Chroniques de la nuit

un jour de plus déjà

J’aurais bien voulu être drôle, une dernière fois…

On ne peut pas toujours regarder devant soi

Il est des fois où dans les détours je m’enlise

Où je perds mon chemin dans le miroir du temps

Je voudrais revoir une dernière fois au coin du bois

Ses cheveux au vent, son sourire au loin, sa main tendu

Et quand je cours, tomber lentement dans ses bras

Car je sais qu’elle me rattrapera, que jamais

Au grand jamais elle ne me laissera choir

Une dernière fois entendre sa voix me murmurer à l’oreille

Qu’il ne faut pas pleurer, que les larmes ce sont des océans de sel

Qui figent les mots dans la pierre de granite qui pèse, mais qui pèse

Pouvoir lui demander quel est le sens de ce drôle de monde

Où les gens marchent sur la tête pendant que d’autres

Ont les cheveux dans les yeux pour ne pas voir, ne pas réaliser

Mais la réponse à ces questions je les connais déjà

Car il y a dans ma tête une dame aux allures de demoiselle

J’en suis resté amoureux, et toujours un peu jaloux

Une dame qui me regarde, qui écoute mes douleurs

Qui sait quand je mens, qui lit dans mes paroles

Les aléas de mes pensées, les rêves oubliés

Ceux que font les tous petits quand ils sont ébahis

Par ce regard dans lequel ils se perdent avec joie

Elle est tellement présente qu’il me faut parfois fermer les yeux

Pour que disparaissent les siens et que je puisse te voir

Amie de toujours renaître à la vie, et partager avec toi

Ce souvenir maudit qui grignote ma cervelle

Quand je m’allonge à côté d’elle dans ce suaire

Exigu où il n’y a de place que pour un seul

 

La version en alexandrins …

 

On ne peut pas toujours regarder devant soi

Il est des fois où je m’enlise dans les détours

Où je perds mon chemin dans des miroirs de boue

Je voudrais voir une dernière fois au coin du bois

 

Ses cheveux dansant au vent, son sourire si gai,

Ses mains tendues quand je cours, tomber dans ses bras

Car je sais qu’elle me rattrapera, que jamais

Au grand jamais là elle ne me laissera choir

 

Une dernière fois entendre sa voix à l’oreille

Vouloir me murmurer lorsque je te pleurais               

Que les larmes ce ne sont que océans de sel

Qui figent les mots dans la pierre de granite qui pèse

 

Pouvoir lui demander quel est le sens du monde

Où les gens qui sur la tête marchent en rond

Les cheveux sont dans les yeux pour ne pas se voir

Mais les réponses je les connais elles sont trop noires

 

Il y a une dame aux allures de demoiselle

Qui avait élu domicile dans ma cervelle

J’en suis resté amoureux, quelque peu jaloux

Dame qui écouta mes douleurs sans atours

 

Qui saura quand je mens, lire dans mes écrits

Aléas de mes pensées, rêves oubliés

Ceux que font les petits quand ils sont ébahis

Ce regard dans lequel joyeux vous vous perdiez

 

Je dois fermer les yeux tellement elle est présente

Pour que disparaissent les siens et puisse te voir

Amie toujours présent partager avec moi

Souvenir maudit qui me grignote et me hante

 

Quand je m’allonge à côté d’elle dans ce linceul

Où pour l’heure il n’y a de place que pour un seul

 

Chronique du

Samedi 19 /02/11 (musique associée) Pour Marie !

La lucarne a perdu une fenêtre !

Je me doutais bien de quelque chose, il y avait comme un courant d’air qui traversait mon cerveau. Les étoiles passaient d’un côté à l’autre, sans se soucier des apparences. Elles jetaient des questions suspendues, riaient de manière inadaptée. Elles n’avaient aucune raison de ce comporter de la sorte. Alors j’ai ouvert les yeux, j’ai senti, et ressenti, et me voilà pantelant. Plus rien ne me sépare du monde. Il manque un voile légèrement sombre mais si rassurant. Il empêchait un peu la cruauté du message, il mentait c’est certain, mais tellement bien et avec tellement de gentillesse. Maintenant je sais bien que le vent est orienté à l’est. Je sais bien que ce sera difficile de faire route vers ce monde empli d’illusions qui me ruine. Mais j’aurai tant souhaité ne pas le savoir trop tôt.

