Liste conforme à celle de l'Annuario Pontificio
du Vatican qui fait état aussi des anti-papes. Les commentaires proviennent de différentes sources. |
Noms______ | Dates____ | Observations |
____Pierre | 33-67 (environ) |
Apôtre - de Betsaïde en Galilée -
martyrisé à Rome en 64 ou 67 sous Néron (54-68).
Le Christ lui dit : « Et moi Je te dis que tu es Pierre et que sur ce roc je bâtirai mon Église,
et que les portes de l'Enfer ne prévaudront point contre elle. » (Matthieu, 16:16-18). Le changement de nom
(à l'instar de ce qui est fait pour Abram - Abraham) marque une mission solennelle, unique, dans l'histoire sainte.
Selon la tradition, catholique et orthodoxe, après avoir évangélisé Antioche et en avoir été l'évêque, Pierre
est parti à Rome, en est devenu le premier évêque et est mort en martyr crucifié la tête en bas par «humilité»
vis-à-vis de Jésus, à l'emplacement du mont Vatican ou sur les pentes du Janicule (emplacement marqué par
Saint-Pierre-in-Montorio).
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____Lin
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67-76 | Il est probable qu'il s'agisse de celui auquel fait
référence II Tim IV,21.
Lin serait le premier pape selon les listes épiscopales romaines transmises par Eusèbe, Hégésippe et Irénée.
Il aurait été établi évêque de Rome par Pierre et Paul, comme ceux-ci l'avaient fait avec les préposés
d'autres Églises. Les sources anciennes s'accordent pour dire qu'il demeura 12 ans en charge, mais divergent
quant aux dates. Lin figure après les deux Apôtres dans le premier Canon de la messe. Il est vénéré comme saint. |
____Clet
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76-88 | Dans les listes épiscopales romaines transmises par Eusèbe,
Hégésippe et Irénée, il apparaît après Lin. "Clet" est une abréviation d'Anaclet, ou plutôt Anencletos, ce qui
signifie en grec l' "irréprochable"). Comme Saint Paul demande que l'évêque soit "irréprochable" (Tt I,7) certains
ont été amenés à douter sans motif de son existence. Le terme était assez fréquent comme nom des esclaves et
c'est peut être là un indice de son origine sociale.
Il figure après les deux Apôtres et Lin dans le premier Canon de la messe.
Il serait d'origine grecque, né à Rome.
Il est mort sous Domitien (81-96); mais il n'y a pas des preuves qu'il ait été martyrisé. Il est vénéré comme saint.
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Clément | 88-97 | Il suit Clet dans les listes épiscopales du IIe siècle.
D'après une tradition, attestée par Tertullien et Jérôme, il fut sacré par Saint Pierre.
Il s'agit probablement de celui auquel fait référence Ph IV,3.
Il est probable aussi que ce soit lui l'auteur du plus important document ecclésiastique du premier siècle
(hormis le Nouveau Testament): la "1e lettre de Clément" (la 2e n'est pas de lui),
écrite sous Domitien (81-96) et adressée à l'Église de Corinthe à cause de dissensions internes.
Cette lettre est le plus ancien exemple de l'intervention de l'Église romaine dans les affaires d'une
autre Église.
Jérôme, Eusèbe, Irénée et Origène font de lui un ancien collaborateur direct de Pierre et Paul.
Il est vénéré comme saint. Fête, le 24 novembre. |
Évariste | 97-105 | Sur les listes épiscopales du IIe siècle, il figure quatrième
dans la lignée inauguré par les Apôtres Pierre et Paul.
Son nom suggère une origine grecque; pour certains historiens, de descendance juive.
Étant donné que la notion monarchique de la papauté romaine est plus tardive, on ne peut que formuler
des suppositions à propos de son rôle exact de préposé ecclésiastique dans cette ville.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 26 octobre. |
Alexandre 1er | 105-115 | Le Liber pontificalis fait de lui un Romain.
Vu le silence des sources, il est peu probable qu'il soit mort martyr. Sur les listes épiscopales du IIe siècle,
il figure cinquième dans la lignée inauguré par les Apôtres Pierre et Paul.
Les sources anciennes divergent quant à la durée de son règne.
Les chiffres qu'elles donnent vont de sept à dix ans. Il s'agit manifestement de conjectures.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 3 mai. |
Sixte 1er | 115-125 | Ou Xyste. Le Liber pontificalis dit qu'il était Romain,
fils d'un certain Pastor.
La forme originale de son nom suggère une origine grecque. Les dates exactes de son règne sont incertaines.
Sur les listes épiscopales du IIe siècle, il figure septième dans la lignée inauguré par les Apôtres Pierre et Paul.
Son nom se trouve avant celui du pape Corneille et après le nom de Clément dans le premier Canon de la messe.
Dans la liste des évêques de Rome que donne Saint Irénée, ce pape ne figure pas comme martyr.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête le 3 avril. |
Télesphore | 125-136 | Selon le Liber pontificalis il s'agit d'un Romain.
D'origine grecque, ce que confirme son nom.
Selon Saint Irénée, il "témoigna glorieusement", ce qui veut dire qu'il souffrit le martyre;
probablement dans les dernières années de l'empereur Adrien (117-138).
Télesphore est le seul pape du IIe siècle dont le martyre soit attesté par des sources fiables.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 5 janvier. |
Hygin
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136-140 | Eusèbe (260-340) et le Liber pontificalis
lui attribuent quatre ans de règne.
Selon ce Liber pontificalis il serait un Grec, né à Athènes, et aurait d'abord été un philosophe.
Ce détail n'est pas à prendre à la légère, compte tenu qu'il s'agit d'une période où un certain nombre
de philosophes venus de l'Orient se sont manifestés à Rome.
Ainsi son contemporain Justin (100-165), philosophe et apologiste chrétien, ouvrait alors son école à Rome;
les gnostiques Valentin d'Égypte et Cerdon de Syrie font aussi leur apparition à Rome.
Vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 11 janvier. |
Pie 1er
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140-155 | Le Liber pontificalis dit qu'il était italien,
originaire d'Aquilée et fils de Rufin.
Selon le 2e fragment de Muratori, texte romain du IIe siècle, il est frère d'Hermas, ancien esclave et auteur du
"Pastor". Cet écrit fait état de querelles de préséance entre chefs d'Église à Rome.
En juillet 144, Pie présida le synode qui expulsa de la communauté orthodoxe de Rome Marcion du Pont
qui rejetait notamment l'Ancien Testament.
Vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 11 juillet. |
Anicet
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155-166 | Syrien, de Homs (Émèse).
Eusèbe (260-340) précise qu'il régna onze ans.
C'est sous son pontificat que saint Justin composa sa seconde apologie de la religion chrétienne
qui lui valut le martyre (165).
En la cinquième année du règne de Marc-Aurèle, Anicet reçut la visite de saint Polycarpe, octogénaire,
évêque de Smyrne, en Asie, et ancien disciple de saint Jean l'Évangéliste, qui venait le consulter à propos de la
célébration de la fête de Pâques.
Vers l'an 157, Hégésippe, juif converti, vint à Rome, et sur les ordres d'Anicet, composa une histoire
de l'Église, dont il ne reste aujourd'hui que des fragments conservés dans Eusèbe.
Ce serait ce pape qui aurait fait ériger sur le Vatican un mémorial en honneur de Saint Pierre,
découvert en 1945. Vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 17 avril.
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Soter
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166-175 | D'après le Liber pontificalis il était italien,
originaire de Campanie.
Ce serait lui qui introduisit à Rome la 'pratique quarto-décimane' de la fête
de Pâques (14 Nissan, Pâques juive) que saint Polycarpe avait demandé en vain à son prédécesseur Anicet.
Anicet avait répondu à Polycarpe qu'il se tiendrait à la pratique traditionnelle à Rome qui ignorait la fête annuelle
et célébrait la Résurrection du Christ tous les dimanches.
Eusèbe (260-340) nous a conservé des fragments d'un remerciement expansif de Denys, évêque de Corinthe,
à propos d'un don et d'une lettre de Soter, promettant que cette lettre serait lue régulièrement à l'office.
Vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 22 avril. |
Eleuthère | 175-189 | Dernier pape sur la liste transmise par Irénée (180),
évêque de de Lyon qui le visita à Rome en 177/178 et lui apporta une lettre de son Église
alors en proie à des persécutions exposant ses vues au sujet du montanisme qui avait débuté peu avant
en Phrygie et faisait l'objet de discussions ardues.
Selon le Liber pontificalis il était grec, né à Nicopolis, en Épire et il régna 15 ans et 3 mois.
L'historien Hégésippe, qui était alors à Rome pendant les années 160, rapporte qu'il était diacre du pape Anicet.
Eleuthère subit le martyre sous l'empereur Commode (180-192). Vénéré par l'Église comme saint.
Fête, le 26 mai. |
Victor 1er | 189-199 | Premier pape latin, né en Afrique.
Il fit peut-être progresser la latinisation de l'Église romaine, jusque là dominée par l'influence gréco-orientale.
Il fut le plus énergique des papes du IIe siècle.
Il s'efforça d'amener les autres Églises à la pratique romaine de la célébration de la fête de Pâques.
Mais les Églises d'Asie Mineure refusèrent d'abandonner l'antique 'pratique quarto-décimane' qui consistait
à faire coïncider la fête de Pâques avec la célébration pascale des Juifs (le 14 Nissan).
Victor proclama que ces Églises étaient exclues de la communion de l'Église catholique.
Saint Irénée, dont l'Église de Lyon avait accepté les décisions du pape, rappela sans ménagement à Victor
que tous les papes précédents jusqu'à Soter avaient été indulgents envers la 'pratique quarto-décimane',
à une époque où Rome elle-même ne célébrait pas la fête de Pâques. On ne sait pas comment Victor réagit.
Victor est le premier pape dont on sait qu'il eut affaire à la maison impériale.
Par l'intermédiaire de Marcia, une chrétienne qui jouissait de la confiance de l'empereur Commode, il lui fit
parvenir une liste de chrétiens condamnés aux mines de Sardaigne et les fit délivrer.
Par une ruse, le futur pape Calixte fut délivré au même temps.
Vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 28 juillet. |
Zéphirin
|
199-217 | Selon le Liber pontificalis il était romain, fils d'Habundius.
Il s'appuya beaucoup sur son archidiacre Calixte, futur pape, qu'il avait réhabilité, homme capable et doué
d'un esprit pratique. Il lui confia la administration du cimetière officiel que possédait désormais l'Église.
Tertullien (+225), devenu montaniste, lui reprocha d'avoir publié des lettres favorables au montanisme,
qu'il révoqua ensuite à l'instigation d'un tel Praxeas.
Mais les débats les plus âpres alors étaient d'ordre christologique.
Ils tournaient autour de l' "adoptianisme" et du "modalisme".
Pendant son pontificat, Origène (+254), le plus grand des intellectuels chrétiens contemporains, vint à Rome
"désirant vivement voir de ses yeux cette très ancienne Église".
Vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 26 août. |
Calixte Ier | 217-222 | Ou Calliste. Romain.
Sa vie nous est connue surtout grâce à son âpre censeur, l'anti-pape Hippolyte.
Calixte fut esclave, fils d'un affranchi chrétien du nom de Carpophore.
Lorsqu'il fit faillite à la tête d'une sorte de banque et à la suite d'une rixe dans une synagogue,
le préfet de la ville le condamna aux travaux forcées dans les mines de Sardaigne.
Lorsque la chrétienne Marcia, amie de l'empereur Commode (180-192), demanda à Victor 1er la liste des chrétiens
condamnés aux mines, et obtint leur libération, Calixte persuada le gouverneur de l'île de le relâcher
également, bien que Victor ait tu délibérément son nom.
Zéphirin, successeur de Victor, le rappela et fit de lui son principal diacre et son conseiller.
Il lui confia en particulier l'administration du cimetière officiel que possédait désormais l'Église à Rome,
situé sur la Voie Appienne; actuellement les Catacombes de Saint Calixte, toujours très visitées.
L'ascendant que Calixte acquit sur le pape, joint à ses talents d'administrateur, fit de lui le véritable
administrateur de l'Église romaine. A la mort de Zéphirin, il fut élu pape.
Contre cette élection s'éleva Hippolyte qui se fit élire évêque par un groupe schismatique.
Son règne fut gâté par des querelles avec cet anti-pape agressif.
Vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 14 octobre. |
Urbain 1er | 222-230 | D'après le Liber pontificalis il était romain, fils de Pontien
Selon l'historien Eusèbe, il régna huit ans.
Son pontificat se déroula tout entier sous le règne de l'empereur Alexandre Sévère (220-235)
qui ne vit aucune persécution.
Il fut enterré, comme le confirme le martyrologe de Sain Jérôme, dans le cimetière de Calixte, où on a
retrouvé une pierre tombale portant son nom en capitales grecques.
Vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 25 mai. |
Pontien
> |
230-235 | D'après le Liber pontificalis
il était romain, fils de
Calpurnius. Selon l'historien Eusèbe, il régna six ans.
Il présida le synode qui avalisa la sentence prononcée par l'évêque d'Alexandrie expulsant l'éminent théologien
grec Origène de son poste d'enseignement (230/231).
La majeure partie de son règne se déroula sous le règne de l'empereur Alexandre Sévère (220-235).
Mais lorsque Maximin de Thrace fut acclamé empereur en mars 235, la persécution contre les chrétiens prit pour
cible ses chefs. Pontien et l'anti-pape Hyppolite furent les premières victimes.
Ils furent tous deux condamnés aux mines de Sardaigne, la tristement célèbre "île de la mort".
Pontien abdiqua pour permettre à un successeur d'assumer la direction de l'Église le plus tôt possible.
Il fut le premier pape à le faire. Par le Catalogue Libérien (texte du IV siècle) nous connaissons la date
exacte de cette abdication: le 28 septembre 235.
Lui et Hyppolite ne tardèrent à succomber aux dures conditions de détention.
Mais Pontien se réconcilia avant avec son ancien adversaire et engagea les fidèles à rétablir
l'unité de l'Église déjà mise à mal.
Vers 236-237, le pape Fabien fit ramener son corps avec celui de son ami Hippolyte à Rome.
Pontien fut enterré dans la crypte des papes des catacombes de Calixte qui venait d'être achevée. Des fragments de sa
pierre tombale y furent découverts en 1909.
Pontien et Hyppolite sont tous deux vénérés par l'Église comme saints,
et leur fête est célébrée le même jour. Fête, le 13 août. |
Anthère
> |
235-236 | Il était d'ascendance grecque comme son nom l'indique et le
Liber pontificalis le confirme.
Son bref règne eut lieu pendant la violente persécution de l'empereur Maximin de Thrace (235-238).
Premier pape à être enterré dans la crypte pontificale du cimetière de Calixte.
Le corps de son prédécesseur Pontien y fut déposé peu après.
D'importants fragments de l'inscription gravée sur son tombeau en lettres grecques y ont été trouvés.
Vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 3 janvier. |
Fabien
> |
236-250 | Il était Romain. Son règne coïncide avec une
période de paix et de prospérité pour l'Église sous les empereurs Gordien III (238-244) et Philippe l'Arabe (244-249).
L'Église de Rome fut organisée en sept circonscriptions présidées par un diacre.
Le fait d'avoir réussi faire rapatrier les corps de Pontien et d'Hyppolite morts martyrs en Sardaigne montre
que l'Église commençait à être respectée dans la cour, car cela ne pouvait pas se faire sans autorisation spéciale.
Saint Cyprien évêque de Carthage, son contemporain, parle de lui avec profond respect.
L'empereur Dèce (249-251) renouvela la persécution et Fabien en fut l'une des premières victimes.
Il fut enterré dans la crypte pontificale du cimetière de Calixte.
La pierre tombale, portant son nom, son titre et l'abréviation du mot "martyr" en caractères grecs fut
découverte en 1854.
Vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 20 janvier, avec Saint Sébastien. |
Corneille | 251-253 | Romain, peut-être issu de la patricienne
gens Cornelia. Son élection avait été retardée par le clergé romain à cause de la violente
persécution de l'empereur Dèce (249-251) dans laquelle le pape Fabien était mort.
Son élection fut aussitôt contestée par Novatien, qui se fit élire évêque de Rome par un groupe rigoriste.
Ce qui en effet séparait Corneille et Novatien était l'attitude à tenir face aux "lapsi", c'est-à-dire aux chrétiens
qui avaient eu la faiblesse de tomber pendant la persécution, mais qui voulaient revenir au sein de l'Église.
Corneille était tolérant, considérant qu'ils pouvaient être admis à nouveau après une pénitence convenable.
Novatien et son groupe étaient d'avis de les rejeter définitivement.
Cyprien de Carthage et Denys d'Alexandrie prirent le parti de Corneille.
Celui-ci, dans un synode composé de plus de 60 évêques, condamna Novatien et ses adhérents (automne 251).
Corneille écrivit un certain nombre de lettres aux autres Églises, dont deux, adressées à l'évêque de Carthage,
Cyprien, ont survécu. Eusèbe (269-340) nous a conservé aussi des passages d'une lettre adressée à Fabius, évêque d'Antioche.
Lorsque l'empereur Gallus (251-253) relança la persécution en juin 252, Corneille fut arrêté et exilé à
Centumcellae (aujourd'hui Civittàvecchia) où il reçut de Cyprien une lettre chaleureuse d'encouragement.
Et où Corneille est mort au terme d'un bref règne.
Son corps a été ramené à Rome et enseveli dans la crypte de Lucina au cimetière de Calixte.
Son tombeau porte le premier épitaphe latin d'un pape.
Vénéré par l'Église comme saint. Fête, avec Saint Cyprien, le 16 septembre. |
Lucius 1er | 253-254 | Romain de naissance d'après le Liber pontificalis.
Exilé un certain temps sous l'empereur Gallus (251-253),
il put rentrer à Rome sous Valérien (253-260) qui se montra d'abord bien disposé à l'égard des chrétiens.
A son retour, il reçut une lettre enthousiaste de Cyprien, l'influent évêque de Carthage
Il aurait reçu en outre une lettre de Denys, évêque d'Alexandrie, à propos de la validité du baptême administré
par les hérétiques.
Les débats sur les 'lapsi' continua sous son pontificat.
Il n'aurait pas subi le martyre.
Il a été enterré dans la crypte des papes du cimetière de Calixte, où une partie de l'épitaphe en
caractères grecs a été retrouvée.
Vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 4 mars. |
Etienne 1er | 254-257 | Romain, issu de la famille de la gens Julia.
Il est surtout connu par ses affrontements avec l'influent évêque de Carthage, Saint Cyprien.
Le premier fut provoqué par la déposition de deux évêques espagnols qui avaient apostasiés pendant la persécution.
Etienne les réhabilita. Suite à l'appel des évêques espagnols auprès de Cyprien, celui-ci se prononça pour
la déposition, disant que le pape avait été mal informé.
Le deuxième concernait l'évêque d'Arles, Marcien, qui avait adopté les vues rigoristes de Novatien,
refusant d'admettre à nouveau au sein de l'Église les "lapsi".
Les évêques locaux demandèrent à Etienne de le condamner; mais il ignora l'affaire.
Ceux-ci s'adressèrent alors à Saint Cyprien.
Le troisième concerne la question de la validité du baptême administré par les hérétiques.
Pour Etienne, il était valide; pour Cyprien, il était invalide, car le baptême devait être reçu au sein de l'Église.
La situation aurait pu devenir dramatique si Etienne n'était pas mort le 2 août 257.
Et Cyprien martyrisé un peu plus tard.
Une tradition plus ancienne veut que le pape Etienne fut décapité pendant une célébration eucharistique dans les catacombes.
Il fut inhumé dans la crypte des papes au cimetière de Calixte sur la Voie Appienne.
Vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 2 août.
Le pape Etienne fut le premier pape à avoir fait reposer officiellement la primauté romaine sur
les paroles adressées par le Christ à Pierre (Mt XVI,18) |
Sixte II
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257-258 | Ou Xyste. Le Liber pontificalis affirme qu'il
était d'ascendance grecque.
La forme originale de son nom suggère en effet une telle origine.
Il régna dans une période difficile pour l'Église.
L'empereur Valérien (253-260) abandonna son attitude tolérante à l'égard des chrétiens et se mit
à les persécuter. Surtout ses chefs furent menacés de peine capitale.
Sixte réussit pendant quelque temps à échapper à la vigilance de la police.
Pape plus conciliant que son prédécesseur, il renoua les relations amicales avec Cyprien, l'évêque de Carthage,
avec lequel le pape Etienne s'était heurté sans aménité.
Son bref pontificat trouva une fin tragique le 6 août 258, lorsqu'il fut surpris par la police
au cours d'un office qu'il présidait dans le cimetière
de Prétextat, un lieu de sépulture privé où il espérait ne pas être repéré.
Il y fut sommairement décapité, ainsi que quatre diacres qui l'assistaient.
Le corps de Sixte fut plus tard transféré et inhumé dans la crypte des papes au cimetière de Calixte.
Un siècle plus tard, le pape Damase composa une épitaphe décrivant le drame de son exécution.
Sixte devint l'un des martyres les plus vénérés de l'Église.
Son nom est inséré dans le Canon de la messe. Fête 7 août. |
Denys
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260-268 | A la mort de Sixte II, l'Église de Rome fut gouverné pendant
quelque temps par les seuls presbytres, car même les diacres avaient été martyrisés sous le régime précédent.
L'élection du nouveau pape ne se fit que lorsque la nouvelle de la mort de Valérien (253-260) en captivité fut parvenu à Rome.
Denys était probablement d'ascendance grecque.
Il régna sous l'empereur Gallien (260-268), fils de Valérien, lequel abandonna la politique de persécution de son père.
Il rendit à l'Église les cimetières confisqués et une partie de ses biens.
Denys amorça alors une réorganisation complète de l'Église de Rome.
Et put même apporter une aide à l'Église d'Orient, fait rappelé par Basile le Grand (+379).
Il figure parmi les papes les plus importants du IIIe siècle.
Il fut inhumé dans la crypte des papes au cimetière de Calixte.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 26 décembre.
|
Félix 1er | 269-274 | D'après le Liber pontificalis il était romain de naissance
et fils d'un certain Constantius.
On a retenu de son son règne, que l'empereur Aurélien (270-275) ordonna de remettre l'édifice épiscopal d'Antioche,
que l'évêque déposé Paul de Samosate continuait d'occuper malgré l'injonction du synode,
"à ceux qui sont en communion avec l'évêque d'Italie et de Rome".
Ce qui équivalait à une reconnaissance officielle de la place spéciale que l'évêque de Rome occupait.
Il paraît fausse la tradition selon laquelle il serait mort martyr sous Aurélien lequel, ayant débuté un
règne tolérant à l'égard des chrétiens, s'envenima sous l'instigation de Macrin, son ministre de finances,
qui convoitait les biens de l'Église.
D'après le Catalogue Libérien, il fut inhumé dans la crypte des papes au cimetière de Calixte sur la Voie Appienne.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 30 mai. |
Euticus
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275-283 | Ou Eutychien. Selon le Liber pontificalis
il était natif de Toscane, fils d'un nommé Marin.
Son pontificat se déroula tout entier dans la période de paix pour l'Église qui alla du règne de l'empereur
Aurélien (270-275) à celui de Dioclétien (284-305). L'Église romaine put alors se développer et consolider
sa position, comme il ressort de l'agrandissement des cimetières officiels entrepris à cette époque.
Il semble qu'il ne soit pas mort martyr.
Il fut le dernier pape à être inhumé dans la crypte des papes au cimetière de Calixte sur la Voie Appienne.
On y a trouvé des fragments de son épitaphe tracée en caractères grecs maladroits.
Vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 7 décembre. |
Caius
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283-296 | Ou Gaius.
Le Liber pontificalis fait de lui un Dalmate.
On sait de son règne, qu'il se déroula pendant une période de paix, au cours de laquelle l'Église
romaine put poursuivre sa consolidation.
Le Calendrier Romain de 354 ne l'inclut pas dans la liste des martyrs.
Il fut inhumé dans le cimetière de Calixte sur la Voie Appienne, mais pas dans la crypte des papes
qui était probablement comble.
Des fragments de son épitaphe en caractères grecs y furent découverts au XIX siècle.
Vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 22 avril. |
Marcellin | 296-304 | Il serait né à Rome.
La période où il devint évêque de Rome fut dure pour l'Église.
L'empereur Dioclétien (284-305) reprit la persécution contre les chrétiens et décréta le 23 février 303 des sacrifices
obligatoires aux dieux de l'Empire et la destruction d'églises et livres sacrés.
Il paraît que Marcellin eut un comportement de faiblesse qui parvint même plus tard aux oreilles d'Augustin, évêque d'Hippone,
lequel, embarrassé, essaya de le disculper face aux accusations des donatistes qui se servirent de ce fait
pour attaquer Augustin lui-même.
D'après ces accusations, Marcellin aurait remit des livres saints aux autorités, probablement en mai 303.
Il semble également avoir offert de l'encens aux dieux.
C'était un comportement d'apostasie.
Selon le Liber pontificalis, il se repentit de sa faiblesse quelques jours après; et il aurait été décapité.
Mais le pape Damase 1er le passa complètement sous silence lorsqu'il composa ses hommages en vers
à ses prédécesseurs.
Grâce au récit de sa décapitation sur l'ordre de l'empereur, il finit par être vénéré comme martyr.
Son nom se trouve inscrit dans le Canon de la messe, et il est
vénéré comme saint. Fête, le 2 juin. |
Marcel 1er | 308-309 | Après la mort de Marcellin, le siège apostolique resta
vacant plus de trois ans et demi aussi bien en raison des divisions internes à l'Église de Rome que de la persécution.
L'avènement de l'empereur Maxence (306-312) qui adopta une politique de tolérance rendit possible l'élection de Marcel.
Celui-ci était un presbytre de premier plan qui avait joué un rôle clef pendant la vacance.
Il a du faire face à la réorganisation de l'Église rendue possible par l'amélioration du climat politique.
Il partagea la ville en 25 tituli ou paroisses régie chacune par un presbytre.
Il y avait aussi le problème des lapsi, des chrétiens qui avaient renié leur foi pendant la persécution
et qui, repentis, voulaient rentrer dans le bercail.
Marcel était un rigoriste dont les exigences pénitentielles dures soulevèrent une majorité de la communauté chrétienne
contre le pape.
L'empereur Maxence intervint et le bannit de la ville comme perturbateur.
Le pontife mourut peu après. Son corps fut ramené à Rome et inhumé dans le cimetière de Sainte Priscille qui,
en tant que propriété privée, n'avait pas été saisie pendant la persécution.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 16 janvier. |
Eusèbe
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309-309 | D'origine grecque, comme l'indique son nom.
Il ne resta sur le siège pontifical que 2 mois.
Il fut exilé par l'empereur Maxence (306-312) presque aussitôt après son élection en Sicile où il mourut.
La date exacte de son règne reste incertaine.
Longue vacance du siège apostolique après sa mort.
Son corps fut ramené plus tard à Rome et inhumé dans le cimetière de Calixte.
Vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 17 août. |
Miltiade | 311-314 | Ou Melchiade. Africain selon le Liber pontificalis.
Il fut élu après une longue vacance du siège apostolique.
Il fut le premier pape à voir l'Église, non seulement tolérée, mais jouissant de la faveur active de la part
des autorités civiles romaines.
Dès son entrée en charge, l'empereur Maxence (306-312) ordonna de rendre à l'Église les biens confisqués en 303
par Dioclétien.
En attendant, Maxence fut vaincu par Constantin le Grand (306-337) sous les murs de Rome le 28 octobre 312 au pont Milvius.
Constantin décréta lui aussi la restitution des biens dont l'Église avait été dépossédé surtout sous Dioclétien,
et fit don du palais de l'impératrice Fausta situé sur le mont Caelius, le Latran,
lequel est devenu ainsi siège de l'évêque de Rome, jusqu'à nos jours.
Le pontificat de Miltiade fut marqué par le célèbre Édit de Milan de Constantin qui mit
une fin définitive aux persécutions de l'Église sous l'empire romain.
C'est le début de ce qu'on a appelé "l'ère constantinienne' de l'Église".
Un autre fait notable de cette période fut le contentieux surgi à propos du siège épiscopal de Carthage en Afrique.
Le groupe rigoriste de Donat contestait la légitimité de l'évêque Cécilien sous prétexte que l'un des évêques
qui l'avaient sacré était un traditor. La cause fut soumise à Constantin, lequel la confia à Miltiade.
Le synode réuni à cette occasion légitima Cécilien et excommunia Donat et ses partisans.
C'est le premier cas d'un litige soumis par une autre Église, jugée solennellement à Rome.
Le cas de la maison épiscopal d'Antioche soumis au pape Félix 1er par l'empereur Aurélien (270-275)
était d'un autre ordre.
Miltiade fut enterré à un emplacement encore indéterminé dans le cimetière de Calixte.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 10 décembre. |
Sylvestre 1er | 314-335 | Romain d'après le Liber pontificalis.
Il régna près de vingt ans sous l'empereur Constantin le Grand (306-337) à une époque d'évolution spectaculaire
pour l'Église. Mais il semble n'avoir joué qu'un rôle insignifiant dans les grands évènements en cours.
Lorsque Constantin convoqua le synode d'Arles pour décider sur la légitimité de l'accession de Cécilien au poste
d'évêque de Carthage (en dépit du fait que le pape Miltiade s'était déjà pronnoncé avec un synode en sa faveur),
l'empereur ne nomma Sylvestre pour le présider mais Chrestus, évêque de Syracuse et Marius, évêque d'Arles.
Le pape y envoya cependant ses représentants; et le synode à son tour communiqua ses décisions au pape dans une lettre
qui exprimait éloquemment la conscience qu'il avait de sa primauté en Occident.
Sylvestre n'assista davantage au Concile Oecuménique convoqué lui aussi par Constantin qui se réunit à Nicée (Iznik)
en 325.
Ce Concile se mit d'accord sur un symbole commun à l'Église (une profession de foi unique) et condamna Arius qui
enseignait que le Fils était de nature inférieure à celle du Père. Cette doctrine fera long feu dans le temps à venir.
Le pape, comme tous les évêques, y avait invité. Il y envoya deux prêtres pour le représenter, mais on ne leur reconnu
aucun droit de préséance. Ils apposèrent cependant leur signature aux actes, avant les autres évêques, mais après
Ossius, évêque de Cordoue en sa qualité de président de l'assemblée.
Sylvestre eut la satisfaction de voir l'Église qu'il présidait enrichie et embellie par les largesses princières de l'empereur.
C'est au cours de son pontificat que Rome revêtit l'aspect d'une ville chrétienne.
Mais l'appelée "donation constantinienne" (des territoires) est une fable inventée au VIIIe siècle.
Sylvestre fut enterré dans le cimetière de Sainte-Priscille sur la Via Salaria. Fête, le 31 décembre.
Constantin, pour sa part, ne s'est fait baptiser chrétien que dans son lit de mort (22 mai 337) et cela par un évêque arien,
Eusèbe de Nicomédie. |
Marc
|
336-336 | Le Liber pontificalis en fait un Romain, fils de Priscus.
Marc ne prit part aux disputes qui suivirent le Concile de Nicée.
Mais sous son règne, Saint Athanase d'Alexandrie (296-373) était en exil à Trêves; Marcel d'Ancyre (+374) et
d'autres chefs de file de l'orthodoxie nicéenne étaient déposés. Arius était sur son lit de mort.
On a de bonnes raisons de croire que c'est sous son règne que débuta la compilation des listes anciennes
des évêques et des martyrs de Rome connues sous le nom de Depositio episcoporum et de Depositio martyrum.
Son court pontificat fut de dix mois.
Vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 7 octobre. |
Jules 1er | 337-352 | Romain, de caractère énergique.
Il est surtout connu pour l'appui vigoureux qu'il apporta à l'orthodoxie nicéenne et à ses champions.
Il les prit sous sa protection quand ils se réfugièrent à Rome.
Il soutint en particulier le patriarche d'Alexandrie, Saint Athanase, exilé à Trêves, et le reçut même à Rome lorsqu'il
regagnait son siège en revenant de son exile.
L'histoire retient aussi de ce pape le fait qu'il fut défenseur du mystère de la Trinité contre ceux
qui tentaient de faire de la doctrine chrétienne un monothéisme à moitié rationaliste, acceptable par tous,
mais éloigné des paroles du Christ.
Les deux empereurs, Constant 1er (337-350) et Constance II (337-361) convoquèrent, à la demande du pape Jules,
un concile général à Sardique (actuellement Sofia en Bulgarie) en 342 ou 343. Les évêques occidentaux y prirent part;
mais les orientaux se retirèrent lorsque la délégation occidentale exigea la participation d'Athanase d'Alexandrie
et de Marcel d'Ancyre (+376).
Le pape Jules fut enterré dans le cimetière de Calépode sur la Via Aurelia et son nom fut immédiatement inséré dans
le Calendrier Romain de 354.
Vénéré par l'Église comme saint; sa fête est fixée au 12 avril. |
Liberius
|
352-366 | Ou Libère. Romain de naissance.
Á son élection, les ariens sont en pleine ascension en Orient.
Constance II (337-361), désormais seul empereur, qui veillait pour l'unité de l'empire, voulait obliger l'épiscopat
occidental à s'unir aux Orientaux pour anathématiser Athanase d'Alexandrie (+373) qui restait fidèle au symbole de Nicée.
Liberius dépêcha des envoyés auprès Constance, qui résidait alors à Arles, en lui demandant de convoquer un concile.
Influencé par ses conseillers théologiques, qui étaient ariens, Constance tint sur le champ un synode à Arles,
lequel réitéra la condamnation d'Athanase.
Liberius exigea la convocation d'un autre concile, arguant qu'il ne s'agissait seulement de la situation
d'Athanase, mais de la foi de toute l'Église.
Le concile se réunit à Milan en octobre 355 et l'empereur fit amener de force Liberius.
Comme celui-ci refusait de céder aux pressions qu'on faisait sur lui, il fut envoyé en relégation à Berea en Thrace.
Un évêque fut élu à sa place à Rome, l'anti-pape Félix II.
En attendant, Liberius fléchit dans son exile travaillé par l'évêque local qui était arien.
L'empereur, convaincu que l'ordre public à Rome ne pourrait être rétabli que par le retour de Libère,
lui permit d'y retourner. Il fut accueilli avec enthousiasme par la population.
La grande majorité de la communauté restait attaché à lui,
et repoussa avec mépris la suggestion d'un épiscopat conjoint avec Félix II en clamant:
"un seul Dieu, un seul Christ, un seul évêque!". Félix II se retira dans les faubourgs de Rome.
A la mort de Constance le 3 novembre 361, le pape fut libre de reprendre son rôle de champion de l'orthodoxie.
Il expia ainsi ses actes de faiblesse passés.
Mais son autorité en Occident avait beaucoup souffert.
Libère bâtit l'immense basilique qui porta d'abord son nom, et qui est aujourd'hui Santa Maria la Maggiore.
Le Martyrologe de Saint-Jérôme (Ve siècle) fait mémoire de lui le 23 septembre. |
Damase 1er | 366-384 | Espagnol selon l'Annuario pontificio.
Son élection se fit dans un climat de violence. Le groupe qui était resté fidèle au pape Libère élut
pour lui succéder son diacre Ursin et le fit sacrer évêque dans la basilique Julienne .
Une faction rivale, composée de partisans de l'anti-pape Félix II, élut Damase.
Celui-ci ne tarda à consolider sa position. Avec l'appui du préfet de la ville il expulsa Ursin de Rome.
Damase jouissait aussi de la faveur de la cour et de l'aristocratie.
Étant donné ces circonstances de violence, son autorité fut affaiblie pour plusieurs années auprès des évêques d'Italie.
Sur le plan de la politique religieuse, Théodose 1er (379-395) déclara le christianisme 'religion d'État' le 27 février 380.
Damase réprima activement l'arianisme; mais ne réussit pas à déloger Auxence (+374) évêque arien de Milan.
La politique d'unité qu'il poursuivit en Orient déchiré par les tensions intestines dues en particuler à l'arianisme
ne contribua en rien à la détente.
Basile le Grand (+379) le qualifia de 'follement arrogant'.
Damase ne prit aucune part au 2ème Concile oecuménique de Constantinople (381).
Mais ce pape se montra un bon bâtisseur d'églises, dont celle de Saint-Laurent-in-Damaso.
Il promut le culte des martyrs et restaura les catacombes.
Damase était un homme cultivé. Il organisa les archives pontificales.
Il devint l'ami de Saint Jérôme, dont il fit son secrétaire pendant plusieurs années.
Il entretint avec lui une correspondance sur des points d'exégèse.
Et lui donna mandat pour ce qu'on appelle la 'Vulgate'.
Il composa des épigrammes en l'honneur de martyrs et des papes antérieurs.
Le titre 'siège apostolique' pour désigner Rome, vient de ce pape, grand promoteur du 'primat pontifical'.
Il fut inhumé dans une église qu'il avait lui-même fait bâtir sur la Via Ardeatina.
Mais ses restes furent plus tard transférés à Saint-Laurent-in-Damaso.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 11 décembre.
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Sirice
|
384-399 | Romain de naissance.
Malgré que l'anti-pape Ursin se soit mis de nouveau en avant à la mort de Damase, Sirice fut élu pape à l'unanimité.
L'empereur Valentinien II (375-392) confirma aussitôt l'élection coupant court à d'éventuelles intrigues.
L'empereur lui offrit même des fonds pour l'agrandissement de la basilique Saint-Paul 'extra muros',
qui reçut alors les dimensions qu'elle a aujourd'hui.
C'était un pontife expérimenté et vigoureux; mais éclipsé en son temps par la stature d'Ambroise évêque de Milan (374-397).
Il fut le premier pape à promulguer des 'décrétales' (decretalia), directives rédigées dans le style
impériale ayant force de loi pour l'Église.
Il fut un défenseur de la Virginité de Marie, mère du Sauveur.
En 390, il encouru la colère de Saint Jérôme (331-420), alors établi à Bethléem pour son attitude favorable à Jean et
à Rufin, évêques respectivement de Jérusalem et d'Aquilée. Rufin (345-410) pour sa traduction d'Origène.
Il fut enterré à la basilique Saint-Sylvestre. Une colonne de cette époque placée devant la basilique Saint-Paul
commémore le fait que ce temple fut dédicacé par lui.
Son nom ne se trouve pas dans la première édition du Martyrologe romain en raison des critiques de Saint Jérôme
et de Saint Paulin de Nole. Benoît XIV décida en 1784 d'y ajouter son nom.
Vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 26 novembre.
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Anastase 1er | 399-401 | Romain de naissance.
Pendant son règne sévit la querelle sur Origène, théologien grec du IIIe siècle, aussi éminent que
mis en question par l'Église d'Orient.
Saint Jérôme (331-420) prit part à ce débat, lui aussi contre Origène.
Sous la pression de Théophile (+412), patriarche d'Alexandrie, Anastase finit par convoquer un synode qui s'accommoda
du point de vue des adversaires d'Origène.
Saint-Jérôme, à la différence de son attitude à l'égard de Sirice, voua une admiration sans bornes envers Anastase;
prétendant même que son pontificat fut écourté parce que Rome n'était pas digne d'un si noble évêque.
Le pape fut ami aussi de Paulin de Nole (+431) qui avait essuyé des rebuffades de son prédécesseur.
Il fut inhumé dans le cimetière de Pontien sur la Via Portuensis.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 19 décembre. |
Innocent 1er | 401-417 | Né à Albano, fils d'Anastase 1er.
Innocent fut un personnage prestigieux. Aussi fut-il l'un des pontifes les plus éminents des premiers siècles.
Son activité se reflète dans ses lettres dont environ 36 sont parvenues jusqu'à nous.
Il prit d'importantes dispositions sur les sacrements et le Canon de la messe.
Il établit un tribunal pour les causes majeures ventilées dans les Églises selon le principe:
"l'usage romain doit prévaloir en Occident qui reçut la foi de Rome".
Le ton d'Innocent est péremptoire.
Premier pape à proclamer explicitement le rôle suprême du siège apostolique en ce qui concerne la doctrine.
Innocent fut parfois salué comme le 'premier pape'.
Il apporta un soutien à saint Jean Chrysostome (347-407) et à saint Jérôme (331-420) à leurs moments de détresse.
La controverse avec Pélage (354-419) qui minimisait le rôle de la grâce dans le salut de l'homme,
offrit à Innocent une excellente occasion de souligner le magistère doctrinale de Rome.
Saint Augustin lui écrivit en lui envoyant un exemplaire du traité de Pélage 'Sur la nature'.
Le roi wisigoth Alaric (+410) mit le siège devant Rome en 408.
Le pape se rendit à Ravenne avec une délégation pour demander à l'empereur Honorius (393-423) de négocier une trêve.
Mais le 24 août 410 Alaric prit Rome d'assaut et la pilla.
Innocent ne revint à Rome qu'en 412. A sa mort il fut inhumé dans le cimetière de Pontien sur la Via Portuensis
où son père Anastase 1er avait été enseveli également.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 28 juillet.
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Zosime
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417-418 | Grec, probablement d'origine juive (son père s'appelait Abraham).
Il avait été recommandé à Innocent 1er par saint Jean Chrysostome (347-407).
Son règne fut bref et agité; gâté par des bévues résultant aussi bien d'une connaissance insuffisante de l'Occident
que de son tempérament impulsif.
Son intervention dans la controverse pélagienne en Afrique fut maladroite.
Les évêques africains firent appel à l'empereur Honorius (393-423) à Ravenne, ce qui obligea Zosime à battre en retraite.
Une décrétale qui concernait Patrocle, évêque d'Arles (412-426) avec des mesures sans précédent souleva également un
vif ressentiment en Gaule.
Le manque de tact de Zosime éveilla une opposition considérable à Rome même.
Il est mort lorsqu'il s'apprêtait à excommunier un groupe de clercs qui intriguait contre lui à la cour de Ravenne.
Il fut inhumé à Saint-Laurent, sur la route de Tivoli.
Omis du Martyrologe de saint Jérôme (Ve siècle), il apparut sur celui d'Adon au IXe siècle.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête le 26 décembre. |
Boniface 1er | 418-422 | Romain de naissance.
A la mort de Zosime, pendant qu'un groupe de diacres et prêtres élisaient l'anti-pape Eulalius,
la grande majorité choisissait Boniface.
Tous deux furent sacrés séparément.
L'empereur Honorius (395-423) dut intervenir.
Un premier synode convoqué à Ravenne laissa la situation en l'état.
Honorius convoqua alors un concile plus représentatif comprenant des évêques de Gaule et d'Afrique.
En attendant, Boniface et Eulalius devaient quitter Rome.
Boniface obéit; mais Eulalius occupa la basilique du Latran par la force décidé à y présider les festivités pascales.
Le préfet de la ville, le païen Symmaque l'expulsa sans ménagement de la cité.
Honorius publiait alors un édit confirmant l'élection de Boniface. Le concile projeté fut abandonné.
Dans sa lutte contre le pélagianisme, Boniface se montra un ardent défenseur de l'orthodoxie.
Saint Augustin, évêque d'Hippone, dédicaça par une lettre à ce pape l'un de ses traités où il se défendait
des accusations calomnieuses de chefs pélagiens.
Boniface fit construire une chapelle dans le cimetière de Sainte-Félicité sur la Via Salaria,
où il fut inhumé à sa mort.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 4 septembre. |
Célestin 1er | 422-432 | Né à la Campanie italienne.
