1. Le cycle de la violence conjugale

• En 1979, Lenore Walker décrit la violence conjugale comme une succession de comportements qui une fois installés deviennent prévisibles. La violence peut être verbale, psychologique, physique. Selon sa théorie, le processus se déroule en quatre phases. Le cycle commence par une tension forte dans la communication entre les conjoints, qui aboutit à une deuxième phase caractérisée par une explosion de violence. Puis vient une période de réconciliation pendant laquelle l'agresseur s'excuse et fait des promesses de changement qui persuadent la victime de rester dans la relation. S'ensuit une phase d'apaisement (dite "lune de miel" selon Walker) avant qu'un nouveau cycle ne redémarre. Les cycles se répètent ensuite avec des périodes d'apaisement de plus en plus réduites alors que les crises augmentent en intensité. La fin du cycle peut aboutir soit au retrait total de la victime de la relation, soit dans certains cas extrêmes à la mort.

• Le modèle de Walker ne s'intéresse pas aux causes de ce processus mais explique comment il se déroule.

Source image : Institut National de Santé Publique du Québec

Bien que critiquée quant à sa validité scientifique, cette théorie est largement utilisée en travail social, car l'expression des victimes ou les constats empiriques des professionnels tendent à la corroborer.

Même si certaines enquêtes montrent que la violence au sein du couple peut être réciproque, elle s'exerce néanmoins le plus souvent envers les femmes. Les enfants sont exposés à ces comportements avec des risques pour leur développement.

• Conséquences pour les femmes :
  

La violence conjugale peut provoquer des atteintes physiques et psychiques : blessures, état de stress post-traumatique, anémie, insomnie, dépression, perte de l'estime de soi, culpabilité, honte, difficultés à percevoir les effets du contexte familial sur les enfants et dans l'exercice de la fonction parentale en particulier pour ce qui concerne l'autorité, ...

Selon Fortin (2009), dans un tel contexte et parfois dans un objectif de survie, les femmes peuvent déployer des stratégies allant du déni à la négociation, en passant par la banalisation et la déresponsabilisation de l'agresseur. Certaines contraintes telles que les croyances religieuses ou l'absence de ressources financières peuvent par ailleurs limiter les possibilités de sortir de la violence.

Walker (1979) a par ailleurs développé le concept d'"impuissance apprise" qui caractériserait la diminution des capacités à évaluer la situation et à réagir pour des femmes engagées dans la spirale de la violence conjugale.

• Conséquences pour les enfants :

Dans les systèmes familiaux à interactions violentes, même si les enfants ne sont pas directement victimes d'agression de la part de leur parent, ils sont victimes des violences exercées dans la famille.

Les effets sont variables pour chaque enfant en fonction de l'âge ainsi que de l'ampleur et de la persistance des comportements violents. Ils peuvent être intériorisés ou extériorisés (Fortin, 2009) et se manifester de diverses manières : problèmes de santé physique et/ou mentale, dépression, difficultés sur un plan cognitif (concentration, apprentissage,...) entrainant des retards dans la scolarité, troubles du comportement ou conduites agressives par intégration de rapports de domination/soumission dans les interactions familiales.

Les conflits de loyauté sont fréquents et générateurs d'angoisse. L'imitation des modèles parentaux peut générer des difficultés d'adaptation et représenter un risque de reproduction de cette problématique au cours de la vie adulte, sur le modèle de la victime ou de l'auteur.

Références :

Andrée Fortin « L'enfant exposé à la violence conjugale : quelles difficultés et quels besoins d'aide ? », Empan 1/2009 (n° 73), p. 119-127.
URL : www.cairn.info/revue-empan-2009-1-page-119.htm.

Article de Wikipedia : Cycle of abuse

Institut National de Santé Publique du Québec

Walker L., " The battered women ", 1979