Arnold Newman ou la transcendance de l’image

La différence fondamentale entre une photo prise par un amateur et un portrait réalisé par un grand professionnel vient de la volonté de se servir de l’apparence pour représenter la personnalité intérieure du sujet. La composition en diagonale, l’asymétrie du fond dont la plus petite partie est réservé au compositeur, le choix de le placer sur la douceur du gris pour attirer le regard, la place primordiale accordée au piano dont le couvercle se dresse telle une gigantesque note de musique inversée, l’emploi du noir et blanc pour nous détacher de la réalité (la couleur est utilisée en photographie depuis 1830) et l’absence de tout artifice permettent à Arnold Newman de mettre en évidence le rôle, l’importance et l’œuvre de l’homme plutôt que son image, tout en dégageant sa densité, son intelligence et sa détermination. À une époque où la priorité est donnée, à des fins commerciales (pensons à la dictature qu’exerce la mode dans tous les sens du terme) au fameux “look” après lequel courent des troupeaux de moutons entièrement manipulés, cet exemple nous rappelle, dans un esprit platonicien, que la beauté n’émane pas de l’extérieur mais bien de la construction intérieure de l’individu. Ne dit-on pas que les mannequins s’avèrent très ennuyeux, surtout le jour…http://www.pdngallery.com/legends/newman/shapeimage_3_link_0
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