Juin 431, l'empereur Théodose II (408-450) convoqua
le 3e concile oecuménique à Éphèse, dont le champion fut saint Cyrille d'Alexandrie (412-444).
Le pape y envoya trois représentants.
Ce concile condamna Nestorius de Constantinople (428-431), qui s'en prenait au titre populaire de 'Mère de Dieu'
(Theotokos) donné à la Vierge Marie.
Cyrille présenta à Célestin 1er les opinions de Nestorius comme niant la divinité de Jésus, et il
les condamna au cours d'un synode romain en août 430.
Célestin combattit l'importante minorité novatianiste à Rome (Novatien, un rigoriste qui refusait qu'admette
à nouveau au sein de l'Église les "lapsi", ceux avaient apostasié sous la persécution).
Il entretint une correspondance avec saint Augustin en 418.
En juillet 428, il rappela aux évêques du sud de la Gaule qu'ils étaient sujets à sa surveillance.
En 429, il envoya une mission présidée par Germain d'Auxerre (378-448) en Grande-Bretagne pour y déraciner
le pélagianisme (doctrine qui minimisait le rôle de la grâce dans le salut de l'homme).
En 431, il sacra Pallade et l'envoya en Irlande comme premier évêque de ce pays.
La nouvelle basilique Sainte-Sabine fut construite pendant son règne.
Célestin fut inhumé dans le cimetière de Sainte-Priscile.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 6 avril. |
Sixte III | 432-440 | Ou Xyste. Romain de naissance.
Échangea une correspondance à propos du pélagianisme avec saint Augustin, grand adversaire de ce courant.
Réconcilia Cyrille d'Alexandrie (412-444) avec Jean d'Antioche (+441), qui s'étaient disputés
au cours du Concile tenu à Éphèse en 431.
Sixte fonda à Saint-Sébastien sur la Voie Appienne le premier monastère romain dont on ait gardé le souvenir.
Il répara aussi les destructions perpétrées par les Wisigoths en 410.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 28 mars. |
Léon 1er | 440-461 | Romain de naissance.
Dit "le Grand"; seul pape, avec Grégoire I, à porter cette épithète.
Élu pendant qu'il était en mission confiée par la cour impériale en Gaule.
Il fut sacré à son retour à Rome, le 29 septembre 440.
Toutes ses déclarations, et surtout ses sermons, respirent sa conviction
que l'autorité suprême dans l'Église avait été transmise, à partir de Saint Pierre, à chaque évêque de Rome.
Il obtient de l'empereur Valentinien III (425-455) un rescrit reconnaissant sa juridiction
sur toutes les provinces d'Occident.
En 449, il condamna Eutychès (+454) pour avoir enseigné le monophysisme.
Le pape stigmatisa de 'brigandage' (latrocinium) le concile tenu à Éphèse en août 449 qui réhabilita Eutychès.
L'affaire aboutit à un nouveau Concile oecuménique tenu à Chalcédoine (octobre451).
Il annula les décisions de celui d'Éphèse (449).
Les légats du pape y furent reçus avec honneur et les pères du Concile reconnurent en Léon 'la voix de Pierre'.
Léon annula le canon 28° qui faisait de Constantinople un patriarcat à l'égal de Rome le considérant contraire
aux canons de Nicée (325).
Il se montra particulièrement sévère avec les manichéens.
Dans le vide de l'autorité impériale, il fit d'abord face personnellement à Attila roi des Huns près de Mantoue (425),
et à Genséric roi de Vandales ensuite pour sauver Rome et les Romains (455).
Grand catéchète, ses sermons couvrent toute l'année liturgique.
En revanche, le 'Sacramentaire léonien' (VI-VII siècle) qu'on lui attribua, n'est pas de lui.
Déclaré 'docteur de l'Église' par Benoît XIV.
96 de ses sermons et 143 de ses lettres ont survécus.
A sa mort, il fut inhumé dans le porche de Saint-Pierre.
Ses restes furent transférés à l'intérieur de la basilique en 688.
Vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 10 novembre. |
Hilaire
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461-468 | Né en Sardaigne.
Envoyé du pape Léon au célèbre "brigandage d'Éphèse" ("latrocinium Ephesi", voir Léon 1er),
en août 449, il y faillit perdre la vie.
Homme de caractère, énergique.
Élu pape, il intervint souvent en Gaule et Espagne.
En Gaule, il s'efforça sans succès, de rassembler les évêques autour d'Arles en qualité de métropole.
Pour l'Espagne, il réunit un synode à Sainte Marie la Majeure (19 novembre 465) afin de résoudre le
conflit qui opposait le métropolite de Tarragone à l'évêque de Calahorra. C'est le premier synode romain
dont le procès verbal détaillé ait été conservé.
Il fit front au nouvel empereur Anthemius (467-472) qui avait l'intention d'autoriser une Église arienne à Rome.
Il fonda un monastère à Saint-Laurent extra muros, où il fut enterré.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 28 février. |
Simplice | 468-483 | Né à Tivoli.
Il fut témoin de la déposition du dernier empereur romain d'Occident, Romulus Augustus (septembre 476),
et de l'accession au pouvoir, comme roi d'Italie, du germanique Odoacre, arien;
ainsi que de l'établissement des royaumes barbares dans le reste de l'Occident.
En Orient, l'usurpateur Basilicos (475-476) permit au parti des monophysites, condamnés par le Concile de
Chalcédoine, de s'emparer des grands évêchés.
Il fut inhumé sous le porche de Saint-Pierre, près de Léon 1er.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 10 mai. |
Félix III
|
483-492 | De l'aristocratie romaine.
D'après l'Annuario pontificio, l'existence d'un antipape nommé
Félix III contemporain du pape Libère provoqua une numérotation erronée par la suite; ce pape aurait dû se nommer Félix II.
Intransigeant, il maintint ouvert le premier schisme Orient / Occident provoqué par le problème acacien et la
nomination d'un évêque monophysite pour le siège d'Antioche.
Le patriarche de Constantinople Acace fut en effet été excommunié par le pape Félix sous prétexte de monophysisme;
en retour, celui-ci raya le pape des diptyques (liste de personnes pour lesquelles on priait publiquement dans les messes)
Le schisme dura trente-cinq ans (484-519).
Père de famille avant de devenir moine, il est l'arrière-grand-père de Grégoire le Grand.
Il fut inhumé dans la basilique Saint-Paul.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 1er mars. |
Gélase 1er | 492-496 | Né à Rome, mais d'ascendance africaine, selon l'Annuario Pontificio.
Sous son règne, le schisme avec Byzance se poursuit.
Gélase se montra plus intransigeant encore que son prédécesseur Félix à l'égard du patriarche de Constantinople;
ce qui lui valut la réprobation de l'empereur Anastase 1er (491-519).
Gélase saisit toutes les occasions pour inculquer sa conviction de la suprématie du siège romain.
Il fut le premier pape à être salué du titre de 'Vicaire du Christ', dans le synode romain du 13 mai 495.
Sa contribution la plus originale fut sa théorie de 'deux pouvoirs', l'un résidant dans le pape et l'autre
dans l'empereur; mais l'autorité spirituelle était supérieure.
Cette théorie se trouve dans une lettre que le pape adressa à l'empereur Anastase 1er.
Écrivain prolifique, Gélase laissa plus de 100 lettres et fragments de lettres, ainsi que des traités théologiques.
Dix-huit formulaires de messe conservés par le Sacramentaire léonien (du VII siècle) remontent à lui.
Pendant ce temps-là, des rois barbares régnaient sur les provinces de ce qui avait été naguère l'empire romain d'Occident.
Les Ostrogoths de Théodoric avaient envahi l'Italie et assiégeaient le roi Odoacre dans Ravenne.
Lorsque Théodoric, un arien tolérant, élimina Odoacre, le pape établit de bonnes relations avec lui.
Avec Léon 1er, Gélase fut le pape le plus remarquable du Ve siècle.
Gélase utilisa sa fortune personnelle pour venir en aide aux pauvres et soulager la famine entraînée par les invasions.
Il a laissé le souvenir d'un bon théologien et d'un vrai saint, ainsi que le témoigne Denys-le-Petit
qui vécut à Rome de 500 à 550 et recueillit les avis des gens qui l'avaient connu.
Il fut inhumé à Saint-Pierre de Rome.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 21 novembre. |
Anastase II | 496-498 | Romain.
Conciliant dans le schisme acacien, à différence de ses prédécesseurs, il envoya une délégation
à l'empereur Anastase 1er (491-519) avec une lettre où il annonçait son élection et exprimait son désir
de voir l'unité de l'Église rétablie.
Théodoric l'Ostrogoth (493-526) envoya simultanément une ambassade conduite par Festus, doyen des sénateurs
romains, afin de négocier sa reconnaissance comme roi d'Italie.
Cette tentative du pape d'aboutir à une réconciliation avec l'Orient fut mal interprétée par un certain nombre
de clercs romains. On parla même de trahison. Un schisme était en cours, lorsque le pape mourut subitement.
On considère que avec lui s'éteignit pour très longtemps le dernier espoir d'une réunion antre l'Orient et l'Occident.
Dante le mit en Enfer justement pour sa supposée infidélité et son excessive clémence à l'égard d'une hérésie.
Une lettre apocryphe lui fut attribuée, dans laquelle il félicitait le roi Clovis (481-511) pour sa
conversion et son baptême par saint Remi (25 décembre 498).
En revanche, Anastase II envoya bien une lettre aux évêques de Gaule (498) pour condamner le 'tradutianisme'
(doctrine qui concerne la question de l'origine de l'âme humaine).
Il fut inhumé sous le portique de Saint-Pierre, et son épitaphe en vers a été conservé.
Il est vénéré par l'Église comme saint. |
Symmaque | 498-514 | Né en Sardaigne.
Il fut élu au Latran par une majorité du clergé mécontent de la position conciliant d'Anastase II
à l'égard du déjà ancien schisme d'Acace (482-519).
Mais une minorité des clercs romains qui était favorable à la poursuite de la détente avec Constantinople
élut au même temps Laurent, à Sainte-Marie-la-Majeure.
Les deux factions demandèrent à Théodoric, roi ostrogoth d'Italie (493-526), tout arien qu'il fut, de trancher.
Du fait que Symmaque avait été élu le premier, par une majorité de clercs, le roi se prononça en sa faveur.
Laurent se soumit d'abord à la décision, et fut nommé évêque de Nuceria en Campanie.
En attendant, un synode romain décréta qu'il n'y avait sur terre aucune autorité au dessus du pape
et que celui-ci ne pouvait être jugé par personne en ce monde, le pape étant juge suprême (1er mars 499).
Les nobles romains, dont le sénateur Festus, étaient décidés à chasser Symmaque de Rome, et l'accusèrent
auprès du roi Théodoric, lequel convoqua Symmaque à Ravenne.
Celui-ci s'y rendait, lorsque, en cours de route, il apprit les accusations qui avaient été portées à Ravenne
contre lui. Il paniqua, et retourna à Rome, se réfugiant à Saint-Pierre.
Ceci apparut comme une reconnaissance de sa culpabilité; et Théodoric s'excita contre lui.
Le roi confia à un synode le soin de juger la situation de Symmaque.
Dans sa 2me session, le synode décida qu'aucun tribunal ne pouvait juger le pape, juge suprême.
Pour sa part, Théodoric, brouillé politiquement avec Byzance et ses alliés romains, fut amené à
confirmer l'acquittement de Symmaque par le synode et ordonna à Festus de faire de manière qu'il
n'y eut qu'un pontife à Rome. Laurent dut se retirer définitivement.
Ce pape envoya le pallium au célèbre évêque d'Arles, Césaire (502-542); c'était la première fois que
cet insigne était conféré à un évêque hors Italie.
Il fut inhumé sous le portique de Saint-Pierre.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 19 juillet. |
Hormisdas | 514-523 | Né à Frosinone. Il porte un nom persan.
Noble et riche, il avait eu toute la confiance de pape Symmaque, qui le désigna probablement comme successeur.
Chef de famille avant de devenir moine, Hormisdas est le père de Silvère, pape de 536 à 537.
Homme de paix, il commença par recevoir à la communion les partisans de l'anti-pape Laurent (+508).
Mais il joua surtout un rôle décisif dans le règlement du long schisme acacien (484-519).
Avec l'accord de Théodoric, roi d'Italie, et surtout du nouvel empereur d'Orient Justin 1er (518-529),
un document soigneusement élaboré par le pape fut signé à Constantinople le 28 mars 519, par le patriarche Jean
et tous les évêques et supérieurs de monastère présents.
Ce document impliquait essentiellement l'acceptation de la christologie de Chalcédoine; mais reconnaissait aussi
Rome comme le siège apostolique par excellence.
Ce document a été retenu par l'histoire sous le nom de Formulaire d'Hormisdas et sera souvent invoqué par la suite.
Le 'Formulaire de Hormisdas' fut incorporé dans la Constitution dogmatique Pastor aeternus
par le Concile Vatican I le 18 juillet 1870.
Hormisdas entretint une correspondance avec les principaux évêques de Gaule, surtout Césaire d'Arles (+542)
et Avitus de Vienne (+519).
Peu avant sa mort, il eut la satisfaction de savoir que la persécution des chrétiens en Afrique avait pris fin
avec la mort du roi vandale Thrasamond (28 mai 523).
Il fut enseveli à Saint-Pierre.
Son fils, le pape Silvère, composa pour lui l'épitaphe.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 6 août. |
Jean 1er | 523-526 | Toscan.
Il avait soutenu jadis l'anti-pape pro-oriental Laurent, mais fit sa soumission à Symmaque (16 septembre 506).
Son élection reflétait le renforcement du groupe pro-oriental suite à l'union obtenue par Hormisdas.
Dans cette ligne, et sous le conseil de Denys le Petit, Jean fit adopter par l'Occident la date de Pâques
selon la pratique alexandrine.
Ami de Boèce (480-524), philosophe et homme d'État, lequel lui dédicaça quelques-uns de ses livres.
L'empereur Justin 1er (518-527) remit en vigueur des anciennes lois contre les hérétiques, et commença
à persécuter les ariens dans ses domaines, parmi eux de très nombreux Goths.
L'Ostrogoth Théodoric le Grand (493-526), arien, roi d'Italie résidant à Ravenne, obligea le pape à se rendre
à Constantinople afin d'obtenir de l'empereur byzantin le retour à l'arianisme des sujets convertis par force.
La mission ayant échoué, Théodoric, maladivement soupçonneux craignant la trahison, avait déjà fait exécuter
Boèce, son propre ministre, et on s'attendait le même sort pour le pape.
Mais Théodoric se contenta de le garder à Ravenne, à sa disposition.
Le pape, âgé et malade, fatigué de sa mission en Constantinople ne tarda à y mourir.
Son corps fut ramené à Rome et inhumé dans la nef de Saint-Pierre.
Son épitaphe le salue du titre "victime pour le Christ".
Jean 1er est vénéré par l'Église comme saint et martyr. Fête, le 18 mai.
Le triangle des pouvoirs, Ravenne / Rome / Constantinople, s'impose de plus en plus au cours de ces siècles.
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Félix IV
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526-530 | Né à Sannio.
Félix IV aurait dû s'appeler Félix III, car l'existence d'un anti-pape nommé Félix III contemporain du pape Libère
provoqua une numérotation erronée par la suite (cf l'Annuario Pontificio du Vatican).
Après ce pape il n'y aura plus de pape Félix.
Il était le candidat de Théodoric, roi d'Italie (493-526) qui voulait comme pape un ami sûr des Goths.
Théodoric mourut peu après l'élection du pape (le 30 août 526), mais Félix IV garda de bonnes relations avec
son petit-fils et successeur Athalaric (526-534) et sa fille Amalasonte, qui était régente.
On doit à ce pape de magnifiques mosaïques à Rome.
Sur l'une d'elles, à l'église Saint Côme et Damien, figure son propre portrait.
C'est la plus ancienne représentation d'un pape qui ait été conservée.
Il entretint une correspondance avec saint Césaire d'Arles (502-541) au sujet de la préparation des candidats au sacerdoce.
Lorsqu'il vit la fin s'approcher, il rassembla autour de son lit ceux qui lui était acquis dans le clergé
et le sénat et désigna pour lui succéder son archidiacre Boniface, à qui il remit même son pallium.
La majorité du sénat réagit contre cet acte.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 23 septembre. |
Boniface II | 530-532 | Fils de Sigisvult, il fut le premier pape d'origine
germanique (gothe), quoique né à Rome.
Il avait été désigné par Félix IV sur son lit de mort pour lui succéder sur le siège pontifical.
Mais le sénat s'y opposa et fit élire au Latran le diacre Dioscore.
La minorité du clergé, composée de membres du parti pro-goth élut dans une salle voisine Boniface.
Mais le schisme fut de courte durée, car Dioscore mourut vingt-deux jours après son élection.
Les clercs qui l'avaient élu, privés de chef, reconnurent Boniface.
Le pape fit par la suite de notables efforts pour rétablir l'unité dans sa communauté divisée,
comme le rapporte son épitaphe.
Boniface voulait lui aussi s'assurer un successeur pro-goth, et au cours d'un synode tenu à Saint Pierre il désigna
comme prochain pape le diacre Vigile et obligea le clergé à y souscrire par serment.
Cette démarche souleva l'indignation à Rome et probablement aussi à Ravenne.
Boniface fut obligé à battre en retraite et, en présence du sénat, il reconnut avoir outrepassé ses droits
et brûla le document signé devant le tombeau de Saint Pierre.
Il incomba à ce pape de confirmer le 25 janvier 531 les actes du deuxième synode d'Orange (juillet 529)
qui mit fin à la controverse sur la grâce.
Vers le début de son pontificat, vers 530, Benoît de Nursie fonda à Monte Casino l'ordre bénédictin qui
aura très vite un grand rayonnement sur toute l'Europe.
Boniface fut inhumé à Saint Pierre. |
Jean II
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533-535 | Romain.
Déjà âgé, il fut élu comme pape de compromis et de transition.
En effet, la mort de Boniface fut suivie d'une période d'intrigues et de corruption.
Il fut le premier pape à changer de nom (il s'appelait Mercurius). Il prit le nom du martyr Jean 1er.
Jean était en bons termes tant avec Athalaric, roi ostrogoth d'Italie (526-534)
qu'avec l'empereur d'Orient Justinien 1er (527-565).
Celui-ci s'adressa à "l'Église tête de toutes les Églises" pour poser une question dogmatique qui
contenait la formule théospasquiste ("un de la Trinité a souffert")
laquelle avait été refusée par le pape Hormisdas, comme susceptible d'être mal interprétée.
Jean répondit en acceptant la formule comme orthodoxe.
Cette position de Jean a souvent été citée comme un cas de contradiction entre un pape et un de ses
prédécesseurs sur un point de doctrine. |
Agapet 1er | 535-536 | Romain, de naissance aristocratique.
Cultivé, il avait une bibliothèque patristique dans sa maison sur le mont Caelius.
Il dressa avec Cassiodore (490-580), homme d'État et écrivain, le plan d'une université
chrétienne à Rome suivant le modèle des académies d'Alexandrie et de Nisibie en Mésopotamie.
Sévère avec les prêtres d'Afrique du Nord qui s'étaient convertis à l'arianisme au passage des Vandales et qui
voulaient rentrer dans le bercail orthodoxe.
Il refusa aussi aux prêtres ariens convertis à l'orthodoxie d'exercer un ministère au sein de l'Église catholique.
Agapet mourut à Constantinople, où il avait été envoyé par Théodat, dernier roi ostrogoth d'Italie (534-536)
pour négocier la paix avec l'empereur Justinien 1er (527-565).
Celui-ci s'apprêtait en effet à envahir l'Italie, royaume germanique depuis 476.
Le meurtre d'Amalasonte, fille du roi Théodoric, par Théodat, lui fournit le prétexte.
Le corps d'Agapet fut ramené à Rome et inhumé à Saint Pierre.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 22 avril. |
Silvère
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536-537 | Né à Frosinone, la Campanie italienne, fils du pape Hormisdas.
A la mort d'Agapet, il a été imposé par la terreur comme pape par Théodat (534-536) dernier roi ostrogoth
d'Italie qui voulait à tout prix un pape pro-goth, vu qu'une invasion militaire venue de l'Orient menaçait son propre trône.
Une fois sacré, Silvère se trouva pris dans un réseau fatal d'intrigues.
L'impératrice Théodora, qui voulait la réhabilitation du patriarche Anthime, déposé par Agapet 1er,
fit un pacte avec le diacre romain Vigile, alors nonce à Constantinople, s'engageant à le faire nommer pape
s'il se compromettait à accorder cette réhabilitation après son intronisation pontificale.
Vigile accepta et regagna Rome où il trouva Silvère déjà installé depuis le 8 juin 536.
En attendant, les troupes de Bélisaire, général de l'empereur Justinien 1er (527-565) mettaient en déroute
les forces de Théodat, roi d'Italie, et occupèrent Rome le 10 décembre 536.
Une de ses premières mesures fut de déposer le pape pro-goth fraîchement élu et de l'exiler à Patara, port de Lycie (en Anatolie).
Vigile fut sacré et occupa le siège apostolique, Silvère étant encore en vie.
Justinien, à instances de l'évêque où le pape était exilé, le fit revenir à Rome.
D'où il sera définitivement chassé par Bélisaire, cette fois-ci vers Palmaria, une île du golfe de Gaète,
où le pape est mort peu après de faim.
Il fut inhumé dans l'île.
Il est vénéré par l'Église comme saint et martyr. Fête, le 20 juin. |
Vigile
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537-555 | De la noblesse romaine.
Le pape Boniface (530-532), qui voulait s'assurer un successeur pro-goth, désigna au cours d'un synode
tenu à Saint Pierre le diacre Vigile et obligea le clergé à y souscrire par serment.
Cette démarche souleva l'indignation à Rome.
Boniface fut obligé à battre en retraite et, en présence du sénat, il reconnut avoir outrepassé ses droits
et brûla devant le tombeau de Saint Pierre le document signé.
Vigile fut envoyé alors comme apocrisiaire (nonce) à Constantinople, où il devint un confident de l'impératrice
monophysite Théodora.
Le thème du 'monophysisme', condamné par le concile de Chalcédoine (451), va déborder alors sur le plan politique.
L'impératrice lui promit d'obtenir pour lui le trône pontifical s'il s'engageait à rétablire le patriarche
Anthime, monophysite, sur le siège de Constantinople. A la mort du pape Agapet, Vigile regagna Rome,
où il trouva le nouveau pape Silvère déjà installé.
Bélisaire, commandant victorieux des troupes de Théodat (534-536) dernier roi ostrogoth d'Italie
chassa Silvère (pro-goth) et imposa Vigile comme pape.
En attendant, l'empereur Justinien, convaincu de s'attirer la confiance des nombreux monophysites de l'empire,
jeta l'anathème sur les 'Trois chapitres', autrement dit sur trois
théologiens fidèles au Concile de Chalcédoine, Théodore de Mopsueste (+ 428), Théodoret de Cyr (+ 458)
et Ibas de Édesse (+ 457).
Et il fit venir le pape Vigile à Constantinople afin de faire pression sur lui et obtenir de sa part cette condamnation.
Les décisions de Chalcédoine étaient trop chères à tout l'Occident pour que le pape osât les contre-dire.
La situation du pape était difficile.
Vigile essaya de fuir; il fut arrêté et traité en prisonnier.
Vigile s'enfuit une deuxième fois le 23 décembre 531 se réfugiant dans une église de Chalcédoine
où il publia deux lettres en essayant de justifier sa conduite.
En attendant, Justinien convoqua le 5me concile oecuménique pour le 5 mai 553 dans la ville impériale, Constantinople.
Le pape n'y assista pas. Isolé et malade, le moral brisé, Vigile finit par s'accommoder
autant que possible des désirs de l'empereur.
Enfin, il est autorisé à regagner Rome, mais Vigile resta encore une année à Constantinople
où il obtint de Justinien la "Pragmatique Sanction" (13 août 554) destinée à
rétablir un gouvernement impérial bien réglé en Italie et assurait à l'Église d'importants droits et privilèges.
A l'approche du printemps 555, Vigile s'embarqua enfin pour Rome, mais il succomba avant d'arriver, à Syracuse, Sicile
le 7 juin 555.
Ses restes furent ramenés à Rome. Mais, vue son impopularité, ils ne furent inhumés à Saint Pierre
mais à Saint Marcel sur la Via Salaria. .
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Pélage 1er | 556-561 | Romain; riche et noble de naissance.
Apocrisiaire (nonce) du pape Vigile à Constantinople, il devint conseiller de l'empereur Justinien 1er (527-565).
En 546, de retour à Rome, lorsque la ville fut assiégée par le roi goth Totila, il joua un rôle notable
comme vicaire du pape absent. Il intervint auprès de Totila afin d'éviter un massacre.
Revenu à Constantinople en 551, il s'engagea dans les controverses en cours auprès de son maître le pape Vigile
retenu par force dans la ville impériale.
Fidèle à Vigile, il eut à subir les mêmes vexations et souffrances.
La suspicion d'avoir participé par faiblesse à la condamnation des Trois chapitres, et par conséquent
d'avoir trahi le Concile de Chalcédoine, le suivra jusqu'à sa mort.
En attendant, Justinien n'avait jamais cessé d'admirer Pélage malgré leurs différends, et souhaitait
même que Pélage soit le prochain pape.
A la mort de Vigile, il revint donc à Rome comme candidat impérial à la papauté.
Il y fut reçu avec hostilité, au point qu'on trouva difficilement deux évêques disposés à le sacrer évêque.
Bien de nobles et de religieux rompirent la communion avec lui.
La Gaule et les grands diocèses italiens sont restés réticents à son égard jusqu'à sa mort.
Pélage fut cependant un pape compétent et dynamique.
Il s'occupa efficacement des pauvres, de la morale du clergé, des finances du Saint-Siège et de la réorganisation
des structures sociales défaites par les guerres gréco-germaniques sur le territoire italien.
Il fut inhumé dans Saint Pierre. Son épitaphe lui attribue plus de succès qu'il n'en avait eu en réalité. . |
Jean III
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561-574 | Romain, son père était sénateur et gouverneur en provence.
Cultivé; conciliant. Les diocèses 'en froid' avec Rome après le règne de Pélage, reprennent la communion
avec le siège apostolique.
En 568, les Lombards, avec à leur tête le roi Alboïn, envahissent une grande partie d'Italie.
Ils ne rencontrèrent que peu de résistance, car le successeur de Justinien, l'empereur Justin II (565-578)
avait renvoyé le général Narses, exarque (vice-roi) en Italie.
Le pape eut à souffrir de cette invasion.
Il quitta Rome pour s'établir un temps à Naples où séjournait Narses, que le pape essaya en vain de convaincre
de prendre la situation en main.
Le rapprochement avec Narses le rendit impopulaire, et le pape retourna à Rome s'établissant sur la Voie Appienne,
auprès de l'église des Saints Tiburce et Valérien.
Il s'y acquitta avec sérieux de toutes ses tâches pontificales.
Il acheva l'église des Saints Philippe et Jacques (aujourd'hui des Saints Apôtres) commencée par son prédécesseur
pour célébrer les victoires de Narses.
Celui-ci vint aussi à Rome, où il mourut octogénaire en 573/574.
Le pape mourut peu après, le 13 juillet 574. Il fut inhumé à Saint Pierre. .
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Benoît 1er | 575-579 | Romain de naissance.
Il dut attendre onze mois, après son élection, l'arrivée de Constantinople
de l'approbation impériale nécessaire pour le sacre.
Il déploya une activité pastorale exceptionnelle, ordonnant pas moins de vingt évêques.
Il fit sortir de son monastère le futur grand pontife Grégoire I et se l'attacha à son service immédiat.
Pendant l'été 579, les Lombards assiégèrent Rome.
Constantinople n'était pas en mesure d'envoyer des renforts, car l'empereur Tibère II (578-582)
était en guerre avec les Perses.
Pendant que le siège s'intensifiait et que la famine sévissait dans la ville, Benoît mourut.
Il fut inhumé dans la sacristie de Saint-Pierre. |
Pélage II | 579-590 | Romain d'origine germanique, fils d'un Goth dénommé Unigild.
Il fut élu pendant le siège de Rome par les Lombards.
On n'a pas attendu l'approbation de Constantinople pour procéder à son sacre,
mais son règne fut officiellement daté à partir de l'arrivée du document.
Pendant que l'empereur Tibère II (578-582) était toujours en guerre avec les Perses,
Pélage fut le premier pape à faire appel au roi des Francs, par l'intermédiaire de l'évêque d'Auxerre, Aunarius:
sans résultat.
En 585, cependant, Smaragde, exarque (vice-roi) impérial à Ravenne, négocia un armistice avec les Lombards
qui dura jusqu'en 589. Le pape profita de cette accalmie et des communications rétablies avec le Nord de l'Italie
pour correspondre avec les évêques de cette zone qui avaient rompu la communion avec Rome à la suite de l'affaire
de la condamnation supposée des Trois chapitres par le pape Vigile.
Sous Pélage, le 3me concile de Tolède proclama solennellement la conversion au christianisme des Wisigoths,
gouvernés alors par le roi Recarède (586-601).
Ce pape fut un bâtisseur actif; on lui doit, entre autres, la restauration de la basilique
de Saint Laurent extra muros, où l'on peut admirer son portrait en mosaïque de l'époque.
Pélage querella le patriarche de Constantinople, au sujet du titre de 'oecuménique'.
Le pape fut l'une des premières victimes de la peste qui ravagea Rome en 590.
Il fut inhumé sous le portique de Saint Pierre. |
Grégoire 1er | 590-604 | Appelé comme Léon 1er, "le Grand".
Seulement ces deux papes portent cette épithète dans l'Église.
Romain, membre d'une riche famille patricienne, qui avait donné déjà deux papes à l'Église: Félix III et Agapet 1er.
Étant préfet de Rome (572-574), il renonça à sa charge pour se faire moine.
Il transforma sa maison familiale sur le mont Caelius en monastère et fonda six autres monastères
en Sicile sur des propriétés familiales.
Ordonné diacre, le pape Pélage II l'envoya (579) à Constantinople comme apocrisiaire (nonce).
Le 3 septembre 590, il fut élu pape à l'unanimité, contre son gré, pendant que la grande peste ravageait Rome.
Il supplia qu'on le laisse simple moine.
Il alla jusqu'à demander à l'empereur Maurice (582-602) de refuser son élection.
Contraint au sacre, il montra dans ses premières lettres combien il souffrait d'avoir été arraché a la vie monastique.
Son titre préféré était: 'servus servorum Dei'.
Il se montra un pontife vigoureux et sûr de lui, dont le règne fut décisif pour l'histoire ultérieure de l'Église.
Il affronta personnellement la menace lombarde pesant sur Rome, concluant une trêve avec le duc Aliulf et
pactant ensuite avec le roi Agilulf.
Grégoire assumait l'autorité abandonnée par les civils responsables en titre devenant pratiquement, pendant ces années,
le souverain d'Italie.
Son activité pastorale était importante, au delà de Rome et de l'Italie.
Il envoya une mission pour évangéliser l'Angleterre, composée de quarante moines présidés par l'abbé
d'un de ses monastères à Rome, et qui sera vénéré plus tard comme saint, Augustin de Cantorbéry.
Il noua des liens avec l'Espagne wisigothique où il trouva des amis dans la personne de Léandre de Séville (+600)
et du roi catholique Reccared.
Premier pape a avoir été moine, il était un admirateur de Benoît de Nursie (480-550), et se fit propagateur du
monachisme. Il choisit parmi les moines les membres de son entourage.
Ses efforts en vue de mettre fin au schisme de l'Istrie et la Vénétie échouèrent.
Il laissa un bon nombre d'écrits, très lus déjà dès son vivant.
Le 'Sacramentaire grégorien' est une compilation postérieur.
Il fut inhumé à Saint Pierre. Son épitaphe le salue du titre de 'consul de Dieu'.
Il est vénéré comme saint et docteur de l'Église. Sa fête est fixée au 3 septembre |
Sabinien | 604-606 | Né à Volterra, en Toscane.
Il avait été apocrisiaire (nonce) de Grégoire I à Constantinople.
Rappelé, il prit part à une mission pontificale en Gaule.
Il fut élu pape en mars 604 mais dut attendre jusqu'au mois de septembre l'arrivée de la confirmation impériale.
A différence de son prédécesseur qui s'entoura de moines, Sabinien fit appel à des clercs séculiers.
La famine sévissait toujours à Rome qui vivait sous la menace des Lombards.
Sa manière de soulager la famine contraste avec celle de son prédécesseur qui avait distribué
gratuitement le blé des greniers pontificaux. Sabinien le contrôla étroitement et le vendit.
Ce pape est mort impopulaire, au point que son cortège funéraire dut faire
un détour hors les murailles pour atteindre Saint-Pierre, où il fut inhumé. |
Boniface III | 607-607 | Romain, d'origine grecque.
Il régna moins de neuf mois.
Comme apocrisiaire (nonce) à Constantinople sous Grégoire 1er et, ensuite, comme pape, il entretint
d'excellentes relations avec l'empereur Phokas (602-610).
Lorsque Boniface est devenu pape, Phokas publia une déclaration officielle, semblable à celle de Justinien 1er (527-565),
reconnaissant Rome comme 'tête de toutes les Églises'.
A son tour, le pape fit ériger à Rome une statue dorée à l'effigie de l'empereur grec.
Ce qui ne fit pas plaisir à tout le monde, car Phokas était considéré comme un tyran par ses subordonnés. |
Boniface IV | 608-615 | Né dans le territoire dit 'dei Marsi'
(aujourd'hui province de L'Aquila) au sein d'une famille riche; fils de médecin.
Disciple de Grégoire 1er, comme le souligne son épitaphe, il l'imita allant jusqu'à faire de sa
propre maison familiale un monastère. Devenu pape, il favorisa la vie monastique.
Famine, peste et calamités naturelles ont marqué la période de son pontificat.
Il entretint de bonnes relations avec les autorités de Constantinople, l'empereur Phokas (602-610)
et, ensuite, avec son successeur Héraclius (510-641).
L'empereur Phokas l'autorisa convertir le Panthéon romain en temple consacré à la Vierge Marie et à tous les martyrs.
Boniface le remplit de reliques provenant des catacombes.
C'était la première fois qu'on franchissait le pas transformant un temple païen en église chrétienne à Rome.
Par l'entremise de Mellitus (+624), évêque de Londres, qui se trouvait à Rome au moment du synode romain de 610,
Boniface envoya des lettres à Laurent, archevêque de Cantorbéry, au roi Ethelbert de Kent et au peuple anglais.
Saint Colomban (543-615), apôtre d'Irlande, lui écrivit au sujet des célèbres
'Trois chapitres' (qui résumaient les thèses monophysites condamnées par Chalcédoine)
qui continuait à envenimer les rapports entre Églises.
Boniface fut inhumé à Saint-Pierre.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Sa fête est fixée au 25 mai. |
Adéodat 1er | 615-618 | Ou Deusdedit. Romain. Âgé lorsqu'il est devenu pape.
Il était le candidat du parti hostile à la politique pro-monastique de ses prédécesseurs.
Le Liber pontificum note qu'il 'aimait beaucoup ses clercs et les nommait aux charges de préférence
aux religieux'.
D'après son épitaphe, il fut 'simple, pieux, sage et perspicace'.
Pendant son règne, les troupes byzantines en Italie, qui n'avaient pas touché leur solde, se mutinèrent
et massacrèrent l'exarque (vice-roi) Jean et d'autres fonctionnaires à Ravenne.
Sur son lit de mort, Adéodat fit le premier legs attesté d'un pape à son clergé.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Sa fête est fixée au 8 novembre. |
Boniface V | 619-625 | Napolitain.
Représenta, comme son prédécesseur, la réaction contre la politique pro-monastique de Grégoire 1er.
Administrateur efficace. Généreux. Il confirma le 'droit d'asile' dans les églises.
Il aligna la pratique ecclésiastique en matière de legs sur le droit civil.
S'intéressa particulièrement à l'Église anglaise.
Il écrivit directement à Edwin, roi de Northumbrie, et à son épouse; Ethelburge, déjà chrétienne, dans le but
d'obtenir la conversion du roi et de ses sujets à la foi chrétiennes.
A l'exemple d'Adéodat, il légua ses biens personnels a son clergé.
Le soin de confirmer l'élection papale, privilège de l'empereur byzantin, fut délégué par Héraclius (610-641)
à partir de cette époque à l'exarque (vice-roi) byzantin de Ravenne. |
Honorius 1er | 625-638 | Né à la Campanie italienne au sein d'une famille
aristocratique et riche; fils du consul Petronius.
Il prit comme modèle Grégoire 1er.
Sa maison familiale près du Latran était du style monastique.
Et, pontife, il s'entoura de moines, plutôt que de clercs séculiers.
Sous son règne eut lieu le premier cas connu d'exemption de la juridiction épiscopale d'un groupe religieux:
l'abbaye de Bobbio dans les Apennins.
Bon administrateur des affaires ecclésiastiques, mais aussi temporelles de Rome.
Il se distingua, par exemple, dans la construction d'aqueducs.
Après sa mort, le 3e concile de Constantinople, sixième oecuménique (680-681), dont les actes furent
ratifiés par Léon II, condamna une des thèses soutenues par ce pape au sujet de la 'volonté' du Christ (monothélisme).
Cette affaire a été source de gêne et de discussions depuis le XVe siècle, surtout lorsqu'il a été question
de l'infaillibilité pontificale, comme au Concile Vatican 1er.
On a généralement répondu que le pape, en ce cas précis, avait été imprudent plutôt qu'hérétique.
Son épitaphe à Saint-Pierre le salue comme 'Chef des gens du commun'. |
Séverin
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640-640 | Romain.
Une grande tension régnait toujours entre Rome et Constantinople au sujet du thème dogmatique du
'monothélisme' (doctrine concernant 'la volonté' du Christ) devenu une arme politique dans
le mains de l'empereur Héraclius (610-641).
Un certain nombre de postes importants dépendait de l'acceptation de cette doctrine, y compris le siège pontifical.
Séverin dut attendre près de vingt mois l'arrivée du mandat impérial nécessaire au sacre pontifical.
L'Église romaine appréciait désormais mieux les enjeux liés à ce thème qu'à l'époque de Honorius 1er.
Les envoyés à Constantinople pour obtenir le mandat ne purent regagner Rome qu'après de longues négociations
et la promesse de faire de leur mieux pour obtenir la signature de Séverin favorable au 'monothélisme'.
Le pape ne tarda pas à mourir sans avoir rien signé.
En attendant, le pape fut soumis à une dure pression et à un traitement brutal.
Séverin et d'autres clercs de haut rang furent enfermés au Latran pendant que le trésor papal fut pillé
par les troupes byzantines sous prétexte que les arriérés de solde des troupes étaient retenus là
depuis Honorius 1er.
A différence de son prédécesseur, son règne de deux mois seulement se plaça dans
la ligne dite 'anti-monastique'.
Il fut inhumé à Saint-Pierre.
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Jean IV
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640-642 | Dalmate.
Son père Vénance était conseiller juridique de l'exarque (vice-roi) de Ravenne.
Il dut attendre cinq mois l'arrivée du mandat impérial autorisant son sacre.
Pendant ce temps-là, il envoya une lettre aux évêques irlandais au sujet de la date de la célébration de Pâques et
de la secte pélagienne toujours présente en Irlande.
Il la signa, avec l'archiprêtre Hilaire, en se dénommant 'vice-régents du Siège apostolique'.
Il s'intéressa aux chrétiens de son pays d'origine, la Dalmatie.
Il y envoya un abbé appelé Martin pour racheter les chrétiens qui avaient été faits esclaves par les envahisseurs avares
et slaves.
Il fit bâtir une chapelle au Latran consacrée aux martyrs dalmates.
Son portrait en mosaïque s'y trouve sur l'abside.
A sa mort, il légua des biens à son clergé romain.
L'élection de ce pape répondait aussi, comme dans les cas précédents, au cercle 'anti-monastique'.
Ce mouvement s'endormira plus ou moins par la suite pour réapparaître autrement au XVIe siècle incarné
par la Réforme luthérienne.
Les porte-drapeau du 'mouvement monastique' pendant la présente période étaient les clercs grégoriens,
le prestige et la spiritualité de Grégoire 1er jouant en leur faveur. |
Théodore 1er | 642-649 | Né à Jérusalem, d'origine grecque.
En exile à Rome, à cause probablement des invasions arabes de son pays.
Le débat 'monothéliste' était toujours vivant; et l'élection de ce pape oriental n'était pas étrangère à cette
affaire, les électeurs espérant avoir en lui le candidat idéal pour faire face aux pressions de Constantinople.
Théodore écrivit plusieurs lettres vigoureuses concernant ce débat aux autorités civiles et religieuses byzantines.
L'empereur Constant II (641-668) voyant que le 'monothélisme' ne faisait qu'accroître les divisions dans l'empire
promulgua en 648 un édit connu sous le nom de Typos, 'Règle', lequel
interdisait désormais toute discussion à ce sujet obligeant à s'en tenir strictement aux seules décisions des
cinq premiers Conciles oecuméniques. Car les divisions faisaient aussi vaciller son trône.
Théodore aurait probablement refusait cet édit, mais il n'eut pas le temps de formuler son avis puisqu'il est mort
entre temps.
On a gardé de ce pape le souvenir de sa générosité envers les pauvres. |
Martin 1er | 649-655 | Né à Todi (Italie).
Il avait été apocrisiaire (nonce) de Théodore 1er à Constantinople où il apprit à connaître à fond les
personnalités dirigeantes de cette ville et se familiarisa avec la doctrine du 'monothélisme' alors prévalente.
Courageux et résolu, il provoqua la colère de l'empereur Constant II (641-668) en ne lui faisant pas part
de son élection comme pape. L'empereur refusa de le reconnaître comme pape légitime.
Martin assembla aussitôt dans l'église du Latran un synode de cinq cents évêques lesquels, contrevenant
le récent édit impérial (648) dénommé Typos, condamnèrent sans plus le 'monothélisme'.
L'empereur Constant II, sous prétexte d'une trahison à laquelle le pape aurait pris part, le fit amener en
Constantinople où Martin fut jugé et condamné à mort pour haute trahison.
A la prière du patriarche orthodoxe Paul II (641-653) alors mourant, la sentence fut commuée en exil
dans la Chersonèse, en Crimée, près de Sébastopol, où il mourut.
Il fut inhumé dans une église dédiée à la Vierge Marie.
Son successeur, Eugène 1er, fut élu pendant que Martin était encore vivant.
Martin 1er est le dernier pape à être vénéré par l'Église en qualité de martyr.
Sa fête est fixée au 13 avril. Il est vénéré aussi par l'Église grecque. |
Eugène 1er | 654-657 | Romain. Élu le 10 août 654, déjà âgé,
sous la pression de l'empereur Constant II (641-668) pendant que son prédécesseur, Martin, était encore vivant,
exilé dans la Chersonèse en Crimée.
Son pontificat n'est considéré légitime, par beaucoup, qu'à partir de la mort de Martin 1er,
c'est-à-dire à partir du 16 septembre 655, date de la mort de celui-ci.
Le problème du 'monothélisme' continuait à envenimer, de façon difficilement compréhensible aujourd'hui,
toute la vie religieuse, civile et politique de l'époque.
Ce pape a été généreux et conciliant.
