La tragédie du petit port de pêche de Minamata fait partie des grands événements qui ont marqué notre siècle. Elle illustre dramatiquement les conséquences de la pollution industrielle, ici par le rejet dans la mer, de déchets au mercure, qui se concentre tout au long de la chaîne alimentaire pour atteindre finalement l'homme.
La maladie de Minamata se traduit par une maladie neurologique grave et irréversible.
Les causes de la pollution de la baie de Minamata
A l'origine, une société d'engrais, Shin Nippon Chisso, créée en 1907 dans la ville de Minamata, sur l'île de Kyushu, au Japon. Cette société se transforme un peu plus tard en une compagnie de plastique et de pétrochimie et est considérée comme un réel succès économique au Japon. L'usine se situe à 570 miles de Tokyo.
De 1932 à 1968, elle a utilisé le mercure comme catalyseur dans la production d'acétaldehyde (utilisé pour la production d'acide acétique et de PVC). Le méthylmercure, un sous-produit, a été déversé sans traitement dans la mer jusuq'en 1966.
De 1932 à 1968 ont été ainsi déversées 27 tonnes de méthylmercure dans la baie de Minamata.
Le déversement de mercure dans la baie de Minamata sera interdit en 1968.
L'intoxication fut observée dès 1953, d'abord chez les chats, puis sur les pêcheurs et leur famille qui avaient consommé du poisson ou des coquillages.
Cette intoxication a causé, de 1953 à 1970, 111 victimes dont 46 décès. Il n'existe pas encore de traitements connus pour lutter contre cette maladie.
Les effets de la contamination au mercure
Le méthylmercure, ingéré par les poissons, va se concentrer dans les tissus des animaux. Actuellement, l'OMS recommande de ne pas consommer toute denrée alimentaire de teneur en méthylmercure supérieure à 0.5 ppm.
L'ingestion par l'organisme de ce toxique provoque, à la longue, des troubles du système nerveux.
Le tableau clinique est celui d'une encéphalopathie diffuse avec atteinte du cervelet.
Les symptômes : troubles mentaux, difficultés d'élocution, ataxie, paralysie, convulsions, réduction du champ visuel... Cette intoxication peut laisser des séquelles nerveuses importantes: séquelles psychomotrices et troubles mentaux.
Le mercure et l'environnement
Les quantités de mercure issues de la croûte terrestre sont importantes mais restent très faibles à un endroit donné. Par contre, les activités humaines peuvent contaminer de façon importante l'environnement en général aussi bien au niveau de l'air, du sol que de l'eau.
La contamination des lacs et autres milieux aquatiques fait l'objet de nombreuses préoccupations au Canada, aux Etats-Unis, et dans d'autres pays comme les nations scandinaves et notamment la Suède.
Cette contamination est en grande partie le résultat de dépôts atmosphériques provenant notamment de centrales thermiques et de grands fours industriels. Ces sources polluantes sont désormais assujetties à des programmes de réduction des rejets de mercure dans l'atmosphère.
Ces mesures ne sont toutefois pas suffisantes car la contamination environnementale est également liée à d'autres sources tels que les appareils, instruments (thermomètres), produits ou déchets contenant du mercure qui sont gérés et éliminés de façon inadéquate dans l'environnement. Les déchets biomédicaux sont une source importante de contamination. Aux États-Unis, les autorités ont constaté qu'il y a environ 50 fois plus de mercure dans les déchets biomédicaux que dans les déchets solides municipaux.
L'absence de filière de recyclage du mercure contribue de manière importante à la contamination diffuse de l'environnement par ce métal.
En outre, le mercure est une substance persistante, ce qui signifie que sa dégradation est très lente dans le temps. Le mercure métallique (inorganique) peut être transformé par les bactéries présentes dans le fond des lacs et des rivières et dans les boues des usines de traitement des eaux usées en une forme organique encore plus toxique : le méthylmercure (CH3Hg+).
C'est la consommation de poisson contaminé qui est la source principale d'ingestion de mercure organique. Au Québec, le méthylmercure contamine plusieurs espèces de poissons tels que le brochet, le doré et le maskinongé. Dans certaines régions, la population doit suivre certaines règles (limitation de consommation) pour se protéger des effets toxiques possibles des contaminants présents dans la chair de ces poissons.