Chronique du

Vendredi 11 /02/11 (musique non encore associée)

Y a pas forcément une raison à tout … surtout à la déchirure !

La lucarne est entrain de basculer dans le vide sidéral. Au loin les embruns s’éloignent, le vent tombe et les nuages se dissipent, pourtant ce trop plein de calme est encore plus désespérant, plus angoissant que l’agitation moléculaire d’une toile bousculée par les liaisons neurales. Une sorte de profondeur de l’angoisse qui sourd par son silence. On sent bien, dans les profondeurs de l’océan quelque affreuse créature qui se prépare. Elle se meut très lentement, afin de ne pas remuer la vase accumulée depuis la nuit des temps. Les plus confus, aux confins de l’humanité. Elle nous guette, elle sait comme je sais avoir rendez-vous avec elle. Cette bête de l’immondice me connaît comme je la pressens, nous sommes fait de la même matière, une sorte de mélasse ombreuse aux relents obscurs.

La lucarne bascule, par-dessus la rambarde je commence à distinguer les premiers remouds, la bête de son œil m’observe…

Chronique du

Vendredi 27 /01/11 (musique associée)

Déclaration d’amour posthume

Il est des jours plus noirs que les nuits…

Je suis amoureux d’une nuance, un léger déplacement de l’humeur, une saveur gouteuse de fruits irréels. Elle occupe tout un étage de ma cervelle. Elle a bousculé mes repères. Elle s’est installée là sans prévenir. Depuis je me suis un peu décalé, je me suis habitué à ses rendez-vous nocturnes. Je me suis habitué à ses irruptions dans la lumière du jour. Elle laisse une empreinte vaporeuse dans min âme. Elle est une sorte d’aspiration qui me porte comme une feuille perdue, un peu plus loin sur le sol. En attendant un nouveau souffle, je regarde le monde qui s’absente. Il m’indiffère, il n’y a plus qu’elle. Je crois qu’elle a envahi toute ma vie. Elle s’est intercalée dans mes entrailles. Je la sens respirer au travers de mon être. La nommée c’est une extase.  Evoquer son corps me fait frémir. L’oublier c’est donner à mon existence la saveur de la mort, ce petit goût suave du sang, celui qui embaume les narines d’un relent de vide. Je l’aime tellement dans sa perfection divine. Elle m’émerveille et à l’ombre de ses reins, dans l’enveloppe charnelle de ses bras je peux m’assoupir et me laisser bercer. Je m’extirpe du vivant. Oh Morphée accueille moi dans ton sein pour toujours garder en mes sens son odeur. Elle a traversé mes veines et imprégné ma tristesse d’une équivoque évanescence. Je veux pour toujours me fondre en elle. N’être plus qu’elle est disparaître me sera un au-delà baigné de joie. Je ne suis plus rien d’autre que son désir.

Pourtant elle va mourir. Elle va s’éteindre dans un spasme. De ma main je vais la tuer, d’un coup de poignard lui arracher le cœur. C’est sa destinée, elle n’y peut rien.

Et moi non plus.

Il vous faudra venir à mon secours, ne pas me laisser seul, en face de cet achèvement.

Je ne pourrais pas le supporter.

La lucarne perd de l’altitude.

Elle penche légèrement du côté obscure, elle ricoche sur les cailloux du ciel. Voilà une drôle de nouvelle, il semble qu’il y aurait un spasme par delà le vide. Je pressens une fin ironique. Dans un décollement de la plèvre, s’arrache un rire cruel. Il n’ira pas jusqu’à vous, il est pris, pour le moment, dans le réseau étoilé de la sidération. La lucarne me regarde, de son œil intérieur, elle est pleine de compassion pour celui qui jette des bouteilles alcooliques qui emprisonnent les mots dans un océan d’inexactitude.

La bise et à plus tard…

Chronique du

Dimanche 23 /01/11 (musique associée)

Le retour de la lucarne !