Toutefois, Constant II s'apprêtait à faire tomber sur lui le même sort qu'à son prédécesseur, lorsque la mort l'emporta.
Il fut inhumé dans Saint-Pierre.
Passé sous silence par les martyrologes anciens, il fut inséré dans la liste de saints par le célèbre historien
ecclésiastique Cesare Baronius (1538-1607). Il est ainsi vénéré par l'Église comme saint le 2 juin. |
Vitalien
|
657-672 | Né à Segni, près de Rome.
L'empereur Constance II (641-668), bourreau de Martin I, vint à Rome et fut reçu avec les honneurs dues à son son rang.
A son tour, l'empereur confirma par un rescrit les privilèges de l'Église de Rome.
Ce qui ne l'empêcha pas de dépouiller le Panthéon, alors église chrétienne, et d'autres églises romaines.
Séjournant en Sicile, il déclara Ravenne siège ecclésiastique autocéphale.
Lorsque l'empereur fut assassiné en Sicile, Vitalien soutint loyalement la candidature de son fils
Constantin IV (668-685) comme successeur à la pourpre impériale.
Vitalien approuva de bon cœur la décision du roi Oswy de Northumbrie, Angleterre (655-670)
d'accorder certains rites et surtout la célébration de la fête de Pâques à la pratique romaine,
à la place de la date celtique.
Il est vénéré par l'Église comme saint; sa fête est fixée au 27 janvier. |
Adéodat II | 672-676 | Romain; moine de Saint-Érasme sur le mont Caelius.
Déjà âgé lorsqu'il fut élu.
Il fut apprécié par sa générosité. L'usage selon lequel les papes léguaient à leur clergé des biens et de meilleurs
rémunérations à leur mort se confirma avec ce pape.
Pendant son règne, renaît à Rome l'intérêt pour Martin 1er et Maxime le
Confesseur (580-662), tous deux martyrs sous l'empereur Constance II (641-668).
Saint Ouen, évêque de Rouen, qui laissa son nom à plusieurs localités et temples en France, fit un pèlerinage à Rome en 674-675 et visita le pape Adéodat II ainsi que les tombeaux des Apôtres et distribua des aumônes aux pauvres, comme le rapporte Vagandard dans son histoire du saint évêque, ancien chancelier du roi Dagobert. Il fut l'un des rares évêques de Gaule à faire ce type de pèlerinage à cette époque-là. |
Donus 1er
|
676-678 | Ou Done. Romain.
Âgé à son élection.
Constantinople désirait de plus en plus rétablir l'unité avec le Saint-Siège, rompue depuis des décennies par la
malheureuse controverse monothélite.
L'empereur Constantin IV (668-685) fit pression sur le patriarche Théodore (677-679)
pour qu'il écrive au pape en exprimant ces souhaits de relations amicales. Constantin lui-même adressa le 12 août
678 une lettre au pape en ce sens. Mais le pape mourut avant de la recevoir.
On sait de lui aussi que, découvrant l'existence d'un monastère à Rome habité par des moines nestoriens,
il les dispersa dans d'autres monastères afin qu'ils se convertissent a la foi de Chalcédoine, et mit d'autres moines,
orthodoxes, à leur place.
Pendant son règne, Ravenne renonça au titre d'Église autocéphale accordé par l'empereur Constance II (641-668). . |
Agathon | 678-681 | Sicilien.
Il avait été moine. Possédait aussi bien le grec que le latin.
Peu après son sacre, il reçut la lettre que l'empereur Constantin IV (668-685) avait adressée à son prédécesseur.
Par cette lettre, le pape était invité à faire la paix avec l'Église d'Orient rompue par la célèbre controverse
du 'monothélisme'.
Le pape convoqua aussitôt des synodes régionaux dont, les plus importants, celui de Rome et celui de Hatfield
qui sera présidé par l'archevêque de Cantorbéry.
Il envoya ensuite une importante délégation à Constantinople, dont faisaient partie deux futurs papes,
Jean V et Constantin.
Pour sa part, l'empereur déposa le patriarche Théodore I (677-679) qui persévérait dans le 'monothélisme'
et était réticent à toute conciliation avec Rome.
Constantin transforma alors la conférence en assemblée générale de l'Église laquelle devint ainsi le sixième Concile
oecuménique (680-681), troisième de Constantinople.
La doctrine de Rome y fut ratifiée. Et on reconnut une place privilégiée à Rome dans la sauvegarde de la foi.
Pierre avait parlé par la bouche d'Agathon, déclara l'empereur. Mais le pape mourut avant la fin du concile.
Agathon avait connu un autre succès avec la ratification par Ravenne de sa soumission à Rome, amorcée sous le pape précédent.
Agathon était reconnu par sa gaîté, sa bonne humeur et sa générosité.
Agathon s'occupa personnellement des finances du Saint-Siège.
Il fit des legs généreux pour après sa mort. Il fut inhumé à Saint-Pierre.
Vénéré comme saint, y compris par l'Église d'Orient. Sa fête est fixée au 10 janvier. |
Léon II
|
682-683 | Sicilien.
Cultivé; admiré par son éloquence.
Le 6e Concile oecuménique (680-681) 3e de Constantinople initié sous son prédécesseur Agathon était encore en cours.
L'empereur Constantin IV (668-685) insista pour qu'on condamne le défunt pape Honorius I pour monothélisme.
Léon ratifia les actes et les condamnations du Concile.
Constantin, pour sa part, annula le décret (666) de son prédécesseur Constance II qui donnait à Ravenne
l'autonomie et l'indépendance de Rome.
Ce fut le début d'une période de paix et de réconciliation entre Rome et Byzance.
Léon s'intéressa aussi au sort des pauvres de Rome et s'occupa de la musique liturgique.
Il rebâtit Saint-Georges-du-Vélabre à l'usage de la communauté grecque de Rome désormais florissante.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Sa fête est fixée au 3 juillet. |
Benoît II | 684-685 | Romain.
Il dut attendre près d'un an l'arrivée du mandat impérial autorisant son sacre.
Raison pour laquelle il demanda, et obtint de l'empereur Constantin IV (668-685) que dans les élections pontificales à venir
la ratification soit faite par l'exarque (vice-roi) de Ravenne, au lieu d'en attendre celle de Constantinople.
Il travailla pour que les décisions du récent Concile oecuménique de Constantinople (680-681) soient reçues
partout en Occident.
Pour cela, il envoya des légats porteurs des actes conciliaires.
L'Espagne, où l'Église wisigothique était jalouse de son autonomie, n'accepta les décisions conciliaires
qu'après un profond examen fait par les évêques au Concile de Tolède de 684.
Benoît fut apprécié par ses contemporains pour son caractère humble et doux, son désintérêt et son amour pour les plus pauvres.
Il fit legs de ses biens post mortem au clergé et aux pauvres.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Sa fête est fixée au 7 mai. |
Jean V
|
685-686 | Syrien d'Antioche.
Réfugié à Rome à cause probablement des invasions arabes de son pays.
Il fut l'un des trois légués du pape Agathon au 6e Concile oecuménique, troisième de Constantinople
(680-681) où il joua un rôle de premier plan dans les débats.
Il fut élu à l'unanimité à la basilique du Latran.
Il sanctionna l'évêque Citonatus de Cagliari, Sardaigne, pour avoir sacré un évêque sans référer à Rome.
Jean laissa le souvenir d'un pape érudit, énergique et charitable.
Il fut inhumé à Saint-Pierre. |
Conon
|
686-687 | Sicilien probablement; "di patria ignota" selon l'Annuario Pontificio.
D'âge avancé et malade à son élection, au point qu'il ne pouvait plus procéder aux fonctions courantes, telles que
la célébration des ordinations.
Choisi comme 'pape de transition'.
En effet, les officiers de l'armée voulaient imposer leur propre candidat, le prêtre Théodore (qui sera anti-pape
sous le pontificat suivant), auquel le clergé romain opposait l'archiprêtre Pierre.
Conon, fils d'un général dont les troupes thraciennes séjournaient autrefois en Asie Mineure, fut agréé par l'armée.
Il fut dûment ratifié par l'exarque (vice-roi) de Ravenne.
Comme plusieurs papes de son époque, Conon avait été élevé en Sicile, où régnait la culture grecque.
Le nouvel empereur Justinien II (685-695 - 705-711) poursuivit la politique de détente avec Rome.
On a gardé de ce pape le souvenir d'un homme détaché du monde; naïf sur les bords. |
Serge 1er | 687-701 | D'origine syrienne, né en Sicile.
Il fut élu dans un climat très tendu, avec intervention des troupes stationnées à Rome et élection de deux anti-papes:
Théodore, candidat de l'armée; et l'archidiacre Pascal, qui avait l'appui de Jean Platyn exarque de Ravenne,
qui avait reçu pour le soutenir de substantiels pots-de-vin.
Dans l'impasse, officiers de l'armée et clergé se mirent d'accord sur le nom de Serge.
Théodore accepta le nouvel élu, et fit de bon cœur sa soumission.
Pascal fut contraint à le faire.
Serge s'avéra un pape capable et énergique. Il affirma avec succès son autorité en Occident.
Ainsi Ravenne, en délicatesse depuis longtemps avec Rome, envoya son nouvel évêque se faire sacrer par Serge à Rome.
Aquilée, en rupture avec Rome depuis l'affaire des 'Trois chapitres' (553) retourna à la communion avec Rome.
Zagreb devint siège épiscopal en 694.
Le pape résista à l'empereur Justinien II (685-695 - 705-711) qui voulait lui faire ratifier les décisions
du concile appelé 'Quinisexte' (696) lequel prétendait compléter les Conciles oecuméniques V et VI de Constantinople.
Justinien envoya Zacharie, commandant de la garde impérial, pour s'emparer du pape et l'amener à Constantinople.
Mais l'armée en Italie s'opposa, et Zacharie lui-même n'eut la vie sauve que grâce à l'intervention du pape.
Justinien lui-même sera bientôt déposé et exilé (695).
Ce pape mit en valeur les fêtes de la Vierge Marie, telles la Nativité, la Présentation, la Dormition et l'Annonciation.
Il établit aussi la fête de l'Exaltation de la Croix du Seigneur.
Il fut inhumé à Saint-Pierre. Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 8 septembre. |
Jean VI
|
701-705 | Grec de naissance.
L'emprise de Byzance sur l'Italie se relâchait dans le désordre avec la déposition de l'empereur Justinien II (695).
L'exarque impérial (vice-roi) Théophylacte, réfugié à Rome, a eu la vie sauve grâce à l'intervention énergique du pape
qui ferma les portes de la Ville aux milices qui tentaient de s'emparer de l'exarque; et parlementa avec elles.
Le pape dut négocier aussi avec le duc Gisulph 1er de Bénévent le retrait des troupes lombardes qui dévastaient les villes
et s'approchaient de Rome.
Wilfrid d'York (664-709), chassé trois fois de son siège, vint à Rome en 703 pour en appeler au pape.
C'était sa troisième visite. Il fut justifié au cours d'un synode tenu à Rome (704).
Le pape écrivit alors une lettre (c'est la seule lettre de ce pape qui soit parvenue jusqu'à nos jours) demandant
à l'archevêque de Cantorbéry de chercher à régler l'affaire de façon satisfaisante.
Le pape mourut peu après, le 11 janvier 705. |
Jean VII | 705-707 | D'origine grecque.
Il était en effet fils d'un haut fonctionnaire grec à Rome.
Homme instruit, éloquent et doué de sensibilité artistique.
Devenu pape, il entretint d'excellentes relations avec les Lombards.
Aussi le roi ligure Aribert II restitua-t-il au Saint-Siège des propriétés de valeur enlevées par son prédécesseur
le roi Rotari (625-643).
Le pape a été considéré trop complaisant avec l'empereur Justinien II revenu spectaculairement au pouvoir en 705.
Celui-ci était craint par sa cruauté.
Sur le plan de l'embellissement de la Ville, le pape se montra un bâtisseur et un patron des arts remarquable.
Il fit bâtir un palais pontifical au pieds du mont Palatin où il est mort en 707.
Une mosaïque avec son portrait se conserve aujourd'hui dans les grottes vaticanes.
Ce pape est connu aussi par sa grande dévotion pour la Vierge Marie. |
Sisinnius | 708-708 | Syrien de naissance.
Il était déjà âgé à son élection.
Perclus de goutte, il peinait à se mouvoir.
Son règne dura moins de quatre mois.
Son seul acte ecclésiastique attesté est le sacre d'un évêque corse. |
Constantin | 708-715 | Syrien comme son prédécesseur.
Il avait été l'un des légués du pape Agathon au VI Concile de Constantinople.
Apprécié par son bon caractère.
Déjà pape, il eut à faire face à la désobéissance de l'évêque de Ravenne, Félix, nouvellement élu.
Celui-ci fut par la suite exilé par l'empereur Justinien II (685-695 - 705-711) qui lui fit crever les yeux.
Revenu d'exile après la chute de Justinien, Félix fit la paix avec le pape.
En attendant, le pape avait reçu l'ordre de l'empereur de se rendre à Constantinople pour régler la célèbre
affaire du concile dit 'Quinisexte' (692).
Les négociations furent satisfaisantes pour l'empereur qui publia un décret confirmant les privilèges de l'Église romaine.
Mais le 4 novembre 711, Justinien fut assassiné, et la fraîche alliance de Byzance et Rome était à nouveau brisée.
Le nouvel empereur, Philippikos Bardanes (711-713), se déclara 'monothélite' et menaça de mettre Rome à sang et feu.
Mais Philippikos fut à son tour déposé par Anastase II (713-715) lequel envoya au pape des assurances sur son
adhésion aux décrets du VI Concile de Constantinople. |
Grégoire II | 715-731 | Romain, après une série de sept papes grecs ou syriens.
Pape éminent par sa culture et par son action, son règne marqua le pâle VIIIe siècle.
Il avait accompagné en 710-711 le pape Constantin lorsque celui-ci fut convoqué par l'empereur Justinien II
(685-695 - 705-711) pour régler des questions concernant l'appelé concile Quinisexte, 692, (lequel était censé
compléter les Conciles oecuméniques Ve et VIe de Constantinople).
En grand théologien, il avait mené les négociations à Nicomédie (Izmit), lieu de la rencontre, avec une habilité consommée.
Élu pape, il s'opposa fermement à l'empereur Léon III l'Isaurien (717-741) pour sa politique iconoclaste.
Deux de ses lettres adressées à l'empereur sont parvenues jusqu'à nous.
Elles témoignent de la courageuse attitude de Grégoire face aux farouches menaces de l'empereur s'il n'acceptait
pas l'interdiction des images.
Il a dû faire face également aux visées expansionnistes des Lombards.
En 729, Rome était menacée par le roi Liutprand. Le pape fit une irruption spectaculaire dans le camp lombard.
Liutprand fut si impressionné que, non content de lever le siège, il déposa ses insignes royaux sur le tombeau de Saint-Pierre.
Sur le plan de l'évangélisation des peuples, il envoya en Germanie le grand missionnaire anglais Wynfrith,
qu'il renomma 'Boniface' (680-754) et le sacra évêque.
Boniface sera envoyé aussi auprès de Charles Martel (716-741) roi des Francs.
Grégoire rebâtit les murs de Rome, ainsi que l'abbaye bénédictine du Mont-Cassin détruite par les Lombards.
Il est vénéré comme saint par l'Église; sa fête est fixée au 11 février. |
Grégoire III | 731-741 | Syrien.
Élu par acclamation au cours des funérailles de son prédécesseur.
Fut le dernier pontife à demander l'autorisation de Byzance pour pouvoir être sacré.
Il dut affronter d'emblée l'iconoclasme des empereurs de Byzance, au même temps qu'il essaya de rester fidèle
à leur autorité, la seule légitime dans son esprit.
Pour cette raison, il aida Byzance à récupérer Ravenne tombée sous le pouvoir des Lombards (733).
Le pape reçut en retour six colonnes d'onyx qu'il plaça devant la 'Confessio', ou tombeau de Saint-Pierre.
Menacé lui-même par les Lombards, Grégoire envoya des ambassades à Charles Martel (716-741)
souverain de fait du royaume mérovingien, lequel ne répondit à l'appel au secours.
Le pape nomma archevêque le grand missionnaire anglais Wynfrith, renommé Boniface (680-754) par Grégoire II,
lui conféra le pallium et le fit légat apostolique en Germanie avec pouvoir de créer de nouveaux diocèses.
Ce pape embellit Rome à un degré sans précédant.
Il fut inhumé à Saint-Pierre.
Vénéré par l'Église comme saint. Sa fête est fixée au 28 novembre. |
Zacharie | 741-752 | Dernier pape d'origine grecque; né en Calabre, sud d'Italie.
Cultivé. Fit une trêve de vingt ans avec les Lombards. En attendant, ceux-ci prirent Ravenne en 751 et mirent
fin à l'exarchat byzantin en Italie du nord.
Zacharie participa à la fin de la faible dynastie mérovingienne en Gaule et à l'établissement de la lignée
carolingienne.
En 750, en réponse à une ambassade envoyée à Rome par Pépin, Zacharie rendit une sentence cruciale: le titre
royal devait revenir de préférence à celui qui exerçait effectivement le pouvoir dans le royaume franc
plutôt qu'à celui qui n'en avait aucun. Le résultat fut la déposition du roi Childéric III, qui sera le
dernier de la lignée mérovingienne.
Pépin fut sacré roi (novembre 751) à Soissons par saint Boniface (680-754), au nom du pape.
La part prise par Zacharie dans l'avènement de Pépin comme roi des Francs devait s'avérer très importante
pour les relations futures entre pape et empereur.
Pour sa part, Boniface référait continuellement au pape, soutenant ainsi vivante la fidélité à Rome
des régions évangélisées par lui.
Zacharie fut un organisateur énergique et efficace.
Il transféra de nouveau le siège pontifical du Palatin au Latran, qu'il restaura.
Le Palatin était devenu résidence pontificale depuis Jean VII.
Son portrait, en mosaïque de l'époque, figure dans l'église Sainte-Marie-Antiqua.
Vénéré par l'Église comme saint. Fête, le 15 mars.
|
Etienne II | 752-757 | Romain. L'Annuario Pontificio écrit: "Etienne II (III)"
car après la mort du pape Zacharie un autre Etienne, prêtre romain, avait été élu, mais décédé quatre jours
après son élection et avant sa "consecratio".
Tous les autres "Etienne" auront par la suite ce même traitement qu'on ignore ici pour simplifier.
Avec Etienne II, la papauté se sépare de la protection byzantine et se tourne décidément vers les Francs.
Ce pape sera le premier à traverser les Alpes. Il sera aussi le premier des six papes qui, jusqu'à ce jour, se soient rendus
à la Basilique Saint-Denis. Il le fit pour procéder au sacre de Pépin III le Bref, roi des Francs, le 27 juillet 754.
Le pape, malade, passa quelque temps dans l'abbaye de Saint-Denis.
Le roi franc promit par écrit protection au pape et fit don d'importantes possessions en Italie.
Ce premier sacre pontifical d'un souverain, inaugura ce qu'on a appelé "l'alliance du sabre et du goupillon".
Le pape fut reçu triomphalement à son retour à Rome.
Le fils de Pépin, Charlemagne fit édifier la nouvelle basilique carolingienne à Saint-Denis.
Sous Pépin, la liturgie gallicane commence à faire place a la liturgie romaine.
Le pape transforma sa maison familiale à Rome en monastère consacré à Saint-Denis; le symbole d'amitié est palpable.
Aidé par le roi des Francs, le pape Etienne II est considéré comme le vrai fondateur de l'État pontifical.
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Paul 1er
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757-767 | Issu d'une riche famille de l'aristocratie romaine;
frère d'Étienne II dont il fut le bras droit.
La traditionnelle annonce de l'élection du pape aux autorités civiles fut faite, non à Byzance, mais au roi des Francs,
Pépin III (751-768); lequel, dans sa réponse, demanda au pape d'être le parrain de sa fille nouvelle-née.
Le règne de Paul fut une lutte permanente pour consolider le jeune État pontifical.
Il fit transporter des reliques des catacombes aux églises et chapelles, dont celles de Sainte Pétronille, chère aux Francs.
Il avait une haute conscience de sa fonction. Mais il ne craignait pas de visiter les pauvres et les prisonniers.
Il est vénéré par l'Église comme saint. Fête le 28 juin. |
Etienne III | 768-772 | Sicilien. Suivant l'exemple de son prédécesseur, il fit l'annonce de son
élection à la cour franque, où Charlemagne (768-814) et Carloman venaient de succéder à Pépin III (751-768).
Il invita au même temps des évêques francs à un synode à Rome, où l'anti-pape Constantin fut jugé et condamné à être
enfermé dans un monastère.
Grâce à Charlemagne qui épousa (et répudia plus tard) la fille de Didier, la pression lombarde sur Rome cessa provisoirement.
Charlemagne avait des représentants à Rome.
Le pape ne fut pas loyal avec ce souverain franc qui le protégeait et fit des tractations avec Didier, roi des Lombards;
lequel à son tour finit par le laisser tomber.
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Adrien 1er | 772-795 | Romain. Le moment était délicat, car son prédécesseur avait conclu
un pacte imprudent avec le roi des Lombards.
Adrien fit appel à Charlemagne, lequel vint personnellement à Rome, après avoir détruit le royaume lombard, après un long
siège de sa capitale, Pavie. Le roi franc ratifia l' "acte de donation" de Pépin III, ajoutant encore
des territoires qui comprenaient pratiquement les trois quarts d'Italie. Mais le vrai suzerain restait le roi franc
lui-même. Adrien commença bientôt à battre monnaie. Il soutint pleinement le VIIe Concile oecuménique de Nicée
(787) auquel il envoya deux représentants; ce Concile condamna l'iconoclasme d'Orient.
Charlemagne pleura la mort de ce pape, et envoya à Rome une magnifique plaque de marbre avec une inscription
qu'on peut toujours admirer sur le portique de Saint-Pierre.
Ce pape est considéré comme le "deuxième fondateur de l'État pontifical", après Etienne II. |
Léon III | 795-816 | Romain; d'origine modeste. Ce neuvième siècle sera marqué par
des troubles non connus jusqu'ici.
Cela commence avec Léon III qui doit quitter Rome et se réfugier à Paderborn, Germanie, près de Charlemagne qui séjourne
à Aachen (Aix-la-Chapelle). Charlemagne le renvoie à Rome avec escorte militaire, et se rend lui-même à Rome plus tard.
Charlemagne convoque un synode qui comprenait des notables francs et romains pour juger la cause pour laquelle Léon
était poursuivi. Les accusateurs du pape sont condamnés à mort; graciés et bannis de Rome.
Le pape couronna Charlemagne 'empereur d'Occident' (décembre 800) dans l'église Saint-Pierre de Rome.
Il créa ainsi le Saint Empire Romain et jeta les bases du Moyen Âge.
Les monnaies frappées à Rome étaient datées d'après les années du règne carolingien.
A Noël 804, Léon est l'hôte de Charlemagne à Aachen.
L'immense personnalité de Charlemagne éclipsa Léon III, lequel se pliait volontiers aux volontés de l'empereur.
Mais résista à introduire le 'Filioque', déjà adopté par l'Église franque, dans le Credo.
A la mort de Charlemagne, une nouvelle révolte à Rome est réprimée durement; des dizaines de personnes sont exécutées. |
Etienne IV | 816-817 | Romain, de famille noble. Conciliant et universellement populaire.
Premier pape à être élu depuis l'établissement de l'empire carolingien.
Premier pape aussi à oindre un empereur, Louis le Pieux (814-880), successeur de Charlemagne.
La cérémonie eut lieu à Reims en octobre 816. Trois mois après son retour à Rome, le pape mourait. |
Pascal 1er | 817-824 | Romain; moine. A son élection, il était abbé du monastère Saint-Etienne à Rome.
Son règne fut autoritaire et rendit impopulaire l'alliance avec les Francs.
Il couronna à Rome le fils de l'empereur Louis le Pieux (814-880), Lothaire, comme co-empereur, et lui remit une épée,
symbole du pouvoir temporel: c'est le premier exemple d'une telle cérémonie.
Après le départ de Lothaire, deux fonctionnaires fidèles à l'empereur furent exécutés à Rome. La rumeur impliqua
Pascal lui-même dans cette infâme action, et le pape dut se justifier et prêter un "serment purgatoire" devant un
synode d'évêques pour lever les soupçons qui pesaient sur lui.
L'Orient vit le réveil de l'iconoclasme avec Léon V (813-820). Le pape reçut à Rome les moines grecs victimes
de la persécution.
Pascal déploya une activité exceptionnelle de bâtisseur d'églises à Rome, dont trois avec de splendides mosaïques
reproduisant son portrait.
Le gouvernement dur et volontaire de Pascal le rendit très impopulaire; et à sa mort il ne reçut sépulture
dans une de ses églises que lorsque son successeur solidement installé le décida.
|
Eugène II | 824-827 | Romain. Il fut imposé par Walla (755-836) conseiller de l'empereur.
Dès son élection, le pape reconnut l'empereur Louis le Pieux (814-880) comme suzerain de l'État pontifical.
L'empereur, avec l'accord du pape, publia une Constitution romaine en novembre 824.
Elle établissait notamment que le peuple romain, et non seulement le clergé, participe aux élections du pape.
Le pape eut une plus grande autonomie sur le plan spirituelle.
Le pape convoqua un important synode en novembre 826 au Latran, lequel publia des canons de normes disciplinaires,
lesquelles furent aussitôt appliquées dans le royaume franc.
|
Valentin | 827-827 | Romain; ne régna qu'un mois environ. Il fut élu avec la participation du
peuple, de la noblesse et du clergé de Rome, selon l'établissait la Constitution romaine promulguée pendant le règne
d'Eugène II. |
Grégoire IV | 827-844 | Romain; de famille noble.
Grégoire fut témoin impuissant de la dislocation de l'empire carolingien avec la révolte des trois fils de Louis le Pieux
(814-880), Louis le Germanique (+876), Pépin (+838) et Lothaire I (840-855). Le pape tenta en vain une médiation
entre ceux-ci et leur père d'abord; entre frères ensuite. Il traversa les Alpes pour accompagner personnellement
Lothaire I en Francie. Les évêques francs furent choqués par sa partialité. Le pape protesta de son intention de
paix et d'unité dans l'empire. Après la mort de Louis (juin 840), le sanglant conflit entre frères s'envenima.
La sujétion du saint-siège à l'empire se relâcha suite à ces conflits dynastiques.
Menacé par la Sarrasins qui étaient déjà en Sicile, le pape fit bâtir une forteresse en Ostie, port de Rome.
Il construit aussi un important aqueduc à Rome même.
Il étendit la fête de la Toussaint à toute l'Église, initiative ratifiée par l'empereur Louis le Pieux.
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Serge II
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844-847 | Noble romain. Élu déjà âgé et perclus de goutte,
il dut son élection aux suffrages de la noblesse, Le candidat du peuple était l'anti-pape Jean
qui ne tarda à laisser place libre à Serge. Les territoires pontificaux furent pillés sans merci par les troupes de
Lothaire I (840-855) qui voulait montrer ainsi son déplaisir du fait que le pape n'avait pas notifié son
élection à l'empereur comme le stipulait la Constitution romaine de 824.
Pour calmer le jeu, le pape couronna (juin 844) le fils de Lothaire, le jeune Louis, roi des Lombards;
il sera plus tard seul empereur, Louis II (855-875).
Les Sarrasins détruisent la forteresse d'Ostie et parviennent jusqu'à Rome pillant Saint-Pierre et Saint Paul.
La simonie prospéra pendant cette époque où les charges se vendaient aux plus offrants. |
Léon IV
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847-855 | Romain, d'origine lombarde. Bénédictin. Élu à l'unanimité à la
mort du pape Serge.
Énergique, se montra autoritaire avec beaucoup de gens puissants.
Créa la "città leoniana" où trouvèrent refuge ses successeurs dans les moments difficiles pour Rome.
Créa une flotte qui chassa les Sarrasins d'Ostie. Reconstruisit Civittavechia à un emplacement plus sûr.
Son règne vit une réaffirmation de l'autorité papale.
Grand promoteur de la musique sacrée. Il s'employa aussi à rétablir la discipline ecclésiastique.
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Benoît III | 855-858 | Romain. Mis en prison d'emblée par l'anti-pape Anastase qui
était soutenu par un influent groupe pro-impérial.
Mais le soutien général fit que Benoît soit libéré et restitué au siège apostolique.
Pour gouverner, il s'appuya surtout sur celui qui sera son successeur, Nicolas.
Il a fait un vain essai de médiation entre Lothaire II (955-859), Louis II (855-875) et Charles le Chauve (875-877),
fils et successeurs de Lothaire I (840-855).
Le Tibre en crû inonda plusieurs fois Rome pendant son règne et il lui incomba de réparer les importants dommages provoqués.
Pape réputé par sa piété et son érudition.
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Nicolas 1er | 858-867 | Romain. Élu en présence de l'empereur Louis II (855-875).
Doué d'une imposante personnalité et d'une formidable énergie, il avait une très haute idée de la charge pontificale.
Il commença par affirmer son autorité sur les métropolites qui n'apprécièrent guère l'intervention pontificale.
Lorsque Ignace, patriarche de Constantinople, fut déposé et remplacé par Photius, le pape refusa (858) de le
reconnaître; et il excommunia Photius au cours d'un synode tenu (863).
Photius tint à Constantinople un synode (867) qui excommunia et déposa à son tour le pape.
Ces successives condamnations contribuèrent à accentuer la séparation de au Latran Églises d'Orient et d'Occident.
Nicolas fit que le prestige du Saint-Siège comble le vide laissé par la décadence de l'empire; et que se créent
les conditions pour l'élaboration doctrinale du "primat" du pape.
Nicolas réhabilita l'ancien anti-pape Anastase et mit ses talents à son service.
Il est vénéré par l'Église comme saint; fête: 13 novembre. |
Adrien II | 867-872 | Romain; de la même famille aristocratique qu'Etienne IV et Serge II.
Il avait été marié avant son ordinations.
Très apprécié par sa charité, il fut proposé à la charge pontificale dans les deux précédentes élections, mais refusa.
Il n'avait ni la force de caractère ni l'ascendant de son prédécesseur, Nicolas 1er.
Au début de son règne, Lambert duc de Spolète, pilla Rome.
Basile I (867-886) convoque le 8ème Concile oecuménique à Constantinople (869-870) auquel le pape envoie deux délégués.
Photius est à nouveau excommunié. A nouveau est adopté l'ordre de préséance des grands patriarcats d'après celui qui existait
en Orient. La Bulgarie est perdue pour l'Église de Rome.
Les frères Cyrille (+869) et Méthode (+885), apôtres renommés des Slaves, sont envoyés en Moravie.
Méthode est fait évêque de Smirnium (Srenska Mitrovica dans la Serbie actuelle).
L'usage du vieux slavon, langue slave, est autorisé dans la liturgie.
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Jean VIII | 872-882 | Romain. Énergique, ingénieux et doué d'une longue expérience,
il aborda son pontificat avec dynamisme.
A la mort de Louis II (855-875), il fit acclamer empereur l'oncle de celui-ci, Charles le Chauve (823-877)
qu'il couronna à Rome (875).
Après la mort de celui-ci, le pape couronna en 878 Louis le Bègue (846-879). Ensuite,
fut le tour de Boson (+887), beau-frère de Louis II. Enfin, malgré son aversion pour les Francs alémaniques,
il fit reconnaître et couronna comme empereur (881) Louis le Gros (839-888).
A la suite de ces démarches, le pape apparût comme l'arbitre effectif de la charge impériale.
Il défendit Méthode, apôtre des Slaves, vis-à-vis du clergé germanique.
Accepta la demande de Basile 1er (867-886) de reconnaître Photius, rétabli sur le siège de Constantinople.
Le pape envoya des légats au Concile (979) souhaité par Basile.
Lutta contre les Sarrasins dans le sud de l'Italie et autour de Rome.
Excommunia et exila le talentueux, mais ambitieux évêque de Porto, Formose, qui sera plus tard lui-même pape.
Jean VIII fut assassiné par les gens de son entourage en 882.
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Marin 1er | 882-884 | Né à Gallese en Toscane. Il fut légat d'Adrien II au Concile de Constantinople (869-870).
Évêque de Cerveteri, Etruria (Italie) à son élection; il sera le premier évêque de Rome "transféré"
de diocèse, à la rencontre de l'usage et surtout du Canon 13 de Nicée qui considérait l'évêque lié pour toujours à
l'Église pour laquelle il avait été sacré.
Marin leva l'excommunication qui pesait sur Formose, futur pape, et le rendit à son siége épiscopal.
Formose sera le deuxième évêque "transféré" lorsqu'il sera élu pape.
Exempta d'impôts le quartier anglais de Rome pour amitié avec Alfred le Grand, roi d'Angleterre (849-899).
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Adrien III | 884-885 | Romain. Période trouble pour Rome, où les "vendettas"
sanglants étaient monnaie courant.
Adrien lui-même est mort probablement assassiné à San Cesario sul Panaro, près de Modène, au cours de son voyage
à Worms où il se rendait pour assister à la diète impériale convoquée pour régler la succession de Charles le Gros
(881-888) mort sans héritier mâle légitime.
Il a été enterré près de l'endroit de sa mort, à l'abbaye de Nonantule, à partir de laquelle son culte de saint
s'est développé.
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Etienne V | 885-891 | Romain, de famille noble. Élu par acclamation.
Son règne connaît la fin de l'ère impériale carolingienne. En effet, lorsque Charles le Gros (881-888) meurt, le pape fit
appel à Arnoul (850-899), neveu de Charlemagne. roi des Francs de l'Est, lequel ne répondit pas, occupé qu'il était
dans ses propres luttes pour garder le pouvoir.
Le pape décide alors un changement qui se révélera décisif: il met le Saint-Siège sous la protection de Gui III
(+894), duc de Spolète qui était devenu roi d'Italie en 889. Le pape le couronna empereur (891).
Etienne, victime des intrigues qu'il ne comprenait pas, fit échouer la mission de saint Méthode (+885),
apôtre des Slaves. En s'accommodant aux souhaits de la hiérarchie germanique,
il interdit la liturgie en slavon en Moravie. Les disciples de Méthode partirent vers la Bulgarie, où ils purent
continuer avec le slavon, et adoptèrent le rite byzantin. Se mettant sous la protection de l'Église de Constantinople,
ils mirent les bases d'une Église qui allait essaimer jusqu'en Russie.
En revanche, Etienne maintient de bonnes relations avec le successeur de Photius, un autre Etienne, frère de l'empereur
Léon VI (886-912). |
Formose | 891-896 | Probablement romain. Érudit, brillant, pieux. Mais jugé ambitieux,
il se fit beaucoup d'ennemis.
Évêque de Porto (Portugal). Nommé légué en Bulgarie, il se montra un si brillant missionnaire que
le roi Boris I demanda à deux papes successifs de le nommer métropolite, mais ils refusèrent à cause du
Canon 12 de Nicée qui interdisait le transfert des évêques (en ce cas, de Porto à Rome).
A cause de l'ambiance créée autour de son personnage, Jean VIII se méfia de lui comme d'un ambitieux aspirant à
s'emparer du siège apostolique, et l'excommunia en l'exilant en Gaule.
Marin 1er le réhabilita et lui rendit son siège épiscopal de Porto.
Élu pape, il promut le christianisme en Germanie et en Angleterre.
Il garda de bonnes relations avec Constantinople.
Ne supportant plus la tyrannie de l'empereur Gui de Spolète et de son fils Lambert, il fit appel de nouveau à Arnoul,
roi des Francs de l'Est (850-899), lequel s'empara de Rome mais n'alla pas jusqu'à Spolète, car il tomba malade.
Neuf mois après la mort de Formose, Lambert, revenu à Rome, et ses ennemis jurés de la famille de Spolète,
soumirent son cadavre à un macabre "procès" présidé par l'évêque d'Anagni partisan de Lambert; il fut condamné,
ses ordinations déclarées nulles, et ses dépouilles mortelles jetées au Tibre.
Un ermite réussit à le récupérer et l'ensevelir à nouveau. |
Boniface VI | 896-896 | Romain. Elu vieux et malade ne régna que quinze jours. Un synode romain tenu par Jean IX en 898 déplora les conditions et la façon dont cette élection eut lieu. |
Etienne VI | 896-897 | Romain. Court et triste pontificat dont on retient
surtout que le macabre procès fait au défunt pape Formose, voulu par Lambert de Spolète blessé du fait
que Formose avait choisi empereur le germanique Arnoul (896-899) à sa place, fut présidé par Etienne
alors qu'il était évêque d'Anagni.
Etienne eut une fin tragique puisque, au cours d'une émeute populaire, les partisans du pape Formose
se saisirent de lui, et après l'avoir dépouillé de ses ornements pontificaux, le mirent en prison;
où il mourut étranglé. |
Romain
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897-897 | Né à Gallese, près de Cività Castellana (Italie). Régna quatre mois. On ne sait pas grande chose de lui. |
Théodore II | 897-897 | Romain. Régna vingt jours. Assez por convoquer un synode qui annula les actes du macabre synode fait à son prédécesseur Formose. Il fit aussi donner à nouveau sépulture à son cadavre à Saint-Pierre |
Jean IX
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898-900 | Né à Tivoli. Bénédictin. Il fit condamner à nouveau
le sinistre procès fait à son prédécesseur Formose.
Les acteurs de cette macabre parodie furent pardonnés, comme ayant agi sous pression.
Un autre synode convoqué à Ravenne en présence Lambert de Spolète assurait celui-ci de la suzeraineté sur les
territoires pontificaux, l'obligeant au même temps à la protection de ceux-ci.
Ce pape fut un homme de conciliation et de paix. Il entretint de bonnes relations avec l'Orient.
Et essaya de réparer, en vain, les dommages faits à la mission de saint Méthode en Moravie.
L'État morave devait se disloquer en 906 devant les envahisseurs magyars. |
Benoît IV | 900-903 | Noble romain.
Il a laissé un souvenir d'un pasteur de grande générosité avec les pauvres.
Rome était toujours déchirée par les luttes intestines entre partisans et ennemis du défunt pape Formose.
Benoît avait été lui-même sacré par ce pape.
Il couronna empereur en février 901 le petit-fils de Louis II (855-975), Louis III, le préférant
à Béranger I de Frioul (650-924), roi d'Italie.
Celui-ci vainquit Louis III en août 902 l'obligeant à repasser les Alpes.
Ensuite, Béranger aurait envoyé des agents qui assassinèrent le pape; selon une hypothèse non confirmée.
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Léon V
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903-903 | Né à Ardea, près de Rome.
Il était curé de Priapi, une paroisse voisine à Rome lorsqu'il fut élu pape.
On ignore comment et pourquoi un prêtre qui n'était pas membre du clergé romain fut choisi pour devenir pape.
Probablement comme "pape de transition", les électeurs ne pouvant se mettre d'accord sur un candidat local.
Il n'était en charge de ses fonctions que depuis 30 jours, qu'une révolte de palais éclata et Léon
fut mis en prison. Après y avoir langui plusieurs semaines, il fut assassiné, étranglé.
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Serge III | 904-911 | Noble romain.
Fait évêque de Cerveteri par le pape Formose, il était d'accord plus tard pour
considérer nulles les ordinations faites par ce pape, estimant ainsi garder ses chances à sa propre élection
le moment venu.
A ce moment-là, en effet, était toujours en vigueur le Canon 12 de Nicée qui interdisait le transfert des évêques d'un
diocèse à un autre.
Se faisant élire pape une première fois par les ennemis du défunt pape Formose, contre Jean IX,
il fut exilé avec l'accord de l'empereur Lambert de Spolète (+898).
Revenu sept ans plus tard, il se fit élire pape avec le soutien du duc Albéric de Spolète (+925).
Peu après, il fit étrangler en prison le pape Léon V.
A cause de son intimité avec la famille noble qui gouvernait Rome,
on lui attribua un enfant, le futur Jean XI, pape à vingt ans, né au sein de cette famille.
Le chef de cette famille était Théophylacte (+920), sénateur, directeur financier du Saint-Siège et commandant de la milice.
Lui, sa femme Théodora, "senatrix" de Rome et sa fille Marozia, feront beaucoup parler d'eux dans les pontificats
qui succédèrent.
Serge III fut le premier pape à frapper monnaie avec sa propre effigie. |
Anastase III | 911-913 | Romain.
On ne sait rien de ses antécédents et ni des circonstances de son élection.
On sait en revanche qu'à cette époque troublée, Théophylacte (+920), consul et sénateur, directeur financier
du Saint-Siège et commandant de la milice, et son ambitieuse épouse Théodora (+ après 916)
dominaient Rome et contrôlaient la papauté et lui enlevaient la possibilité d'initiatives importantes aux papes. |
Landon
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913-914 | Né dans la Sabine italienne, de famille noble.
En dehors de cela, on peut dire de lui ce qu'on a dit de son prédécesseur.
A savoir, qu'à cette époque troublée, Théophylacte (+920), consul et sénateur, directeur financier
du Saint-Siège et commandant de la milice, et son ambitieuse épouse Théodora (+ après 916)
dominaient Rome et contrôlaient la papauté et lui enlevaient la possibilité d'initiatives importantes aux papes.
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Jean X
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914-928 | Né à Tossignano (Imola).
Il était évêque de Ravenne lorsqu'à la demande de la noblesse romaine, en fait de la puissante famille
dont le chef était Théophylacte (+920), il fut élu pape, avec l'approbation de Bérenger I (888-924), roi d'Italie.
On passa outre le Canon 12 de Nicée, qui interdisait le transfert d'un évêque d'un diocèse à un autre.
Ce Canon deviendra de plus en plus obsolète avec le temps.
Le pape forma aussitôt une heureuse coalition de princes italiens contre les Sarrasins qui dévastaient
et terrorisaient depuis soixante ans l'Italie centrale. Ils furent assiégés et battus dans leur forteresse à l'embouchure
de la rivière Garigliano (août 915).
Il couronna empereur Bérenger I (888-924) en décembre 915.
Le pape mis aussi en oeuvre un éventail de mesures ecclésiastiques qui rehaussèrent le prestige pontifical.
Il prit des initiatives pour que la Dalmatie et la Croatie reviennent à la obédience de Rome; mais sans succès.
Il était aussi partisan de la suppression du vieux slavon, langue liturgique répandue dans les peuples slaves.
A Rome même, Jean rebâtit complètement le Latran.
A la mort de Béranger I, le pape essaya de nouer d'autres alliances, lesquelles alarmèrent la "senatrix"
Marozia (+ après 932), fille de Théophylacte, devenue depuis la mort de son père, maîtresse toute-puissante de Rome.
Le pape fut enfermé a Castel Sant-Angelo, où il finit ses jours presque certainement assassiné. |
Léon VI
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928-928 | Romain, de noble origine. Son élection était souhaitée
par la "senatrix" Marozia (+ après 932), fille de Théophylacte, devenue depuis la mort de son père,
maîtresse toute-puissante de Rome.
On garde de son court règne une lettre adressée aux évêques de Dalmatie et Croatie leur demandant d'obéir
au métropolite Jean, archevêque de Split, à qui il fit parvenir le 'pallium'.
Lorsqu'il est mort, son prédécesseur était toujours vivant, enfermé à Castel Sant-Angelo.
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Etienne VII | 928-931 | Romain. Son élection fut décidée par la "senatrix" Marozia
(+ après 932), fille de Théophylacte, devenue depuis la mort de son père, maîtresse toute-puissante de Rome.
