L'aide aux victimes et auteurs de violences


Les réponses à apporter à ces difficultés sont d'autant plus complexes qu'il n'existe pas de profil type des victimes ou auteurs de violence au sein du couple. Cette problématique se rencontre dans tous les milieux, quels que soient le statut social, l'âge, le niveau d'études, la profession, l'origine ethnique ou la religion.

Avoir subi des violences dans le passé représente un facteur de risque mais pas une explication causale, de même que l'addiction à l'alcool ou à la drogue.

Généralement, le processus démarre de façon insidieuse. Il est d'autant plus difficile à repérer que la victime se culpabilise, se rend responsable de la situation, et a honte d'en parler.

  • Quelles réponses pour les victimes ?

A l'initiative des associations féministes, l’accompagnement des victimes de violences conjugales s'est développé ces dernières années et l'évolution législative a renforcé le versant repressif à l'égard des auteurs.

Le 3ème plan interministériel de lutte contre les violences faites aux femmes 2011-2013 met en avant trois grands axes de traitement de cette problématique : La protection (" Protéger les victimes directes et indirectes"), la prévention ("Repérer les violences et éviter la récidive"), la solidarité ("Responsabiliser l'ensemble de la société").

Un numéro national, unique et anonyme, a été créé en 2007 à destination des victimes ou témoins de violences conjugales : le 3919 (coût d'un appel local). Du lundi au samedi de 8h à 22h, et les jours fériés de 10h à 20h, des conseils, informations et renseignements sur les démarches à effectuer sont transmises aux appelants. Ce numéro d'appel et d'information a été étendu en 2010 à toutes les formes de violence. Il existe un numéro spécifique qui concerne l'enfance maltraitée : le 119

Les services sociaux sont par ailleurs à même de donner des informations sur les services et structures d'hébergement susceptibles d'apporter des réponses aux problématiques de violences domestiques.

En cas de danger immédiat, il faut contacter les services de police au 17. Les autres numéros d'urgence pouvant être contactés sont le 15 : service médical d'urgence ; le 18 : pompiers ; le 112 : numéro d’urgence européen gratuit pour toutes les urgences (médicales, incendies, police…)

La prise en charge des victimes suppose un accompagnement social, psychologique, médical et juridique. En France la mission de protection (hébergement et accompagnement éducatif) est confiée au milieu associatif (exemple : Fédération Nationale des Associations d'Accueil et de Réinsertion Sociale, FNARS) et/ou aux collectivités terrritoriales (Conseils Généraux) pour ce qui concerne la protection de l'enfance.

Dans le cas de familles avec enfants, cet accompagnement suppose de soutenir la mère sur un plan personnel ET en tant que parent, mais aussi de respecter son cheminement personnel qui peut être marqué par de fortes ambivalences et difficultés à prendre une décision. Souvent, les femmes souhaitent rompre avec la violence et pas forcément avec leur conjoint. Il s'agit donc de reconnaitre leur statut de victime, de verbaliser le fait que la violence est un délit innacceptable sans pour autant porter un jugement sur la personne qui pose ces actes. Il est par ailleurs important de l'aider à prendre conscience si nécessaire des effets négatifs sur les enfants, tout en évitant la culpabilisation déjà très présente dans de tels contextes.

Selon Fortin (2009), "on ne peut aider l’enfant exposé à la violence conjugale sans soutenir la mère victime de cette violence". Cet auteur insiste sur l'importance de "rétablir les frontières au sein de la famille et de miser sur la force de la relation mère-enfant". L'aide apportée directement aux enfants porte essentiellement sur la valorisation de l'estime de soi et des compétences des enfants, tout en prenant en compte, si son âge le permet, son analyse de la situation de violence.

 

Complétez vos connaissances en consultant le dossier proposé par l'association SOS Femmes Accueil :

  • Quelles réponses pour les auteurs ?