Il y a comme obscurcissement du ciel. Les nuages se sont accumulés au-dessus du couvercle. La marmite, dans une déferlante horrifiée est lancée contre les flots. Je ne vois plus très bien la ligne de l’horizon, elle s’échappe par les failles de ces murs d’eau qui se soulèvent. Sans trop de repères, dans le doute, je lofe pour ramener au 115. Plus près du vent, la lucarne bascule sur le côté, la lampe prend une orientation spectrale. Dans l’habitacle je me réfugie. Les réseaux se multiplient à l’infini devant moi, les circonvolutions ondulatoires offrent peu de prise. Mon frêle esquif n’est plus qu’un point lumineux dans la brume sidérale. Parmi les connexions qui se font et se défont, je tente d’échapper à la dissolution. Pris dans une rupture de champ, je cherche une échappatoire pour que l’on puisse encore, quelques temps, apercevoir ce point de lumière qui me fait vivre, juste au-dessus de la ligne au plus loin. Mais les déconnexions s’enchaînent à un rythme infernal. Je ressens les premiers symptômes annonciateurs où s’évanouissent les consistances. La lucarne se couche totalement sur la surface fragile de la toile, je prends une inspiration suffisante pour, dans un souffle, vous retrouvez de l’autre côté. Celui du jour suivant, celui qui n’augure rien de bon. Décidément les temps changent, imperceptiblement ils se dissolvent eux aussi, et donc moi avec.

Je m’en vais retrouver Cassie, elle n’a même plus la force de souffrir. Les larmes ont desséché son âme depuis trop longtemps. Le voile de sa peau ressemble déjà à ces cadavres en mouvement pour un denier déplacement, justification dernière et mécanique du fait qu’ils sont encore vivants. Mais déjà leur âme a changé de monde, elle a accepté son anéantissement depuis si longtemps convoqué sur la place d’appel. Etre présent constitue en lui-même leur renoncement à la vie. Les anges, même déchus ont déserté ce lieu où les Dieux ont fermé les yeux. Ils préfèrent ne plus voir ce qu’ils regrettent d’avoir engendré. Ils ont détourné le regard vers d’autres univers pour de nouveaux jeux, plus divertissants.

Ils se sont lassés de nous.

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Mercredi 12 /01/11 (musique associée)

J’avais perdu ma boussole. Le sextant semblait déglingué. J’ai cherché ma route. Tombé par-dessus bord, je voyais la lucarne s’éloigner. Son halot jaune, tremblotant disparaître.

Porté par l’onde agitée je me suis laissé absorber par ce rêve usuel d’un long écrasement sur soi-même. Et me voilà à nouveau accroché à mon hublot. Il ne me reste plus qu’à briser la vitre hermétique. D’un bon sauter dans l’habitacle. Arraché par le vent, soufflé par la brise, les cheveux flamboyant dans la tempête, j’hésite encore un peu.

C’est la chaleur de la bougie qui éclaire mon âme de l’intérieur qui fera la différence entre basculement dans le néant et un retour vers ce mouvement indéfiniment reconduit.

Prendre mon habit d’ennui pour encore une fois vous envoyer ce message… de nulle part et d’ailleurs.

Mes personnages sont en instance, ils sont dans l’interstice de ma mémoire, ils appellent d’un lointain écho qui se perd dans la torpeur d’un soir oublié, là au milieu du monde, sur cette île maudite qui a vu si souvent s’évanouir ces ombres qui nous étions, ces larves rampantes en quête d’un dernier soupir, d’un dernier voyage parmi les spectres qui hante nos aigreurs. Ces relents qui viennent du ventre quand il se noie dans les vapeurs alcooliques.