Il fut élu comme pape de transition, en attendant que le fils de Marozia ait l'âge pour devenir
lui-même souverain pontife.
Jean X était toujours vivant, enfermé à Castel Sant-Angelo.
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Jean XI
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931-935 | Romain, fils de la "patricia et senatrix" Marozia (+ après 932),
devenue depuis la mort de son père, maîtresse toute-puissante de Rome. Il est quasi certain que son père était Serge III.
Il n'avait que vingt ans à son élection.
A la demande de l'empereur d'Orient Romanos (920-944), il approuva le choix fait en faveur de son fils, âgé de seize ans,
comme patriarche de Constantinople; il y envoya même deux délégués qui prirent part à la cérémonie.
Un de ses premiers actes fut d'approuver les privilèges dont jouissait l'abbaye bénédictine de Cluny en
Bourgogne présidé alors par l'abbé Odon (878-942).
Après le troisième mariage de Marozia, cette fois-ci avec Hugues de Provence (926-948) roi d'Italie, le peuple de Rome
se révolta sous l'incitation d'Albéric II (905-954), fils issu du premier mariage de Marozia, et enferma celle-ci
à Castel Sant-Angelo. On n'a plus entendu parler d'elle.
D'après le chroniqueur Flodoard (+966), Jean XI se limita alors à "administres des sacrements" jusqu'à sa précoce
mort survenu à ses vingt-quatre ans
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Léon VII | 936-939 | Romain. Bénédictin.
Cette fois-ci, ce fut Albéric II (905-954), prince de Rome, qui pesa sur l'élection du nouveau pape.
Albéric était lui-même un homme pieux, très intéressé par le monachisme.
Il était fils, issu du premier mariage, de la terrible Marozia qui malmena Rome pendant des lustres.
Le nouveau pape se distingua surtout pour avoir favorisé le renouveau de la vie monastique.
Le grand Odon de Cluny (878-942) fut invité à Rome, lequel se vit confier la reformes des maisons religieuses à Rome.
Le chroniqueur Flodoard (+966) qui connut personnellement le pape, a été impressionné par "son caractère, sa sagesse
et sa chaleur humaine. |
Etienne VIII | 939-942 | Romain. Homme instruit, réputé irréprochable.
Élu aussi grâce à la pression exercé par Albéric II (905-954), prince de Rome.
Rome et les États pontificaux étaient totalement assujettis à Albéric. Le pape dut se limiter à des actes courants
d'administration. A l'exemple de son prédécesseur, il s'occupa surtout du renouveau de la vie monastique.
Il intervint cependant en Gaule afin que les nobles reconnaissent comme roi Louis IV (936-954), fils de
Charles le Simple (879-929), couronné en 936, mais confronté à une révolte.
Suspecté de trahison, le pape mourut en prison des blessures reçues.
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Marin II | 942-946 | Romain. On ne sait rien de ses antécédents.
Comme ses deux prédécesseurs, il dut son élévation à Albéric II (905-954), prince de Rome, sénateur et patrice,
maître de la ville de 932 à 954, qui faisait et défaisait les papes à sa guise, en leur imposant d'agir
comme il voulait. Le pape s'occupa des affaires courantes et surtout du renouveau de la vie religieuse. |
Agapet II | 946-955 | Romain.
Comme ses trois prédécesseurs, il dut son élévation à Albéric II (905-954), prince de Rome et maître absolu
de la ville de 932 à 954.
Il a eu cependant une plus grande liberté d'action, ce qui lui permit de s'occuper des affaires internationales.
Il joua un rôle actif dans le processus qui culminera dans la restauration impériale en 962.
Les monnaies de Rome portent son nom en toutes lettres, à différence de ses prédécesseurs.
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Jean XII | 955-964 | Fils bâtard d'Albéric II (905-954), prince de Rome et maître
absolu de la ville de 932 à 954,
lequel, avant sa mort, fit jurer le clergé et la noblesse romaine de le faire élire pape après Agapet II.
Ceci, contrevenant au décret du pape Symmaque (1er mars 499) qui interdisait de conclure des conventions du vivant
d'un pape au sujet de son successeur.
A son élection, il n'avait que dix-huit ans. Il régna sept ans.
Ce fut le deuxième pape à changer de nom, il s'appelait Octavien; le premier fut Jean II, qui se nommait Mercure.
Il fut un représentant de ce qu'on a appelé la "pornocratie pontificale"; le peuple disait qu'il avait fait de
Latran un bordel. Un synode réuni à Rome demanda au pape d'amender sa vie.
Cependant, son règne eut des à-côtés bien positifs.
D'abord, il fut un bon administrateur. Il s'occupa aussi de la reforme monastique.
Et, contrairement à la position de son père, il s'allia avec le saxon Otton pour rétablir l'empire romain,
lequel va perdurer pendant huit siècles sous l'appellation de Saint Empire
romain germanique qui ne cessera d'exister qu'en 1806, avec l'abdication de François II.
Otton I, couronné à Rome avec sa femme Adélaïde le 2 février 962, promulgue le 'privilège ottonien' lequel
confirmait les donations de Pépin et Charlemagne avec d'importantes adjonctions: les deux tiers d'Italie
passèrent au "patrimoine de Saint-Pierre".
Jean promit fidélité à Otton.
Mais Jean, qui avait cherché un protecteur et non pas un maître, complota contre Otton avec les Lombards et les Magyars.
Otton I revient furieux à Rome, et dans un synode réuni réuni par lui,
fait déposer le pape, lequel s'était réfugié à Tivoli, et élire Léon VIII.
En fait, le règne de Léon VIII ne sera considéré légitime qu'à partir de la mort de Jean XII. |
Léon VIII | 963-965 | Romain. Laïc de conduite exemplaire, proto-notaire au Latran
à son élection faite par acclamation après la déposition de Jean XII par l'empereur Otton I.
Il fut ordonné prêtre et sacré évêque avant d'être intronisé comme pape.
La légitimité de son élection est contestée
et sa validité n'est reconnue qu'après le décès de Jean XII survenu le 14 mai 964.
Des cas similaires vont se produire dans le millénaire qui suit
(cf note concernant ce pape dans l'Annuario Pontificio).
Ce pape est mort impopulaire à cause de sa dépendance de l'empereur Otton I.
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Benoît V | 964-966 | Romain de naissance. Diacre. Benoît V est mis sur la liste de papes 'sous condition'
par l'Annuario Pontificio' du Vatican, lequel fait noter que 'si Léon VIII fut pape légitime, Benoît V est anti-pape'.
En effet, lorsque Jean XII de triste mémoire est décédé, les Romains ont voulu se donner un pape
sérieux et pieux, qu'ils ont juré défendre.
Mais l'empereur Otton I revint à Rome et mis de nouveau sur le trône Léon VIII,
lequel, au cours d'une cérémonie publique, dépouilla Benoît de ses ornements
et écrasa son bâton pastoral sur sa tête. C'est la première mention connue du sceptre papal.
Il fut exilé à Hambourg, où l'évêque Adaldag le traita avec une considération marquée.
Il était respecté par tous à cause de sa vie sainte.
Mort le 4 juillet 966, ses restes furent ramenés à Rome par l'empereur Otton III en 988.
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Jean XIII | 965-972 | Romain.
A la mort de Léon VIII, les Romains demandèrent à Otton I le retour de Benoît exilé à Hambourg.
Otton refusa. Jean XIII, bibliothécaire sous Jean XII, puis évêque de Narnia en Ombrie,
fut imposé par Otton I (962-963)
comme pape, lequel resta subalterne de cet empereur tyrannique, et pour cette raison détesté par le peuple romain.
Une révolte éclata l'année même qui envoya le pape en exile.
Otton I ramena le pape à Rome et châtia avec brutalité les coupables de la sédition.
A instigation d'Otton, ce pape promut le célibat du clergé, accorda de nouveaux privilèges à Cluny
et fit de Magdeburg un siège métropolitain.
Il sacra co-empereur le fils d'Otton I, Otton II (955-983) âgé de douze ans.
Il entra en conflit avec Constantinople à cause des évêchés sous contrôle de Byzance en Italie du sud.
Il appuya les Crescentii, famille qui prenait force en Rome.
A sa mort, en 972, Jean fut enterré à Saint-Paul extra muros.
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Benoît VI | 973-974 | Romain. On ne sait pas grande chose de ses antécédentes,
sauf qu'il était cardinal prêtre de Saint-Théodore.
Élu avec l'appui des 'réformateurs' qui ne voulaient pas un pape dont l'élection fut purement politique.
L'empereur Otton I meurt cette année-là, le 7 mai 973.
Son successeur, Otton II (973-983), était occupé par des troubles en Allemagne.
Le parti nationaliste romain saisit l'occasion, avec à sa tête Crescentius 1er (+984), fils de Théodora la Jeune.
En juin 974, Benoît VI fut mis en prison à Castel Sant-Angelo.
Le cardinal Franco, élu pour lui succéder, fut intronisé sous le nom de Boniface VII; un anti-pape.
Les Crescenti, dont la domination sur Rome ne cessait de croître, imposèrent cette candidature,
Benoît VI fut assassiné peu après à Castel Sant-Angelo.
On entendra encore parler des Crescentii dans l'histoire des papes qui suivirent. |
Benoît VII | 974-983 | Noble romain, lié à la puissante famille des Crescentii
et apparenté au prince Albéric II qui avait régné sur Rome de 932 à 954. Il était évêque de Sutri, près de de Viterbe.
Il fut élu avec l'approbation de l'empereur Otton II (973-983).
Opérant à partir des territoires byzantins d'Italie du Sud, l'anti-pape Boniface VII, réussit un coup d'État
pendant l'été 980.
Benoît fut expulsé de Rome, mais put revenir en 981 grâce à l'aide d'Otton II.
Homme profondément religieux, Benoît favorisa les réformes monastiques.
Les 'visites ad limina' des évêques se multiplièrent. Davantage d'affaires furent renvoyées au pape.
La Siège-Apostolique' gagna en prestige.
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Jean XIV | 983-984 | Né à Pavie (Italie du nord). Pour succéder Benoît VII,
Otton II (973-983) proposa saint Maieul, 4ème abbé de Cluny (965-994), reconnu par tous pour sa personnalité extraordinaire,
mais celui-ci refusa.
Otton se tourna alors vers Pierre Capenova, évêque de Pavie, sa ville natale, et chancelier d'Otton pour l'Italie.
Intronisé, Capenova changea son nom (Pierre) pour celui de Jean par vénération à Saint Pierre, premier pape
et fondateur, avec Saint Paul, de l'Église de Rome.
Otton II, atteint de malaria, reçut de Jean XIV l'absolution et mourut dans ses bras le 7 décembre 983.
L'antipape Boniface VII, qui attendait son heure à Constantinople, revint en Italie et, avec le soutien des
Crescentii, entra à Rome.
Jean XIV fut mis en prison à Castel Sant-Angelo, où il mourut quatre mois plus tard.
De faim, selon les uns; assassiné, selon d'autres.
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Jean XV | 985-996 | Romain. Instruit, auteur de plusieurs ouvrages.
Dans ces temps troublés, sa candidature eut l'avantage d'être agréée aussi bien par la Curie que par Jean
Crescentius (+988), maître tout-puissant de Rome.
Jean XV, dont le rôle à Rome était réduit, put agir énergiquement dans l'Église universelle.
Le synode de St-Basle à Verzy (991), à l'instigation de Hugues Capet (987-996), roi de France,
avait déposé Arnoul, évêque de Reims, et nommé Gerbert d'Aurillac, futur Silvestre II.
Jean XV réussit cependant faire sentir son autorité par la voie de son délégué.
Cet incident est considéré comme l'une des premières manifestations du gallicanisme en France.
Les évêques avaient considéré que la papauté s'était discrédite, et perdu de son autorité morale.
Le 31 janvier 993, le pape canonisa dans une cérémonie solennelle Ulrich, ancien évêque d'Augsbourg (923-973).
Il s'agit de la première canonisation rituelle célébrée par un pape.
Le pape fit office de médiateur et négocia un règlement pacifique entre le roi d'Angleterre Aethelred et le
duc de Normandie, Richard 1er.
A la mort de Jean Crescentius, son frère Crescentius II s'empara du pouvoir dans les États pontificaux et les
gouverna en tyran. Le pape dut quitter Rome. Le pape appela à Otton III (996-1002), lequel s'apprêta à descendre en Italie.
A cette nouvelle, Crescentius préféra inviter le pape à regagner Rome, où il mourut bientôt.
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Grégoire V | 996-999 | Dernier pape du premier millénaire. Premier pape allemand.
De la famille d'Otton III (996-1002).
Élu à vingt-quatre ans. Il prit pour modèle Grégoire le Grand (590-604).
Docte, son épitaphe célèbre son aptitude à prêcher aussi bien en allemand, en français qu'en latin.
Énergique. Trop même avec ses adversaires, au point que Saint Nil le maudit pour cela.
Le 21 mai 996, il couronna Otton III empereur et patrice de Saint-Pierre, le faisant ainsi protecteur de l'Église.
Otton jugea le dictateur Crescentius II et le condamna au bannissement.
Mais fut pardonné, grâce à l'intervention du pape. Mal lui prit.
Une fois l'empereur rentré en Allemagne, Crescentius II n'hésita à expulser Grégoire de Rome,
lequel se réfugia à Spolète.
Crescentius fit élire un anti-pape qui prit le nom de Jean XVI.
Otton III revenu à Rome, rétablit Grégoire sur son Siège, et fit condamner l'anti-pape à rester
enfermé dans un monastère.
Grégoire mourut de malaria à vingt-sept ans.
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Sylvestre II | 999-1003 | Si le dernier pape du premier millénaire fut allemand,
le premier du deuxième millénaire sera français. Auvergnat, Gerbert d'Aurillac, d'origine modeste,
professeur brillant à l'école cathédrale de Reims, puis évêque de Reims et ensuite de Ravenne, avant de
devenir pape, imposé pratiquement par Otton III (996-1002) conseillé par Odilon (+1049), abbé de Cluny.
Il conçut d'emblée la papauté en conjonction avec l'Empire Romain Germanique, et se donna significativement
le nom de 'Silvestre II' en souvenir de Silvestre I (314-335) modèle traditionnel d'association entre pape et empereur.
Lui qui avait contesté jadis l'autorité du pape Jean XV, se fit à présent champion des droits pontificaux.
Il rétabli Arnoul sur le siège épiscopal de Reims, que Gerbert d'Aurillac lui avait ravi; raison invoquée:
Jean XV n'avait approuvé la déposition d'Arnoul.
En 1001, Sylvestre envoya à Etienne I, roi d'Hongrie, la célèbre couronne royale, laquelle, presque un millénaire plus
tard, fut un des chapitres invoqués par le pouvoir en place pour l'emprisonnement du cardinal Vychinski.
Admiré par tous pour sa vaste culture qui s'étendait sur plusieurs domaines.
On lui doit notamment d'avoir rassemblé et conservé les manuscrits des auteurs classiques latins.
Il est mort de paludisme en sa quatrième année de règne.
Une légende fit de ce pape un 'magicien'. Son tombeau, à basilique du Latran, fut considéré pendant des siècles
comme doué d'un pouvoir mystérieux prémonitoire en ce qui concerne la mort des papes et des cardinaux.
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Jean XVII | 1003-1003 | Jean Sicco, romain. On ne connaît rien de ses antécédents.
Il aurait été imposé par Jean II Crescentius (+1012), fils du Crescentius exécuté en 998.
sénateur, patrice et maître de Rome après la mort d'Otton III (996-1002) disparu sans laisser d'héritier.
Le pape était probablement apparenté à la famille des Crescentii.
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Jean XVIII | 1003-1009 | Jean Fasanus, romain de naissance. Il était cardinal prêtre
de Saint-Pierre à son élection.
Comme son prédécesseur, il aurait été imposé par Jean II Crescentius (+1012), sénateur, patrice et maître de Rome
après la mort d'Otton III (996-1002) disparu sans laisser d'héritier.
On sait de son règne qu'il convoqua en 1007 les évêques de Sens et d'Orléans à Rome du fait d'avoir menacé les
privilèges de l'abbaye de Fleury et ordonné à son abbé de brûler les bulles d'exemption.
Pendant ce pontificat, il y a eu une suspension provisoire du schisme entre Rome et l'Orient
et le nom de Jean XVIII fut inscrit sur les diptyques à Constantinople.
Il se serait retiré à Saint-Paul extra muros, après voir abdiqué. Il serait mort simple moine.
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Serge IV | 1009-1012 | Romain; fils d'un cordonnier. Évêque d'Albano à son élection.
Comme son prédécesseur, il aurait été imposé par Jean II Crescentius (+1012), sénateur, patrice et maître de Rome
après la mort d'Otton III (996-1002) disparu sans laisser d'héritier.
Son nom 'Pierre' il le changea par égard pour le prince des apôtres.
Pendant son règne, le Saint Sépulcre est détruit à Jérusalem par le Calife Al-Hakim le 18 octobre 1009.
La mort du pape et du dictateur Crescentius au cours de la même semaine (12 - 18 mai 1012) fait penser qu'ils
ont été victimes des évènements provoqués par la famille rivale de Tusculum, dont il sera question au long des
pontificats suivants.
Serge fut enterré à Saint-Jean de Latran où on peut encore lire son élogieux épitaphe.
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Benoît VIII | 1012-1024 | Théophylacte, deuxième enfant du comte Grégoire de Tusculum,
famille dépossédée jadis par les Crescentii. Né vers 980, laïc encore à son élevaion au pontificat, il prit le nom de Benoît.
Fait plus pour la politique que pour la religion, le futur pape avait dirigé personnellement les troupes
qui écrasèrent en 1012 les Crescentii dans leurs forteresses sur les montagnes,
tandis que son frère Romain, futur Jean XIX, prenait en main le gouvernement civil de Rome.
C'est cette nouvelle famille "dei comti di Tusculo" qui va régner sur Rome désormais à la place des Crescentii.
Une des réussites de Benoît fut rénouer des relations avec la maison royale d'Allemagne présidée alors par Henri II (1002-1024).
Henri II vint à Rome et fut couronné empereur à Saint-Pierre en 1014.
Le pape et l'empereur tinrent un synode de reforme à Ravenne qui fixa l'âge minimum pour recevoir les ordres,
et légifera contre la simonie et autres abus.
Benoît donna aussi nouvelle vigueur à la norme du célibat du clergé, décidée par le concile
d'Elvire (Espagne) au Ve siècle, afin "d'éviter la dispersion des biens matériels de l'Église".
Pape énergique, il releva le prestige de sa charge à une époque où celui-ci s'était éclipsé. |
Jean XIX | 1024-1032 | De la famille des comtes de Tusculum; frère cadet de Benoît VIII.
Fut élevé au pontificat en une seule journée, passant de l'état de laïc à celui de pape, ce qui scandilisa bien des gens.
Il se montra un rusé politique, en se conciliant d'autres familles nobles, dont celle des Crescentii, évincée.
Début 1027, il couronna empereur Conrad II d'Allemagne (1024-1039) à Saint-Pierre en présence des rois
Rodolphe III de Bourgogne et Knud d'Angleterre et du Danemark.
Il se montra trop complaisant avec Conrad II à plusieurs reprises. Malgré ces désagréments, le prestige du pape
dans l'Église était grand.
Pendant la plus grande partie de son règne, il jouit d'excellentes relations avec le
prestigieux abbé Odilon de Cluny.
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Benoît IX | 1032-1045 | Theophylacte, "dei conti di Tusculo".
Fut pratiquement imposé par son père, Albéric III, frère de Jean XIX, devenu chef de la famille dominante des Tusculum.
Seul pape à exercer le pontificat, en tout cas de facto, à trois périodes différentes.
Il y a plusieurs anti-papes au cours de son règne agité.
En septembre 1044, une première révolte appuyée par les Crescentii, obligèrent Benoît quitter Rome.
Un nouveau pape fut élu sous le nom de Sylvestre III.
Le 10 mars 1045, le pape Benoît put regagner Rome. Excommunia et chassa de Rome Sylvestre.
Le 1er mai de la même année, Benoît IX signe un acte d'abdication (non régulière) et Grégoire VI devient pape.
Benoît se retire à nouveau dans les terres familiales, près de Tusculum (à proximité de Frascati).
Le roi d'Allemagne, Henri III (1030-1056) descend en Italie disposé à faire les reformes nécessaires de l'Église
et à se faire couronner empereur.
Un synode convoqué par Henri III à Sutri qui déposa Benoît, mais aussi Sylvestre III et Grégoire VI.
Sous la pression de Henri III un Allemand, un certain Suidger de Bamberg est élu pape sous le nom de Clément II.
Celui-ci meurt subitement.
Pour lui succéder, Henri III fait élire un autre Allemand, Poppon de Brixen, qui prend le nom de Damase II.
A la mort de Damase, un autre pape prend place à Rome sous le nom de Léon IX.
Benoît IX passa ainsi une grande partie de sa vie à Tusculum.
Pendant le temps qui lui avait été donné pour régner, il se montra un pontife compétent; et s'entoura de gens capables.
Mais sa vie privée fit scandale par sa violence et ses dissipations.
Benoît meurt fin 1055 ou début 1056 probablement à Grottaferrata, où il est enterré.
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Grégoire VI | 1045-1046 | Romain; Jean Gratien. Il était archiprêtre de St-Jean-Porte-Latine
lorsque Benoît IX, rentré à Rome après son séjour forcé à Tusculum, rédigea un acte d'abdication en sa faveur.
Ce qui n'était pas régulier.
Mais Gratien, homme respecté par tous, fut élu par la suite par acclamation.
Pierre Damien (1007-1072), docteur de l'Église et le réformateurs saluèrent avec enthousiasme l'élection
du nouveau pape, qui prit le nom de Grégoire.
Hildebrand, futur pape, devient un de ses proches amis.
Cependant, Henri III (1039-1056), roi d'Allemagne, considéra invalide l'élection.
Il convoqua un synode à Sutri pour juger Grégoire, mais aussi Benoît IX et Sylvestre III.
Le synode condamna la forme d'élection de Grégoire.
Henri III décida d'amener Grégoire avec lui en exile en Allemagne. Grégoire mourut en Cologne.
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Clément II | 1046-1047 | Issu d'une noble famille saxonne.
Il s'appelait Suidger et était évêque de Bamberg, en Bavière.
Après la déposition de Sylvestre III, Grégoire VI et Benoît IX, il fut élu pape à titre de candidat du roi.
Il fut le premier des quatre papes allemands que Henri III (1039-1056), roi d'Allemagne devait imposer
pour sauver la papauté des dissensions des familles romaines.
Il couronna Henri III et son épouse Agnès empereur et impératrice à noël 1046, le même jour où il fut intronisé pape.
Le 5 janvier 1047, il présida un synode qui condamna sévèrement la simonie.
Odilon, cinquième abbé de Cluny, lui rendit visite. Le pape publia une bulle recommandant son abbaye à des
personnalités de premier plan de France.
Pierre Damien (1007-1072) lui écrivit aussi lui manifestant sa déception devant la lenteur des reformes dans l'Église.
Clément garda sa chère Église de Bamberg, dont il voulut rester évêque, même devenu pape.
Et c'est à Bamberg que ses dépouilles mortelles furent ramenées après sa mort.
Le 22 octobre 1731, puis le 3 juin 1942, son tombeau fut ouvert. On découvrit qu'il était blond et mesurait près
de deux mètres. Et qu'il est mort probablement de saturnisme |
Damase II | 1048-1048 | Bavarois; évêque de Brixen (Tyrol).
Du cercle de l'empereur Henri III (1039-1056).
Sera le deuxième pape allemand imposé par celui-ci.
Il prit le nom de Damase, pour marquer sa dévotion pour l'antique et pure Église.
Grégoire VI y Benoît IX étaient encore en vie.
Il avait des visées réformatrices pour l'Église.
Mais ne régna que vint-trois jours, emporté probablement de malaria.
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Léon IX
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1049-1057 |
Le troisième et le plus grand des papes nommés par Henri III (1039-1056) qui séjournait alors à Worms.
Fils d'un comte alsacien, apparenté à la famille impériale, son nom était Bruno.
Il adopta le nom de Léon en hommage à Léon le Grand.
Il était évêque de Toul.
Bruno arriva à Rome habillé en pèlerin.
S'entoura de personnes intègres et de valeur amorçant une reforme radicale de la Curie.
Compta avec le conseil de Pierre Damien (1007-1072), de l'abbé Hugues de Cluny (+1109), de l'évêque
Halinard de Lyon (1052).
Travailla pour la reforme de l'Église. Combattit la simonie, une vraie plaie à l'époque.
Se déplaça beaucoup, convoquant des synodes de reforme.
Il condamna l'enseignement de Bérenger de Tours (1010-1088) concernant l'eucharistie.
Organisa une expédition contre les Normands qui dévastaient le sud de l'Italie.
Il fut fait prisonnier neuf mois, mais traité avec respect.
Irrité par l'ingérence du pape dans les territoires revendiqués par Byzance, Michel Cérulaire (1043-1058) patriarche,
fit fermer toutes les églises latines qui se trouvaient à Constantinople.
Le 16 juillet 1054, les légués du pape Léon déposèrent sur l'autel de Sainte-Sophie la bulle papale
excommuniant Cérulaire.
Le schisme Orient / Occident date conventionnellement de cet évènement.
Il est vénéré par l'Église comme saint; fête le 19 avril.
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Victor II | 1055-1057 | Fils du comte Hartwig de Souabe. Gebhard de son prénom, fut le
dernier des quatre papes imposés par l'empereur Henri III (1039-1056).
Il était évêque d'Eichstätt, dont il restera évêque même étant pape; il était au même temps
chancelier et conseiller de Henri III.
Hésita quatre ou cinq mois avant d'accepter la charge pontificale.
Son talent de grand organisateur lui permit de rendre de grands services à l'empereur, puis à l'Église.
A la mort de Henri III, Victor était en Allemagne, et il assura à Aix-la-Chapelle la succession
de Henri III à Henri IV (1056-1106) qui n'avait que cinq ans. Sa mère, l'impératrice Agnès fut nommé régente.
Après avoir tenu un synode local à Arezzo, le 23 juillet 1057, Victor y mourut le 28.
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Etienne IX | 1057-1058 | Bénédictin. Dernier fils du duc Gozelon de Lorraine,
frère du duc Godefroid, comte de Toscane (1040-1096), en qui Henri III voyait un dangereux concurrent.
Il avait reçu son éducation à Liège.
Léon IX l'appela à Rome et fit de lui l'un de ses proches collaborateurs.
Au moment de son élection, Etienne était l'abbé de la célèbre Abbaye du Mont-Cassin.
Il y avait été fait cardinal prêtre par son prédécesseur Victor II.
Il fut élu le 2 août 1057 et sacré le lendemain. Il emprunta son nom à Etienne 1er, dont la fête tombait le 2 août.
Pape réformateur. Nomma Pierre Damien (1007-1072), propagandiste de la reforme, cardinal et évêque d'Ostie,
malgré ses protestations.
Élut Hildebrand (futur pape) comme conseiller.
Au cours de son bref règne, Etienne donna une forte impulsion à la reforme.
Il mourut à Florence, où il était venu demander de l'aide à son frère Godefroid contre les Normands.
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Nicolas II | 1059-1061 | Il se prénommait Gérard; originaire de Lorraine ou
de la Bourgogne française.
Évêque de Florence, il fut élu pape à Sienne grâce aux réformateurs qui restèrent fidèles au serment prêté à Etienne IX
de ne pas élire son successeur avant le retour de Hildebrand, en mission en Constantinople.
Pendant ce temps-là, un anti-pape fut élu précipitamment à Rome sous le nom de Benoît X,
lequel ne tarda pas à être expulsé par le duc Godefroid, comte de Toscane (1040-1096).
Au synode tenu au Latran en 1059, Nicolas promulgua un décret capital sur la forme d'élire un pape.
Et interdit la collation des bénéfices ecclésiastiques par des laïcs.
Il tourna le dos à la ligne suivie jusque là par ses prédécesseurs et conclut une alliance
avec les Normands du sud de l'Italie.
La cour et les évêques allemands n'étaient pas d'accord avec la ligne politique suivi par le pape.
Dans un synode , ils allèrent jusqu'à prononcer la nullité des actes du pape et rompre la communion avec lui.
Nicolas mourut à Florence avant de pouvoir réagir, ville dont il se voulait toujours évêque; il y fut enseveli. |
Alexandre II | 1061-1073 | Né à Baggio, près de Milan; prénommé Anselme.
Évêque de Lucques. Son élection fut soutenue par Hildebrand, futur pape.
Il put être installé à Rome, qui était en pleine agitation, grâce aux troupes normandes
réconciliées depuis peu avec la papauté.
La cour allemande, qui n'avait pas été consultée, nomma un anti-pape, Honorius II.
Enfin, Alexandre fut agréé par les Allemands au prix d'un humiliant "serment purgatoire"
qu'il a dû prêter auprès de l'archevêque de Cologne, Annon, régent de l'empire alors.
Il prit des mesures pour la reforme de l'Église.
Il cita à Rome de puissants prélats pour se disculper de l'accusation de simonie
Il a fait célébrer des synodes de reforme en France et en Allemagne, présidés par ses légués.
Appuya le duc Guillaume le Conquérant (1028-1087), normand, ami de la réforme, dans son entreprise
à l'égard de Harold d'Angleterre, vaincu dans la bataille de Hastings (1066).
En 1068, Sanche V roi d'Aragon mit son pays sous la protection féodale du pape et en 1071 substitua
la liturgie mozarabe par la liturgie romaine.
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Grégoire VII | 1073-1085 | Hildebrand, né en Toscane. De famille modeste.
Bénédictin à l'Abbaye de Cluny. Léon IX l'a fait venir à Rome.
Personnage exceptionnel. Homme résolu, de grand talent et expérience.
Un des papes les plus grands de l'histoire. Figure imposante du Moyen Âge.
Fut élu par acclamation. Il emprunta son nom à Grégoire 1er le Grand.
Il n'informa pas Henri IV d'Allemagne (1056-1106), ni demanda son approbation.
Une idée très haute de la papauté (exposée dans les 27 propositions du 'Dictatus papae' - 1075).
Mais il a été contesté en son temps. Son objectif premier fut la reforme de l'Église.
Il entretint de bonnes relations avec Guillaume le Conquérant (1066-1087).
Alphonse roi de Castille prend exemple de Sanche V roi d'Aragon et introduit la liturgie romaine à la place de la mozarabe.
Défenseur zélé de l'indépendance de l'Église, Grégoire interdit aux pouvoirs laïques de nommer des évêques.
Henri IV d'Allemagne réprimandé par le pape pour cette raison, convoqua un synode à Worms (janvier 1076)
qui alla jusqu'à déposer le pape. Le pape réagit en excommuniant Henri et le déposant.
Henri IV, en difficultés avec son rival Rodolphe de Souabe, préféra aller à Canossa (janvier 1077)
pour demander pardon au pape.
Lorsque Henri IV fut excommunié une nouvelle fois, celui-ci convoqua un synode à Brixen, déposa à son tour
le pape, nomma un anti-pape, Clément III, et envahit Rome.
L'attitude inflexible du pape, lui aliéna beaucoup de partisans, y compris treize cardinaux.
Grégoire se réfugia à Mont-Cassin et ensuite à Salerne, où est il mort prononçant les célèbres
paroles du Psaume: 'J'aimais la justice et haï l'iniquité; pour cela je meurs en exile'.
Il a sa sépulture à Salerne. Il est honoré par l'Église comme saint. Fête 25 mai. |
Victor III | 1086-1087 | Né à Bénévent; apparenté aux ducs lombards de Bénévent.
Bénédictin; cardinal et abbé de l'Abbaye du Mont-Cassin. Ce fut l'âge d'or de l'Abbaye.
Elu pape, en signe de conciliation, il emprunta le nom à Victor II nommé pape par Henri III (1039-1056).
Il fut sacré plus d'un an après la mort de Grégoire VII. L'anti-pape Clément III occupait toujours Rome
soutenu par Henri IV (1056-1106).
Pour leur part, les partisans du pape Grégoire VII ne l'aimaient pas non plus, car il ne faisait pas partie
des trois candidats proposés par le pape avant sa mort.
Découragé, Victor retourna à Mont-Cassin où il passa la plupart du temps qui lui restait à vivre.
Il convoqua un important synode à Bénévent, sa ville natale.
Où il tomba gravement malade; et se hâta de regagner Mont-Cassin, où il est mort.
Son culte débuta peu de temps après. Léon XIII confirma son culte en 1887. Fête le 16 septembre.
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Urbain II | 1088-1099 | Français, né à Châtillon-sur-Marne.
Eudes (Odon) fit ses études à Reims sous Saint Bruno. Puis il se fit moine à Cluny.
Il fut créé cardinal évêque d'Ostie par Grégoire VII.
Il fut élu pape à Terracina, près de Gaète; car l'anti-pape Clément III était toujours maître de Rome.
Urbain put rentrer définitivement à Rome en 1093.
Savant canoniste, dont bien de décisions devaient être incorporées au Code des lois de l'Église catholique.
L'expression 'Curia romana' apparaît pour la première fois dans une de ses Bulles (1089).
Ce pape est surtout connu par son appel à Clermont-Ferrand (27 novembre 1095) à la première Croisade (1095-1099).
Urbain mourut deux semaines après la prise de Jérusalem par les croisés (15 juillet 1099).
Il a été béatifié par Léon XIII en 1881. Fête, le 29 juillet.
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Pascal II | 1099-1118 | Rainier; né à Bieda di Galeata en Romagne. De famille modeste.
Moine; puis abbé à l'Abbaye Saint-Laurent extra muros.
Deuxième pape, après Etienne II (752-757) à visiter la Basilique Saint-Denis en France,
comme le rappelle une plaque apposée à l'entrée de ce temple.
A son élection, vivait encore l'anti-pape Clément III, soutenu par Henri IV (1056 -1106) d'Allemagne.
Le pape eut à affronter son fils, Henri V (1106-1125), pour l'affaire des investitures.
Le roi d'Allemagne, venu à Rome, allait se faire couronner empereur
dans une cérémonie (12 février 111) qui fut interrompue par le tumulte provoqué à l'annonce de la concession
faite par le pape au sujet des nominations des évêques.
Henri V réagit mettant en prison le pape; lequel y languit deux mois durant.
Pascal finit par céder et accorda à Henri le "droit d'investitures" (nomination des évêques) par le "privilège de Ponte-Mammolo"
près de Tivoli (12 avril 1111).
Cette capitulation fut très critiquée.
Le pape regretta sa faiblesse et annula le "privilège". Il envisagea même d'abdiquer.
Pendant ce temps, Henri I d'Angleterre (1100 -1135) se contenta d'un simple hommage de la part des évêques élus.
Le roi de France également renonça à nommer les évêques se contentant d'un serment de fidélité.
Ces conduites s'appuyaient sur la thèse élaborée par Yves de Chartres (1040-1115) qui distinguait pouvoir
spirituel et avantages matériels qui s'y attachent, et que Pascal II approuva.
Jérusalem fut prise par la première Croisade (15 juillet 1099).
Mal renseigné, Pascal bénit l'expédition égoïste de Bohémond 1er contre Constantinople, qui blessa durablement
l'Église d'Orient.
A la mort de Pascal II, à Castel Sant-Angelo, la papauté avait perdu de son crédit.
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Gélase II | 1118-1119 | Jean, né à Gaète. Bénédictin; moine à Mont-Cassin. Chancelier de Pascal II.
Dès son élection, il fut attaqué par la famille patricienne des Frangipani qui le mit en prison;
il en fut libéré par les Romains conduits par le préfet de Rome.
Il s'enfuit à Gaète avec les cardinaux. Il y fut ordonné prêtre, sacré évêque et intronisé pape les 9-10 mars 1118.
Henri V (1106-1125), descendu à Rome, nomma un anti-pape, Grégoire VIII.
Lorsque Henri quitta Rome, Gélase y fit sa rentrée.
Mais attaqué à nouveau par les Frangipani, il crut prudent de se retirer en France.
Il fit voile de Gênes avec plusieurs cardinaux vers Marseille.
Norbert de Xanten (1080-1134), futur fondateur des prémontrés, vint le voir lorsque le pape était à
St-Gilles, près de Nîmes.
Malade, le pape se retira à l'Abbaye de Cluny; où il est mort; et enterré. |
Calixte II | 1119-1124 | Gui; français; fils du comte Guillaume de Bourogne,
apparenté aux maisons royales d'Allemagne, Angleterre et France.
Troisième pape, après Etienne II (752-757) et Pascal II (1099-1118), à être reçu dans la Basilique Saint-Denis en France
comme le rappelle une plaque apposée à l'entrée de ce temple.
Évêque de Vienne, ville où il fut aussi élu et intronisé pape par la poignée de cardinaux qui avait suivi
le pape Gélase II jusqu'à Cluny. Le clergé et le peuple de Rome ratifièrent l'élection le 1er mars 1119.
Il fut reçu avec enthousiasme à Rome le 3 juin 1120. L'anti-pape Grégoire VIII fut conduit à un monastère.
Lorsqu'il était évêque de Vienne, le nouveau pape avait été un infatigable champion de la réforme de l'Église et
mené l'attaque contre la capitulation forcée de Pascal II devant l'empereur Henri V (1106-1125) au sujet des investitures.
Élu pape, Calixte conclut le 'Traité de Worms' le 23 septembre 1123 avec Henri V au sujet de cette affaire des investitures.
La nouvelle pratique adoptée était plus ou moins calquée sur celle qui était en vigueur en France et Angleterre.
Ce concordat mit fin à une longue lutte entre l'Église et l'empire.
En mars 1123, le pape convoqua le 1er Concile de Latran (1123), 9° oecuménique pour l'Église d'Occident.
Ce Concile promulgua des canons disciplinaires. |
Honorius II | 1124-1130 | Lambert Scannabecchi; né à Fiagnano (Imola); de famille modeste.
Cardinal évêque d'Ostie.
Fut imposé pratiquement "à la pointe de l'épée" contre Célestin II fraîchement élu qui comptait avec
le soutien des Perleoni, des Frangipani et d'Aimeric, ami des saint Bernard. Célestin II démissionna.
Plus que d'un conflit de familles patrices, il s'agissait d'une mésentente entre cardinaux, vieux 'grégoriens'
et nouveaux arrivés, réformateurs comme les précédents, mais qui voulaient un pape plus religieux que politique.
Élu pape, la "patience diplomatique" de Honorius II à l'égard de Louis VI (1108-1137), roi de France, provoqua l'indignation
de Bernard de Clairvaux (1190-1153) toujours plus influent.
Honorius appuya la candidature de Lothaire III à la couronne allemande (1125-1137).
Pendant ce temps, Bernard de Clairvaux prit une part importante à la rédaction des Règles de l'Ordre
des chevaliers du Temple, lesquelles furent ensuite approuvées par Honorius (1128).
Honorius s'occupa surtout de la réforme des ordres religieux.
Le pape mourut dans le monastère de Saint-Grégoire sur le mont Caelius où il avait été transporté, déjà malade.
Il y reçut une sépulture provisoire, attendant que son successeur fut élu.
Après l'élection d'Innocent II, il fut transféré au Latran. |
Innocent II | 1130-1143 | Grégoire Papareschi, romain, de famille patricienne.
Il était cardinal diacre de Saint-Ange.
Son élection se fit dans la précipitation par des cardinaux français et du nord d'Italie.
Les autres cardinaux, élirent le cardinal Pierre Pierleoni qui prit le nom d'Anaclet II, soutenu par Roger II (1095-1154),
roi de Sicile et la puissante famille romaine des Pierleoni.
Les élections furent irrégulières. Mais le titre d'Innocent II fut reconnu très tôt par le monde catholique.
Il s'en suivit un schisme de huit ans. Innocent trouva refuge en France.
Innocent fut enfin reconnu pape grâce à l'influence d'Aimeric qui gagna à sa cause
Bernard de Clairvaux (et avec lui la France et l'Angleterre)
et Norbert de Xanten (1080-1134), fondateur des prémontrés et évêque de Magdeburg
(et avec lui, l'Allemagne et l'empereur Lothaire).
Avant de regagner Rome, Innocent sacra à Reims (1131) l'héritier de la couronne de France Louis VI.
Puis il marcha vers Rome avec Lothaire III (1125-1137), lequel fut sacré empereur au Latran (1132).
Saint-Pierre et la cité léonienne était toujours en pouvoir d'Anaclet II.
Une fois Lothaire II retiré en Allemagne, Innocent II préféra s'installer à Pise.
Mais lorsque Anaclet II meurt (1138), il fait sa rentrée définitive à Rome.
Il fut capturé par Roger II, qui le força à le reconnaître roi de Sicile.
Le pape entra en conflit aussi avec Louis VII roi de France (1137-1179) au sujet d'une nomination au siège de Bourges.
Il convoqua le 2e Concile de Latran, 10e oecuménique pour l'Église catholique.
Il confirma la condamnation de Pierre Abélard (1079-1142) faite par le synode de Sens (1140).
Par delà les turbulences de l'époque, Innocent II laissa le souvenir d'un pape intelligent, réformateur religieux sincère.
Il fut le quatrième pape, après Etienne II (752-757) et Pascal II (1099-1118) et Calixte II (1119-1124)
à être reçu dans la Basilique Saint-Denis en France comme le rappelle une plaque apposée à l'entrée de ce temple.
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Célestin II | 1143-1144 | Gui de Città di Castello (Ombrie); noble.
Du cercle d'Aiméric, le tout-puissant chancelier de l'Église romaine (1123-1141).
Disciple de Pierre Abélard (1079-1142) qu'il admira
toute sa vie. Saint Bernard lui écrivit lui demandant de ne pas se laisser aveugler par son admiration pour Abélard.
Légué papal à Cologne, Aachen et France.
A la mort d'Innocent II, il fut élu à l'unanimité.
Grâce à l'intervention de Suger, abbé de Saint-Denis, et de Bernard de Clairvaux, il annula l'interdit qui pesait
sur les lieux qui abriteraient Louis VII de France (1137-1179), imposé par Innocent II après le conflit de Bourges (1141).
"Pour le rachat de son âme", il légua à l'église de Saint-Florido 52 volumes, dont deux d'Abélard. |
Lucius II | 1144-1145 | Gérard Caccianemici, né à Bologne. Ami de Bernard de Clairvaux.
A la mort d'Aiméric, il le succéda comme chancelier de l'Église romaine.
Élu pape, il fit Toledo siège primatial de la péninsule ibérique, et accepta Portugal pour "fief" pontifical.
Une révolte à Rome créa un sénat indépendant du pape, avec à sa tête Giordano Pierleoni, frère de l'anti-pape Anaclet II
déjà mort.
Lucius mourut des blessures provoquées par des pierres jetées par les défenseur du Capitole, où le sénat s'était établi.
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Eugène III | 1145-1153 | Bernard Pignatelli, né à Pise, de famille modeste.
Il fut élu le même jour où Lucius II mourut de ses blessures.
Cinquième pape, après Etienne II (752-757), Pascal II (1099-1118), Calixte II (1119-1124) et
Innocent II (1130-1143) à être reçu à la Basilique Saint-Denis en France comme le rappelle une plaque
apposée à l'entrée de ce temple.