La prise en compte du conjoint violent dans le traitement de cette problématique est maintenant reconnue comme essentielle. Le Canada a été précurseur dans la prise en charge de ces hommes auteurs de violence envers leur compagne. Il y existe de nombreux centres d'accueil et depuis 1982 des programmes de traitement très diversifiés : 205 programmes sont recensés au Canada en 2004 (Helfter, 2007). En France, un mouvement se dessine, mais il est beaucoup plus discret, et il existe seulement une trentaine de structures regroupées depuis 2003 au sein de la Fédération nationale des associations et des centres de prise en charge d’auteurs de violences conjugales et familiales (FNACAV).

Parmi les approches proposées, certaines sont très individualisées et centrées sur les fragilités psychologiques des auteurs de violence qui nécessitent une prise en charge thérapeutique. La thérapie a alors pour but d'accompagner l'homme dans un processus de changement personnel, et en particulier dans la prise de conscience du fait que l'autre est aussi un sujet avec des besoins, projets et façons de penser différents. L'accompagnement peut se faire de manière individuelle, ou dans des groupes de paroles rassemblant des auteurs de violence, ou encore dans le cadre de thérapies familiales. L'écoute et l'aide à la verbalisation représente le fondement de ces approches. D'autres considèrent que cette problématique est plus large et qu'il faut aussi questionner la construction de la masculinité dans la société (Helfter, 2007).

Le Ministère de la justice, par le biais du Service de l'accès au droit et à la justice et de la politique de la ville, propose un guide méthodologique qui recense les différents services prenant en charge cette problématique.

Peu d'hommes s'engagent volontairement dans une démarche de soins. Ils le font plutôt dans le cadre d'injonctions judiciaires. Certains le font sur les conseils des services de police, des travailleurs sociaux, ou autres intervenants. Il existe par ailleurs peu de centres accessibles, et ceux qui existent ont des moyens financiers limités voire de plus en plus réduits ce qui menace leur perénnisation. Ce manque de moyens était souligné en 2009 dans un court article du journal Le Monde par M. Legrand, président de la FNACAV.

 

Complétez vos connaissances en consultant le site de la FNACAV :

Soulignons que dans les faits, il existe en France un écart non négligeable entre les textes promulgués ou les orientations préconisées, et leur réelle application. Par exemple, l'éviction du conjoint violent du domicile conjugal est encore peu pratiquée. Dans la majorité des situations, la femme et les enfants quittent en urgence leur domicile, ce qui entraine des changement radicaux pour les enfants (changement d'école, éloignement des copains, ...) qui se rajoutent à la problématique initiale. Certaines initiatives isolées tendent à inverser la procédure comme c'est le cas à Angers, où quatre appartements sont mis à disposition des associations impliquées dans le traitement de cette problématique pour héberger les conjoints violents extraits de leur domicile dans le cadre de la procédure d'éviction (voir la vidéo ci-dessous).


Angers : En finir avec les violences conjugales par ANGERS7

Un autre exemple concerne les espaces de médiatisation des relations parent-enfant, souvent nécessaires dans ce type de situation. Ces lieux de visites médiatisées sont peu nombreux ou leur financement suffisamment problématique pour qu'un manque soit constaté par les différents professionnels de terrain.

Références :

Andrée Fortin « L'enfant exposé à la violence conjugale : quelles difficultés et quels besoins d'aide ? », Empan 1/2009 (n° 73), p. 119-127.
URL : www.cairn.info/revue-empan-2009-1-page-119.htm.

Caroline Helfter « Quelle prise en charge pour les auteurs de violences conjugales ? », Informations sociales 8/2007 (n° 144), p. 74-83.
URL : www.cairn.info/revue-informations-sociales-2007-8-page-74.htm.

Fédération nationale des associations et des centres de prise en charge d’auteurs de violences conjugales et familiales (FNACAV), 11, rue Taine, 75012 Paris. Tél. : 01 44 73 01 27

Ministère de la cohésion sociale et des solidarités, 3ème Plan Interministériel de lutte contre les violences faites aux femmes 2011 2013

Ministère de la justice, Service de l'accès au droit et à la justice et de la politique de la ville, 2006 : Guide méthodologique : les associations et la lutte contre les violences au sein du couple

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