Chronique du

Mardi 04 /01/11 (musique associée)

Hommage diurne en souvenir de la nuit

De ma chaise, par la lucarne je vois défiler l’univers. Lancée comme un vaisseau sur les flots, ma cuisine fonce dans le vide déferlant. Un fanal s’échappe par la fenêtre, comme une fumée de lumière, il se dissipe. Il y a déjà longtemps que j’ai décroché du monde. Je tourneboule dans mon bathyscaphe. Il doit me rester assez d’oxygène pour atteindre la galaxie d’Andromède. J’ai laissé sur la droite l’étoile filante de Saint-Exupéry. Malheureusement j’ai raté le réverbère. Les feuilles posées sur la table de la cuisine se détachent lentement de leur support. Je dois, moi-même, de l’autre main, m’agripper au placard. Tranquillement tout se met à tourner. Seul mon stylo reste agrippé à sa page blanche. Il faudra bientôt mettre un point final à cette perdition pour reprendre pied sur le parvis dressé devant l’immeuble. Aurais-je la force de conclure ce voyage infernal vers la déraison. Un  point ce n’est pas grand-chose, mais un point final ! Que de courage il faut pour en finir avec ce temps désuet traversé de météores en furie.

Pas de chronique de la nuit, trop de mouvements parasitent la réception…

Ce sera ma contribution à cette nouvelle année déjà finissante donc !

Enflement

Dans ce monde obscurcit par la noirceur du vide

Je suis mon propre scintillement, dans son mouvement

Il se suffit à lui-même pour donner une idée de la direction

Elle ne garantit rien de plus, qu’un avancement à pas lenticulaire

Glissement silencieux dans d’immenses univers d’amas stellaires

Je perds d’un point à un autre la trace lumineuse de mon âme

Et ne reste qu’un oubli sur la surface lisse de mon innocence

Je ne perçois qu’un écho étouffé, son feutré, son craqué

Dans cette neige électronique qui envahit mon écran

Mais à de telles vitesses, mon vaisseau immobile

Ne peut que percuter l’ampleur engrammée

Agitation moléculaire d’un reste vitale

Oublié à soi-même fulgurance nue

Dernier éclat avant la disparition

Image absorbée du monde uni

Réduite au silence du point

Précurseur d’un noir

Fermé sur soi

Nouvelle

Bulle…

…de rien

 

Chronique du

jeudi 30/12/10 (musique associée)

C’est le calme après la tempête. Juste un léger bruissement dans l’écoulement granuleux de la sinusoïde temporelle. Je n’ai pas encore déployé complètement le voilage interstellaire. Je gouverne au 104, une nouvelle direction. Il me semble avoir discerné un léger scintillement dans le grésillement neuronal de la toile. Un soubresaut du monde.

Je viens de quitter mon pauvre M. Henry en perdition dans ses songes. Il s’enfonce dans la noirceur cérébrale d’un monde fantasmatique. Il se laisse séduire par le chant de Perséphone. Il s’est égaré sur l’océan chatoyant des songes. Il partage son existence avec une chimère. Il sombre tranquillement dans l’oubli de lui-même. Il a perdu sa muse, contrairement à la légende, ce sont les sirènes qui ont vaincu.

Il est 5 heures, je n’ai pas sommeil… Je jette en œil par la lucarne, celle qui donne sur le monde. Il fait sombre, quelques lampes scintillent dans le lointain. D’autres noctambules trounaboullent dans leur maison de fou. Nous sommes une poignée à nous observer de loin, s’inquiétant du nombre. Serais-je un jour le dernier, vigile parmi les vigies, à voir advenir le jour cybernautique ?

Il parait qu’on n’enferme plus les fous… Est-ce encore une nécessité, ils s’enferment tout seul !

Bise à la confrérie cyberboulique

Postscriptum : Ce n’est pas mal non plus OUÏ FM à cette heure de la nuit ! Je vous quitte sur un air de Lynyrd Skynyrd, un standard parmi les standards « Swing Home Alabama ».

Je ne résiste pas à l’envie de vous inviter à une petite lecture. Si par hasard votre souris vous clique là ! Je viens de terminer la relecture du premier chapitre. C’est encore une ébauche. Il doit y avoir du travail, vos conseils seraient les bienvenus. Le document est téléchargeable à l’adresse suivante : olivier.issaurat.free.fr/telecharg Ca a l’air de fonctionner ! Petite précision, c’est un document Word. Si y a un souci, faites moi un signe de la main par la lucarne…

Chronique du

mercredi 29/12/10 (musique associée)

Vaisseau en perdition. Avaries sévères à bord. La barre est devenue incontrôlable. Le déchaînement des éléments photovoltaïques m’interdit pour le moment de tenir le moindre cap. Le réseau ondule, les paquets d’octets déferlent par-dessus bord. Heureusement j’ai encore ma combinaison contre les aléas climatiques. Je suis descendu m’installer dans la cabine arrière. Assis devant ma carte réseau, je tente un ultime repérage. Les balises sont diffuses, je ne sais qu’une chose je file droit devant.