Premier pape cistercien. Ancien disciple de Bernard de Clairvaux, lequel fut consterné, en apprenant son élection,
de ce que les cardinaux aient choisi ce candidat cloîtré et inexpérimenté.
Mais le nouveau pontife devait s'avérer plus capable qu'il ne l'avait prévu.
Il n'abandonna jamais ses habits de moine et ses us cisterciens.
Il proclama la 2e Croisade, et chargea Bernard de Clairvaux de la prêcher.
Il conclut avec Frédéric Barberousse (1152-1190) le Traité de Constance, où chacun s'engageait à protéger et à défendre
les droits souverains de l'autre..
Il est mort à Tivoli. Dernier pape réformateur. Il fut enterré à Saint-Pierre.
Il fut béatifié par Pie IX. Fête, 8 juillet.
Bernard de Clairvaux lui consacra le traité "De consideratione", sur les devoirs d'un pape.
Il lui disait, entre autres choses, "Tu présides pour servir, non pour dominer" ("Praesis ut prosis, non ut imperes").
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Anastase IV | 1153-1154 | Corrado; romain.
Élu âgé le jour même de la mort d'Eugène III.
Il jouissait de la confiance du sénat du peuple, et a pu résider à Rome, sans être inquiété, à différence de ses prédécesseurs.
Il a bâti un nouveau palais près du Panthéon.
Il rétablit dans le siège épiscopal de York l'évêque Guillaume Fitzherbert (+1154),
qui avait été déposé par le pape Eugène II; et qui sera vénéré plus tard comme saint.
A sa mort, Anastase fut enterré au Latran, basilique qu'il avait aimé et embellie. |
Adrien IV | 1154-1159 | Nicolas Beakspears; seul pape anglais dans l'histoire de l'Église.
Fils d'un clerc pauvre d'Abbot's Langley près de St-Albans.
Il a fait ses études en France; et fut abbé, à Avignon, d'une communauté de moines (chanoines de St-Ruf).
Cardinal évêque d'Albano. Légué en Scandinavie, où il réorganisa l'Église.
Rentré à Rome, il fut élu à l'unanimité à la mort d'Anastase IV.
Il a dû faire face à la "commune populaire" qui contrôlait Rome.
Expulsa l'agitateur Arnaud de Brescia; qui fut exécuté plus tard (1155).
Il aurait encouragé Henri II d'Angleterre (1154-1189) à annexer l'Irlande au royaume anglais; fait qui est discuté.
Couronna empereur Frédéric 1er Barberousse (1152-1190) à Saint-Pierre (18 juin 1155).
Adrien, qui considérait la papauté au-dessus de l'empire, entra en conflit avec l'empereur qui ne l'entendait pas ainsi.
Le pape fit la paix avec Guillaume de Sicile, le reconnaissant roi, ce qui revenait à consolider sa propre position précaire.
La tension entre le pape et l'empereur atteignit un point critique.
Il était prêt à l'excommunier, lorsque la mort l'emporta.
Le titre 'Vicaire du Christ' appliqué au pape devint courant à cette époque. |
Alexandre III | 1159-1181 | Orlando Bandinelli, né à Sienne.
Célèbre professeur de droit à l'université de Bologne, publia un commentaire sur le
"Décret de Gratien", et un livre de "Sentences" qui reflètent l'enseignement d'Abélard (1079-1142).
Il fut le conseiller le plus écouté d'Adrien IV.
A son élection, il s'en suivit un schisme en Occident qui dura 18 ans, avec quatre anti-papes.
A la source, l'hostilité de Frédéric 1er Barberousse (1152-1190), que le pape n'hésita pas à excommunier.
Le synode de Toulouse, en présence de Louis VII roi de France (1137-1179) et d'Henri II roi
d'Angleterre (1154-1189), reconnaît Alexandre comme pape légitime.
Alexandre s'établit d'abord à Sens. Plus tard, à Bénévent.
Appuya la Ligue lombarde qui mit en déroute Frédéric Barberousse à Lagnano (29 mai 1176).
La ville d' Alessandria (1168), dans le Piémont, porte ce nom en hommage à ce pape.
Appuya Thomas Becket de Canterbury (1162-1170) contre Henri II, roi d'Angleterre, son futur assassin.
Reconnut le droit à la couronne d'Alphonse I de Portugal (1139-1185), contre la promesse d'un tribut annuel.
Présida le 3e Concile de Latran (1179), 11° oecuménique pour l'Église catholique, qui mit fin au schisme
et marqua une étape pour l'autorité législatrice du pape.
Ce Concile établit que dans les futures élections papales, le 2/3 des voix des cardinaux seraient nécessaires.
Il promut la création d'écoles cathédrales.
Un certain nombre de dispositions de ce pape passèrent ensuite au Code de droit canonique de l'Église.
Il est mort à Cività Castellana à 55 kilomètres de Rome. Il fut enterré au Latran.
Ce pape imprima une marque durable à l'Église
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Lucius III | 1181-1185 | Ubald Alucingoli; né à Lucques (Lucchese).
Il était l'un des deux cardinaux (avec le futur Célestin III) à être estimé "incorruptible" par
Thomas Becket de Canterbury (1162-1170)..
Deuxième pape cistercien.
Conseiller le plus écouté d'Alexandre III.
A cause des turbulences toujours présentes à Rome, il jugea plus prudent de résider soit à Velletri soit à Agnani.
Il signa en 1184 à Vérone, avec Frédéric Barberousse (1152-1190), la décrétale "Ad abolendum",
parfois appelé la charte magne de l'Inquisition. Les hérétiques devait être jugés par l'Église et livrés ensuite
au bras séculier pour être châtiés.
Il est mort et enseveli à Vérone.
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Urbain III | 1185-1187 | |
Grégoire VIII | 1187-1187 | Alberto de Morra, né à Bénévent.
Professeur de droit à l'université de Bologne. Légué papal pour diverses missions. Chancelier de l'Église.
Déjà âgé, il fut élu à Ferrara, lieu où Urbain III venait de décéder.
Esprit conciliant; pieux. Ne régna que 57 jours.
Pendant son court règne, Saladin s'empara de Jérusalem (le 2 octobre 1187)
On lui doit la "forma dictandi" propre à la prose des documents pontificaux.
Il est mort à Pise.
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Clément III | 1187-1191 | Paul Scolari; issu d'une riche famille romaine,
apparentée à d'influents milieux de la ville.
Cardinal évêque de Preneste (aujourd'hui Palestrina). De santé fragile et sans expérience diplomatique.
Il fut élu à Pise, où son prédécesseur venait de mourir.
La commune romaine, opposée à ses prédécesseurs, lui permit de rentrer à Rome.
Et lui rendit même son droit de frapper monnaie. Le pape, pour sa part, a dû faire des concessions.
Premier pape à choisir Latran pour résidence.
La 3e Croisade (1189-1191) a lieu sous son règne.
Richard Cœur de Lion (1189-1199) et Frédéric 1er Barberousse y participent. Ce dernier
meurt noyé en Anatolie (10 juin 1190).
Son fils Henri VI (1191-1197) est en voyage à Rome pour se faire couronner empereur,
lorsqu'il apprend la mort du pape. |
Célestin III | 1191-1198 | Giacinto Bobo; romain; de famille noble.
Il avait fait ses études à Paris auprès d'Abélard (1079-1142), qu'il défendit plus tard au synode de Sens (1140)
au déplaisir de Bernard de Clairvaux.
Son ancien condisciple Célestin II le créa cardinal, laïc.
Devenu pape, il prit le nom de son ancien patron et ami.
Giacinto Bobo était l'un des deux cardinaux à être "incorruptibles" aux yeux de Thomas Becket (1118-1170).
Loyal au pape Alexandre III, il jouissait aussi de la confiance de Frédéric Barberousse.
Élu à contrecœur à 85 ans, il accepta pour éviter un nouveau schisme.
Couronna empereur le jeune Henri VI Hohenstaufen (1191-1197), fils de Frédéric Barberousse mort noyé en Anatolie.
Henri VI eut l'odieuse initiative d'emprisonner Richard Cœur de Lion (1189-1199),qui était sous la protection du pape,
à son retour de la 3e Croisade.
Henri VI mourra et sera enseveli en Sicile, qu'il venait d'annexer à sa couronne. |
Innocent III | 1198-1216 | Lothaire; né à Anagni; fils du comte de Segni; neveu de Clément III.
Cardinal diacre de St Serge et Bacchus, âgé de 37 ans, il fut élu à l'unanimité à la mort de Célestin III.
Il avait fait ses études théologiques à Paris ayant pour maître Pierre de Corbeil.
Puis, à Bologne, le droit canonique auprès du maître Huguccio de Pise.
Il composa plusieurs essais, dont La misère de la condition humaine et Les mystères de la messe.
Élu pape, il couronna empereur, pour succéder à Louis VI mort en 1197, Otton IV de Brunswick (1198-1218).
Mais quand Otton envahit l'Italie du sud et la Sicile, le pape le déposa (18 novembre 1210).
En 1204, Innocent reconnut Joannitza comme souverain de Bulgarie (1197-1207).
Par la faute des intrigues vénitiennes, la 4e Croisade (1202-1204) fut malencontreusement détournée contre Constantinople.
Il exigea que les évêques se rendent à Rome tous les quatre ans.
Le 4e Concile de Latran, 12e oecuménique pour l'Église catholique (novembre 1215) compta avec douze cents prélats.
La production législative d'Innocent fut immense.
La confession annuelle fut imposée aux catholiques et le port d'un vêtement distinctif aux juifs et aux musulmans.
Le pape autorisa la prédication ambulante des premiers franciscains.
Il chargea l'austère Espagnol Dominique de Guzman (1170-1221) de convertir les albigeois du sud de la
France en recourant au débat public.
Lorsque son légat fut assassiné en 1208, Innocent ordonna une Croisade contre les albigeois,
laquelle jeta une grosse ombre sur la seconde moitié de son pontificat.
Son règne marque l'apogée de la papauté médiévale.
Innocent mourut subitement à Pérouse, où il fut inhumé.
Mais Léon XIII, ancien évêque de Pérouse, le fit transférer au Latran, où l'on peut voir son tombeau,
oeuvre de G.Lucchetti (1891).
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Honorius III | 1216-1227 | Cencio Savelli; aristocrate romain; il avait été
précepteur du futur Frédéric II. Cardinal prêtre, il fut élu pape à l'unanimité à Pérouse, où Innocent III venait de mourir.
Avancé en âge et de santé fragile.
Il couronna empereur Frédéric II (1220-1250) à Saint-Pierre le 22 novembre 1220.
Dans l'intérêt de la Croisade qui se préparait, le pape couronna aussi empereur latin de Constantinople
Pierre de Courtenay le 9 avril 1217.
La 5e Croisade (1217-1221) se solda par un échec.
Le légat du pape sur le terrain, l'obstiné cardinal Pélage, en porte la principale responsabilité.
Honorius approuva l'Ordre dominicain (22 décembre 1216), ainsi que les règles définitives des franciscains
(19 décembre 1223) et plus tard celles des carmes (30 janvier 1226).
Une collection de ses décrétales fut envoyée aux universités sous le nom de Compilatio quinta
laquelle est considérée comme le premier ouvrage officiel de Droit canonique.
Grand administrateur, il avait déjà compilé en 1192, sous Célestin III, un Liber censuum
qui récensait, par provinces et diocèses, les organismes religieux et séculiers qui dépendaient du Saint-Siège.
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Grégoire IX | 1227-1241 | Hugolin, fils d'un comte de Segni, né à Anagni; neveu d'Innocent III.
Il excella en théologie et en droit canonique à Paris, puis à Bologne.
Contrairement à son prédécesseur, il était autoritaire et inflexible.
Il canonisa François d'Assise (1181-1226) en 1128; et Dominique de Guzman (1170-1221) en 1234.
En 1234, il publia le Liber extra, première collection complète des décrétales pontificales
faite, à la demande du pape, par Raymond de Peñafort (+1275), laquelle demeura la source principale du droit
canonique jusqu'à Pie X et Benoît XV.
Il institua l'Inquisition pontificale et la confia aux dominicains.
En 1231, il rétablit l'université de Paris, où lui-même avait fait ses études, après une fermeture de deux ans.
Il lui accorda le droit de déterminer elle-même sa propre constitution et modifia l'interdiction d'étudier Aristote.
En 1233, il fonda l'université de Toulouse, jouissant des mêmes privilèges que celle de Paris.
Grégoire appela à la 6e Croisade (1227-1229).
Frédéric II (1220-1250), qui avait été excommunié, prit Jérusalem (1228).
A son retour, les malentendus avec le pape s'accentuèrent jusqu'à la mort du pontife.
Au début d'août 1241, l'empereur s'approcha de Rome avec l'intention de l'assiéger.
Dans la chaleur brûlante de l'été romain, le pape, affaibli, meurt, ferme face à l'empereur. |
Célestin IV | 1241-1241 | Geoffroy de Castiglione, né à Milan; de famille aristocratique.
Cardinal évêque de Sabine.
Avancé en âge et malade à son élection, ne régna que quinze jours.
Il est probable qu'il ne posa aucun acte officiel avant sa mort. |
Innocent IV | 1243-1254 | Sinibaldo Fieschi, né à Gènes;
fils du comte Hugues de Lavagna.
Brillant canoniste, il avait enseigné à Bologne.
Innocent IV compte parmi les grands papes juristes.
Mais né pour régner, comme on dit de lui, il était aussi dénué de scrupules dans le choix de moyens
que résolu dans la poursuite de ses objectifs. Il cultiva le népotisme à un degré sans précédents.
Sous son règne, le conflit entre la papauté et la maison de Hohenstaufen atteignit son apogée.
Se méfiant de Frédéric II (1220-1250), qui gardait toujours en prison deux cardinaux, Innocent s'enfuit secrètement à Gènes,
puis s'installa à Lyon (décembre 1244). La vigoureuse activité déployée par la curie en cette période, montra
que la papauté pouvait fonctionner efficacement hors de Rome.
Entre le 26 juin et et le 17 juillet 1245, Innocent tint le premier Concile de Lyon, 13e oecuménique
pour l'Église catholique. Concile où prit part saint Bonaventure (1221-1274) en tant que théologien,
et auquel devait se rendre aussi saint Thomas d'Aquin (1225-1274), mort en route vers Lyon.
Ce Concile déposa Frédéric II et délia ses sujets de l'obéissance due à l'empereur.
Frédéric II mourut le 13 décembre 1250 sans se soumettre. Innocent regagna alors l'Italie
et poursuivit sa lutte contre Conrad IV (1237-1254) fils et successeur de Frédéric.
A la mort de Conrad, Manfred, fils bâtard de Frédéric, lui succéda et reconnut enfin Innocent comme suzerain
du fief disputé, la Sicile (24 octobre 1254). Innocent choisit alors de s'établire à Naples.
Il y mourut en apprenant que Manfred s'était révolté. Innocent IV fut enterré à Naples.
En 1252, ce pape fit de l'Inquisition une institution permanente en Italie.
Sa bulle Ad extirpanda (15 mai 1252) approuvait l'usage de la torture en vue d'arracher des aveux.
C'est avec les encouragements de ce pape que Louis IX roi de France entreprit la malheureuse 7e Croisade (1248-1254). |
Alexandre IV | 1254-1261 | Rinaldo, comte de Segni, neveu de Grégoire IX qui l'avait fait cardinal évêque d'Ostie en 1231.
Élu à Naples, où Innocent IV venait de mourir.
Homme doux et indécis. Il ne nomma même pas des cardinaux.
Les gibelins, parti des Hohenstaufen, trouvèrent moyen de faire élire Manfred (1232-1266),
fils bâtard et héritier de Frédéric II, sénateur à Rome au printemps 1261.
Le pape choisit de résider à Viterbe.
Ses rares interventions furent plutôt modestes.
A l'université de Paris, il trancha en 1256 en faveur des mendiants (dominicains et franciscains),
dont le clergé séculier contestait l'enseignement.
Il fonda lui-même en 1256 l'ordre des ermites de St-Augustin, en réunissant plusieurs congrégations
d'ermites vivant sous la règle augustinienne.
Alexandre IV mourut dans la ville où il résidait, Viterbe. |
Urbain IV | 1261-1264 | Jacques Pantaléon, français, né à Troyes, fils de cordonnier.
Il avait fait ses études à Paris. Archidiacre à Liège, il assista au Concile de Lyon en 1245, où Innocent IV
le remarqua et l'envoya comme légat en Pologne, puis en Prusse et Poméranie.
En 1252, il devint évêque de Verdun. Et en 1255, patriarche de Jérusalem.
Le maigre conclave réuni à Viterbe après la mort d'Alexandre IV, discuta en vain trois mois durant.
Pour finir, il élut un candidat extérieur. Le choix tomba sur le patriarche de Jérusalem,
qui était de passage à la curie pour des affaires de Terre Sainte.
Le nouveau pape était un diplomate pourvu d'une longue expérience, vigoureux en paroles en actes.
Il commença par renforcer les effectifs réduits du Sacré Collège en nommant 14 cardinaux, dont 6 Français
remarquablement capables.
Les luttes intestines à Rome l'empêchèrent d'y résider. Il fit d'Orvieto sa ville de résidence. Il y est mort.
Un de ses principaux soucis fut de remplacer Manfred (1232-1266), fils bâtard et héritier de Frédéric II (1220-1250),
par un souverain tributaire du Saint-Siège en Sicile et écarter d'une fois pour toutes d'Italie les prétentions
de la dynastie des Hohenstaufen.
La solution pour la Sicile, qui se révélera plus tard fatidique, consista en offrir la couronne à Charles d'Anjou
(1226-1285), frère de Louis IX (1226-1270) roi de France.
En attendant, Constantinople revint à un empereur byzantin, Michel VIII Paléologue (1259-1282).
Celui-ci, craignant une nouvelle Croisade, proposa au pape de mettre fin au schisme, prêt à reconnaître
la primauté romaine. Mais le pape mourut avant que l'accord ne soit réalisé.
Le pape étendit à toute l'Église la fête du Corpus Christi et chargea Thomas d'Aquin
(1225-1274) d'en rédiger l'office.
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Clément IV | 1265-1268 | Guy Foulques, français, né à Saint Gilles sur Rhône, fils d'un juge prospère.
Après des études juridiques à Paris, il devint. conseiller de Louis IX (1226-1270).
Marié, eut deux filles. Après la mort de sa femme, entra dans les ordres et se fit prêtre.
Évêque de Puy, puis archevêque de Narbonne.
Créé cardinal évêque de Sabine par Urbain IV. Légué papal en Angleterre.
A la mort d'Urbain IV, les cardinaux réunis à Pérouse (Peruggia), encore divisés sur le profil de la candidature
du nouveau pape, rapportèrent leurs voix sur Guy Foulques qui était absent, en voyage.
Devenu pape, il résida d'abord à Pérouse; ensuite à Viterbe, toujours à cause du climat d'inimitié prévalant à Rome.
Il hérita des interminables querelles venues de la confrontation de Frédéric II (1220-1250) et la papauté.
Sous son règne, Charles d'Anjou (1226-1285), frère de Louis IX (1226-1270) roi de France vainquit
d'abord Manfred (1232-1266), fils bâtard et héritier de Frédéric II.
A la mort de Manfred, le jeune Conradin, dernier des Hohenstaufen, fut à son tour vaincu à
Tagliacozzo (23 août 1268), fait prisonnier, jugé et décapité.
La désillusion de Clément fut grande, car libéré des Hohenstaufen, le Saint-Siège tombait sous la dépendance angevine.
La bulle Licet ecclesiarum de Clément IV (27 août 1265) fit date dans la centralisation de l'Église d'Occident.
Clément mourut à Viterbe et fut enterré au couvent des dominicains. |
Grégoire X | 1272-1276 | Tedaldo Visconti, né à Plaisance (Piacenza); de famille noble.
Fit des études à Paris, où il se lia d'amitié avec Thomas d'Aquin (1225-1274) et Bonaventure (1217-1274).
Il accompagnait le futur Édouard I d'Angleterre en croisade, lorsqu'il apprit, à Accre (Akko), son élection comme pape.
Il avait été élu au terme du Conclave le plus long de l'histoire: trois ans; à Viterbe.
Les autorités civiles avaient fini par enfermer les 17 cardinaux présents dans le palais pontifical,
en menaçant de les affamer.
Apprenant son élection, il se rendit à Rome, où ses deux prédécesseurs n'avaient pas mis le pied,
et fut sacré et intronisé à Saint-Pierre.
Pendant le long inter-règne qui suivit la mort de Clément IV, eut lieu l'échec de la 8ème et dernière Croisade,
menée par Louis IX mort en 1270 face à Tunis.
Grégoire convoqua et ouvrit le 7 mai 1274, le 2e Concile de Lyon, 14e Concile oecuménique pour l'Église catholique.
Cette ville fut choisi pour exclure toute pression angevine en Italie.
Entre autres réformes adoptées on peut citer Ubi maius periculum qui est l'acte officiel
de la naissance du "Conclave" dont les dispositions restèrent presque inchangées jusqu'à nos jours.
En revenant de Lyon, le pape mourut à Arezzo le 10 janvier 1276. Il fut enterré dans la cathédrale.
Il fut béatifié par Benoît XIV. Fête, 9 janvier. |
Innocent V | 1276-1276 | Pierre de Tarentaise; français; né en Val d'Isère (Savoie).
Il entra chez les dominicain à Lyon. Fit ses études à Paris et fut reçu maître en théologie.
Collabora avec Albert le Grand (1200-1280) et Thomas d'Aquin (1225-1274) dans la rédaction d'un
programme d'études pour l'ordre dominicain.
Composa un important commentaire des Sentences de Pierre Lombard (1100-1160), lequel fut qualifié discutable
à son époque mais réhabilité au 4e Concile de Latran (1215). IL illustre le passage des anciennes notions
augustiniennes vers les nouveaux concepts aristotéliciens.
Deux fois provincial de son Ordre.
Grégoire X le nomma archevêque de Lyon; puis cardinal évêque d'Ostie.
Il prépara le 2e Concile de Lyon (1274) et y prit une part importante.
A la mort du grand théologien Bonaventure (1217-1274) pendant le Concile, il fut chargé de prononcer le panégyrique.
Lorsque le Concile prit fin, Grégoire X le prit avec lui à son retour en Italie.
Il fut élu à Arezzo. Premier dominicain à devenir pape.
Pour son élection, on appliqua pour la première fois les dispositions de Ubi maius periculum (1274).
Sur le plan politique, le pape réconcilia Charles d'Anjou, roi de Sicile (1266-1285) avec certaines villes
italiennes. Au même temps, il envisageait de couronner empereur Rodolphe 1er de Habsbourg (1218-1291) pour
contrebalancer la domination de Charles.
Il poursuivit les pourparlers interrompus avec l'empereur de Byzance Michel VIII Paléologue (1259-1282).
Mais il mourut au moment même où ses légués montaient à bord à Ancône.
Il a laissé le souvenir d'un pape savant, d'une piété austère.
Il a été béatifié par Léon XIII en 1898. Fête, le 22 juin. |
Adrien V | 1276-1276 | Ottobono Fieschi; né à Gènes; de famille noble; neveu d'Innocent IV.
En 1251, Innocent le créa cardinal diacre de Saint Adrien.
Il fut élu au Latran. Quelques jours après, il quittait l'oppressante chaleur de l'été romain
pour s'installer, déjà gravement malade, à Viterbe.
Il y mourut sans avoir été ordonné prêtre, sacré ou couronné.
Dante le mit au Purgatoire pour péché d'avarice. |
Jean XXI | 1276-1277 | Pedro Juliâo (plus connu sous le nom de Pierre d'Espagne);
portugais, né à Lisbonne; fils de médecin.
Il étudia la médecine à Paris, qu'il enseigna plus tard à Sienne.
Grégoire X le choisit pour médecin personnel.
Et le nomma plus tard archevêque de Braga et cardinal de Tusculum.
Élu pape, il demeura à Viterbe.
Son titre de Jean XXI, résulte probablement d'une confusion dans l'énumération, car il n'y avait pas eu de Jean XX.
Incapable d'affronter les problèmes politiques de l'époque, il laissa la plupart de décisions au cardinal Orsini.
C'est à la suite de sa bulle Relatio nimis implacida qu'Etienne de Tempier, évêque de Paris,
condamna les 219 thèses "averroïstes", dont 19 étaient de Thomas d'Aquin 1225-1274).
Il est mort à Viterbe; le plafond de son cabinet de travail s'était effondré sur lui.
Il fut enterré à Viterbe. On peut voir dans la cathédrale le gisant de la fin du XIIIe
siècle qui recouvrait autrefois sa tombe. |
Nicolas III | 1277-1280 | Giovanni Gaetano; romain; de la noble famille des Orsini.
Homme d'État, doté d'une large expérience.
Premier pape à faire du palais Vatican siège papal. Il l'agrandit et acheta des parcelles de terrains pour les jardins.
Il se fixa comme objectif, suivant ses prédécesseurs, l'indépendance du Saint-Siège vis à vis de la maison
d'Anjou en Italie.
Abrogea le titre de "sénateur de Rome" et s'attribua à soi-même la "signoria" pontificale sur Rome.
Il agrandit les territoires pontificaux jusqu'aux frontières qu'ils devaient garder jusqu'en 1860.
Ses négociations pour rapprocher les maisons d'Anjou et d'Habsbourg aboutirent au mariage de Clémence,
fille de Rodolphe d'Habsbourg, avec Charles Martel (1271-1295), petit-fils de Charles d'Anjou.
Ami de dominicains et des franciscains, il en nomma un bon nombre évêques et diplomates.
Par la bulle Exiit qui seminat il résolut le problème posée, pour les franciscains, par le vœu
de pauvreté en faisant la distinction, empruntée à leur théologien Bonaventure (1217-1274), entre "ne rien avoir"
et l' "usage immodéré des biens".
Son titre de Nicolas III résulte probablement d'une confusion dans l'énumération, car il n'y avait pas eu de Nicolas II.
Il est mort à Soriano, près de Viterbe. Il fut enterré à la chapelle Saint-Nicolas qu'il avait bâtie à St-Pierre. |
Martin IV | 1281-1285 | Simon de Brie, français, né à Brie (Seine-et-Marne).
En 1260, il était devenu chancelier et garde de sceaux du roi Luis IX (1226-1270).
Nommé cardinal prêtre de Sainte Cécile par Urbain IV,
il fut élu pape à Viterbe, suite aux fortes pressions exercées par le roi angevin Charles de Sicile (1266-1285).
Il choisit de se nommer Martin, en hommage à Saint Martin de Tours, patron de son pays.
Il fut le plus français des papes du XIIIe siècle.
Les Romains lui refusèrent l'entrée dans la Ville, aussi fut-il couronné à Orvieto, où il passa la plupart de son règne.
Le manque de jugement politique du pape et son aveugle sujétion vis-à-vis de Charles éclatèrent dans l'affaire
du projet de celui-ci d'envahir Constantinople. Le pape excommunia d'abord l'empereur Michel VIII Paléologue
(1258-1282) précipitant ainsi l'annulation de l'union des Églises, acceptée au 2e Concile de Lyon (1274).
Ensuite, comme le projet fut mis en échec par un soulèvement contre les Français en Sicile (les célèbres
Vêpres siciliennes) et que les rebelles victorieux offrirent le pays comme fief au Saint-Siège,
le pape refusa, les sommant de rendre Sicile à Charles. Il excommunia et déposa Pierre III le Grand d'Aragon
(1276-1285) à qui la couronne de Sicile avait été offerte et qui l'avait acceptée.
Il mourut à Pérouse (Peruggia) quelques semaines après son ami et protecteur Charles 1er de Sicile (7 janvier 1875).
Le titre de Martin IV résulte d'une confusion dans l'énumération, car il n'y avait pas eu
de Martin I et II; mais Marin I et Marin II.
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Honorius IV | 1285-1287 | Giacomo Savelli, d'une famille noble romaine,
petit-neveu du pape Honorius III, dont il prit le nom. Cardinal diacre de Ste-Marie-in-Cosmedin.
Il avait fait des études à Paris.
Il fut élu à l'unanimité à Pérouse (Peruggia), et reçu avec enthousiasme à Rome, où il fut couronné.
Perclus d'arthrite, il ne quitta le Vatican que pour aller habiter le palais qui avait fait bâtir sur l'Aventin.
Hérita les interminables querelles provoquées par la possession politique de Sicile.
Malgré tous ses efforts, la Sicile fut perdue pour les Angevins.
Le fils cadet de Pierre III d'Aragon, Jacques, était le nouveau roi de Sicile (1285-1295).
Il favorisa les franciscains et les dominicains en leur accordant des privilèges qui empiétaient sur les droits
du clergé séculier, et que le Boniface VIII rectifia plus tard.
Il condamna les "Apostoliques", secte extrémiste dans l'interprétation de la pauvreté évangélique fondée à Parme en 1260.
Il promut l'étude des langues orientales à Paris, en vue de faciliter l'union des Églises d'Orient et d'Occident. |
Nicolas IV | 1288-1292 | Girolamo Maschi, né à Lisciano près d'Ascoli, de famille modeste.
Il se fit de bonne heure franciscain; ordre dont il sera préposé général, après la mort de Bonaventure (1217-1274).
Il a été créé cardinal par Nicolas III, dont ilil empruntera le nom.
Au conclave, la charge de pape lui fut pratiquement imposée après la 2me votation, l'ayant refusée à la 1ère.
Premier franciscain à devenir pape.
Son asservissement aux Colonna fut mal vu et raillé par des libelles populaires.
Il fit venir à Rome des artistes célèbres qui transformèrent et embellirent Saint Jean du Latran et
Ste-Marie-Majeure, auprès de laquelle il fit bâtir un palais dont il fit sa principale résidence.
Il envoya des franciscains aux Balkans et au Moyen Orient.
La première implantation de l'Église en Chine se fit sous son règne.
Il est enterré à Ste-Marie-Majeure, où un monument du XVIe siècle, dû à Domenico Fontana, recouvre sa tombe.
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Célestin V | 1294-1296 | Pietro di Monte Morrone, né à Isernia, onzième enfant de simples paysans.
Après la mort de Nicolas IV, le Saint-Siège resta vacant pendant 27 mois.
Les douze cardinaux électeurs, divisés par des animosités plus familiales que politiques,
ne pouvaient arriver à réunir la majorité des 2/3 requise.
Le cardinal Malabranca suggéra le nom du pieux ermite. Celui-ci, après avoir été ordonné prêtre à Rome,
s'était retiré dans une grotte sur le mont Morrone. Puis à la Maiella.
Il avait attiré des disciples, qu'Urbain IV incorpora en 1263 à l'ordre bénédictin;
on devait les appeler plus tard les "célestins".
Sa renommé d'ascète se répandit au-delà des Abruzzes; son nom était bien connu à la Curie et à la cour de Naples.
Pierre n'accepta l'élection qu'après des protestations extrêmes. Il avait 85 ans.
Monté dans un âne, il fut escorté par Charles II (1285-1309, fils de Charles 1er d'Anjou) et son fils Charles Martel
jusqu'à L'Aquila, où il fut sacré dans l'église Santa Maria di Colmaggio que Pierre avait fait bâtir en 1259.
Charles II veilla à ce que le nouveau pape s'installe, non pas à Rome, mais au Castel Nuovo de Naples.
Célestin, toujours manipulé par Charles II, nomma ses créatures aux postes clef à la Curie et dans les
États pontificaux. Lorsqu'il créa 12 cardinaux, il accepta les candidats proposés par Charles II, dont 7 français.
Sans expérience de gouvernement, simple et incompétent, Célestin ne comprenait même
pas les discours en latin qu'on prononçait dans les consistoires.
Il consulta le canoniste cardinal Benedetto Caetani, plus tard Boniface VIII (1294-1303), lequel lui conseilla
de démissionner volontairement à la charge pontificale, charge que Benedetto ambitionnait d'ailleurs.
Benedetto, élu pape à la suite de Célestin, craignant que le pape démissionnaire ait pu être utilisé
comme point de ralliement d'un schisme, l'enferma à Castel Fumone, près de Ferentino, où il est mort.
Rien ne prouve qu'il ait été traité avec dureté.
Ses restes furent d'abord enterrés à Ferentino; puis à Santa Maria di Colmaggio, où il avait été couronné pape.
Il fut canonisé par Clément V en 1313, sous la pression de Philippe IV le Bel, roi de France (1285-1314),
qui voulait surtout se venger de Boniface VIII, sa "bête noire". |
Boniface VIII | 1294-1303 | Benedetto Caetani, né à Anagni dans une famille de petite noblesse.
Il étudia le droit à Bologne. Il accompagna des légats du pape en France et en Angleterre.
Martin IV le créa cardinal diacre; puis Nicolas IV, cardinal prêtre.
Autorité reconnue en droit canonique, il conseilla Célestin V de démissionner.
Élu pape à Naples au troisième scrutin, il annula la plupart des privilèges accordés par Célestin V,
renvoya les fonctionnaires curiaux imposés par l'Angevin Charles II (1285-1309) et déplaça sa cour
de Naples à Rome, où il fut sacré et couronné le 23 janvier 1295.
Par la bulle Clericis laicos, Boniface interdit aux autorités civiles d'imposer le clergé.
Philipe IV le Bel, roi de France (1285-1314) riposta en interdisant de faire sortir de son royaume de
l'argent. C'était un coup habile contre le pape. Celui-ci modifia alors les termes expéditifs de la Bulle,
et accorda au roi le pouvoir d'imposer le clergé en cas de besoin;
et alla jusqu'à canoniser le 11 août 1297 Louis IX roi de France (1214-1270), grand-père de Philippe.
La paix était ainsi provisoirement rétablie.
Mais un grave conflit avec la puissante famille Colonna éclata.
Celle-ci accusait le pape des pires crimes et mettait en cause la validité de son élection.
Boniface déposa et excommunia les deux cardinaux Colonna, qui trouvèrent asile auprès du roi de France.
A l'automne 1301, le conflit avec Philippe s'enflamma de nouveau. Il commence avec la Bulle Ausculta fili
qui condamnait le comportement de Philippe à l'égard de l'évêque de Pamiers. Un guerre de propagande s'en suivit.
Après le synode romain auquel 39 évêques français osèrent assister, le pape publia la bulle Unam sanctam
(18 novembre 1302), affirmation extrême, mais nullement novatrice, de la supériorité du pouvoir temporel
sur le pouvoir temporel. Philippe, après avoir rédigé une liste d'accusations contre le pape, appela à
un concile pour déposer le pape. Le pape s'apprêtait à publier une bulle de excommunication de Philippe
(Super Petri solio), lorsque le 7 septembre 1303 apparût à Anagni le conseiller de
Philippe, Guillaume de Nogaret (1260-1313) avec ordre d'arrêter le pape et l'amener en France pour être jugé.
Le pape fut délivré par les citoyens d'Anagni et ses ravisseurs mis en fuite.
Le pape revint à Rome sous la protection de la famille Orsini. Et le 12 octobre il mourait au Vatican,
brisé dans son âme et dans son corps.
Ce pape célébra en 1300 la première "Année Sainte" de l'histoire.
Boniface revêtit à l'occasion les insignes impériaux, estimant être aussi bien empereur que pape. |
Benoît XI | 1303-1304 | Niccolo Boccasino, né à Trévise au sein d'une famille modeste.
Jeune, il entra dans l'Ordre dominicain, dont il fut plus tard maître général.
Créé cardinal évêque d'Ostie, il resta tout le temps fidèle à Boniface VIII, pape contesté..
A la mort inopiné de celui-ci, les cardinaux réunis à Rome élurent à l'unanimité Niccolo comme pape.
Benoît XI créa trois cardinaux, tous des dominicains.
Cherchant d'apaiser les conflits, il leva l'excommunication "de fait" qui pesait sur Philippe le Bel, roi de France,
(1285-1314), mais pas celle de Guillaume de Nogaret (1260-1313) qui avait tenté de s'emparer par la force
de Boniface VIII à Anagni.
Les cardinaux Giacomo et Pietro Colonna furent également pardonnés, mais pas réhabilités.
A cause de la lutte des factions, il s'établit à Pérouse (Peruggia), où il est mort.
Il fut enterré à Saint-Dominique.
Clément XII le béatifia en 1736. Fête, le 7 juillet. |
Clément V | 1305-1314 | Bertrand de Got, né à Villandraut en Gironde. Archevêque de Bordeaux.
A la mort de Benoît XI, les cardinaux réunis à Pérouse mirent onze mois pour élire son successeur.
Ne pouvant se mettre d'accord sur un de leurs, ils élurent l'archevêque de Bordeaux.
Ce pape sera soumis à une constante pression de la part de Philippe le Bel, roi de France (1285-1314).
Déjà, il se fit couronner à Lyon pour agréer au roi.
A la demande de celui-ci, Clément fixa le Siège Apostolique à Avignon (mars 1309), qui dépendait des rois angevins de Naples.
Il inaugura ainsi les 70 ans de ce qu'on a appelé la "captivité babylonienne" de la papauté.
Pressionné par Philippe le Bel, il réhabilita les cardinaux Giacomo et Pietro Colonna, ennemis de Boniface VIII.
Il accorda son pardon à Guillaume de Nogaret (1260-1313) qui avait osé mettre la main sur le pape défunt.
Il canonisa Célestin V (5 mai 1313), pressionné par Philippe IV le Bel, qui voulait surtout se venger
du défunt pape Boniface VIII, sa "bête noire".
Toujours sous la pression du roi de France, Clément supprima l'Ordre des chevaliers du Temple (22 mars 1312),
dont les membres furent faits prisonniers (13 octobre 1307), jugés et torturés par Philippe qui convoitait
leurs biens et richesses.
A la mort d'Albert 1er de Habsbourg en 1308, il accorda sa reconnaissance à Henri IV de Luxembourg (1308-1313)
lequel fut couronné empereur sous le nom d'Henri VIII au Latran, par trois cardinaux désignés par le pape.
Sous son règne eut lieu le Concile de Vienne (1311-1312) dénommé 15me oecuménique.
Grand népotiste, Clément créa cardinaux 5 de ses neveux.
Il publia la Collection clémentine, qui enrichit le code canonique de l'Église.
Il mourut à Roquemaure, près de Carpentras, et fut enterré à Uzeste, à 5 kms de son village natal,
dans l'église paroissiale qu'il avait fait récemment construire. |
Jean XXII | 1316-1334 | Jacques Duèse, français, né à Cahors dans une riche famille bourgeoise.
Après la mort de Clément V, les cardinaux réunis à Lyon mirent plus de deux ans pour élire son successeur.
Leurs voix se portèrent finalement sur Jacques Duèse, qui avait l'appui de Philippe, comte de Poitiers,
bientôt Philippe V de France (1316-1322) et de Robert de Naples (1309-1343).
Il avait étudié le droit à Montpellier. Il avait été évêque de Fréjus; puis d'Avignon.
Enfin cardinal évêque de Porto.
Avancé en âge, petit et frêle, il était doué d'une grande énergie.
Devenu pape, il se montra autoritaire et népotiste.
Il supprima ce qui restait des droits des chapitres pour élire les évêques.
Il étendit le devoir des "Annates" (revenus d'un bénéfice pendant la première année suivant la collation).
Les "Extravagantes" (ses propres décrétales, appelées ainsi car elles ne formaient part des
'Collections' officielles) furent pour longtemps source de jurisprudence ecclésiastique.
Il excommunia Michel de Cesena, général des franciscains (1316-1329), pour l'affaire de l'interprétation de "la pauvreté
évangélique"; Cesena fut mis en prison à Avignon, mais s'évadant, il trouva refuge à la cour de Louis IV de Bavière
(1314-1347). Le pape excommunia aussi Guillaume d'Occam (1285-1347) et Bonagratia de Bergame.
En mars 1329, il condamna 28 sentences du grand mystique allemand, Maître Eckhart (1260-1327)
Pendant son règne, Louis IV de Bavière (1314-1347), en compagnie de Marsile de Padoue (1275-1342), dont le pape
avait condamné en 1324 son Defensor pacis, chef de file des théoriciens de l'État laïc,
s'empara de Rome et, avec l'aide de Schiarra Colonna, capitaine du peuple, se fit couronner empereur,
et nomma un anti-pape qui prit le nom de Nicolas V. Mais cette aventure ne dura longtemps et Louis IV rentra
en Allemagne, pendant que l'anti-pape fit son 'mea culpa' à Avignon.
Jean XXII fut un promoteur actif des missions en Asie.
Il établit des évêchés en Iran, Anatolie, Arménie et en Inde.
Il créa une université à Cahors.
Chef capable, bien qu'impétueux, Jean XXII avait un train de vie extrêmement simple et frugal.
Ce pape allait être à l'origine d'un débat au cours du Concile Vatican I (1871) lorsqu'il aborda le thème de
l'infaillibilité pontificale, car Jean XXII avait soutenu une doctrine que l'Église n'a pas retenue
(et sévèrement critiquée par l'université de Paris en 1333), dont il s'est rétractée avant de mourir.
Il s'agissait de la situation de ceux qui, morts, 'attendraient' l'entrée dans le royaume de Dieu.
Pour faire bref, cette doctrine peut se résumer en cette phrase de Jean XXII:
"in illam beatissimam domum non sine nobis intrabunt; id est, non sancti sine plebe". |
Benoît XII | 1335-1342 | Jacques Fournier, français, né au sein d'une famille modeste
à Saverdun, près de Toulouse. Il entra jeune au monatère cistercien de Boulbonne.
Il fut reçu à Paris maître en théologie.
Évêque de Pamiers et ensuite de Mirepoix, il se montra un inquisiteur sévère.
Bon théologien. Jean XXII le promut cardinal prêtre de Ste-Priscille.
Devenu le troisième pape résidant à Avignon, il se montra davantage intéressé à la reforme ecclésiatique qu'à la politique.
Ses efforts pour éviter la Guerre de Cent ans (1337-1453) entre l'Angleterre et la France n'aboutirent à rien.
Il chassa d'Avignon les clercs "parasites".
Prit des mesures pour la reforme des Ordres religieux. Il a été sévère avec la règle de résidence pour les religieux.
Le tribunal papal s'appellera "Rote" à partir de ce pape.
Il envisageait un retour de la papauté à Rome et, dans ce but, il se mit à restaurer Saint-Pierre ainsi que le Latran.
Mais, en fait, il consolida le sejour des papes à Avignon, en nommant cinq cardinaux Français et un seul Italien;
et surtout en bâtissant à Avignon le Palais Vieux, qui sera résidence et forteresse papale.
A cause de ce fait et son supposé asservissement à la France, Pétrarque l'appela "indigne et ivrogne timonier de l'Eglise".
Mais, dans la réalité, Benoît XII mena personnellement une vie austère, et garda même ses habits de moine pendant son règne.
Et ne fut pas népotiste à une époque où le népotisme s'étalait de façon effréné. |
Clément VI | 1342-1352 | Pierre Roger, Français, né à Maumont en Limousin.
Il reçut le grade de maître en théologie à Paris. Bénédictin; il devint abbé de Fécamp.
Évêque d'Arras, puis archevêque de Sens, et plus tard de Rouen.
Chancelier de France, apprécié par Philipe VI de Valois (1328-1350) et par le pape Jean XXII.
Il fut créé cardinal en décembre 1338.
Il fut élu à l'unanimité, devenant ainsi le quatrième pape d'Avignon.
Loin d'envisager le retour de la Curie à Rome, il acheta en 1348 la ville et le Comtat de Venaissin à Naples,
et bâtit le somptueux Palais Neuf.
