L'accident de Seveso

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Seveso: la pollution par les dioxines

Le 10 juillet 1976 un réacteur d’une usine chimique de GIVAUDAN fabriquant du trichlorophénol, située près de Seveso au nord de l'Italie, s’emballa. La température de la cuve d'un réacteur où avait lieu une réaction chimique passait de 126 à 400 degrés, sans que l'on put rien y faire. Quelques minutes plus tard, sous l’effet de la surpression, la soupape de sécurité du réacteur s’ouvrit et la vapeur monta dans l'air
sous la forme d'un petit nuage blanc.
Presque personne ne remarqua ce nuage blanc poussé par un vent léger.
Mais, en s’emballant, le réacteur produisit une quantité importante d’une impureté, normalement à l’état de traces dans le produit : la tétrachloro-dibenzo-dioxine. On estime que la quantité de ce produit toxique qui se répandit dans les environs était comprise entre 500 g et 5 kg, ce qui est énorme.
Plusieurs jours après, 200 personnes habitant dans les environs, en particulier des enfants, présentèrent des signes de chloracnée, ce qui attira l’attention des médecins. Au bout de quelques jours cette pathologie fut rapprochée de l’accident qui s’était produit dans l’usine.
1800 hectares de terrain furent contaminés et la zone montrant la plus forte concentration de dioxine dans le sol (jusqu’à 580 microgrammes/m²) fut évacuée, clôturée, et demeura interdite pendant de nombreuses années.

Les conséquences de l'accident de Seveso

Un suivi épidémiologique de la population a été fait.
On a observé l'apparition de formes de cancers très rares. L'incidence des cancers des tissus mous ou des organes digestifs aurait doublé et plus curieux encore, une étude sur les naissances survenues dans la population la plus exposée à la dioxine aurait révélé un déséquilibre complet de la répartition des sexes. Dans la population générale, on trouve un rapport de 106 hommes pour 100 femmes. A Sévéso, le rapport homme/femme est de 53 sur 100.
On peut supposer un excès d’avortements spontanés de fœtus masculins lié à l’action œstrogène de la TCDD. Après 1984 le sex-ratio est progressivement redevenu normal.

Qu'est-ce que les dioxines ?

Le terme de "dioxines", désigne une famille d'hydrocarbures polyaromatiques portant de 1 à 8 atomes de chlore.
La dioxine est un composé organochloré, formé par oxydation lors de combustion incomplète de divers dérivés aromatiques chlorés, ou encore dans des réactions secondaires qui apparaissent lors de la synthèse de chlorophénols.
Selon le nombre et la position des atomes de chlores, ainsi que la disposition relative des cycles aromatiques, on distingue 75 polychlorodibenzo-p-dioxines (PCDD, les dioxines sensu stricto) et 135 polychlorodibenzo-furanes (PCDF).

Les dibenzodioxines polychlorés (dioxines) et les dibenzofuranes polychlorés (furanes) sont des composés organiques, caractérisés par une demi-vie de plusieurs années, qui possèdent une forte tendance à l'accumulation dans les tissus biologiques.
Ils se trouvent dans l'air, l'eau, le sol, les sédiments, les animaux et les aliments. Il existe un grand nombre de dioxines et de furanes: environ 210.

Quand on parle de "dioxine", on fait généralement allusion à la plus toxique de ces molécules, la 2,3,7,8-tétrachlorodibenzo-p-dioxine (TCDD).
En l'état actuel des connaissances, 7 des 75 dioxines sensu stricto et 10 parmi les 135 furanes présentent une toxicité avérée.

Un polluant issu de l'industrie

Les dioxines naturelles sont présentes dans l'environnement en quantités infimes et jamais sous leurs formes les plus toxiques.
Les dioxines sont essentiellement des produits de l'industrie humaine. Les dioxines sont apparues et s'accumulent significativement dans l'environnement depuis les années 1920-1930.

L'impact sur l'environnement

Les dioxines sont des molécules très stables, résistantes à la biodégradation. Elles ont une durée de vie de l'ordre de plusieurs décennies, voir de l'ordre du siècle.
Semi-volatiles, elles s'adsorbent sur de fines particules solides et sont transportées d'un pôle à l'autre de la planète par les courants atmosphériques et, dans une moindre mesure, par les courants marins.
Au départ de la chaîne alimentaire, le bétail est contaminé par les dioxines retombées sur l'herbe des pâturages. Ces molécules se concentrent dans les graisses animales (viandes, lait, oeufs, poissons). L'alimentation est donc la source principale d'exposition (80 à 95 %).
Résistantes, les dioxines ont également la faculté de s'accumuler dans les organismes vivants où elles sont principalement associées aux tissus riches en lipides. Ce sont les consommateurs en bout de la chaîne alimentaire, qui sont exposés à la contamination la plus élevée.

Les dioxines, furanes et PCB sont des produits lipophiles, c'est à dire qui ont tendance à s'accumuler dans les graisses animales, par exemple la graisse du lait. A eux seuls, les produits laitiers représentent 30 à 45% de notre contamination alimentaire.
En l'absence de mesures directes dans l'environnement et sur la population, le lait est donc un bon indicateur de la pollution ambiante par les dioxines et des doses auxquelles nous sommes exposés.

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Source: Médisite