Tout cela ne doit pas m’empêcher de rejoindre les habitants qui ont élus domicile dans mon esprit. Pauvre Cassie, elle aussi est prise dans le tourment des éléments affolés. Elle n’a plus aucun contrôle sur eux, bousculée par bâbord, débarquée sur tribord, elle est devant son propre film. Au fond d’elle-même elle sait que ce sera une tragédie, elle attend la fin tranquillement. Elle sait bien qu’on finit toujours sur le rivage. Mais ce soir, c’est un certain M. Henry que je m’en vais accompagner. Pour lui l’accalmie dure depuis si longtemps, qu’il ne sait plus très bien ce qui différencie vivre et attendre. Espérer devient difficile, seule Marie a trouvé sa route. Elle a sacrifié ses idéaux, profanée ses divinités, mais elle en a nourri d’autres. Il faut savoir mourir un peu quand on a décidé d’être maître de son destin en assumant les rencontres insolentes de la chaire.

Je vous parlerai peut-être des autres personnages qui naviguent au gré de ma plume. Je trouve que vous prenez beaucoup de place en ce moment dans mon environnement. Je ne vous connais pas, peut-être jamais d’ailleurs, nous n’aurons l’occasion de donner corps à ces songes internautiques. Ils continueront à circuler, parquets d’énergie photonique, sur une toile aux fils d’Ariane. Espace labyrinthique aux entrées si nombreuses que même le Minotaure a fini par renoncer. Il sombre dans une mélancolie langoureuse, rêvant tristement à la venue d’un certain Thésée, annoncé depuis si longtemps par les oracles en tous genres. Enfin il pourrait trouver le repos tant attendu. Oublier tous ces massacres dont on l’accuse, semble-t-il. Cela fait si longtemps. Ne serait-ce pas un mythe ?

Je remonte à la vigie, des mouvements alarmants se font sentir. Je file sur le pont, la toile est grande comme un mouchoir de poche, mais l’habitacle file à une vitesse effrayante. Les ondulations n’ont plus l’air de s’amplifier. C’est peut-être un signe annonciateur d’une accalmie à venir. Si les dieux me sont propices, ils nourriront un peu mon tissu créateur, et d’un rêve éveillé, ils feront une bonne nuit de sommeil.

Héros nocturnes me voilà, je suis entièrement à vous…

Finalement il y a quelque chose de l’incertitude du funambule

Dans le mouvement de balancier entre jour et nuit

Comme un petit accroc dans la brisure de l’onde

Une entaille dans la chaire, un coup de canif

Dans l’armature du temps, un dévoiement

La rencontre improbable entre lui et sa consistance

Une ribambelle de décrochages dans l’essoufflement

Les voilà réunis, elle et son histoire dans la mémoire d’un autre

Croisement délicat dans la trame des mots

La nuance des phrases s’obscurcit quelque peu

Il y a une emphase dans la prosodie de la structure

Le sens s’échappe quand la salissure du temps

Rougeoie avec le crime du peuple

Drapeau de l’inconsistance laisse moi

En paix avec les yeux chatoyants

De la demoiselle qui passe au loin

Au loin de moi

Chronique du

dimanche 26/12/10 (musique associée)

J’ai mis un peu de temps à vous rejoindre. Est-ce parce que j’approche de la fin du récit, l’angoisse du plein ou bien par identification à mon héroïne adorée ? En tous les cas je viens de passer un savoureux moment penché sur la fenêtre du monde. Je me suis vidé la panse. Un délicieux mélange d’immondices qui ont préféré le circuit court. Je suis un peu fébrile. Je pense que ce n’est pas fini. Si j’ai à quitter de manière impromptue les commandes de mon vaisseau Cyberstatique, ne m’en veuillez pas trop. Je sens certains sarcastiques se dire, « C’est ça, il s’est empiffré de dinde aux marrons, elle a bon dos Cassie. » Je ne peux que m’incliner devant la clairvoyance. Cependant, empiffré, serait aussi un trait identification au héros. Je ne résiste pas à l’envie de vous coller un petit extrait de mon histoire. Une sorte d’avant première avec moi-même puisque de vos nouvelles je n’ai aucunement.