Il décida que les Années-Saintes, décrétées par Boniface VIII, se tiendraient tous les 50 ans, au lieu des 100 ans.
Avec la bulle Unigenitus, il proclama Année Sainte 1350, 2e Année Sainte de l'histoire.
Il nomma plus de Français au Sacré Collège.
Il fut plus français encore que ses prédécesseurs.
Il se préoccupa cependant de la situation politique de Rome. Il soutint d'abord le charismatique
agitateur romain Cola di Rienzo (1313-1354) qui avait réussi en 1347 un coup d'État non sanglant à Rome;
mais l'abandonna ensuite.
Il excommunia et déposa Louis IV de Bavière (1314-1347) et choisit Charles de Bohème (1346-1278).
Celui-ci fut couronné roi des romains à Bonn le 26 novembre 1347.
Clément VI fut dépensier. La cour luxueuse d'Avignon était celle d'un prince séculier et non d'un prince d'Église;
Il aimait les banquets et les fêtes éclatantes. Il pratiqua un népotisme qui choqua ses contemporains.
Il fut cependant protecteur des pauvres et des nécessiteux.
Au cours de la peste noire de 1348-1349 qui frappa Avignon, il fit preuve de charité et de courage.
Et prit la défense des juifs quand on les rendit responsables du fléau.
Il mourut après une brève maladie et fut enterré à la Chaise-Dieu.
Sa sépulture fut violée et ses restes brûlés par les huguenots en 1562. |
Innocent VI | 1352-1362 | Etienne Aubert, Français, né à Monts près de Pompadour (Limousin).
Il avait été professeur de droit à Toulouse; puis juge.
Entré dans les Ordres, il devint évêque de Noyon, puis de Clermont.
Son compatriote Clément VI le créa cardinal évêque d'Ostie en 1352.
Après la mort de Clément VI, le conclave ne dura que deux jours.
Les 25 cardinaux présents étaient soucieux de couper court à l'ingérence du roi de France.
Innocent devint ainsi le cinquième pape d'Avignon.
La maison pontificale fut réduite et le train de vie simplifié.
Réformateur sévère; il fut particulièrement dur envers les Spirituels franciscains.
Sur son ordre, l'Inquisition emprisonna ou brûla plusieurs d'entre eux.
En raison de sa rigueur, Ste Brigitte de Suède (+1373) le dénonça comme "persécuteur des brebis du Christ".
Gil d'Albornoz (1295-1367), cardinal espagnol, soumit par les armes la plupart des États pontificaux en rébellion.
Cola di Rienzo (1313-1354), réhabilité, fut mis à contribution pour pacifier Rome; mais échoua.
Charles de Bohème (1346-1278), roi des romains, traversa les Alpes et reçut la couronne impériale
à Rome des mains du cardinal évêque d'Ostie, par mandat d'Innocent VI (5 avril 1355).
Le pape intervint, sans succès, en faveur de Jean VI le Bon (1350-1364), fait prisonnier par le
Prince Noir à Poitiers (septembre 1356).
Le pape bâtit de solides murailles autour de la "cité pontificale" pour la garder des mercenaires bandits
qui augmentaient avec les trêves, surtout dans la Guerre de Cent Ans (1337-1453). |
Urbain V | 1362-1379 | Guillaume de Grimoard, français,
né au sein d'une famille noble au château de Grisac (Lozère).
Après des études à Montpellier et à Toulouse, il fit profession à l'abbaye bénédictine de St-Victor de Marseille.
Reçu docteur, il enseigna le droit canonique à Montpellier et à Avignon.
Il devint successivement abbé des abbayes bénédictines d'Auxerre et de Marseille.
Légué du Pape en Italie, il acquit une connaissance approfondie des questions politiques.
Après la mort d'Innocent VI, les cardinaux réunis à Avignon, ne pouvant se mettre d'accord sur l'un de leurs,
élurent unanimement Guillaume, alors en mission à Naples.
Il devient ainsi le 6ème pape d'Avignon, et sera le premier à faire une rentrée éphémère à Rome.
Austère, profondément religieux, Urbain pape vécut en bénédictin.
Il poursuivit les reformes initiées par son prédécesseur concernant la Curie.
Érudit lui-même, il fournit des bourses à des centaines d'étudiants pauvres.
Il fonda des universités à Cracovie, à Orange et à Vienne.
Il accentua la politique centralisatrice de ses prédécesseurs dans le gouvernement de l'Église.
Proclama une Croisade contre les Turcs, présidé par Jean VI le Bon (1350-1364), roi de France, laquelle n'aboutit à rien.
L'empereur Charles IV (1355-1378), désireux de détacher la papauté de l'influence française, vint à Avignon en mai 1366,
et s'offrit à escorter le pontife s'il décidait de rentrer à Rome.
Le 30 août 1367, contre l'avis de la plupart de cardinaux et de la cour de France, il quitta Avignon et, grâce
aux campagnes menées avec succès par le cardinal espagnol Gil d'Albornoz (1295-1367), il put s'établire
au Vatican restauré pour lui.Il y demeura trois ans, sauf au cours des brûlants étés romains.
Il avait laissé à Avignon une importante bureaucratie pour gérer surtout les affaires financières de l'Église.
Il commença par reconstruire Sain-Jean de Latran brûlé en 1360.
Le pape fut visité à Rome par l'empereur Charles IV, qui y fit couronner impératrice sa femme.
De même, l'empereur byzantin Jean V Paléologue (1354-1391) vint à Rome en juin 1369 pour demander une aide
contre les Turcs qui menaçaient Constantinople.
Le pape nomma huit cardinaux, dont six français et un romain.
Suite aux troubles endémiques romains, et surtout attaqué par des mercenaires envoyés par
Barnabé Visconti de Milan (1323-1385), le pape se réfugia à Montefiascone, avant de retourner à Avignon
en septembre 1370, sous les imprécations de Pétrarque et les reproches de Brigitte de Suède (1303-1373).
Il est mort en décembre de la même année.
Inhumé à la cathédrale d'Avignon, ses restes furent transférés en 1372 à l'abbaye St-Victor de Marseille par son
frère le cardinal Anglico.
Urbain V fut béatifié par Pie IX en 1870. Fête, le 19 décembre.
C'est Urbain V qui ajouta à la tiare papale une troisième couronne. |
Grégoire XI | 1371-1378 | Pierre Roger de Beaufort, né au château de Maumont,
près de Limoges.
Il avait suffi deux jours aux dix sept cardinaux pour se mettre d'accord sur ce jeune cardinal, à l'unanimité.
Il avait 42 ans. Il avait été créé cardinal à 19 ans par son oncle, le pape Clément VI,
lequel l'envoya ensuite à Pérouse (Peruggia) pour faire des études de droit auprès de Pierre Bagli degli Ubaldi.
Devenu pape, il créa des cardinaux en majorité français.
Il s'occupa de la reforme de l'Église. Il se servit de l'Inquisition pour combattre l'hérésie.
On disait que les prisons de France, avec l'aide de Charles V (1364-1380) étaient pleines
de gens heureux ... d'avoir échappé au bûcher.
Il adressa aux autorités d'Angleterre cinq bulles condamnant 19 propositions extraites du réformateur Jean Wycliffe
(1330-1384).
Catherine de Sienne (1347-1380), qui passa trois mois à Avignon, lui reprocha sa dureté et son intransigeance.
La même Catherine de Sienne décida le pape à ramener le Siège Apostolique à Rome.
Les supplications de sa famille, des cardinaux français et de la cour de France ne réussirent changer sa décision.
Il quitta Avignon pour Rome en 1376.
Le séjour du pape en Italie fut lourd de désillusions.
L'empereur Charles IV (1355-1378) fit élire et couronner son fils Wenceslas, âgé de 15 ans,
roi de romains en juin-juillet 1376, sans consulter le pape.
Le climat empira après le bain de sang que le légat papal, Robert de Genève, ordonna en février 1377 à Cesena.
Le pape dut quitter Rome pour Anagni.
Grégoire XI mourut épuisé par ses labeurs et envahi par de sombres pressentiments.
Il fut enterré dans l'église Ste-Françoise Romaine, sur le Forum.
Il fut le dernier des papes français. |
Urbain VI | 1378-1389 | Barthélemy Prignano. Né à Naples.
Canoniste expert. Archevêque d'Acerenza, puis de Bari.
Il avait été une des principales figures de la Curie d'Avignon, et depuis le retour de Grégoire XI à Rome,
il était chancelier pontifical.
Avec Urbain VI, apparaît le grand schisme d'Occident qui ne finira qu'en 1417.
Il fut élu au cours du premier conclave tenu à Rome depuis 1303.
Le peuple de Rome réclamait un pape romain, ou italien, craignant le retour de la papauté à Avignon.
Il avait été tenu jusque là en grande estime par tous ceux qui le virent agir dans la Curie et hors d'elle.
Son élection lui fit perdre l'équilibre mental. Il est devenu soudain paranoïaque et extrêmement irascible,
avec les petits et les grands, simples laïcs ou cardinaux. C'est un cas exceptionnel dans l'histoire de la papauté.
A tel point que les cardinaux se retirèrent à Anagni, déclarèrent son élection nulle et élurent le cardinal
Robert de Genève, qui devint ainsi le premier anti-pape de ce long schisme (1378-1417), sous le nom de Clément VII.
L'Europe devait maintenant choisir entre Urbain et Clément.
L'ensemble de l'Église était déconcertée. Catherine de Sienne resta fidèle a Urbain VI;
ainsi que l'Allemagne, l'Angleterre et une grande partie de l'Italie.
La France, après un temps d'hésitation, opta pour Clément. Aragon, à la suite de son cardinal Pedro de Luna,
ainsi que la Castille et le Portugal furent gagnés aussi par Clément.
Clément VII élut comme siège Avignon, où se trouvait toujours la Curie papale.
Urbain VI s'empressa de créer une nouvelle Curie à Rome, ainsi que 29 nouveaux cardinaux.
Urbain VI est mort probablement empoisonné.
Plusieurs de ses cardinaux l'avaient abandonné; il laissait les États pontificaux en proie à l'anarchie
et le trésor vide.
Son tombeau se trouve dans la crypte de Saint-Pierre.
Urbain VI étendit à l'ensemble de l'Église la Fête de la Visitation, pratiquée jusque là par les franciscains. |
Boniface IX | 1389-1404 | Pietro Tomacelli, napolitain, né au sein d'une famille noble.
On sait peu de choses de ses antécédents, sinon qu'Urbain VI, napolitain comme lui, le créa cardinal.
Il manquait d'expérience, mais rachetait cette lacune par sa personnalité ouverte et réaliste; et son éloquence.
Son élection entraîna la poursuite du Grand-Schisme (1378-1417) car les cardinaux ne tentèrent aucun compromis
avec Avignon. Ce pape eut même la satisfaction d'accueillir le retour de plusieurs cardinaux qui, déçus par Urbain VI,
étaient passés à Clément VII.
Souverain adroit et capable, Boniface rétablit l'ordre dans les États pontificaux.
Il couronna, à Gaète (29 mai 1390), Ladislas (1386-1414) fils de Charles Durazzo, roi de Naples,
une fois que ce dernier lui jura fidélité, écartant ainsi l'insubordonné Louis II d'Anjou (1384-1417).
Convaincu qu'en sa qualité d'évêque de Rome il était le pontife véritable, il ignora pratiquement le nouvel
anti-pape Benoît XIII (1394-1417), Pedro de Luna, né en Aragon, successeur de Clément VII, qui avait envoyé
des légués à Rome pour discuter le règlement du schisme.
Boniface laissa la pire réputation possible en matière de népotisme et de malhonnêteté financière.
Les "annates de Boniface" devinrent une expression proverbiale.
Pendant son règne, il créa six cardinaux. Le 7 octobre 1391, il canonisa Brigitte de Suède (1303-1373). |
Innocent VII | 1404-1406 | Cosimo Gentile de Migliorati, né à Sulmona, dans les Abruzzes.
Professeur de droit à Pérouse et à Padoue.
Légué du pape en Angleterre. Archevêque de Ravenne; puis de Bologne. Cardinal prêtre de Ste-Croix-de-Jérusalem.
Il fut élu malgré les supplications des envoyés de l'anti-pape Benoît XIII alors présents à Rome visant à obtenir
l'ajournement de l'élection.
Au conclave, comme les autres cardinaux, il avait fait vœu de faire tout son possible pour mettre fin
au grand schisme d'Occident, en abdiquant si nécessaire. Devenu pape, il fit échouer l'idée d'un concile
qu'on lui proposait avec l'accord de l'anti-pape Benoît XIII.
Il rejeta également les propositions de Benoît XIII pour une rencontre personnelle.
Il sera le troisième pape romain du Grand Schisme d'Occident (1378-1417).
Son élection avait suscité une opposition considérable à Rome, et le pape dut faire appel à Ladislas roi de Naples,
(1386-1414) pour réprimer la révolte.
Quelques mois plus tard, un neveu incapable du pape, Ludovico Migliorati, fit assassiner onze citoyens romains.
La foule en furie envahit le Vatican; Innocent et les cardinaux furent heureux de pouvoir s'enfuire vivants à Viterbe.
Le pape put retourner à Rome au début de mai 1406.
Trop complaisant avec son neveu Ludovico, Innocent fut cependant respecté pour sa vie austère et sa compétence juridique.
Il réorganisa l'université de Rome avec la création des facultés de médecine, de philosophie, de logique et de rhétorique,
ainsi que de la chaire de grec. |
Grégoire XII | 1406-1415 | Angelo Correr; né à Venise (Italie) dans une famille noble.
Homme cultivé, d'une austérité exemplaire, mais de caractère hésitant.
Patriarche latin de Jérusalem. Cardinal prêtre de St-Marc.
Il fut élu à 80 ans, par des cardinaux qui voulaient voir la fin du schisme.
Doutant de la fidélité des cardinaux, et à l'encontre du vœu fait pendant le conclave,
il créa quatre nouveaux cardinaux, dont deux neveux.
Les autres cardinaux, sauf trois, se retirèrent alors à Pise.
De là, ils diffusèrent auprès des princes chrétiens une missive déclarant leur zèle pour l'unité.
Ils unirent ensuite leurs forces à celles des quatre cardinaux de Benoît XIII à Livourne
et convinrent d'établir la paix dans l'Église au moyen d'un Concile général.
Les deux papes étaient invités à assister au Concile, mais tous deux refusèrent.
Le Concile se réunit à la cathédrale de Pise.
A la 15e session, les deux papes furent déposés. Puis les cardinaux élurent un nouveau pape,
Pierre de Candia, né à Crète, sous le nom d'Alexandre V.
Balthazar Cosa, napolitain, sous le nom de Jean XXIII succéda en 1410 à Alexandre V.
Ladislas, roi de Naples, bannit le pape Grégoire, lequel dut trouver refuge auprès de Carlo Malatesta,
seigneur de Rimini.
Là dessus, à l'instigation du roi germanique Sigismond, plus tard empereur (1433-1437), Jean XXIII convoqua le
Concile de Constance (1414-1417). Sigismond déposa Jean XXIII et engagea des négociations avec Grégoire V.
Celui-ci se dit prêt à abdiquer à condition qu'on lui permette de convoquer de nouveau ce Concile; en tant que pape,
il ne pouvait reconnaître un Concile réuni par un anti-pape.
Cette procédure fut acceptée. Le 14 juillet 1415, le cardinal Jean Dominici lut la bulle de Grégoire convoquant
le Concile. Là dessus, Carlo Malatesta annonça la démission de Grégoire XII.
Lui même fut nommé cardinal évêque de Porto et légat pour la marche d'Ancona; mais déclaré inéligible.
Grégoire mourut trois mois après à Recanati; trois semaines avant l'élection de son successeur Martin V.
Le Concile de Constance restera dans l'histoire de l'Église catholique comme 16e oecuménique. |
Martin V | 1417-1431 | Oddo Colonna, né à Gennazano.
Il étudia le droit à Pérouse. Il fut créé cardinal par Innocent VII.
Il était du nombre des cardinaux qui avaient rompu avec Grégoire XII, et préparé le concile de Pise (1409).
Le Concile de Constance (1414-1417) ayant mis fin au grand Schisme d'Occident (1378-1417),
après avoir reçu l'abdication de Grégoire V et déposé Jean XXIII et Benoît XIII,
un conclave original eut lieu, composé de 22 cardinaux et de 30 représentants de cinq pays chrétiens.
Il élut en trois jours seulement le nouveau pape, en la personne du cardinal Oddo Colonna,
seul membre de cette puissante famille romaine à avoir accédé au pontificat.
Il prit le nom du saint du jour de son élection.
Si le Concile avait escompté que le nouveau pape se ferait le promoteur d'une reforme de "la tête et des membres",
il fut déçu. Martin était surtout résolu à rétablire l'autorité papale.
Après de longs séjours à Mantoue et à Florence, il ne fit son entrée à Rome que le 28 septembre 1420.
Il s'est mis aussitôt en devoir de tirer les États pontificaux du chaos où
ils avaient sombré pendant le schisme.
En réorganisant les États pontificaux, il put non seulement renflouer son trésor, mais encore enrichir ses parents.
A Rome, il mit en oeuvre un vaste programme de reconstruction d'églises et de bâtiments publics tombés en ruines.
Martin accru le prestige de sa charge en Europe.
Il dénonça en 1422 et en 1429 des prédications anti-juives.
En 1427, il reçut le réformateur franciscain Bernardin de Sienne (1380-1444) et approuva la dévotion
pour le "nom de Jésus" propagée par lui.
Il fut enterré au Latran, où l'on peut voir son gisant en laiton. |
Eugène IV | 1431-1447 | Gabriel Condulmaro, né de riches parents bourgeois de Venise.
Jeune homme, il se fit moine augustin.
Créé évêque de Sienne, puis cardinal par Grégoire XII, son parent.
Martin V le nomma gouverneur de la marche d'Ancône et de Bologne.
Élu pape, Eugène sévit contre la famille Colonna, l'obligeant à restituer les biens reçus du pape Oddo Colonna, Martin V.
Mesure qui fit des Colonna ses ennemis à vie.
Le concile de Bâle, convoqué par son prédécesseur Martin V, mais dont Eugène se méfia, en appela
au Concile de Constance, d'après lequelle le "concile général est au-dessus du pape".
Un nouveau schisme fut évité grâce à la médiation de Sigismond, roi d'Allemagne (1410-1437),
que le pape couronna empereur à Rome en mai 1433.
Le pape retira sa bulle de dissolution du concile.
Ce concile, commencé à Bâle, passé à Ferrare puis à Florence, reconnut une éphémère union de Rome avec Constantinople,
imposée de fait à l'empereur Byzantin Jean VIII Paléologue (1425-1448) par l'imminence d'une incursion turque.
Le 'condottiere' Francesco Sforza et une révolution fomentée par les Colonna obligèrent le pape à quitter Rome.
Celui-ci fixa alors sa résidence principale à Florence, ville dans laquelle lui
et sa cour tombèrent sous le charme de la Renaissance italienne.
Le 7 juillet 1438, le clergé français signa la "Pragmatique sanction" de Bourges laquelle
incorporait 23 décrets du concile de Bâle qui restreignaient de façon significative l'autorité papale.
En reconnaissant au printemps 1443 les prétentions d'Alphonse V d'Aragon (1416-1458) au trône de Naples,
le pape trouva l'appui nécessaire qui lui permit de rentrer à Rome en septembre 1433, après neuf ans d'absence.
Si trouble qu'ait été son règne, il aboutit à porter un coup décisif aux tentatives de démocratisation du
gouvernement de l'Église.
Mourant, Eugène IV aurait amèrement regretté avoir quitté le monastère. |
Nicolas V | 1447-1455 | Tommaso Parentucelli, fils de médecin, né à Sarzana
près de la Spezia (Italie).
Docteur en théologie. Évêque de Bologne. Légat pontifical à la diète de Francfort. Cardinal en décembre 1446.
Premier pape de la Renaissance. Il ne fut atteint par le népotisme.
Plus patient que son prédécesseur Eugène IV, il s'avéra être le conciliateur dont l'Église avait besoin.
Savant et homme de lettres, il associa délibérément les aspirations intellectuelles et artistiques de la
Renaissance avec l'Église. Il prenait plaisir à la compagnie des érudits et des humanistes.
Fit traduire au latin beaucoup de textes grecs. Protecteur des arts, il employa des artistes remarquables
pour décorer les édifices et les églises, entre autres Fra Angelico.
Envoya en mission de reforme des cardinaux: Nicolas de Cues et Capistrano en Allemagne, et d'Estouteville en France.
Vrai fondateur de la Bibliothèque vaticane. Il voulait mettre l'Église à la tête de la culture.
Le 19 mars 1452, il couronna à Saint-Pierre Frédéric III empereur (dernier empereur à être couronné à Rome).
Le 29 mai 1453, Constantinople fut mise à sac par les Turcs.
L'agitateur Stefano Porcaro essaya d'assassiner le pape; celui-ci le fit juger et condamner à mort.
Il proclama 1450 année jubilaire, et des milliers de pèlerins affluèrent à Rome confirmant cette ville
comme centre de la chrétienté. La même année, le pape canonisa Bernardin de Sienne (1380-1444), franciscain réformateur.
Perclus de goutte, le pape avait pu déployer cependant une énorme activité. |
Calixte III | 1455-1458 | Alphone de Borja (Borgia), né à Jativa (Valence - Espagne),
fils d'un petit propriétaire terrien. Oncle d'Alexandre VI.
Après avoir étudié et ensuite enseigné le droit à Lérida (Espagne) il devint un juriste respecté
à la cour. Alphonse V (1416-1458) l'élut comme secrétaire privé .
En 1459, il négocia au nom du roi l'abdication de l'anti-pape Clément VIII et fut récompensé
pour cela avec l'important siège de Valence.
En 1443, il fit de nouveau preuve d'habilité diplomatique en réconciliant le roi avec Eugène IV.
Cela lui valut d'être créé cardinal prêtre des Quatre-Saints-Couronnés.
Son élection-surprise pour succéder à Nicolas V fut le résultat d'un compromis, son grand âge
laissant présager un pontificat de transition.
Avec une énergie stupéfiante pour un vieillard perclus de goutte, Calixte se lança aussitôt dans l'organisation
d'une croisade pour la reconquête de Constantinople prise en 1453 par les Turcs.
Dans ce but, il créa les "dîmes turques"; très impopulaires en Allemagne, et surtout en France.
Il dépêcha dans toute l'Europe des prédicateurs.
Mais son enthousiasme se heurta à une tiède réaction de la part des puissances chrétiennes
A la mort de son ancien protecteur, Alphonse roi d'Aragon et de Naples, Calixte intrigua pour que la couronne
passe à l'un de ses neveux plutôt qu'à Ferdinand 1er (1458-1494), fils naturel du roi.
Les faveurs dont il combla ses parents et ses compatriotes suscitèrent une grande amertume.
Personnellement, cependant, il était d'une piété rigide et charitable.
Il déçut les humanistes pour son peu d'intérêt pour les arts, contrastant avec la culture de son prédécesseur.
Calixte rouvrit le procès de Jean d'Arc, brûlée vive comme sorcière et hérétique à Rouen le 30 mai 1431.
Le 16 juin 1456, le jugement initial fut cassé et son innocence proclamée.
La même année, il remit en vigueur la législation, tombée en désuétude sous ses prédécesseurs,
de ségrégation sociale entre juifs et chrétiens.
Il étendit à toute l'Église la fête de la Transfiguration (fixée au 6 août), qu'il a voulu associer à la victoire
sur les Turcs à Belgrade (juillet 1456).
A la mort du pape, il y eut à Rome une éruption de violence contre les "honnis Catalans". |
Pie II
|
1458-1464 | Enea Silvio Piccolomini, né à Corsignano, près de Sienne (Italie),
fils de parents nobles mais appauvris.
Il étudia à Sienne et à Florence, où il se pénétra pendant huit ans de culture humaniste.
Dans la période turbulente du Concile de Bâle (1431-1449), il devint secrétaire de l'anti-pape Félix V.
Celui-ci l'envoya en mission à la diète de Francfort (1442), où le roi d'Allemagne, Frédéric III (1440-1493)
remarqua son extraordinaire talent littéraire et le couronna poète lauréat. Il l'invita de passer de Félix V
à son service, offre que Enea accepta et devint l'ami intime du chancelier allemand, Kaspar Schlick.
C'est à cette époque que remonte son roman très lu Lucrèce et Eryale où il célèbre les aventures sentimentales
du chancelier. Il y composa aussi une comédie érotique (Chrysis).
En 1445, il se réconcilia officiellement avec Eugène IV.
Cette même année, ébranlé par une grave maladie, il abandonna sa vie dissolue. Sa conversion s'avéra sincère et durable.
Enea était père de plusieurs bâtards.
Le 4 mars 1446, il était ordonné prêtre.
Au cours des années qui suivirent, c'est fut en grande partie lui qui persuada Frédéric III de reconnaître Eugène IV.
Nicolas V les nomma évêque de Trieste puis de Sienne.
Calixte III le créa cardinal.
Son importante Histoire de l'empereur Frédéric appartient à cette époque.
Son élection fut acclamée par les humanistes. Il prit le nom de "Pie" en hommage à "Pius Aeneas" du poète latin Virgile.
Il poursuivit, étant pape, son abondante production littéraire. Il représente le prototype des papes humanistes.
Élu pape, son souci principal fut cependant l'organisation d'une croisade pour reconquérir Constantinople.
Ses efforts n'aboutirent à rien.
Il mourut à Ancône, où il était allé, déjà malade, pour présider personnellement une croisade qui n'aurait jamais lieu.
Son cœur fut enterré à Ancône, tandis que son corps fut ramené à Rome.
En 1460-1481, il avait écrit une lettre au sultan Mehmed II qui contenait une réfutation détaillée du Coran, un exposé
de la foi chrétienne et un appel à Mehmed pour qu'il renonce à l'Islam, accepte le baptême et reçoive la couronne de
l'empire d'Orient. La lettre ne fut jamais envoyée.
Elle éclaire cependant la personnalité et les aspirations utopiques du pape.
Par ses dons brillants, son expérience inégalée et son oeuvre littéraire, Pie II tranche
sur les autres papes de son époque. |
Paul II
|
1464-1471 | Pietro Barbo, né à Venise (Italie).
Membre d'une riche famille de marchands. Destiné à une carrière commerciale, il entra dans les Ordres
lorsque son oncle maternel devint pape sous le nom d'Eugène IV.
Grâce à lui, il fut nommé évêque de Cervia, puis de Vicence. Nommé cardinal à 23 ans par Nicolas V.
A la mort de Pie II, il fut élu au premier tour à la surprise général.
Mécontent du style de Pie II, le conclave s'était engagé par serment à respecter un pacte électoral en 18 points
qui définissait la conduite du futur pontife.
Paul II déclara immédiatement qu'il n'acceptait ces règles qu'à titre de directives, perdant ainsi la pleine
confiance du Collège.
Son goût de la magnificence est illustré par le palais Saint-Marc, aujourd'hui palais de Venise,
dont il fit sa principale résidence à partir de 1466.
Installa la première imprimerie à Rome.
Le pape fournit une aide financière à l'Hongrie contre les envahisseurs turcs. Ainsi qu'à l'héroïque chef
albanais Georges Skanderberg (+1468).
En 1466, le pape se crut obligé d'excommunier Georges de Podebrady, roi de Bohème (1458-1471), suspect
d'hérésie hussite.
Lorsqu'en 1470, Negroponte en Grèce, dernier poste avancé de Venise dans le Levant tomba aux mains du
sultan Mehmed II, vainqueur de Constantinople, le pape lança un appel général à une croisade qui n'aboutit à rien.
Le pape conclut une alliance contre les Turcs avec Uzun-Hassan, laquelle se révéla sans grande portée.
Paul II entretint d'excellentes relations aven l'empereur Frédéric III (1440-1493) lequel ne put convaincre
le pape d'organiser un concile général.
Le pape mena de longues et finalement infructueuses négociations avec Louis XI roi de France (1461-1483) en vue de l'abrogation
des libertés gallicanes revendiquées par l'Église de ce pays aux termes de la Pragmatique Sanction de Bourges.
Paul II projetait réconcilier l'Église russe avec Rome en arrangeant un mariage entre Ivan III de Russie (1462-1505) et
la fille désormais catholique de Thomas Paléologue (+1465) exilé de Morea, mais il mourut subitement d'une attaque
avant la fin des pourparlers.
Ce pape décida que les Années Saintes se tiendraient tous les 25 ans. |
Sixte IV
|
1471-1484 | Francesco della Rovere, né à Celle, près de Savone (Italie),
de parents pauvres.
Il fut éduqué chez les franciscains; et il entra dans l'Ordre.
Après des études à Bologne et à Padoue, il enseigna dans plusieurs universités.
Érudit, il écrivit des traités sur des questions qui opposaient les franciscains aux dominicains.
Prédicateur recherché. Après avoir été provincial en Ligurie, il fut élu général de son Ordre.
Il fut créé cardinal de Saint-Pierre-aux-Liens en 1467.
Son élection comme pape fut facilitée par des pots de vin et de promesses, initiant ainsi une série de pontificats
entachés par des pratiques condamnées autrefois par d'autres pontifes.
Ses relations avec Louis XI roi de France (1461-1484) furent tendues. Le roi tint fermement la Pragmatique Sanction
de Bourges (1438).
Pape népotiste, six de ses neveux furent créés cardinaux. Il s'en trouva parmi eux qui osèrent
attaquer les Médicis à Florence, impliquant le pape dans une guerre inutile, coûteuse et sans gloire (1478-1480).
L'un de ces neveux sera le futur Jules II.
Il organisa, sans grand succès, une flotte pour combattre les Turcs.
Il fit de Rome, ville encore médiévale, une ville de la Renaissance.
Il perça de nouvelles rues; élargit et pava les anciennes; construisit le Ponte Sixto; bâtit des églises.
Il fit construire Sta Maria del Popolo, comme nécropole de sa famille, et la Chapelle Sixtine, décorée par les maîtres d'Ombrie.
Il fonda le chœur de la Sixtine; établit les archives du Vatican et fut les 2e fondateur de la bibliothèque.
Ce pape annula les décrets du Concile de Constance.
A la demande des rois catholiques, il érigea l'Inquisition espagnole et confirma Tomás de Torquemada grand inquisiteur.
En 1476, il approuva la fête de l'Immaculée Conception (8 décembre).
Et canonisa en 1428 le théologien franciscain Bonaventure (+1274).
En 1479, un archevêque réformateur, le Croate André Samometic, fit une tentative infructueuse de réunir à nouveau le
Concile de Bâle (1431-1449) et faire suspendre le pape en attendant de le faire juger.
Sa mort, survenue l'année suivante, aurait été hâtée par l'irritation provoquée par une telle perspective.
Son tombeau, dans les grottes du Vatican, est un chef d'œuvre d'art en bronze dû à Antonio del Pollaiuolo.
|
Innocent VIII | 1484-1492 | Giovanni Battista Cibo, né à Gênes (Italie), fils d'un sénateur romain.
Il avait passé sa jeunesse dans la cour de Naples; et fait ses études à Padoue et à Rome.
Il entra dans les ordres, et à la faveur du cardinal Calandrini, il fut nommé évêque de Savone, puis de Molfreta;
et créé cardinal par Sixte IV.
Ayant eu plusieurs enfants illégitimes avant son ordination, il assura leur situation en les mariant dans
des maisons princières.
Le conclave qui suivit la mort de Sixte IV fut un nid d'intrigues.
Sa cour était aussi dissolue que celle de n'importe quel prince italien.
Il ne pouvait être question de reforme de l'Église sous son règne.
Ses cardinaux, hérités pour la plupart de Sixte IV, étaient de grands seigneurs mondains.
En 1489, il passa un accord avec le sultan ottoman Bayezid II (1481-1512): en échange de 40.000 ducats par an
et du don de la lance censée avoir percé le côté du Christ, le pape détint à Rome son frère fugitif et rival
potentiel dans une étroite captivité.
Celui-ci avait été livré au pape par le grand maître des chevaliers de St-Jean en échange d'un chapeau de cardinal.
En 1486, le pape reconnut Henri VII comme roi légitime d'Angleterre.
Son souvenir reste également attaché à la bulle Summis desiderantes du 5 décembre 1484 qui ordonnait
à l'Inquisition allemande de sévir contre les sorcières supposées.
Ce pape interdit en 1486 d'étudier les thèses de Pic de la Mirandole (1463-1494), chef de file du platonisme
de la Renaissance.
A la fin de son règne, les Maures furent chassés de Grenade (2 janvier 1942); triomphe dû à Ferdinand V et à Isabelle
de Castille (1474-1504). En signe de reconnaissance, Innocent leur accorda le titre de "rois catholiques" transmissible
à leurs successeurs.
A la mort du pape, Rome était en proie à l'anarchie. |
Alexandre VI | 1492-1503 | Rodrigo Borja (Borgia), né à Jativa (Valencia - Espagne);
neveu de Calixte III.
Cet oncle maternel, évêque alors de Valence en Espagne, le combla de bénéfices et l'envoya faire des études à Bologne.
Il le créa cardinal diacre en février 1456.
Rodrigo devint vice-chancelier du Saint-Siège, conservant cette charge sous les quatre papes successifs.
Il menait au même temps, une existence ouvertement licencieuse.
Père de plusieurs enfants enfants, il aimait tout spécialement ceux que lui avaient donnés la noble
Vannoza Catanei (Jean, César, Lucrèce et Geoffroy).
Son souci dévorant fut l'avancement de sa famille.
En juin 1497, il fut brisé par l'assassinat de Jean, fils aîné de Vannoza; les soupçons tombaient sur César.
Accablé par la douleur, il fit le vœu de se consacrer à la reforme de l'Église, et à la sienne.
Mais tout resta à l'état de projet.
Trois mois après son élection, ce fut l'évènement du siècle: la découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb,
le 12 octobre 1492.
Le 4 mai 1493, à l'instance des souverains castillans, le pape traçait une ligne imaginaire à
100 lieues à l'ouest des îles Açores pour délimiter les zones d'exploration du Nouveau Monde (bulle Inter Caetera).
Comme le partage était favorable aux Espagnols, il fut modifié l'année suivante (1494) par le Traité de Tordesillas.
Le Brésil sera ainsi portugais.
Le dominicain Jérôme Savonarole (1452-1492), qui dénonçait le corruption dans l'Église, fut excommunié en mai 1498
et envoyé au bûcher à Florence.
Sur le plan artistique, Alexandre restaura richement le Castel Sant-Angelo; aménagea les appartements
qui portent son nom au Vatican, décorés par Pinturicchio; et persuada Michel-Ange de dessiner les plans
pour la reconstruction de Saint-Pierre.
Le pape célébra avec pompe l'Année Sainte 1500.
Alexandre VI fut, malgré sa vie débauchée, orthodoxe dans la doctrine; et pieux à sa manière.
Impliqué jusqu'à sa mort dans des intrigues politiques et familiales, le pape tomba malade
probablement empoisonné au cours d'un repas où César Borgia était aussi invité. César survécut.
Officiellement, le pape serait mort de malaria.
|
Pie III
|
1503-1503 | Francesco Tedeschini-Piccolomini, né à Sienne (Italie).
Neveu, par sa mère, de Pie II.
Il mourut dix ajours après son élection. La cérémonie de son couronnement avait déjà dû être écourtée à cause de son
état de santé.
En fait, malgré son âge et sa mauvaise santé, beaucoup d'espoirs s'étaient portés sur lui par son caractère intègre.
Au conclave d'août 1492, il avait refusé avec colère de vendre son suffrage au Borgia.
En juin 1497, il fut le seul membre du Sacré Collège à protester lorsque le pape Alexandre VI se proposa de transférer
des territoires pontificaux à son fils Jean, duc de Gandia.
Ses contemporains vécurent sa mort comme un malheur, car on avait osé espérer de lui une reforme dont l'Église
avait désespérément besoin.
|
Jules II
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1503-1513 | Giuliano della Rovere, né à Albissola, près de Savone, de parents pauvres.
Il reçut son éducation chez les franciscains de Pérouse et entra dans les ordres.
Lorsque son oncle, Francesco della Rovere, devint Sixte IV, il le nomma évêque de Carpentras;
puis cardinal prêtre de St-Pierre-aux-Liens.
Ennemi des Borgia, il préféra se réfugier en France après l'élection de Rodrigo Borgia, qui prit le nom d'Alexandre VI.
A la mort de Pie III, avec le secours de généreuses promesses et d'abondants pots-de-vin, il fut élu pape à
l'unanimité au terme d'un conclave qui ne dura qu'un seul jour.
Louis XII roi de France (1498-1515) tint à Tours (septembre 1510) un synode qui renouvela la Pragmatique Sanction
de Bourges et demanda la réunion d'un concile à Pise le 1er septembre 1511 pour déposer le pape.
L'assemblée débuta le 1er octobre et décréta la suspension de Jules II.
L'empereur Maximilien 1er avait été d'abord favorable à ce concile.
Jules II convoqua alors le 5e Concile du Latran, 18e Concile oecuménique pour l'Église catholique (1512-1517), et eut
le plaisir , à la 3e session, de voir l'empereur Maximilien 1er y donner son adhésion.
Les autres sessions tenues de son vivant furent principalement consacrées à la condamnation du concile de Pise (1511-1512)
et de la Pragmatique Sanction de Bourges.
Ce pape créa les premiers diocèses du Nouveau Monde.
En 1509, il accorda à Henri VIII la dispense qui lui permit d'épouser la veuve de son frère, Catherine d'Aragon.
Sa réussite la plus durable consiste dans son rôle de mécène et d'inspirateur d'artistes, notamment de Michel-Ange,
de Raphaël et de Bramante.
Ce pape assista le 18 avril 1506 à la pose de la première pierre du nouveau Saint-Pierre de Rome,
et s'arrangea pour couvrir les frais par la vente d'indulgences, âprement critiquée plus tard par les
réformateurs protestants.
Souverain énergique, violent et impitoyable, il s'abstint de favoriser sa famille.
Il sera surnommé par ses contemporains "le terrible".
Il s'efforça par tous les moyens de restaurer les États pontificaux aliénés par les Borgia et établir une papauté
forte et indépendante dans une Italie affranchie de la domination étrangère.
Dans son Éloge de la folie (1509), Érasme caricature l'ardeur militaire de Jules II; et l'historien
florentin Guicciardini note qu'il n'avait du prêtre que l'habit et le nom.
Non obstant ses guerres coûteuses, en administrateur efficace et frugal, Jules II laissa le trésor pontifical plus que
plein, l'ayant hérité vide.
A sa mort, l'Italie pleura en lui un libérateur qui avait affranchi le pays de la domination étrangère.
Il a été salué depuis comme un grand promoteur de l'unification italienne. |
Léon X
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1513-1521 | Jean de Médicis, né à Florence (Italie), 2e fils de Laurent le Magnifique.
Enfant, il eut pour précepteurs des humanistes de premier plan.
Il étudia la théologie et le droit canonique à Pise.
Il fut créé cardinal diacre à 13 ans par Innocent VIII.
A 17 ans, il devint membre du Sacré Collège à Rome.
Mais retourna bientôt à Florence.
Il voyagea en France, en Allemagne, en Hollande, où il fit la connaissance d'Érasme.
En 1512, il put rétablir la domination des Médicis sur Florence, dont il demeura le véritable souverain
jusqu'au conclave qui l'élut pape, et même pendant son pontificat.
A la mort de Jules II, âgé de 37 ans, il fut élu pape rapidement et sans simonie.
Prince raffiné de la Renaissance, Léon était un politicien sans scrupules, d'un népotisme invétéré.
Il négocia avec François 1er roi de France (1515-1547) un concordat, avec des concessions sans précédents,
qui fut difficilement accepté par la Curie, mais n'en resta pas moins en vigueur jusqu'à la Révolution:
le roi était autorisé à nommer à toutes les charges ecclésiastiques majeures, seuls les bénéfices mineurs étant réservés au pape.
Le roi, pour sa part, abrogea enfin la Pragmatique Sanction de Bourges.
Sa politique se manifesta sous un jour plus tortueux lorsque, en 1517, il retourna la situation au dépens de
quelques cardinaux qui complotaient contre lui, en faisant exécuter leur chef Alfonso Petrucci et en emprisonnant
plusieurs autres. Il composa alors un Sacré Collège favorable en créant 31 nouveaux cardinaux.
Il n'accepta l'élection du Habsbourg Charles 1er d'Espagne (Charles V 1519-1556) que lorsque son accession
devint inévitable. En 1521, le pape conclut avec lui une alliance contre la France.
Engagé par serment au conclave de poursuivre le 5e Concile du Latran (1512-1317), il ouvrit dûment la 6e Session
le 27 avril 1513. Et le clôtura le 16 mars 1517, après avoir décrété une croisade contre les Turcs, qui ne vit
jamais le jour.
Lorsque le dominicain Jean Tetzel ((1465-1519) se mit à prêcher en Allemagne les indulgences pour récolter des
fonds pour la construction du nouveau Saint-Pierre de Rome, le moine augustin Martin Luther (1483-1546) réagit
en affichant les 95 thèses de protestation sur la porte de l'église de Wittenberg.
Après des débats sans succès, Léon promulgua la bulle Exurge Domine (15 juin 1520) condamnant Luther.
Lorsque celui-ci brûla publiquement le document, Léon l'excommunia par la bulle Decet romanum pontificem.
Le 11 octobre 1521, le pape conféra le titre de Défenseur de la foi à Henri VIII d'Angleterre pour
l'ouvrage où il défendait les sept sacrements contre Luther.
Ni lui ni la Curie n'apprécièrent le moindre du monde l'importance de la révolution en cours dans l'Église.
Le pape mourut subitement de malaria.
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Adrien VI | 1522-1523 | Adrien Florensz Dedal, né à Utrecht (Hollande),
fils d'un charpentier, dernier pape non italien jusqu'à l'élection du polonais Karol Wojtyla (1978-2005).
Adrien avait été éduqué par sa mère veuve chez les Frères de la vie commune.
Entré à 17 ans dans l'université de Louvain, il y devint professeur, recteur et enfin chancelier (1497).
En 1507, l'empereur Maximilien 1er (1493-1519) le nomma précepteur de son petit-fils Charles V (1519-1556).
En 1515, il devint conseiller de Marguerite, régente des Pays-Bas.
A la mort de Ferdinand d'Aragon en 1516, Adrien exerça la régence avec le cardinal humaniste Ximénes (1436-1517)
jusqu'au début du règne personnel de Charles V en 1517.
Cette même année, il fut nommé évêque de Tortosa.
En 1517, à la demande spéciale de Charles V, il fut nommé cardinal archevêque d'Utrecht.
La confiance de Charles V, désormais empereur, et sa haute réputation, contribuèrent à son élection papale.
Déchiré par des rivalités internes, le conclave choisit finalement ce cardinal alors absent en Espagne.
Il fut accueilli avec hostilité par le peuple de Rome, écœuré par le choix d'un "barbare" du nord.
Cette hostilité s'accrut du fait des économies draconiennes auxquelles l'acculèrent les dettes paralysantes
de son prédécesseur Léon X, ainsi que par son évident manque d'intérêt pour l'art de la Renaissance.
En plus, les cardinaux furent consternés par sa volonté d'opérer une purge dans la Curie sécularisée.
