Définition et statistiques


  • Définitions

La violence conjugale s'inscrit dans la problématique plus large de la violence faite aux femmes. La société véhicule des valeurs qui favorisent son émergence, comme par exemple l'idée que l'homme serait un individu supérieur à la femme, ou que, si l'on a des enfants, il vaut mieux avoir des garçons plutôt que des filles. L'éducation qui valorise la force chez les garçons et une forme de soumission chez les filles contribue aussi à l'intégration de rapports de domination propices à l'installation de violences domestiques.

La violence conjugale se démarque de la notion de conflit conjugal qui implique un désaccord ponctuel entre deux personnes positionnées au même niveau dans l'interaction. Dans la violence conjugale, l'un des protagonistes, le plus souvent l'homme, nie à l'autre sa qualité de sujet.

L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit la violence conjugale comme "tout acte de violence au sein d'une relation intime qui cause un préjudice ou des souffrances physiques, psychologiques ou sexuelles aux personnes qui en font partie".

Selon Welzer Lang (cité par Manseur, 2004), la violence conjugale se caractérise par « l'utilisation paralysante et destructrice du pouvoir par lequel une personne impose à une autre sa vision de la vie, la contraint à la renonciation de toute idée, tout désir en opposition aux siens et l'empêche de penser et d'être elle-même ».

L'Institut National de Santé Publique du Québec en donne la définition suivante : "La violence conjugale comprend les agressions psychologiques, verbales, physiques et sexuelles ainsi que les actes de domination sur le plan économique. Elle ne résulte pas d'une perte de contrôle, mais constitue, au contraire, un moyen choisi pour dominer l'autre personne et affirmer son pouvoir sur elle. Elle peut être vécue dans une relation maritale, extramaritale ou amoureuse, à tous les âges de la vie".

  • Quelques chiffres

La violence faite aux femmes est aussi importante dans la sphère domestique qu'en dehors. En France, 20% des homicides sont dûs à des violences conjugales, et une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint. En 2006, 168 décès ont été constatés, 192 en 2007, 157 en 2008 (Source : Ministère de l'intérieur, Délégation aux victimes).

Selon l'enquête nationale sur les violences faites aux femmes (ENVEFF) réalisée en France en 2000, près d'une femme sur 10 a été victime de violences conjugales au cours des douze mois précédents (toutes violences confondues : verbales, psychologiques, physiques, sexuelles).

Seulement 8 % des femmes victimes de violences conjugales osent aller porter plainte. Celles qui brisent le silence le font le plus souvent en s'adressant à un proche ou un ami. Les hommes sont aussi victimes de violences au sein du couple, mais en parler est encore plus difficile pour eux du fait des codes culturels. (Source : INSEE, enquête Cadre de vie et sécurité 2007)

Du fait de la difficulté à verbaliser et dénoncer ces vécus de maltraitance, les enquêtes et statistiques donnent probablement une représentation partielle de la réalité.

 


 

  • Références :

"Auteurs de violences au sein du couple, prise en charge et prévention" (2006) : Rapport de la documentation française

Enquête Nationale sur les Violences Envers les Femmes en France (ENVEFF), Enquête coordonnée par l'Institut de démographie, Paris I, décembre 2000

Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE) : La violence faite aux femmes

Ministère des solidarités et de la cohésion sociale : http://www.stop-violences-femmes.gouv.fr/-La-loi-avance-.html

Rapport mondial sur la violence et la santé, OMS, 2002, p. 112-115

Zahia Manseur « Entre projet de départ et soumission : la souffrance de la femme battue », Pensée plurielle 2/2004 (no 8), p. 103-118.
URL : www.cairn.info/revue-pensee-plurielle-2004-2-page-103.htm.

 

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MARDIF 2011 PradeauA