La porte entrebâillée, mal refermée, la clef dans la serrure. Je pousse un peu plus loin mon investigation. J’ai en tête une idée de la solution à l’énigmatique intrusion lorsque je découvre le jean de Cassie. Affalé sur lui-même au milieu de la salle à manger. Les sous vêtements trônent sur le canapé. Il manque la partie haute de la tenue, et les chaussures. Sur la table un pot de confiture vide, la cuiller dedans, le tout renversé. La boite de biscottes éventrée avait  été nettoyée. Le sucrier était de sortie, dégarni à moitié. La porte du frigo était mal fermée et le moteur tournait pour essayer de compenser l’évasion du froid. Les yaourts avaient été dévastés. Jusque là le pire pouvait encore être évité. J’ai retrouvé le pull-over. Il a été jeté sur la cuisinière. Les chaussures ont dû atterrir contre le placard, elles ont dégringolé le long de la porte. L’une des deux a fini sa course dans la gamelle du chat. Le lait avait versé dans l’évier. On peut suivre la trace de lutte à la voie lactée de ci  de là sur les converses noires. Tout annonce le pire, mais je veux encore garder espoir. C’est au détour de la petite table, entre elle et le canapé que la conclusion s’impose, inéluctable. Le pot de mayonnaise vidé à la cuiller à soupe. Le ketchup englouti à même le tube, avec le chocolat Nestlé en poudre pour le petit déjeuné, finissait ce tableau de désolation. La porte des toilettes laisse entrevoir la suite du programme. La cuvette éclaboussée d’immondices ne sera pas nettoyée simplement par l’action de la chasse d’eau.

C’est en cours de travail, c’est un premier jet. L’image est tout à fait adaptée ! Je ne suis pas sûr d’avoir le courage d’écrire la fin. En plus ma radio favorite a oublié sa sacoche à musiques. Ils racontent une histoire de père Noël au pays du Farwest avec des cowboys. J’imagine le papi en traîneau attaqué par les indiens en quête de bourbon. Une flèche transperçant son bonnet rouge. Les indiens tournant autour du drôle de convoi, voyant déjà les gros et gras cerfs tournant eux aussi, mais à la broche !

Je vais faire une tentative… sinon j’irai m’effondrer lâchement dans la bannette de mon navire à la dérive. Les voiles en drapeau, la barre poussée à fond, la Nef insolite à la cap. Balloté par les bouffées magnétiques qui déferlent sur la galaxie, bercé comme un bébé, peut être je pourrai m’assoupir.

Chronique du

vendredi 24/12/10 (musique associée)

Il est bientôt 4 heures du matin. Dans ma boîte à messages, aucune nouvelle du monde extérieur. Pour le moment je suis encore piégé dans la circulation psychotronique de la nasse entoilée. Particule, parmi les particules, je continue de me désagréger dans le silence pesant de l’espace cybernautique.

Je suis de retour pour une nouvelle chronique. Un léger tapis neigeux recouvre le sol. Mais la nuit est profonde et sombre. La voix chaude de l’animateur de radio Boston m’accompagne pour cette plongée électronique dans l’ondoiement magnétique. Il me reste une saveur maritime. Un craquement étouffé. Une arche arborescente propulsée par l’écoulement emprunt d’une force insoupçonnable. Elle vient du fleuve qui borde mon corps. Comme une envie de traverser ce courant lacté qui se déverse sur la ville. La multiplicité des scintillements guide mes pas vers l’autre rive.

