Éditions Obsidiane
"Des laines qui éclairent" de Pascal Commère

Pascal Commère

Des laines qui éclairent

Une anthologie, 1978-2009
 

«  Tenté à certaines périodes de dresser, au plus près, inventaire de ce qui nous entoure et n'est riche que de son existence, banale faut-il dire, triviale. Mais concrète, et cependant – en raison de cela – propre à infiltrer le poème d'éléments du réel rejetés d'ordinaire parce que provenant de la vie de tous les jours, et notamment du monde du travail, si peu présent en poésie. Alors que demeure, y compris – surtout – dans les esprits formés naguère aux humanités, une manière d'emphase propre à tout ce qui touche à la terre, et n'imaginant pas qu'on puisse la loger dans les mots qui, prenant en compte rudoiements, crevasses d'hiver aux doigts des saisonniers, font langue de ça, si ce n'est cals. À l'inverse, une lecture par trop distante, et fortement médiatisée, ne retient de la terre que sa fonction alimentaire, certes non négligeable. Qu'en est-il de ceux qui y vivent ? De leur quotidien ?...»



Extraits

20

...La voix dont se dépêtrait mal l'exigente parole
anxieuse et pleine, comme bête au soir se traînant tout autour,
cherchant veine sournoise où battait la vie terrible et
lancinante : poignante blessure d'être, à commencer
par la natale terre qu'en vain j'idéalise
– sauvages steppes et si lointaines où pareillement perdurent
le chaos, la vermine...


21

Qu’odeur surie ! Tous pets ardents en la chambrée mobile,
l’abominable braiment de qui croyait
se libérer du monde contraint. Frères de peine  et si la joie
mauvais soleil à partager chaque matin, titubant
balai de feuilles en mains, jour mouillé. Comme d’autres portaient
treillis de bronze rangers délacées,
frappant du sabot le gravier lâche, renâclant
à saluer les néfastes couleurs. Sans fierté
de par le quartier abêti, minaudant en salle des gardes. Et
la relève tarde encore,
pour séduire sur l’autel poisseux déesse Kronenbourg.
Dépenaillé, la gorge au vent – mauvais quart d’heure
pour les mâchoires, tous mots de travers, la partition flottante
contre le buisson d’or gris. Où passait, fanfaronne
l’ombre d’un régiment fantôme : bais et alezans, vieux rouans
rougis sur la sciure défaite – boulets atteints, la gourme
au mors en ses canons d’acier. Et ganaches verdies !


                Extrait de Bouchères (Obsidiane, 2003)




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