Lettre N° 3 de Mgr Olivier de Berranger évêque de Saint-Denis





Saint-Denis, le 11 juillet 2007

A mes frères prêtres

Je ne veux pas me contenter de vous faire parvenir la lettre diffusée dans le diocèse au sujet du motu proprio sur la liturgie.
En attendant qu'éventuellement, la question soit reprise avec le nouveau Conseil presbytéral, je livre un commentaire personnel en toute confiance et amitié, pensant à chacun de vous.

Ceux d'entre nous qui ont vécu le Concile peuvent parfois ressentir une tentation de découragement.
Où est le souffle missionnaire qui secouait alors toute l'Eglise? Ne pourrions-nous souhaiter, de la part de Rome, des encouragements plus prophétiques dans un monde en mal d'espérance? Pourquoi ces textes qui semblent toujours aller dans une même direction? Je leur dirai: à lire les interventions de Benoît XVI de manière habituelle, le souffle n'y manque pas, loin de là.
Il replace toute chose dans la lumière du Christ, avec un sens très vif de la culture moderne. Et puis, comme pasteur universel, il veut travailler à l'unité de tous en profondeur. On le voit pour la Chine. C'est la foi des apôtres qui l'habite et qu'il désire communiquer.

Quant au motu proprio, nous pourrions penser que cela touche peu le 93.
De fait, en bientôt Il ans, je n'ai reçu que trois ou quatre demandes d'une « messe en latin », émanant de personnes isolées.
Nous avons d'autres urgences, c'est certain. Parmi elles, revenant de Lourdes, où les pèlerins étaient surtout originaires des Antilles, d'Afrique ou autres continents, Daniel et moi avons perçu avec joie, au cours des «temps diocésains », qu'ils étaient sensibles à la démarche de Chemins d'avenir et prêts à apporter leur pierre à une Eglise de proximité ou à une catéchèse renouvelée, pourvu qu'on leur fasse confiance et qu'on leur donne la parole. C'est dans cette direction que nous devons mettre la priorité.

Mais je ne voudrais pas que ceux qui se reconnaissent dans la démarche traditionaliste soient marginalisés.
Même très minoritaires sans doute, ils doivent pouvoir trouver en nous bienveillance et respect.
Cela ne veut pas dire que les demandes vont affluer ... Comme le Pape le souligne lui-même, le latin n'est plus aujourd'hui une langue qui nourrit beaucoup de monde. La question n'est pas là, elle est de savoir écouter, derrière une demande de « sacralité » ou de « mystère» une soif d'intériorité authentique.
C'est un appel pour nous à soigner nos liturgies «ordinaires », et j'ai beaucoup à remercier en ce sens car je crois qu'elles ont déjà fortement progressé.

Quant·à la question de la « messe sans assemblée », il y a parmi nous des sensibilités diverses.
Il est évident que célébrer la messe seul n'est pas l'idéal. Cela m'arrive assez souvent, et j'avoue y trouver quand même aussi ma joie.
Pour deux raisons: la première est de m'unir dans l'intimité du Seigneur qui m'y invite chaque jour.
La seconde est de dire à ma façon « la Messe sur le monde» en faisant mémoire de tous ceux qui me sont confiés.
A l'occasion, n'hésitez pas à échanger sur cette question dans vos groupes de vie.
Bonnes vacances!