Éditions Obsidiane

Pascal Commère

Tashuur, Un anneau de poussière


 

Tashuur, –  fouet mongol pour dresser les chevaux – est un ensemble de poèmes venu des notes prises lors d’un voyage en Mongolie. On y retrouve toute la singularité langagière de cet auteur qui, tant poète que prosateur, est une figure éminente de la littérature contemporaine. Une vraie connaissance des hommes proches de la terre et des bêtes – leurs douloureuses aventures, leur bonheur fort – donne à Tashuur une gravité (non dénuée d’humour) marquée par l’empathie pour un monde difficile...



Extraits



Prends modèle sur les loups, efface 
jusqu'à tes traces dernières

Loups ! de longtemps se chargent de l'encombrant

Seule demeure la tresse de
cheveux sur l'oreiller de pierre. Aïe

celui qui te précède suis-le
tes pas dans les siens jusqu'à perdre

le sillage du vieux devant dont l'humeur tatillonne

obéit au vent. L'œil fendu ô si bleu,
pacte est passé Vieux frère



Ramasse tes bouses – bousier des hivers longs
les troupeaux lentement ont pris le gras, essaiment
la queue épaisse. Fourragent nez au sol, mufle râpeux

Vieux continent aux cinq couleurs essentielles
de quelle herbe prends-tu mesure, quel roseau noue
le vent, pour un dernier nuage qui meurt avant demain



Et le peu qu'on emporte avec soi quand on va,
bottes rapiécées jusqu'à l'usure, au côté la hache
peu d'outils On accole, fait lien du cuir taillé l'hiver

que les mains assouplissent. Dresser plus loin,
bâtir un lieu dans l'ailleurs proche –  ô si proche
et qui sera, ici, dans l'autre saison point d'attache




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