Jouer sur les mots, faire des équivoques. Il Mots croisés, mots dispo­sés horizontalement et verticalement de sorte que certaines de leurs lettres coïncident; jeu qui consiste à trouver ces mots d'après des définitions. Il Mot d'ordre, consigne donnée en vue d'une action déterminée : obéir à un mot d'ordre. Il Prendre au mot, accepter du premier coup une proposition. Il Se donner le mot, se mettre d'accord, convenir de ce qu'il faut dire, de ce qu'il faut faire. Il - Loc. adv. Au bas mot, en évaluant au plus bas. Il En un mot, enfin; brièvement, pour résumer. Il Mot à mot, sans rien changer; en rendant chaque mot par un mot équivalent: traduire mot à mot.

Définitions de socius sur le Web :

socius masculin

L'habitus selon Bourdieu [modifier]

Espace social et pratiques sociales selon Pierre Bourdieu [1].

Ce texte est une ébauche, une définition plus précise se trouve a l'article Pierre Bourdieu

La notion d'habitus a été popularisée en France par le sociologue Pierre Bourdieu et met en évidence les mécanismes d'inégalité sociale. L'habitus est pour lui l'ensemble des expériences incorporées et de la totalité des acquis sociaux appris aux cours d'une vie par le biais de la socialisation, définition qu'il résume comme un "système de dispositions réglées". Il permet à un individu de se mouvoir dans le monde social et de l'interpréter d'une manière qui d'une part lui est propre, qui d'autre part est commune aux membres des catégories sociales auxquelles il appartient. Le rôle des socialisations primaire (enfance, adolescence) et secondaire (âge adulte) est très important dans la structuration de l'habitus. Par le biais de cette acquisition commune de capital social, les individus de mêmes classes peuvent ainsi voir leurs comportements, leurs goûts et leurs "styles de vie" se rapprocher jusqu'à créer un habitus de classe[2]. Chacune des socialisations vécues va être incorporée (les expériences étant elles-mêmes différentes selon la classe d'origine) ce qui donnera les grilles d'interprétation pour se conduire dans le monde. L'habitus est alors la matrice des comportements individuels, et permet de rompre entre un déterminisme supra-individuel en montrant que le déterminisme prend appui sur les individus. Cet habitus influence tous les domaines de la vie (loisirs, alimentation, culture, travail, éducation, consommation...)