Élu pape, Adrien garda son nom de baptême. Pieux et ascète, il se trouvait d'emblée face aux problèmes posés par
la révolte luthérienne en Allemagne et l'avance des troupes turques en Europe.
Suleiman 1er le Magnifique (1520-1566) avait pris d'assaut Belgrade en 1521 et menaçait l'Hongrie.
A la diète de Nuremberg (décembre 1522), il fut représenté par Francesco Chieregati, qui admit franchement
que la Curie était la principale responsable des désordres dans l'Église. Cet aveu a été qualifié avec raison
de premier pas vers la Contre-Réforme.
Désillusionné, usé par ses effort et par la chaleur de l'été romain 1523, le pape tomba malade et sombra dans la mort
après un règne trop bref pour être efficace. |
Clément VII | 1523-1534 | Jules de Médicis, né à Florence (Italie), fils bâtard
de Julien de Médicis et cousin de Léon X.
Après l'assassinat de son père, il fut élevé par son oncle Laurent le Magnifique.
En 1513, Léon X le fit cardinal archevêque de Florence; puis, vice-chancelier à Rome à partir de mai 1517.
Il fut en grande partie responsable de la politique de Léon X, y compris ses mesures contre Luther (1483-1546).
Cultivé, expérimenté et travailleur, il ne comprit cependant pas la révolution spirituelle en cours dans l'Église.
Il agit principalement en prince italien et en Médicis.
Pris en tenaille dans la lutte que se livraient Charles V et François 1er de France, le pape oeuvra pour la paix
entre les puissances chrétiennes pour pouvoir mieux affronter la menace turque et pour la sécurité des États pontificaux.
Entre ces deux souverains, il changea plusieurs fois de champ selon les avatars politiques et militaires, ce qui
entraîna enfin l'invasion d'Italie par Charles V et le sac de Rome le 6 mai 1527.
147 gardes suisses sont morts à cette occasion en essayant de protéger le pape.
Le 6 mai a été réservé jusqu'à présent pour la cérémonie de prestation de serment des nouvelles recrues suisses.
Le pape fut pendant sept mois prisonnier des troupes impériales.
En échange d'importantes et humiliantes concessions, il fut libéré le 6 décembre 1527.
Mais jusqu'en octobre 1528, il vécut loin de la ville dévastée, à Orvieto et à Viterbe.
La réconciliation du pape avec Charles V fut scellée par le couronnement de celui-ci à Bologne (24 février 1530).
Ce fut le dernier couronnement impérial célébré par un pape.
Á la diète de Worms (janvier 1524), l'envoyé du pape Laurent Campeggio, assura Charles V du soutien du pape
à l'édit de Worms (1521) qui mettait Luther au ban de l'empire. Cet édit fut ensuite rejeté par la diète de Spire (1526).
Le pape ne renonça pour autant pas à l'amitié que lui offrait François 1er de France, et en octobre 1533 il se rendit
personnellement à Marseille pour marier sa petite-nièce au fils cadet du roi de France, avec qui il tint de
longues discutions.
Dans l'affaire du divorce d'Henri VIII et de Catherine d'Aragon, tante de Charles V, le pape prononça la nullité du
divorce et du remariage du roi.
Clément fut incapable d'empêcher le schisme des pays nordiques, tels la Norvège, la Suède et le Danemark.
Mais, maigre consolation, pendant que ces pertes avaient lieu en Europe, le pape put présider à la création de
nouveaux diocèses au Mexique et en Amérique du Sud.
En vrai Médicis, Clément fut un patron des hommes de lettres (ainsi Guicciardini et Machiavel) et des artistes,
tels Cellini, Raphaël et Michel-Ange. Il commanda à ce dernier peu avant sa mort le Jugement dernier de la
chapelle sixtine. |
Paul III
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1534-1549 | Alexandre Farnèse, né à Canino, descendant d'une
célèbre famille de Condottieri.
Il reçut une éducation humaniste raffinée à Florence, à Pise et à Rome.
Il fut fait trésorier de l'Église romaine et cardinal diacre par Alexandre VI.
On le surnommait le "cardinal jupon" car sa sœur Juliette Farnèse était la maîtresse d'Alexandre VI.
Il entretenait lui-même une noble romaine qui lui donna trois fils et une fille.
Il ne fut ordonné prêtre qu'en 1519.
Nommé évêque de Parme par Jules II, il prit au sérieux ses nouvelles responsabilités en mettant de l'ordre dans sa vie
privée, en appliquant à son diocèse les décrets de reforme du 5e Concile du Latran (1512-1517) et en s'identifiant
au parti de la reforme à la Curie romaine.
A la mort de Clément VII, respecté par son expérience et sa sagacité, Alexandre Farnèse fut élu pape à l'unanimité
après deux jours de conclave.
Il pratiqua le népotisme.
Mais en dépit de ces préoccupations familiales, son pontificat marque une approche nouvelle des grandes questions
qui agitaient l'Église. Il plaça ainsi un concile général et des reformes en tête de son programme de gouvernement.
Il revivifia le Sacré Collège par une série de brillantes nominations, dont celle de Gasparo Contarini,
Regnald Pole, Giovanni Carafa (futur Paul IV) et Marcel Cervini (futur Marcel II).
La commission qu'il mit sur pied en 1537 pour examiner l'État de l'Église, soumit au pape un rapport d'une importance
considérable, intitulé Consilium de emendanda Ecclesia, lequel devint la base de travail du futur Concile de Trente.
Quand la paix de Crépy (18 septembre 1544) entre François 1er et l'empereur Charles V mit fin à la guerre entre la France et
l'empire, le pape ouvrit à Trente, le 13 décembre 1545, le Concile tant espéré par toute l'Église.
Le pape y était représenté par trois légats.
Une épidémie de typhus fournit un prétexte au pape pour transférer le Concile à Bologne (11 mars 1547), ville située
dans sa sphère d'influence directe. Mais Charles V s'y opposa, et le pape dut se résigner à suspendre le Concile.
Le 17 décembre 1538, le pape excommunia Henri VIII et jeta l'interdit sur l'Angleterre.
L'Église anglaise versa alors inévitablement dans le schisme.
Le pape établit le 21 juillet 1542 la Congrégation de la Sainte Inquisition romaine ou Saint Office comme autorité centrale
pour la lutte contre l'hérésie.
Par la bulle Regimini militantis Ecclesiae du 27 septembre 1540, il approuva la Compagnie de Jésus.
Il promut le développement de congrégations nouvelles: théatins, barnabites, somasques et ursulines.
Vrai pape de la Renaissance, il favorisa les artistes, les écrivains et les savants.
Le palais Farnèse, dont il commença la construction, témoigne de son orgueil familial.
Son portrait, peint par Titien en 1543 lorsqu'il avait 70 ans, le montre dans toute la vigueur de son pontificat. |
Jules III | 1550-1555 | Giovanni Maria Ciocchi del Monte, romain, fils d'un juriste connu.
Il avait étudié le droit à Pérouse et à Sienne.
Il devint chambellan de Jules II, dont il prit le nom plus tard.
Il fut évêque de Siponto, puis de Pavie. Et deux fois gouverneur de Rome.
Il fut l'un des co-présidents du Concile de Trente en 1545.
Élu au terme d'un conclave difficile qui dura dix semaines, à cause des irréconciliables divisions entre
les factions pro-françaises et pro-impériales.
Le cardinal anglais Reginald Pole faillit être élu pape; il lui manque une voix pour avoir la majorité requise.
Pontife typique de la Renaissance, il se montra généreux avec sa famille.
Mais il avait conscience de son rôle pastoral universel ainsi que de la nécessité de reformer l'Église.
Et donc de reprendre le Concile suspendu.
Il convoqua de nouveau, pour le 1er juin 1551, le Concile à Trente, ville sous l'influence de Charles V.
Raison pour laquelle Henri II roi de France (1547-1559) refusa la participation de son pays.
Le 28 juillet 1552, le pape se résigna à interrompre de nouveau le Concile au cours de la 16e session.
Bâtit la luxueuse Villa di Papa Giulio, où il passa désormais la plupart de son temps.
Il protégea des artistes, tels Palestrina, directeur de la Capella Giulia et Michel-Angel, peintre, sculpteur et
architecte du nouveau Saint-Pierre. Il nomma bibliothécaire le savant Marcel Cervini (futur Marcel II).
Ce pape assista au retour éphémère de l'Angleterre à l'obédience du Saint Siège avec l'accession de la
catholique Marie 1ère (6 juillet 1553), dont le cardinal Reginald Pole était parent.
Jules III confirma les Constitutions de la Compagnie de Jésus (21 juillet 1552).
Et, poussé par Ignace de Loyola (1491-1556), il créa le Collegium Germanicum pour faciliter
la formation d'un clergé capable de rétablire le catholicisme dans leur pays natal.
Il s'occupa aussi des missions catholiques en Inde, en Extrême-Orient et dans les Amériques.
Il envoya le cardinal Morone à la diète d'Augsbourg (1955) dans le vain espoir de ramener l'Allemagne
à l'obédience romaine, selon le modèle de l'Angleterre.
Il est mort peu après, atteint de goutte depuis des années. |
Marcel II | 1555-1555 | Marcello Cervini, né à Montepulciano, prés de Sienne (Italie);
neveu de Paul III. Régna 22 jours.
Il fit des études à Sienne puis à Rome.
Chassé de Rome par la peste en 1526, il mit à profit le temps libre pour traduire des ouvrages grecs et latins
en italien et se lia avec des humanistes de premier plan.
Clément VII le chargea de terminer la révision du calendrier initiée par son père.
Très critique à l'égard du népotisme de Jules III, il dut encore quitter Rome.
En 1539, il fut créé par Paul III cardinal prêtre de la Sainte-Croix.
En 1545, il fut choisi comme l'un des trois co-présidents du Concile de Trente.
En 1548, Paul III le chargea de réorganiser la Bibliothèque vaticane.
Élu pape, il conserva son nom de baptême. Il réduisit au minimum les dépenses de son couronnement.
Sa formation, sa force de travail et sa sainteté de vie laissaient présager un grand pontificat.
Il a été emporté subitement par une crise, cardiaque probablement.
Palestrina, compositeur et directeur alors de la Chapelle Sixtine, composa la célèbre Missa papae Marcelli
en son honneur.
Malgré la brièveté de son règne, il est considéré comme le premier pape réformateur authentique. |
Paul IV
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1555-1559 | Giampietro Carafa, né près de Bénévent le 28 juin 1476, issu
d'une famille de barons napolitains.
Il reçut sa formation à Rome.
Il entra dans l'Oratoire du Divin Amour.
Plus tard, avec Gaétan de Thiene (1480-1547), il fonda la congrégation de théatins voués à la restauration du mode
de vie apostolique et à la reforme des abus dans l'Église.
Il unissait un strict ascétisme personnel à des intérêts humanistes.
Il correspondit avec Érasme. Possédait à fond le grec et l'hébreu.
Évêque de Chieti, puis archevêque de Brindisi; enfin archevêque Naples en février 1549.
Légat papal en Angleterre, en Espagne et en Fladres.
Autocrate et passionné, il se montra hostile à l'égard d'une réconciliation avec les luthériens
et s'aliéna ainsi les sympathies humanistes.
A la tête de l'Inquisition réactivée, il a fait preuve d'une grande sévérité.
Il fut élu pape contre l'avis de l'empereur Charles V.
En tant que Napolitain, il nourrissait une aversion atavique pour l'Espagne.
Il s'allia avec la France pour faire la guerre aux Espagnols en Italie, mais fut vaincu par le duc d'Albe,
vice-roi de Naples.
Pape ascète et volontaire, il ne pouvait être question pour lui de reprendre le Concile de Trente,
interrompu le 28 avril 1952, croyant pouvoir faire lui-même les réformes envisagées avec plus de rapidité et d'efficacité.
Sa passion pour l'orthodoxie était telle qu'il fit emprisonner pour hérésie dans le Castel Sant-Angelo un innocent,
le cardinal Giovanni Morone (1509-1580) et démit de sa charge de légat en Angleterre le cardinal Reginald Pole (1500-1558).
Sa dureté fit définitive la rupture de l'Angleterre avec Rome.
Les juifs furent obligés de rentrer dans leurs ghettos et le port d'un couvre-chef distinctif leur fut imposé.
Il ordonna l'arrestation des moines qui avaient quitté leurs monastère.
Il créa l'Index de livres prohibés (1557) dont la sévérité était irréaliste.
A sa mort, des émeutiers détruisirent le siège de l'Inquisition et en délivrèrent les prisonniers.
Sa statue sur le Capitole fut renversée. |
Pie IV
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1560-1565 | Giovanni Angelo Medici (non apparenté aux Médicis de Florence),
né à Milan le 31 mars 1499, fils d'un notaire.
Il avait étudié d'abord la médecine, et ensuite le droit à Bologne.
Il était père de trois enfants naturels; sa vie privée défrayait la chronique.
Il n'avait pas la réputation d'un partisan de la réforme de l'Église.
Sous Paul III, il montra ses capacités administratives.
En 1545, il fut nommé archevêque de Raguse; et en 1549, créé cardinal.
Il tomba en disgrâce sous Paul IV; il n'avait aucune sympathie pour son fanatisme, et en 1558 il quitta Rome.
Après un conclave de prés de quatre mois, à cause des factions françaises et espagnoles, Giovanni Angelo Medici
fut élu pape, et on découvrit en lui un personnage bien différent de celui qu'on croyait connaître.
Il révoqua immédiatement les mesures répressives de Paul IV.
Il s'abstint d'excommunier Elizabeth I nouvelle reine d'Angleterre dans l'espoir de voir le pays
revenir à l'obédience romaine.
Renouant avec la tradition de la Renaissance abandonnée par son prédécesseur, il se montra généreux
envers les artistes et les savants.
Réagissant à la haine du peuple à l'égard des neveux de Paul IV, il fit traduire en justice et exécuter deux d'entre eux.
Le 29 novembre 1560, il re-convoqua le Concile de Trente suspendu le 28 juillet 1552
et le mena à une heureuse conclusion, qu'il salua avec la bulle Benedictus Deus le 4 décembre 1563.
Le cardinal Giovanni Morone (1509-1580) réhabilité et nommé président du Concile en 1563 fut l'un des grands "artifices"
de cette importante assemblée.
Le pape confia l'application des décrets du Concile à une congrégation de cardinaux, s'en réservant lui-même
l'interprétation authentique.
Il nomma cardinal archevêque de Milan à Charles Borromée (1538-1584), son neveu, lequel devint le grand modèle dans
l'application des reformes conciliaires. Cette nomination fut une bénédiction pour l'Église.
En dépit de son passé d'homme dissipé, ce pape passa à l'histoire comme un grand et
intelligent réformateur de l'Église catholique dans le monde. La papauté gagna en prestige.
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Pie V
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1566-1572 | Michel Ghislieri, né
de parents pauvres le 17 janvier 1504 à Bosco, près d'Alessandria (Piémont, nord d'Italie).
Il fut lui-même berger, avant d'entrer, à 14 ans, chez les dominicains, où il changea son prénom Antoine par Michel.
Après avoir étudié à Bologne, il fut ordonné prêtre, et enseigna pendant 16 ans à Pavie.
Sur la recommandation du cardinal Giampietro Carafa, Jules III les fit commissaire général de l'Inquisition romaine (1551).
Giampietro Carafa, devenu Paul IV, le nomma évêque de Nepi et de Sutri, cardinal et enfin inquisiteur général.
Plus tard (1560), il sera aussi évêque de Mondovi (Piémont).
Son amitié avec les Carafa, lui valut sa disgrâce sous Pie IV.
A la mort de Pie IV, son élection-surprise fut acquise grâce au parti rigoriste conduit par le cardinal
Charles Borromée (1538-1584).
Son sérieux, son ascétisme et sa pauvreté évangélique indiquèrent qu'il était le pape dont l'époque avait besoin.
Il garda ses us de dominicain et son habit blanc, qui fut adopté par les papes à sa suite jusqu'à présent.
Il imposa les normes les plus strictes à sa cour considérablement réduite.
Tous les cardinaux qu'il nomma firent l'objet d'un choix consciencieux.
Il établit en 1567 une commission pour l'examen des nominations épiscopales.
Conformément aux décrets du Concile de Trente, il publia le catéchisme romain; le bréviaire romain revu;
et le nouvel missel romain.
Il mit également sur pied une commission (1569) pour la révision de la Vulgate.
Il prit des dispositions pour diffuser Trente à toute l'Église.
Renforça l'Inquisition et l'Index de livres prohibés.
Sauf quelques exceptions à Rome et à Ancône, il expulsa les juifs des États pontificaux.
En 1576, il condamna 79 thèses de Michel Baïus (1513-1589) précurseur flamand du jansénisme.
La même année, il proclama Saint Thomas d'Aquin (1225-1274) "Docteur de l'Église" et réédita ses écrits.
Le 25 février 1570, il excommunia Elizabeth 1ère d'Angleterre et prétendit la déposer.
Ce fait anachronique et la bulle In Coena Domini entraînèrent à son égard la méfiance des gouvernants d'alors.
Il accorda une aide financière et militaire à Catherine de Médicis contre les huguenots.
Mais la Paix de Saint-Germain (8 août 1570) qui leur accorda la liberté religieuse le déçut.
La rupture complète avec Philippe II d'Espagne (1556-1598) fut évitée de justesse grâce au nonce, futur Urbain VII.
Avec la victoire des forces coalisées sous le commandement du duc d'Albe à Lépante (golfe de Corinthe)
le 7 d'octobre 1571 contre la flotte turque, Pie V institua la fête de Notre Dame des Victoires; transformée plus
tard par Grégoire VIII en fête de Notre Dame du Rosaire.
L'œuvre réformatrice de ce pape marqua l'Église d'une empreinte tridentine durable.
Il fut béatifié par Clément X et canonisé par Clément XI le 22 mars 1712. Fête 30 avril. |
Grégoire XIII | 1572-1585 | Ugo Boncompagni,
né à Bologne (Italie) le 1er janvier 1502,
quatrième fils d'un marchant local.
Docteur en droit par l'université de cette ville et professeur de la matière pendant huit ans.
Il menait alors une vie très libre. Il eut un enfant naturel, Giacomo, qu'il fera plus tard gouverneur
du Castel Sant-Angelo.
Prêtre à 40 ans, il mit de l'ordre dans sa vie privée sous l'influence de Charles Borromée (1538-1584).
Paul IV le nomma évêque de Vieste en juillet 1558.
Expert en droit canonique au Concile de Trente, il eut un rôle actif dans la rédaction des décrets.
Pie IV le créa cardinal prêtre de Saint-Sixte en 1565, et lui confia une importante légation en Espagne,
où il se lia d'amitié avec Philippe II (1556-1598), lequel pèsera ensuite en faveur de son élection.
Le conclave qui suivit la mort de Pie IV fut exceptionnellement bref.
Tolomeo Galli fut le premier secrétaire d'État pontifical au sens moderne du terme.
Grégoire nomma une commission de cardinaux chargée d'appliquer les décrets du Concile de Trente.
Il fit aussi des nonciatures pontificales un moyen pour appliquer les réformes tridentines à l'Église.
Comme l'avait demandé Trente, il organisa l'édition améliorée du Corpus de Droit Canonique (1582).
Il reconnut l'importance pour l'historie de l'Église de la mise à jour des Catacombes romaines (1578).
Il créa, à grands frais, des "Collègia" à Rome pour former le clergé selon les vœux exprimés par le Concile:
et dota richement le Collegium Romanum (1572), appelé plus tard Université Grégorienne en son honneur.
Ces séminaires devaient porter bientôt des fruits abondants imprimant à la Contre-Réforme un accent plus militant.
Le nom de ce pape est également attaché à la réforme du Calendrier Julien, achevée le 24 février 1582
par une commission qui siégeait dans la Villa pontificale Mondragone, proche de Frascati.
Par cette réforme on corrigeait le Calendrier Julien en supprimant dix journées (du 5 au 14 octobre de l'année 1582)
et en créant une règle pour les années bissextiles (tous les quatre ans). Ainsi naissait le
Calendrier Grégorien, en usage jusqu'à présent.
Il encouragea sans succès Philippe II et les Irlandais à envahire l'Angleterre gouvernée par Elizabeth 1ère.
Il fit chanter un Te Deum à l'annonce du massacre de la Saint-Barthélemy (14/15 août 1572).
Il soutint les jésuites dans leur travail missionnaire en Inde, en Chine, au Japon et au Brésil.
Il approuva (1575) la congrégation de l'Oratoire de Philippe Néri (1515-1595).
Et sanctionna la réforme des carmélites déchaussées menée à bien par Thérèse d'Avila (1515-1582).
Il bâtit le Quirinal pour servir de résidence d'été.
Et acheva le Gesù, église mère de jésuites. |
Sixte V
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1585-1590 | Felice Peretti, né à Grottammare, près d'Ancône (Italie), le 13 décembre 1520,
fils d'un ouvrier agricole.
Il entra chez les franciscains de Montalto. Docteur en théologie à Fermo.
Ordonné prêtre à Sienne, il fut amené à Rome par le cardinal Carpi protecteur des franciscains.
Paul IV le nomma inquisiteur à Venise. Sa sévérité entraîna son rappel. Mais Pie IV le nomma de nouveau.
Franciscain austère; bon prédicateur. Il fut général de son Ordre.
Pie V le créa cardinal; et évêque de Fermo.
A la mort de Grégoire XIII, il fut élu pour le succéder au cours d'un conclave sans pression des grandes puissances.
Il prit le nom de Sixte par égard pour Sixte IV, franciscain comme lui.
Sixte se mit aussitôt en devoir de rétablir l'ordre dans les États pontificaux laissés en proie à
un banditisme incontrôlé par son prédécesseur.
"Pape de fer", comme on l'appelait, il fit exécuter publiquement milliers de brigands
apparus pendant le pontificat précédent.
Austère personnellement, il réussit de manière spectaculaire
à renflouer le trésor pontifical laissé vide par Grégoire XIII, devenant un des plus riches princes d'Europe.
En 1586, il fixa à 70 le nombre maximum des cardinaux. Ce nombre fut dépassé pour la première fois
par Jean XXIII élu pape quatre siècles plus tard, en 1958.
Le 22 janvier 1522, le pape créa quinze Congrégations permanentes de cardinaux pour le gouvernement de l'Église,
mettant ainsi un terme au rôle tenu par le Consistoire qui prétendait gouverner l'Église avec le pape.
Il rétablit les visites obligatoires des évêques "ad limina" pour soumettre au Saint Siège le rapport
sur l'état de leurs diocèses.
Il perça des boulevards et remania le plan de Rome, ce qui donna la magnifique ville baroque qu'on connaît aujourd'hui.
Il érigea de nouveaux aqueducs pour fournir l'alimentation en eau dont la grande ville avait besoin.
On appela cette eau "l'acqua felice".
Il rebâtit le palais du Latran et acheva le dôme de Saint-Pierre.
Il inaugura le Gesù, église mère des jésuites.
Il établit les presses du Vatican, qui publièrent 1587 une édition des Septante.
Il promit d'énormes subsides à Philippe II pour l'invasion de l'Angleterre; mais il refusa de les verser après
la défaite de la la "Gran Armada" en juillet-août 1588.
Mais il se sentit obligé d'aider Philippe II dans sa lutte contre l'huguenot Henri de Navarre (1585),
futur Henri IV (1589-1610).
Canonisa Bonaventure (+1274), théologien franciscain, contemporain de Saint Thomas d'Aquin.
Généralement considéré comme un grand pape, il était exécré par ses sujets.
A sa mort, la foule romaine renversa sa statue sur le Capitole. |
Urbain VII | 1590-1590 | Giambatistta Castagna,
né à Rome le 4 août 1521, fils d'un aristocrate génois.
Douze jours après son élection, favorisée par l'Espagne où il avait nonce, il mourut de malaria,
sans avoir été couronné. Son règne s'étend du 15 au 27 septembre 1590. |
Grégoire XIV | 1590-1591 | Niccolo Sfondrati, né à Somma, près de Milan (Italie).
Nommé évêque de Crémone à 25 ans par Pie IV, il prit part au Concile de Trente.
Il se lia d'amitié avec Charles Borromée (1538-1583) et Philippe Néri (1515-1595).
Pape faible, il nomma secrétaire d'État Paolo Emilio Sfondrati, de 29 ans, un neveu incapable et porté sur ses propres intérêts.
Grégoire régna moins d'un an, du 5 décembre 1590 au 16 octobre 1591.
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Innocent IX | 1591-1591 | Giovanni Antonio Fachinetti, né à Bologne (Italie) le 20 juillet 1519.
Candidat sérieux dans les conclaves précédents, son élection ne fut une surprise.
Il ne régna que deux mois, du 29 octobre au 30 décembre 1591. |
Clément VIII | 1592-1605 | Hippolyte Aldobrandini, né à Fiorentino (Italie) le 24 février 1538, fils d'un avocat bien connu
que son hostilité envers les Médicis avait forcé quitter Florence.
Fit des études de droit à Padoue, à Pérouse et à Bologne.
Sous Pie V, il entra au service du Saint Siège.
Fin 1580, il fut ordonné prêtre.
Sixte V le nomma cardinal prêtre le 18 décembre 1585.
Puis légat en Pologne.
Il fut candidat sérieux aux trois conclaves qui précédèrent celui où il a été élu successeur d'Innocent IX.
Il se présentait comme un vivant reflet des idéaux de la réforme catholique prônée par Trente.
Saint Philippe Néri était son intime et il avait pour confesseur César Baronius (1538-1607),
oratorien et historien de l'Église.
Son enthousiasme s'essouffla un peu lorsqu'il est devenu pape.
Cardinal, il avait critiqué le népotisme; mais devenu pape, il créa cardinaux deux de ses neveux, à qui il abandonna
la direction des affaires. Il créa également cardinal un petit-neveu de 14 ans.
Mais parmi les cardinaux qu'il nomma, on ne peut pas oublier Robert Bellarmin (1542-1621), le saint théologien jésuite.
En 1592, il publia une version corrigée (dite "édition clémentine") de la Vulgate défectueuse de Sixte V (1590).
Cette édition fit autorité jusqu'à Pie XII.
Sous son règne, l'Inquisition envoya au bûcher plus de 30 hérétiques, dont l'ex-dominicain et philosophe
Giordano Bruno (1548-1600).
Il s'intéressa, sans porter solution, à la querelle entre jésuites et dominicains à propos de la théorie de
Louis Molina (1535-1600) sur le libre arbitre et la grâce.
Sur le plan politique, il reconnut Henri IV, catholique depuis 1593 ("Paris vaut bien une messe!"),
comme roi de France (1589-1610).
Et accepta, à contrecœur, l'édit de Nantes (13 avril 1598) qui accordait aux huguenots la liberté religieuse et
l'égalité civile.
Le 23 décembre 1595, le pape avalisa les propositions aux termes desquelles plusieurs millions de chrétiens
orthodoxes de Pologne s'unirent à l'Église catholique avec autorisation de conserver leur liturgie.
Il nomma François de Sales (1567-1622) évêque de Genève, ce qui stimula fortement la Contre-Reforme en Suisse.
Clément laissa la papauté plus forte et indépendante qu'il ne l'avait trouvée.
Le jubilé de 1600 amena une multitude de pèlerins à Rome. |
Léon XI
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1605-1605 | Alexandre Octavien de Médicis, né à Florence le 2 juin 1535,
de la branche collatérale de la famille régnante de Florence. Par sa mère, il était neveu de Léon X.
Appuyé par la France, il fut élu pape pour succéder Clément VIII. Il adopta le nom de son oncle.
Âgé et de santé fragile, il régna moins d'un mois, du premier au 27 avril 1603. |
Paul V
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1605-1621 | Camille Borghèse, né à Rome le 17 septembre 1552; son père
était professeur de droit.
Après des études de droit à Pérouse et à Padoue, il occupa à la Curie des charges de plus en plus importantes.
Il fut créé cardinal en 1596.
L'élection surprise comme pape de ce prélat de 52 ans, inconnu à l'extérieur, fut le résultat
d'un compromis entre factions rivales.
Du point de vue politique, il professait des vues déjà dépassées même dans les pays catholiques.
Aussi ne cessa-t-il de se heurter aux États à propos des prérogatives de l'Église.
La condamnation du gallicanisme en France (1613) amena les États Généraux en octobre 1614 à déclarer que le roi
tenait sa couronne de Dieu seul.
Malgré le veto opposé par la France à promulgation des décrets du Concile de Trente, les évêques français
décidèrent (7 juillet 1615) leur publication par le biais des synodes provinciaux.
Son règne vit le début de la Guerre de Trente Ans en Allemagne (1618-1648).
Il approuva la congrégation de l'Oratoire fondée par Philippe Néri; ainsi que l'Oratoire français de Pierre de Bérulle.
Il canonisa Charles Borromée et Françoise Romaine.
Il béatifia Ignace de Loyola, François Xavier, Philippe Néri et Thérèse d'Avila.
Il encouragea les missions et approuva l'usage de la langue vernaculaire dans la liturgie en Chine.
Le 5 mars 1616, il censura Galilée coupable d'enseigner la théorie copernicienne du système solaire.
Il acheva la nef et le portique de Saint-Pierre, et restaura l'aqueduc de Trajan.
On lui doit aussi la création des Archives secrets du Vatican
A sa mort, la famille Borghèse pouvait rivaliser en richesse avec les Orsini et les Colonna. |
Grégoire XV | 1621-1623 | Alexandre Ludovisi, né à Bologne (Italie) le 9 janvier 1554,
fils du comte Pompeio.
Premier pape à avoir étudié au Collegium Romanum (Université grégorienne) tenu par les jésuites.
Il fut reçu docteur en droit à Bologne.
Puis il entra dans les ordres et s'est mis au service la Curie romaine.
Nommé archevêque de Bologne, il négocia la paix entre Charles-emmanuel 1er de Savoie et Philippe III d'Espagne,
ce qui lui valut d'être nommé cardinal en 1621.
A la mort de Paul V, il fut élu pape par acclamation pour lui succéder.
Une de ses premières mesures (décrets de 1621 et 1622) fut celle de réorganiser jusque dans les détails
la procédure d'élection du romain pontife. Cette procédure est demeurée virtuellement inchangée jusqu'à nos jours.
Le 16 janvier 1622, il fonda la Congrégation pour la Propagation de la Foi, institution qui existe toujours.
En octobre 1622, le pape éleva Paris au rang de siège métropolitain et fit Richelieu cardinal (1585-1642).
Le 12 mars 1622, au cours d'une somptueuse cérémonie, il canonisa plusieurs héros de la Contre-Reforme catholique:
Ignace de Loyola, François Xavier, Philippe Néri et Thérèse d'Avila.
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Urbain VIII | 1623-1644 | Maffeo Barberini, né à Florence (Italie) en 1568, d'une riche famille marchande.
Il étudia à Rome chez les jésuites. Puis il fut reçu docteur en droit à Pise et inaugura une brillante carrière
à la Curie romaine.
Légat extraordinaire auprès d'Henri IV (1589-1610) en 1601; il revint en France comme nonce en 1604.
En reconnaissance de ses services, Paul V le nomma cardinal et évêque de Spolète.
Au terme d'un conclave conflictuel pendant l'étouffant été romain 1623, il fut élu par 50 voix sur 55.
Autoritaire, il discutait rarement des affaires avec les cardinaux.
Le 16 novembre 1626, il consacra la nouvelle basilique de Saint-Pierre.
Il choisit Castel Gandolfo, à 25 kilomètres de Rome, pour s'y retirer en été.
Il renforça Castel Sant-Angelo et l'équipa de canons fondus avec le bronze arraché au Panthéon.
Le règne d'Urbain coïncida avec la Guerre de Trente Ans (1618-1648).
Urbain favorisa la politique française craignant voir les Habsbourg dominer l'Italie.
Le pape participa personnellement à la révision du bréviaire (1631) en écrivant de nombreuses hymnes.
Il fonda en 1627 le Collegio Urbano pour la formation de missionnaires.
Il établit une imprimerie polyglotte au Vatican.
Il approuva de nouveaux Ordres religieux, comme celui de Lazaristes de Saint Vincent de Paul (1580-1660) et
celui de la Visitation.
Par la bulle "In eminenti", le pape censura l'Augustinus de Cornelius Jansen (1585-1638).
Le débat déclenché par cette synthèse des opinions le plus extrêmes de Saint Augustin (354-430) devait agiter
l'Église des générations durant.
Galilée (1564-1642), qui avait été pendant des années son ami personnel, fut contraint le 22 juin 1633 d'abjurer le
système copernicien.
Le pape Urbain se laissa aller au népotisme. Le peuple de Rome, cruellement opprimé par sa folle
prodigalité laissa éclater bruyamment sa jubilation à l'annonce de sa mort. Et a créé cette
légende: "quod non fecerunt barbari, fecerunt Baberini" |
Innocent X | 1644-1655 | Giambattista Pamphili, né à Rome le 7 mai 1574.
Fut reçu docteur en droit au Collegium Romanum (Université Grégorienne) et entreprit une carrière juridique à la Curie.
Nonce en Espagne en 1626, et cardinal "in petto" en août 1627 (l'annonce de sa nomintion fut faite en novembre 1629).
La France s'opposa à son élection, mais le veto du cardinal Jules Mazarin (1602-1661) arriva trop tard.
Innocent se tourna aussitôt contre les Barberini, parents du pape Urbain VIII et établit une commission pour
enquêter sur les richesses qu'ils avaient reçues et mit sous séquestre leurs biens.
Le cardinal Jules Mazarin, le tout-puissant ministre français, menaça d'intervenir.
Son pontificat fut cependant entaché par l'intromission d'une figure sinistre en la personne d'une belle sœur,
Olimpia Maidalchini, dont les conseils pesaient dans les décisions importantes du pape.
Malgré cette ombre dans son gouvernement, le pape confia le poste de secretaire d'État à Fabio Chigi,
futur Alexandre VII, qui fut le premier secrétaire d'État reconnu comme tel par les légats et les nonces,
lesquels correspondaient directement avec lui.
Innocent confirma Chigi comme représentant au Congrès réuni à Münster pour mettre fin à la Guerre de Trente Ans (1618-1648).
Le pape n'était pas d'accord avec les concessions de grande portée faites aux protestants et que l'empereur
Ferdinand III (1637-1657) considérait inévitables, qui furent incorporées ensuite à la Paix de Westphalie (24 octobre 1649).
La protestation du pape fut écartée avec dédain.
Le Portugal s'étant séparé de l'Espagne en 1640, le pape ne voulut condamner cet acte comme le souhaitait l'Espagne,
mais ne reconnut non plus le Portugal en tant que nouvel État, comme le souhaitait le roi Jean IV de Bragance
(1640-1656).
Il approuva la congrégation de Propaganda Fide qui condamnait l'adaptation de certains rites chinois
traditionnels; décision qui déclencha un vif débat pour longtemps dans l'Église.
Dans l'affaire de l'Augustinus de Cornelius Jansen (1585-1638), le pape s'accorda avec la ligne
anti-janséniste adoptée par le gouvernement français, le condamnant par la bulle Cum occasione
(31 mai 1653).
Sous son règne, la décoration intérieure de Saint-Pierre fut achevée.
La somptueuse Villa Doria Pamphili fut érigée devant la porte Saint-Pancrace.
On peut admirer à la Galleria Doria un portrait du pape par Velázquez (1650). |
Alexandre VII | 1655-1667 | Fabio Chigi, né à Sienne (Italie) le 13 février 1699.
Étudia la théologie et le droit à l'université de cette ville.
En 1628, il entra au service du Saint Siège à Rome.
Il fut ordonné prêtre en 1634; et nommé évêque de Nardo (Pouilles) en 1635.
Légat du pape à Cologne de 1639 à 1651, il participa aux négociations qui aboutirent à la Paix de Westphalie (1648).
En 1651, Innocent X le fit secrétaire d'État; et en 1652, cardinal et évêque d'Immola.
A la mort d'Innocent X, il fut élu pour lui succéder au bout d'un conclave de 80 jours, malgré l'opposition initiale
du puissant ministre et cardinal français Jules Mazarin (1602-1661).
La famille du pape fut bientôt comblée de charges, de palais et de domaines.
Il fut incapable de nouer de bonnes relations avec le cardinal Mazarin et, après lui, avec Louis XIV (1643-1715).
Il offrit asile à Rome au cardinal de Retz, rival et bête noire de Mazarin.
Après la mort de Mazarin, Louis XIV, prétextant que l'immunité de son ambassade à Rome avait été violée,
expulsa le nonce à Paris, retira son ambassadeur à Rome et occupa les enclaves pontificales
d'Avignon et du comtat Venaissin.
Le pape dut se plier en plus à d'autres humiliantes impositions du roi.
A la mort de l'empereur Ferdinand III, le pape soutint la candidature de Léopold 1er d'Autriche (1658-1705)
qui fut élu en dépit de l'opposition de Mazarin.
La reine Christine de Suède (1632-1654), fille de Gustave Adolphe, récemment convertie au catholicisme,
vint s'établire à Rome et fit de son palais un centre intellectuel. Elle avait protégé Descartes en Suède,
pays où le philosophe est mort.
En 1656, le pape accepta le point de vue des missionnaires jésuites en Chine et autorisa certains rites locaux.
Il méditait quotidiennement les écrits de François de Sales (1567-1622), qu'il béatifia en 1661 et canonisa en 1665.
Il se plaisait dans la compagnie de savants et des artistes.
Il chargea le Bernin d'entourer la place Saint-Pierre de deux colonnades semi-circulaires, les "colonnades Bernini". |
Clément IX | 1667-1669 | Giulio Rospigliosi, né à Pistoia (Italie) le 27 janvier 1660,
d'une famille noble.
Il étudia chez les jésuites à Rome; puis la théologie et le droit à Pise.
Patronné par les Barberini, il gravit régulièrement les échelons de la Curie de 1624 à 1644.
Nommé archevêque, il fut envoyé comme nonce à Espagne.
Ensuite, il fut gouverneur de Rome.
Puis secrétaire d'État et cardinal sous Alexandre VII.
A la mort d'Alexandre VII, qui n'avait pas la côte dans la cour de France, Giulio Rospigliosi réussit le tour de
force de se voir élu pape avec l'appui de la France. Les cardinaux réunis au conclave souhaitaient d'ailleurs un
pape capable de remédier à la division entre Paris et Rome.
Il choisit un nom qui indiquait une politique d'apaisement.
Il rompit presque totalement avec le népotisme traditionnel.
Il se laissa convaincre par le successeur de Mazarin à Paris, Hugues de Lionne (1611-1671), de calmer l'agitation
autour du jansénisme, auquel tenaient particulièrement quatre évêques français et le monastère janséniste de Port-Royal,
près de Paris.
Le pape accepta que la signature du formulaire imposée par Alexandre VII, fut entourée de certaines restricyions
voulues par les récalcitrants. Le pape ferma les yeux. Louis XIV fut soulagé, car il se faisait du souci
pour l'unité du royaume.
Clément régna un an et demi à peine.
Il est mort accablé surtout par l'échec de la campagne coûteuse pour récupérer Crète. |
Clément X | 1670-1676 | Emilio Altieri, né à Rome le 12 juillet 1590, d'une famille locale distinguée.
Il fit des études au Collegium Romanum tenu par les jésuites (Université Grégorienne)
et fut reçu docteur en droit en 1611.
Il exerça comme avocat au tribunal romain, la Rote.
En avril 1624, il fut ordonné prêtre.
Attaché à la nonciature papale en Pologne. Évêque de Camerino. Puis, nonce à Naples.
Rappelé à Rome, il fut secrétaire de la Congrégation des évêques sous Alexandre VII,
puis cardinal sous Clément IX, dont il prendra le nom en devenant pape.
Le conclave dura près de cinq mois, les différentes factions ne réussissant à former une majorité;
et la France et l'Espagne opposant leur veto à certains candidats.
Il fit dans la personne de son secrétaire d'État un choix malheureux. Le cardinal Paluzzi, son neveu, choisi pour
cette fonction, exploita la bonté du pape pour accumuler charges et richesses à son propre bénéfice
et à celui de sa famille.
Très préoccupé par la menace que les Turcs faisaient peser sur la Pologne, il accorda une aide financière à
Jean Sobietzki (1624-1694), lequel infligea aux Turcs une défaite décisive sur la Dniestr (11 novembre 1673).
Le trône de Pologne étant devenu vacant, il fut élu roi en mai 1674.
Les relations entre le roi de France et le pape se détériorent rapidement, Louis XIV confisquant les biens
de l'Église pour financer ses préparatifs militaires visant les Espagnols en Hollande.
Il canonisa un nombre inaccoutumé de personnes, entre autres Cajetan, fondateur des théatins; le jésuite
François de Borgia; Rose de Lima. Et béatifia Pie V; le mystique espagnol Jean de la Croix; les martyrs de Gorcum,
sud de l'Hollande. |
Innocent XI | 1676-1689 | Benedetto Odescalchi, né à Côme le 19 mai 1611,
issu d'une lignée de riches marchands.
Il initia ses études avec les jésuites à Côme. Après des études de droit à Rome et à Naples, reçu docteur
en 1639, il entra au service du Saint Siège sous Urbain VIII.
Innocent X le fit cardinal en 1645; légat à Ferrare, puis évêque de Novare en 1650.
Il fut élu à l'unanimité pour succéder à Clément X.
Surpris et confus, il n'accepta l'élection que lorsque les cardinaux eurent souscrit à un programme de reforme
en quatorze points qu'il avait proposé pendant le conclave.
Étranger lui-même à tout népotisme, il essaya de convaincre les cardinaux de suivre la même voie.
Étant donné son sérieux dans le domaine moral, il avait des penchants jansénistes et
se montra critique à l'égard des jésuites. Le 2 mars 1679, sans nommer le "probabilisme" courant dans leurs milieux,
il condamna 65 propositions laxistes qui sentaient cette doctrine.
En 1680, le pape avalisa la thèse proposée par Tirso Gonzalez de Santalla, jésuite professeur à Salamanque, qui
corrigeait la doctrine du « probabilisme » enseignée par Miguel de Molinos (1640-1697) par celle du « probabiliorisme »
(lorsque la licéité d’un acte est douteuse, il faut suivre l’opinion la plus probable). Le pape le fit général de son
Ordre en 1687.
Se laissant manœuvrer par le Saint-Office, Innocent permit l'emprisonnement de Miguel de Molinos (1640-1697),
quiétiste espagnol, auteur d'un Guide spirituel.
Le pape entra en conflit avec les prétentions absolutistes de Louis XIV.
Sous l'instigation du roi, le clergé français adopta le 19 mars 1682 les "Quatre articles" qui déniaient au pape
toute autorité sur les affaires temporelles, proclamaient que l'autorité des conciles généraux l'emportaient sur la sienne,
et réaffirmaient les anciennes libertés de l'Église gallicane.
En attendant, Louis XIV espérait que la révocation de l'édit de Nantes inciterait le pape à se montrer conciliant.
En janvier 1688, le pape notifia secrètement Louis XIV que lui et ses ministres étaient excommuniés.
Un schisme ouvert ne fut évité que grâce à l'intervention de Fénelon (1651-1715), plus tard archevêque de Cambrai.
Innocent fut à l'origine de l'alliance conclue (31 mars 1683) entre l'empereur Léopold 1er (1688-1705) et Jean III Sobietzki
de Pologne (1674-1696) qui permit Vienne de ne pas tomber sous les Turcs (12 septembre 1683)
qui encerclaient la ville.
