La catastrophe de Bhopal
Peu après minuit le 2 décembre 1984 la pression et la température monte dangereusement dans un réservoir de méthylisocyanate de l'Entreprise Union Carbide à Bhopal (Inde état du Madya Pradesh).
Vers une heure du matin, la structure vibre puis explose laissant s'échapper une fumée blanchâtre. Au petit matin, le nuage du terrible méthylisocyanate s'est étendu sur une zone de 40 km² et voyage au gré des vents. Une trentaine de tonnes de méthylisocyanate, composé volatil, inflammable et explosif est libérée dans l'atmosphère provoquant l'intoxication des populations se trouvant sous le vent.
Du fait du caractère nocturne de l'accident, la majorité des victimes sont décédées dans leur sommeil, celles sortant au dehors pour s'enfuir s'exposaient encore plus. Dans les heures qui ont suivi, la confusion dans les systèmes de secours a régné devant le grand nombre de victimes - 2500 morts au total et 250000 blessés - avec une inadaptation à gérer une crise de cette ampleur.
Cette confusion a été renforcée par le fait que les polluants en cause n'ont pas été correctement identifiés. En fait, les différentes autorités ont cru que le méthylisocyanate n'était que l'unique polluant libéré, mais probablement le méthylisocyanate une fois émis a réagi, donnant du phosgène et autres sous produits chlorés....
Des conditions de sécurité trop précaires
L'usine fabriquait des insecticides du groupe des carbamates en utilisant le méthylisocyanate comme précurseur.
Bhopal est une ville qui s'est industrialisée au vingtième siècle très rapidement et très cahotiquement.
L'ampleur de la catastrophe peut s'expliquer par:
A ce tableau, on peut y rajouter que le méthylisocyanate peut être produit en ligne, rendant ainsi son stockage évitable.
Les causes de l'accident
De nombreux obstacles aux investigations (traduction Hindi/Anglais, dissimulation de pièces à conviction...) empêchent de savoir réellement encore aujourd'hui ce qui s'est passé. La composition exacte du nuage ne sera jamais connue du fait que les analyses sanguines réalisées sur les victimes et blessés ont été disponibles bien trop tard rendant impossibles toutes analyses toxicologiques poussées.
Une infiltration d'une grande quantité d'eau dans le réservoir de méthylisocyanate a provoqué une réaction chimique explosive (augmentation rapide de la température et de la pression).
En 1987, une action en court de justice débute. En 1992, un accord entre le gouvernement indien et l'Union Carbide est atteint, la compagnie américaine donnera en compensation 470 millions de dollars US. Mais les mécanismes de compensation au cas par cas sont longues, il faudrait en effet plus de treize ans pour compenser toutes les victimes. Beaucoup d'entre elles seront mortes d'ici là.
L'accident de Bhopal a entraîné une modification profonde de la manière de travailler dans les grands groupes chimiques. La confiance sans limite que ces industriels accordaient aux systèmes de sécurité a été terni par cet accident historique. C'est la pire catastrophe chimique du siècle.
Union Carbide a investi 17 millions de dollars pour construire et faire fonctionner un hopital dans la ville de Bhopal.
Depuis 1984, le géant américain a vu ses effectifs divisé par 5 et son chiffre d'affaire par 2. Cet industriel a vu son image terni à vie par cet accident.
Le problème des transferts de technologie dans les pays du tiers-monde
L'accident de Bhopal est un accident industriel historique, dramatique mais aussi politique impliquant une multinationale occidentale et un pays du tiers monde.
Il pose le problème de l'implantation d'usines à risques dans d'insuffisantes conditions de sécurité, un manque de plan de secours en cas d'accident et un défaut de formation des personnels au danger industriel.
L'ensemble des paramètres (activité industrielle, localisation du site, nationalité de l'entreprise, contexte politique de Bhopal, nombre de morts...) ont cristallisé cet accident technologique en crise politique et économique international rendant difficile toute analyse exhaustive et objective de l'accident.