Il est temps de renouer le contact avec mes personnages. Aujourd’hui c’est Marie qui m’attend. Désappointée par ce qu’elle ne peut qu’entrevoir. La femme dans la fille, incoloration d’un corps que révèle un monde de multiples unaires. Elle s’est posée là, au cœur de mon essentialité. Ne pas pouvoir être sans son âme sœur, la nymphe en perdition qui a trouvé un mouillage pour sa nef. En plein milieu de son manoir, elle a hissé les voiles et le souffle du temps s’y est piégé…

Je pars rejoindre ce monde, le voyage sera incongru dans l’intimité des personnes, dans mon intimité…

… J’ai trahi Marie ! Pour deux demoiselles dans une course parisienne effrénée contre le temps. Une errance pour un nul part où finir, entre échouage et perversion. Une déchéance annoncée pour mon amour éternellement reconduit. J’ai nommé Cassie, la belle, dont la fin est proche, pour une prochaine chronique de la nuit. Je vous laisse, le jour ne serait tarder à pointer le bout du nez. Du réel, je dois reprendre le cours. Un petit déjeuner, léger, très léger pour ne pas abuser de ce passage sur la terre.

Chronique du

mardi 21/12/10 (musique associée)

Il est quelques choses comme trois heures du matin. J'avance dans mon histoire. Accompagné par radio Boston, WUMB, je pars à la rencontre de Cassie mon anorexique adorée. J’aurais peut être dû me présenter, je suis Olivier le voyageur Internautique. Je me suis égaré dans la galaxie du cyber-espace. Je tente de regagner un nœud textuel. Les impulsions électriques scintillent au loin mais personne n’intercepte mon  message. Dans le royaume de l’hypertexte j’ai décroché les fils de la toile par erreur. Depuis je circule dans une boucle sans fin. Je suis pris avec moi-même. Je retombe inéluctablement sur mon IP, ou le vide sidéral. D’une certaine façon c’est un peu la même chose. Je ne nourris plus d’espoir, mais si vous interceptez  un groupe d’octets en perdition sur la toile, redirigez le vecteur du cluster vers moi. Je pourrais de cette façon renouer le contact. Un fil, même ténu, suffit pour cheminer sur la toile. Dans la pièce où je me suis installé, le calme est absolu. Le grésillement continuel de l’ordinateur est la tentative de communication qui me permet de savoir que je suis encore en vie. L’éclat de la lampe a baissé d’intensité. Comme si l’espace autour de moi, déjà, se rétrécissait. Est-ce le début d’une disparition annoncée ? Ne suis-je pas entrain de me diluer ? Les particules qui constituent l’enveloppe de mon corps ont-elles commencé leur travail de désintrication ? Dissipation première de ce qui est moi !

Il ne me reste plus que les personnages de mes histoires pour m’attacher au monde des vivants. Pour cette nuit, c’est Cassie qui est venue me rendre visite. Elle est un peu versatile, mais j’aime beaucoup sa compagnie. En connexion avec linternaute je vérifie le mot que j’ai utilisé en votre présence irréelle, puisque en mémoire vive. Je prie pour qu’il  n’y ait pas coupure électrique, vous voir disparaître sous forme d’énergie dispersée m’attristerait. Le web entoilé me propose 9 synonymes. Tous me conviennent pour définir cet être qui s’efface tout doucement. La transparence est sont ultime désire. Elle est capricieuse, changeante, incertaine, inconstante, indécise, instable, irrésolue, lunatique, et le plus subtile de toute cette liste ondoyante. Par pitié ne cliquez pas sur les liens insérés subrepticement, vous perdriez ma trace. Vous seriez immédiatement projeté dans une autre page contextuelle qui rendrait diaphane le ligament pulsatile qui nous relie, pour l’instant. D’ailleurs je vois qu’elle s’impatiente, la faire trop attendre serait inconséquent. J’ai besoin d’elle, encore plus que de vous, en tous les cas pour le moment. Ne m’en veuillez pas trop, il reste si peu de réel auquel accrocher mes espérances.

Toujours il y a

 Premier échappement possible KliKezLà

dans une case

 Deuxième sortie 1ClikIciSufi beaucoup plus sombre, par moments ! Munissez vous d’une petite lampe de poche, au cas où …

la possibilité de ne

rien y mettre !