Le pape forma ensuite la Sainte Ligue qui libéra l'Hongrie (1686) et reconquit Belgrade (1688).
Pendant ce temps, Jacques II, catholique, accéda au trône d'Angleterre (1685); mais ne tarda à le perdre;
il demanda l'aide du pape, lequel ne pouvait rien faire dans cette affaire.
Le pape mourut à l'âge de 78 ans.
Les historiens reconnaissent en lui le plus grand pape du XVII siècle.
Pie XI le béatifia le 7 octobre 1956. Fête, le 12 août. |
Alexandre VIII | 1689-1691 | Pietro Ottoboni, né à Venise (Italie) le 23 avril 1610; issu
d'une famille récemment ennoblie
Il étudia le droit à Padoue et entra au service de la Curie romaine.
Gouverneur dans les États pontificaux; puis juge à la Rote.
Cardinal en février 1652.
Évêque de Brescia en 1654.
Innocent XI le nomma secrétaire du Saint-Office.
Au conclave de 1689, il fut élu à 79 ans malgré les réticences du roi de France à son égard.
Louis XIV, dont la position s'était affaiblie après la révolution anglaise de 1688, voulait améliorer
ses relations avec Rome; et fit des gestes concrets en ce sens. Le pape, pour sa part, accepta de créer cardinal
l'évêque de Beauvais, Toussaint de Faurbin-Janson, en fermant les yeux sur sa participation à l'assemblée gallicane.
Son rapprochement avec Louis XIV, si limité qu'il fut, refroidit ses relations avec l'empereur Léopold 1er (1688-1705).
Le pape, pour sa part, n'accorda la pourpre à aucun des candidats proposés par l'empereur.
Gardien jaloux de la foi, Alexandre condamna le 24 août 1690 deux propositions "laxistes" courants chez les
jésuites (elles concernaient le "péché philosophique" et l'acte conscient d'amour à Dieu nécessaire pour le salut).
Il menaça aussi d'emprisonnement à vie les partisans du théologien espagnol Miguel de Molinos (1640-1692).
Il enrichit la Bibliothèque Vaticane.
Il investit de dignités et de bénéfices lucratifs ses neveux.
Mais il était populaire dans les États pontificaux où il réduisit les lourds impôts qui pesaient sur las gens. |
Innocent XII | 1691-1700 | Antonio Pignatelli, né à Spinazzola (Pouilles) le 13 mars 1615; d'une
famille de l'aristocratie napolitaine.
Il fit ses études au Collegium Romanum (Université Grégorienne) et entra à la Curie sous Urbain VIII.
Gouverneur de Viterbe; nonce en Pologne et à Vienne. Évêque de Lecce.
Puis secrétaire de la Congrégation des évêques à Rome.
Créé cardinal en 1681 par Innocent XI. Puis nommé évêque de Faenza et enfin archevêque de Naples (1687).
Au conclave qui suivit la mort d'Alexandre VIII, il fut élu par son expérience et l'intégrité de sa vie personnelle.
Il emprunta le nom d'Innocent XI et le prit pour modèle.
A l'égard du népotisme de certains de ses prédécesseurs, "les pauvres et les nécessiteux sont mes neveux",
affirmait-il. Il frappa le népotisme à la racine par le décret Romanum decet pontificem (22 juin 1692)
qui rencontra la résistance de plusieurs cardinaux mais qu'il persuada de signer.
Le pape parvint avec Louis XIV à un compromis qui détendit la situation vécue depuis 50 ans entre la France et Rome.
Mais le gallicanisme devait régir dans les affaires ecclésiastiques jusqu'à la Révolution et Napoléon.
Sous la pression de Louis XIV, le pape condamna les 33 sentences tirées des Explications des maximes des saints
de l'archevêque de Cambrai, François de Fénelon (1651-1715) concernant les doctrines mystiques de Madame
Guyon (1648-1717).
Conseillé par une commission de cardinaux, le pape appuya la candidature de Philippe duc d'Anjou, petit-fils de
Louis XIV qui devait régner sur l'Espagne de 1700 à 1746. |
Clément XI | 1700-1721 | Giovanni Francesco Albini, né à Urbino le 23 juillet 1649,
issu d'une famille noble d'Ombrie.
Fit ses études à Rome.
L'ex-reine Christine de Suède (1626-1689) l'accueillit dans son académie.
Il entra très tôt au service de la Curie romaine.
Il fut créé cardinal en février 1690.
Il fut le rédacteur principal de la bulle d'Innocent XII proscrivant le népotisme.
Il ne fut ordonné prêtre qu'en 1700.
Au conclave de cette même année, il fut élu pape soutenu par le groupe des "zelanti" du Collège cardinalice.
Il n'accepta la charge qu'après plusieurs jours d'anxieuse réflexion.
Âgé de 51 ans; pieux et austère; il manquait d'expérience et de dons politiques.
Dans la Guerre de Succession d'Espagne (170161714), Clément XI se prononça en faveur du Bourbon Philippe d'Anjou,
qui deviendra Philippe V d'Espagne (1700-1746). En janvier 1709, les troupes de Joseph 1er (1705-1711) envahirent
les États pontificaux, conquirent Naples et menacèrent le pape à Rome. Elles lui imposèrent d'abandonner Philippe V
et de reconnaître Charles, archiduc d'Autriche, comme roi d'Espagne. Il s'en suivit une rupture avec ce dernier pays.
Sur le plan religieux, ce pape joua un rôle décisif dans la répression du jansénisme en grande partie
à l'instigation de Louis XIV (1643-1715).
Le 13 juillet 1708, il censura les Réflexions morales de Pasquier Quesnel (1643-1719), le savant oratorien qui
était désormais chef du parti janséniste; en septembre 1713, le pape publia la bulle Unigenitus Dei qui
condamnait 101 propositions prétendument jansénistes extraites de l'œuvre de Quesnel.
Le 20 novembre 1704, approuvant une sentence du Saint-Office, le pape se prononça contre l'utilisation par les
missionnaires de rites chinois (notamment le culte de Confucius et des ancêtres). Le pape donnait ainsi raison
aux dominicains contre les jésuites qui soutenaient ces pratiques, autorisées par Alexandre VII.
Ceci entraîna la persécution des chrétiens en Chine et la fermeture de missions.
La mesure prise par Clément XI ne devait être finalement levée que par Pie XII en 1939.
En 1708, le pape étendit la fête de l'Immaculée Conception à toute l'Église.
Au cours de son long règne, Clément nomma 70 cardinaux.
Il fut un grand bienfaiteur de la Bibliothèque Vaticane.
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Innocent XIII | 1721-1724 | Michelangelo dei Conti, né le 13 mai 1655,
fils du duc Poli (près de Palestrina).
Après des études à Ancône, puis chez les jésuites à Rome, il entra de bonne heure au service de la Curie.
Gouverneur des États pontificaux. Nonce en Suisse; puis au Portugal.
Promu cardinal par Clément XI, il fut successivement évêque d'Osime et de Viterbe.
Au conclave qui suivit la mort de Clément XI, l'empereur Charles VI (1711-1740) opposa un veto conte
le cardinal Fabrizio Paolucci, ex-secrétaire d'État de Clément XI. Michelangelo dei Conti fut élu pape à l'unanimité.
Innocent éprouvait pour les jésuites une profonde aversion et il se montra même enclin à supprimer l'Ordre
quand il apprit que ses missionnaires ne respectaient pas la prohibition des rites chinois édictée par Clément XI.
Son antipathie envers les jésuites éveilla dans les milieux jansénistes l'espoir qu'il serait mieux disposé
envers ce courant. Ce qui ne fut pas le cas, car le pape confirma la bulle Unigenitus de Clément XI
proscrivant le jansénisme.
Innocent XIII se montra soucieux du développement économique et culturel des États pontificaux. |
Benoît XIII | 1724-1730 | Pietro Francesco Orsini, né à Gravina (Pouilles)
le 2 février 1649, fils aîné du duc de Gravina.
Jeune homme, il entra chez les dominicains malgré l'opposition des siens.
Après avoir enseigné la philosophie à Brescia, il fut nommé cardinal en février 1672 par Clément XI
dont la nièce avait épousé son frère.
Il occupa successivement les sièges épiscopaux de Manfredonia, de Cesena et de Bénévent.
Il vécut partout en simple religieux et se consacra entièrement à ses tâches pastorales.
Il trouva néanmoins le loisir de publier des ouvrages de théologie.
Le conclave de 1724 qui suivit la mort d'Innocent XIII l'élut à l'unanimité.
Mais il n'accepta la charge pontificale que sur l'ordre du général des dominicains.
Devenu pape, il ne changea rien à son train de vie monacal.
Soucieux de la discipline du clergé, il fulmina contre les extravagances des cardinaux qui portaient
des perruques et des barbes élégamment taillées.
Il supprima la lucrative loterie dans les États pontificaux.
Son erreur principale fut de faire confiance à Niccolò Coscia qui s'enrichit systématiquement
et entoura le pape d'un cercle de proches corrompus qui faisaient tout pour l'isoler de ses cardinaux.
La faiblesse de la politique extérieure de ce pape et l'effondrement des finances des États pontificaux doivent
être attribués en grande parti à cercle.
Sur le plan religieux, Benoît XIII eut à intervenir encore dans les interminables disputes suscitées par les jansénistes.
Il canonisa Jean de la Croix et Louis Gonzague.
Malgré sa bonté pastorale, Benoît était impopulaire auprès du peuple de Rome, lequel détestait surtout
le collaborateur Coscia et ses adjoints qui furent trop heureux de s'échapper la vie sauve
lorsque le pape décéda en 1730. |
Clément XII | 1730-1740 | Lorenzo Corsini, né à Florence (Italie)
le 7 avril 1652 fils aîné d'une famille noble.
Il fit ses études à Florence, puis au Collegium Romanum et enfin à Pise.
Il entra au service de la Curie.
Nommé archevêque de Nicomédie par Alexandre VIII; puis nonce éphémère à Vienne où l'empereur ne voulut le recevoir.
Clément XI le nomma cardinal 1706.
Le conclave qui suivit la mort de Benoît XIII dura quatre mois et fut conflictuel.
Le 12 juillet 1730 Lorenzo Corsini, âgé de 79 ans, fut élu à l'unanimité.
Clément commença par traduire en justice le cardinal Nicolò Coscia, mauvais génie de Benoît XIII, lequel fut
condamné à dix ans de prison à Castel Sant-Angelo. Son groupe fut également jugé et condamné.
Il s'efforça aussitôt de remédier à la débâcle financière provoquée au cours du précédent pontificat.
Il s'efforça de stimuler le commerce et l'industrie. Un port franc fut créé à Ancône.
Il émit de l'argent-papier et créa de nouvelles taxes sur les importations.
Cependant, le déclin de la position internationale de la papauté, sensible déjà sous les règnes précédents,
se poursuivit sous Clément.
L'empereur Charles VI affirma sa suzeraineté sur Parme et Plaisance, vassales traditionnelles du Saint-Siège.
Les troupes espagnoles envahirent les États pontificaux.
Il fut le premier pape à condamner la franc-maçonnerie (28 avril 1738).
ET renouvela le 26 septembre 1735 l'interdiction de Clément XI des rites chinois.
Il créa un collège à Rome pour les maronites uniates du Liban.
Il canonisa Vincent de Paul (1580-1660), adversaire décidé du jansénisme.
Grâce surtout à la richesse de sa famille, il embellit Rome.
Entre autres, on lui doit la Piazza di Trevi et la célèbre fontaine du même nom. |
Benoît XIV | 1740-1758 | Prospero Lorenzo Lambertini, né à Bologne le 31 mars 1675,
de parents nobles mais appauvris.
Il fit ses études au Collège Clémentin de Rome.
Il entra aussitôt au service de la Curie.
En 1708, il fut chargé de canonisations et écrivit un traité qui a fait autorité sur ce sujet jusqu'à nos jours.
Benoît XIII le fit archevêque d'Ancône (1727) et cardinal (1728).
Transféré à Bologne en 1731, il se montra un pasteur efficace et très aimé.
Le conclave qui suivit la mort de Clément XII dura six mois et fut le plus long des temps modernes.
Le 17 août 1740, on annonça l'élection de Lorenzo Lambertini à la surprise générale.
Conciliant par nature et par conviction, il conclut d'importants concordats.
En acceptant des arrangements difficiles, il se fit taxer souvent de faiblesse.
Il ne fit, en fait, que se montrer conscient de ce qui était possible dans un monde d'États absolutistes.
Par le décret Matrimonia quae du 4 novembre 1741 il exempta les mariages mixtes de la forme
prescrite par le Concile de Trente.
Il réduisit le nombre des fêtes en Italie.
Il demanda aux évêques portugais du Brésil (1741) que les Indiens soient traités plus humainement.
En 1742, il supprima définitivement les rites chinois qui avaient la faveur des jésuites.
En 1751, il renouvela la dénonciation de la maçonnerie faite par Clément XII.
Il condamna aussi L'Esprit des lois de Montesquieu (13 mars 1752).
Il créa des chaires de mathématiques supérieures, de chimie et de chirurgie.
Par ses larges sympathies, il mérita le respect des protestants et même des philosophes français.
Voltaire lui dédia sa tragédie Mahomet.
Par le document Vix pervenit de 1745 sur le thème de l'argent, qu'il faut savoir replacer dans le contexte de son
temps, ce pape est considéré comme l'initiateur d'un nouveau style de communication avec l'Église: les Encycliques.
On a fait de Benoît XIV le premier "pape moderne". En tout cas, le pontife le plus important
de ce morne siècle pour l'Église. |
Clément XIII | 1758-1769 | Carlo della Torre Rezzonico, né à Venise le 7 mars 1693
d'une famille très riche qui avait acheté en 1687 son ennoblissement.
Il étudia chez les jésuites à Bologne. Reçu docteur en droit, il se forma à la
diplomatie à l'Academia ecclesiastica de Rome.
Il devint juge de la Rote pour Venise.
En 1737, Clément XII le créa cardinal.
Évêque de Padoue en 1743, il prit pour modèle Charles Borromée (1538-1554).
Élu pape le 6 juillet 1758, il choisit pour secrétaire d'État Luigi Torrigiani, qui était favorable aux jésuites
à une époque où ceux-ci étaient fortement attaqués sur tous les fronts. Le pape les soutint toujours.
Au Portugal, le tout-puissant ministre Pombal expulsa les jésuites des domaines qui relevaient de sa juridiction
sous prétexte de commerce illégal, d'incitation à la révolte au Paraguay et de complicité dans une
tentative de régicide. Le nonce au Portugal fut expulsé et les relations diplomatiques avec Rome
furent interrompues pendant une décennie.
Le pape rejeta les exigences de Louis XV de nommer un vicaire général distinct pour la France en disant:
"Qu'ils soient ce qu'ils sont; ou qu'ils cessent d'être". Le 1er décembre 1764 la Compagnie fut abolie par décret royal.
Charles III d'Espagne, un bourbon, imita son cousin Louis XV et expulsa les jésuites des domaines espagnols en 1767.
Naples, Sicile et Parme suivirent l'exemple.
Le conflit atteignit son apogée en janvier 1769. Les puissances demandèrent officiellement au pape de dissoudre la Compagnie.
Le pape, qui n'avait aucune intention de le faire, convoqua un consistoire spécial pour le 3 février 1769,
mais mourut la veille de la réunion.
Mal disposé envers les Lumières, le pape fit mettre à l'Index De l'esprit d'Helvetius, l'Encyclopédie
ainsi que l'Émile de J-J Rousseau.
En 1764, le pape dénonça le fébronianisme, version allemande du gallicanisme français, propagé par J.N. von Hontheim (1701-1790)
sous le nom de plume de Justinus Febronius.
Son encyclique Christianae republicae salus de 1766 condamnait en général toutes les publications non
conformes au dogme catholique.
Il consterna les artistes de Rome en ordonnant de recouvrir les nudités des statues et peintures,
y comprises celles de la Chapelle Sixtine dont Michel-Ange était l'auteur.
Il approuva la dévotion au Sacré Cœur, chère aux jésuites. Et canonisa Jean de Chantal, amie de Saint François de Sales. |
Clément XIV | 1769-1774 | Lorenzo Ganganelli, né à Sant-Arcangelo près de Rimini
(Italie) le 3 octobre 1705, fils d'un médecin du village.
Il entra à 17 ans dans l'Ordre des franciscains. Reçu docteur en théologie en 1731, il enseigna pendant plusieurs années
dans des collèges franciscains.
Il dédia ses Diatriba theologica à Saint Ignace de Loyola en 1743.
Clément XIII le créa cardinal en 1759.
Élu pape le 19 mai 1769, il nomma secrétaire d'État le cardinal Pallavicini, un ancien nonce à Madrid.
Clément voulait à tout prix apaiser les puissances catholiques lesquelles exigeaient rien moins que la
suppression de la Compagnie de Jésus.
Le pape temporisa quatre ans espérant qu'un compromis serait trouvé.
Le Jeudi Saint 1770, la bulle In coena Domini de Boniface VIII avec des anathèmes contre les gouvernants
qui ne se soumettaient aux normes établies par le pontife, n'a pas été lue pour la première fois depuis sa
publication, ce qui fut très appréciée par les cours européennes.
Cependant, les États régis par les Bourbons avertirent le pape qu'ils étaient prêts à rompre complètement avec Rome
si la Compagnie de Jésus n'était pas supprimée.
Le 7 août 1773 Clément décida enfin par le bref Dominus ac Redemptor noster la dissolution de la Compagnie de Jésus.
Il soulignait surtout l'incapacité où se trouvait la Compagnie de réaliser les objectifs pour lesquels elle
avait été fondée.
Il s'en suivit l'éliminations des jésuites partout sauf en Russie et en Prusse, deux pays non catholiques
dont les souverains interdirent la promulgation du décret pontifical. La Compagnie put "survivre" dans ces États.
L'impératrice Catherine II de Russie (1762-1796) créa même un noviciat pour les jésuites exilés,
que Pie VI approuvera en secret.
Le pape accueillit pour sa part à Rome des membres de la maison royale britannique (1772-1774) les Stuarts exilés.
Pendant sa dernière année de vie, le pape souffrit de dépression et d'une crainte morbide d'être assassiné.
Son règne vit le prestige de la papauté tomber plus bas que jamais. |
Pie VI
|
1775-1799 | Giovanni Angelo Braschi, né à Cesena en Émilie
le 25 décembre 1717 de parents nobles mais appauvris.
Il fut reçu docteur en droit à Cesena (1735) et devint secrétaire du cardinal Antonio Ruffo alors légat dans cette ville.
Benoît XIV fit de lui son secrétaire privé (1753).
Clément XIV le créa cardinal en avril 1773.
S'étant tenu à l'écart des récentes controverses, il fut élu pape au terme d'un conclave long de 143
jours qui suivit la mort de Clément XIV.
Digne, mais mondain, il ne se montra pas à la hauteur des grands défis de son époque.
En plus, il ressuscita le népotisme accordant de substantielles pensions aux membres de sa famille.
Pie eut à affronter la marée montante du sécularisme.
Il eut à faire face aussi au fébronianisme allemand, initié par J.N.von Hontheim (1701-1790),
et au joséphisme autrichien soutenu par l'empereur Joseph II (1765-1790).
Quand Pie VI tenta en 1786 d'établir une nonciature à Munich, les archevêques allemands lui firent savoir que
l'Église d'Allemagne était régie par ses évêques et 'avait nulle besoin de l'intervention pontificale.
La Révolution française inaugura un chapitre bien plus menaçant.
Le pape commença par ne pas réagir à la Constitution civile du clergé (12 juillet 1790).
Mais lorsqu'un serment de fidélité au régime fut demandé, il dénonça la Constitution comme schismatique (1791)
et condamna la Déclaration des droits de l'homme de 1879.
Les relations diplomatiques furent immédiatement rompues et l'Église de France se trouva complètement divisée.
Napoléon envahit les États pontificaux en 1796, et Pie dut abandonner des portions substantielles de ses États,
ainsi que la cession de manuscrits et d'œuvres d'art précieuses.
Le 15 février 1798, le général Louis Berthier entra à Rome, proclama la république romaine et la déposition
de Pie VI comme chef d'État, l'obligeant à se retirer en Toscane dans la chartreuse de Florence.
Puis, le 28 mars 1799, il fut transféré à Turin.
Et, à travers les Alpes, jusqu'à Briançon (30 avril) et enfin à Valence (13 juillet).
Il mourut dans la citadelle de cette ville et enterré dans le cimetière local.
Son corps fut transféré à Saint-Pierre à Rome en février 1802.
A sa mort, beaucoup pensèrent qu'avec l'infortune de Pie VI la papauté avait cessé d'exister.
Pie VI avait cependant pensé à son successeur et laissé des manuscrits (13-I-1797 et 13-XI-1798) pour la
tenue du prochain conclave en situation d'urgence. |
Pie VII
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1800-1823 | Luigi Barnaba Chiaramonte, né à Cesena en Émilie (Italie)
le 14 avril 1742, de parents nobles.
Il entra à 14 ans chez les bénédictins.
Il étudia à Padoue et à Rome, et enseigna la théologie à Parme, puis à Saint-Anselme à Rome.
Pie VI le nomma évêque de Tivoli en 1782.
Puis d'Imola et le créa cardinal en 1785.
Son prédécesseur était mort en exile, à Valence (France) laissant au doyen du collège cardinalice le soin de choisir
le lieu du prochain conclave. Venise fut choisie, car elle était sous la protection de l'Autriche.
Le cardinal Chiaramonte fut élu pour succéder à Pie VI au terme d'un conclave de 14 semaines.
Il fut le dernier pape à être élu en dehors de Rome.
Il choisit comme secrétaire d'État Ercole Consalvi (1757-1824), un homme de génie.
Aussi bien lui que Consalvi voulaient arriver à un accord avec la France révolutionnaire.
Ainsi, le pape négocia avec Napoléon Bonaparte alors premier consul le Concordat du 16 juillet 1801.
Les avantages pour l'Église que comportait ce Concordat furent cependant restreints par les Articles organiques
ajoutés unilatéralement par Napoléon le 6 avril 1802.
Contre l'avis de la Curie, le pape se rendit à Paris pour prendre part à la cérémonie du couronnement
de Napoléon comme empereur (2 décembre 1804).
Mais les relations se dégradèrent rapidement.
Si Napoléon obtint la démission de Consalvi (17 juin 1806), Pie VI refusa d'appuyer le blocus continental
dirigé contre l'Angleterre.
Ce qui amena Napoléon à occuper Rome (2 février 2008), puis à annexer ce qui restait des États pontificaux (17 mai 1809).
Pie VII excommunia les "spoliateurs" (10 juin 1809) sans nommer Napoléon.
Pie VII fut arrêté le 5 juillet de la même année et interné à Savone, près de Gênes.
Puis, Napoléon le fit transférer à Fontainebleau (mai-juin 1812)
l'obligeant, épuisé et malade, à mettre sa signature sur un projet de traité (25 janvier 1813) que le pape,
pris de remords, rétracta bientôt (24 mars 1813).
Les revers militaires obligèrent Napoléon à renvoyer le pape à Savone (janvier 1814), puis à le libérer (10 mars 1814).
Il rentra à Rome le 24 mars 1814; mais se réfugia à Gênes au printemps 1815 quand Napoléon s'échappa de l'Île d'Elbe.
Il regagna définitivement le Vatican le 7 juin 1815.
Un de ses premiers actes fut de rendre son poste à Consalvi.
Au Congrès de Vienne (1814-1815), celui-ci négocia la restitution des territoires pris par Napoléon;
mais Avignon et le Comtat Venaissin restèrent définitivement français.
Pie VII se montra d'abord hostile aux républiques sud-américaines nées de leur révolte contre l'Espagne,
mais en 1822 il affirmait la neutralité du Saint-Siège à l'égard des mutations politiques dans ce continent.
Le 31 juillet 1814, et malgré l'opposition des puissances, Pie VII rétablit la Compagnie de Jésus,
supprimé le l7 août 1773 par Clément XIV. Des années auparavant il avait régularisé son existence en
Russie (1801) et à Naples (1804).
Il offrit volontiers un refuge à Rome à la famille de son persécuteur déchu Napoléon.
Pie VII conclut des concordats avec plusieurs États, dont la Prusse protestant (1821) et la Russie orthodoxe (1818).
Il fit un réel effort pour adapter la papauté aux temps modernes.
Il considérait que la démocratie n'était pas incompatible avec le christianisme.
Le prestige personnel de Pie VII, ainsi que celui de la papauté, grandirent par cette captivité endurée avec courage.
La papauté commença de nouveau à être considérée comme une autorité supranationale. |
Léon XII | 1823-1829 | Annibale Sermattei della Genga, né à Castello della Genga
(Italie) près de Spolète, le 22 août 1760.
Secrétaire de Pie VII. Légat papal en Allemagne; puis à Paris.
Nommé cardinal et archevêque de Spolète par Pie VII en 1818.
Puis, préfet de plusieurs congrégations.
Au conclave de 1823, il fut élu pape grâce aux "zelanti", groupe de cardinaux conservateurs dont la préoccupation
était essentiellement religieuse et qui souhaitait une rupture avec la ligne "libérale" de Consalvi avec un retour
à une politique plus conservatrice.
L'aristocratie féodale fut réinstallée à des postes privilégiés. Les juifs furent de nouveau enfermés dans des ghettos.
L'État moderne que Consalvi avait encouragé, redevint un régime policier.
Le résultat fut la stagnation économique et l'aversion à l'égard de ce pape, personnellement doux, qu'on rendait
responsable d'avoir fait de l'État pontifical un des pays les plus arriérés de l'Europe.
Le pape eut cependant le courage de rappeler Consalvi à des postes de responsabilité et sut suivre ses conseils.
Il en vint bientôt à apprécier à leur juste valeur les bonnes relations avec les nouvelles puissances européennes.
Il reçut cordialement F.R. de Lamennais (1782-1854) et envisagea même de le nommer cardinal.
A l'encontre de Ferdinand VII roi d'Espagne (1814-1833) qui continuait à revendiquer son droit de patronage,
le pape décida (21 mai 1827) de nommer lui-même les évêques aux sièges des républiques nouvellement indépendantes
de l'Amérique Latine.
Le pape participa jusqu'à l'épuisement aux actes de l'Année Sainte 1825
Il s'efforça d'élever le niveau de vie et de la formation des clercs.
Mais ses efforts furent entravés par une perspective étroitement cléricale. |
Pie VIII
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1829-1830 | Francesco Saverio Castiglione, né à Cingoli,
près d'Ancône (Italie) le 20 novembre 1761, de parents nobles.
Il étudia le droit canonique à Bologne et à Rome.
Nommé évêque de Montalto en 1800.
Il fut emprisonné de 1808 à 1814 pour avoir réfusé de jurer fidélité au régime napoléonien en Italie.
Très apprécié par Pie VII qui le voyait bien lui succéder sur le Siège Apostolique; il fut nommé cardinal
et évêque de Cesena en Émilie en 1816; puis, évêque de Frascati en 1821.
Le conclave qui suivit la mort de Léon XII dura trois semaines; il fut élu pape avec l'appui aussi bien de
la France que de l'Autriche. Il souhaitait raviver la tradition de Pie VII, dont il prit le nom.
Mais il avait des soucis surtout pastoraux, et s'intéressa peu aux questions politiques.
La seule encyclique qu'il publia (Traditi humilitati nostrae 24 mai 1829) en témoigne.
Il régna un peu plus d'un an et demi, du 31 mars 1829 au 30 novembre 1830. |
Grégoire XVI | 1831-1846 | Bartolomeo Alberto Capellari, né à Belluno en Vénétie (Italie), le 18 septembre 1765,
fils d'un avocat noble.
Il entra à 18 ans au monastère camaldule à Murano, près de Venise.
Après son ordination, il fut professeur de sciences et de philosophie.
Venu à Rome en 1795, il publia pendant l'emprisonnement de Pie VI par le Directoire français un livre,
Triomphe du Saint-Siège et de l'Église sur les attaques des novateurs.
En 1806, il devint général de l'Ordre des camaldules.
Contraint de quitter Rome, il enseigna à Murano et à Padoue; mais revint en 1814.
Il fut nommé cardinal par Pie VII en 1826.
Au conclave long de 50 jours qui suivit la mort de Pie VIII, il fut élu avec l'appui des "zelanti" et de
l'homme d'État autrichien Klemens von Metternich (1773-1859) qui voulait un pape à la "mentalité absolutiste".
Moine austère et érudit, il était hostile aux tendances modernes; conservateur en politique, en économie et en idées.
Il interdit les chemins de fer dans ses domaines, les baptisant de "chemins d'enfer".
Il fut vite confronté à des révoltes et dut rechercher l'aide militaire de l'Autriche.
Son règne fut une lutte continuelle au service d'idéaux conservateurs.
Son encyclique Mirari vos (15 août 1832) dénonça les notions de liberté de conscience et de presse,
ainsi que la séparation de l'Église et de l'État.
Il reçut en novembre 1831 avec bonté F.R. de Lamennais (1782-1854), champion du libéralisme catholique
dont l'Avenir relayait le combat et les idées. Ce qui ne l'empêcha pas de condamner sa réaction à Mirari vos.
Le renouveau des missions au XIX siècle date de son règne.
Grâce à lui, près de 70 diocèses furent établis et 200 évêques missionnaires nommés.
Dans le bref In supremo (5 décembre 1839) il dénonça l'esclavage et le commerce d'esclaves.
Le 12 novembre 1845, il encouragea la mise en place d'un clergé et d'une hiérarchie autochtones.
Il fonda les musées étrusques et égyptien au Vatican. |
Pie IX
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1846 à 1878 | Giovanni Maria Mastai-Ferretti, né à Senigallia
dans la marche d'Ancône (Italie) le 13 mai 1792, fils d'un comte.
Il fit ses études à Viterbe et à Rome. Atteint d'épilepsie dans sa jeunesse.
Prêtre en 1819, il participa à une mission pontificale au Chili.
Archevêque de Spolète en 1827 et d'Imola en 1825.
Il était réputé libéral parce qu'il se montrait favorable aux aspirations nationales italiennes.
Cardinal en 1840.
Au conclave de deux jours qui suivit la mort de Grégoire XVI, en tant que progressiste modéré il fut élu pape.
Son règne sera le plus long de l'histoire.
Pie proclama aussitôt une amnistie politique et mit sur pied des conseils municipaux et provinciaux.
L'enthousiasme général qui s'en suivit retomba lorsque le pape manifesta clairement qu'il n'avait la moindre
intention d'établir un État constitutionnel.
Il concéda cependant en 1848 une assemblée bicamérale.
Mais lorsqu'il refusa cette même année de se prononcer dans la guerre visant à expulser l'Autriche de l'Italie
sa neutralité apparut comme une trahison.
Son premier ministre, le comte Rossi fut assassiné le 15 novembre de la même année 1848
et le pape dut s'enfuir sous un déguisement à Gaète.
Le 9 février 1949 une république romaine fut proclamée. Le pape fit appel aux puissances chrétiennes,
et les troupes françaises rétablirent le pouvoir pontifical le 15 juillet 1949.
Le pape ne rentra à Rome que le 12 avril 1850.
En septembre 1860, Le comte Camillo Cavour, premier ministre du Piémont, exploita la situation contestée du
pouvoir politique du pape dans une perspective d'unification nationale et envahit tous les territoires pontificaux
sauf Rome. La garnison française qui protégeait Rome dut se retirer suite à la guerre franco-prusienne de 1870.
Le 29 septembre 1870, les troupes italiennes occupèrent Rome elle-même. En octobre, la ville fut incorporée
à l'État italien par plébiscite.
Par la Loi de Garanties (13 mai 1871), l'État italien assurait au pape la jouissance du Vatican et d'autres édifices,
et d'importantes immunités. Mais Pie IX refusa d'accepter. Il ne mit plus le pied hors du Vatican.
Par le décret Non expedit, du 29 février 1868, le pape avait déjà interdit aux catholiques de prendre part
à la vie politique du royaume.
Sur le plan ecclésiastique, le pape fonda plus de 200 nouveaux diocèses; il rétablit la hiérarchie en Angleterre
et aux Pays Bas; il conclut des concordats avec de nombreux États.
A l'égard de l'Église universelle, son règne se caractérisa par une centralisation accrue de l'autorité pontificale
facilitée aussi par les moyens de transport modernes. Les derniers vestiges du gallicanisme et du joséphisme furent
éliminés.
Pie IX célébra un nombre sans précédent de canonisations. Mais trois avènements marquèrent surtout son pontificat:
la définition dogmatique de l'Immaculée Conception les 8 décembre 1854; l'encyclique Quanta cura du 8 décembre
1864 à laquelle était annexé le Syllabus dénonçant les principales erreurs de "notre temps"; enfin, la
convocation du Concile Vatican I (1869-1870), 20e Concile oecuménique, qui proclama le dogme de l'infaillibilité
pontificale.
Pie IX fut le premier pape à s'identifier sans réserve à l'ultramontanisme, tendance visant à centraliser
l'autorité doctrinale et administrative dans le Saint-Siège.
Que ce soit au niveau du clergé ou de la grande masse des fidèles, son règne vit une vigoureuse régénération spirituelle.
Un facteur non négligeable fut sa propre personnalité engageante, son humour et sa patience dans l'adversité.
Il a été béatifié. |
Léon XIII | 1878-1903 | Gioacchino Vincenzo Pecci, né à Carpineto,
près de Anagni (Italie), le 2 mars 1810
d'une famille de petite noblesse..
Il étudia à Viterbe, au Collège Romain et à l'Académie des Nobles Ecclésiastiques.
Prêtre en 1837, il entra immédiatement au service de la Curie romaine.
Gouverneur de Bénévent puis de Pérouse.
Grégoire XVI le nomma archevêque et l'envoya comme nonce en Belgique.
Il fit au même temps de courts séjours à Cologne, à Londres et à Paris, où il prit contact avec l'Europe
industrialisée et parlementaire.
Il devint ensuite évêque de Pérouse.
Créé cardinal en 1853, il fut tenu à l'écart des affaires car il était suspect au cardinal Antonelli,
secrétaire d'État de Pie IX. Après la mort d'Antonelli, Pie IX le rappela à Rome et le nomma camerlingue.
A la mort de Pie IX, dans le premier conclave après la perte du pouvoir temporel par le Saint Siège, il fut
élu pape au troisième scrutin. Et couronné à l'écart, dans la Chapelle Sixtine.
La réalisation principale de Léon XIII fut sa tentative de réconcilier l'Église avec l'époque moderne.
Ce qui ne l'empêcha pas de condamner, dans la ligne de Pie IX, le socialisme, le communisme,
le nihilisme et la franc-maçonnerie.
Il renforça la positon des nonces et concentra le gouvernement des Ordres et des Congrégations à Rome.
Il encouragea l'œuvre de Saint Thomas d'Aquin (+1274) et fonda l'Angelicum pour favoriser son étude.
Mais, contrairement à Pie IX, il était un pape politique, ouvert aux questions sociales.
Il consacra plusieurs encycliques à l'ordre socio-politique.
Son plus célèbre manifeste est Rerum novarum du 15 mars 1891, où il défend les droits des travailleurs,
les syndicats et la justice sociale. Cette encyclique, qui inaugure la série d'encycliques sociales pontificales,
lui valut le titre de "pape des ouvriers".
Il encouragea le "ralliement" des catholiques français à la République.
Au niveau de l'Église universelle, il créa 248 diocèses et 48 vicariats ou préfectures apostoliques et deux patriarcats.
Il nomma le premier délégué apostolique aux États Unis en 1892.
Mais censura l' "américanisme" en 1899.
Il eut un souci oecuménique avant la lettre et fut le premier à parler de "frères séparés".
En 1879, il créa cardinal John Henry Newman (1801-1890).
Il institua la fête de la Sainte Famille.
Nonobstant sa connaissance des tendances contemporaines, il demeura un homme d'une piété profonde et conservatrice.
Vers la fin de son règne, son attitude se durcit.
Mais il transforma le prestige international de la papauté et lui acquit une reconnaissance qui lui faisait
défaut depuis longtemps. Il est mort à 93 ans. |
Pie X
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1903-1914 | Giuseppe Melchiore Sarto, né près à Riese, de Trévise (Italie)
le 2 juin 1835, fils du facteur du village et d'une couturière.
Il étudia au séminaire de Padoue.
Après son ordination, il fut 9 ans vicaire de campagne et 8 ans curé de Salzano.
Chancelier du diocèse et directeur spirituel du séminaire de Trévise pendant 9 ans.
Évêque de Mantoue. En juin 1893, Léon XIII le nomma cardinal et patriarche de Venise, dont il sera le pasteur
pendant 10 ans.
Au conclave qui suivit la mort de Léon XIII, l'empereur François Joseph d'Autriche fit parvenir son veto
à l'égard du cardinal Rampolla, ex-secrétaire de Léon XIII, qui apparaissait comme favori. Tous les cardinaux
protestèrent énergiquement contre l'ingérence de l'empereur. Au huitième scrutin, le cardinal Sarto fut élu.
Il a pris pour devise "Instaurare omnia in Christo", affirmant par là son intention d'être un pape religieux
plutôt que politique.
Il choisit pour secrétaire d'État l'Espagnol Rafael Merry del Val (1865-1930).
A ce moment-là, la relation entre le Saint Siège et la France était tendue.
Le ministère Émile Combes (1902-1905) abrogea le Concordat de 1801, décréta la séparation de l'Église
et de l'État (9 décembre 1905) et transféra les biens de l'Église à l'État et à des associations laïques.
Le 11 février 1906, Pie X dénonça l'initiative du gouvernement français et interdit aux évêques tout accord de compromis.
Pie X refusa de recevoir l'ex-président des États Unis Théodore Roosevelt qui venait à Rome pour donner des
conférences à l'Église méthodiste (1910).
En Italie, cependant, il inaugura une détente progressive avec le gouvernement.
Sur le plan religieux, il stigmatisa le "modernisme" comme 'synthèse de toutes les hérésies' dans le décret
Lamentabili (3 juillet 1907) qui condamnait 65 propositions modernistes.
Ce décret fut suivi par l'encyclique Pascendi 8 septembre 1907); complétée par le motu proprio
Sacrorum antistitum (1er septembre 1910) imposant au clergé un serment de désaveu du modernisme.
Il s'en suivit, surtout chez les intellectuels et les chercheurs, un climat de suspicion qui ressemblait
sur certains points à la "chasse aux sorcières" d'autrefois.
Il se montra sourcilleux là où les associations catholiques sortaient de leur rôle confessionnel catholique et où
le religieux touchait le politique.
Ainsi, il suspendit l'Opera dei Congressi (28 juin 1904) qui coordonnait les associations catholiques en Italie.
Il condamna aussi le mouvement français du Sillon animé par Marc Sangnier (25 août 1910) qui visait à réconcilier
le catholicisme avec les idées politiques de gauche.
Il s'éleva aussi contre contre les syndicats interconfessionnels.
En revanche, il se montra tolérant envers l'Action Française, parti monarchiste de droite.
Sur le plan strictement ecclésiastique, Pie X fut l'auteur d'un renouveau constructif.
Il opéra une révision et une codification complètes du droit canonique. La publication du nouveau code,
qui eut lieu en 1917, était déjà prête au moment de sa mort.
Il proscrivit le veto traditionnellement exercé par les puissances catholiques à l'occasion des conclaves.
Il reforma les séminaires et leurs programmes. Suscita la rédaction d'un nouveau catéchisme.
Il enjoignit la communion fréquente et même quotidienne et autorisa la 1ère communion des enfants dès l'âge de raison.
Il réforma la musique de l'Église (22 novembre 1903) par la restauration du chant grégorien à titre de modèle,
la refonte du bréviaire et le lancement d'une révision du missel.
Pour ces initiatives, ce pape a été salué comme un pionner du mouvement liturgique moderne.
Il est mort le 20 août 1914, lorsque l'Europe toute entière était frappé par la foudre de la Guerre Mondiale.
Son procès de canonisation commença dès 1923. Il fut béatifié juin 1951; et canonisé mai 1954.
Fête, 21 août. |
Benoît XV | 1914-1922 | Giacomo della Chiesa, né à Gênes (Italie) le 21 novembre 1851 dans une vieille famille patricienne.
Reçu docteur en droit civil à l'université de sa ville natale, il étudia à Rome successivement au Collège Capranica,
à l'université Grégorienne et, une fois ordonné prêtre, à l'Académie des Nobles Ecclésiastiques se préparant au service
diplomatique du Saint Siège.
Il fut secrétaire de Mariano Rampolla nonce en Espagne (1883-1887), l'assistant dans la médiation entre ce pays
et l'Allemagne dans le conflit des Carolines, et au moment d'organiser les secours pendant l'épidémie de choléra
Lorsque Rampolla devint secrétaire d'État et cardinal en 1887, Della Chiesa fut promu sous-secrétaire d'État.
Puis, Pie X le nomma archevêque de Bologne en 1907;
et le nomma cardinal en mai 1914, quatre mois avant le conclave qui le fera pape.
Le règne de Benoît XV fut inévitablement ombragé par la terrible guerre de 1914-1918 et ses suites.
L'isolement diplomatique du Saint Siège au moment où la "question romaine" n'était pas encore réglée
ne lui permettait que jouer un rôle marginal.
Benoît XV s'abstint de condamner aucun des belligérants, mais chaque champ l'accusa de favoriser l'autre.
Il créa au Vatican un bureau pour faciliter l'échange des lettres des prisonniers de guerre avec leurs familles.
Et obtint de la Suisse de recevoir des soldats de tous pays atteints de tuberculose.
Le 1er août 1917, il dépêcha aux deux partis en guerre un plan en sept points proposant une paix fondée sur
la justice plutôt que sur le triomphe militaire; mais l'initiative était mort-née.
Une fois la guerre finie, on ne lui accorda aucune participation à l'accord de paix de 1919.
Il soutint la Société des Nations récemment créée, et plaida pour la réconciliation internationale (Pacem Dei munus,
23 mai 1920). Il travailla à bâtir des relations entre le Saint Siège et les nouveaux États issus de la guerre.
Le nombre des pays représentés diplomatiquement auprès du Saint Siège passa de 14 en 1914 à 27 en 1922.
L'Angleterre envoya en 1915 un chargé d'affaires, le premier depuis le XVIIe siècle; et la France rétablit les
relations diplomatiques rompues en 1905.
La canonisation de Jeanne d'Arc (1412-1431) célébrée par Benoît XV le 9 mai 1920 y contribua.
Il fit savoir par ses émissaires Pietro Gasparri et Bonaventura Cerretti qu'il était prêt à négocier la "question romaine".
Il abolit de fait le Non expedit de Pie IX en donnant sa bénédiction au Parti Populaire de Dom Luigi Sturzo
et en levant l'interdiction aux chefs d'État catholiques de mettre les pieds au Quirinal, devenu résidence des
rois d'Italie.
Le 28 juin 1917 Benoît XV promulgua le nouveau code de droit canonique.
Son encyclique Ad beatissimi (1er novembre 1914) visait à mettre fin à l'étouffant climat créé entre
"modernistes" et "conservateurs" par l'affaire de la condamnation du "modernisme" par Pie X.
La révolution russe fit espérer Benoît XV un rapprochement avec l'Église orthodoxe russe alors persécutée,
et créa à Rome la Congrégation des Églises orientales et l'Institut Pontifical Oriental.
Et proclama Saint Ephrem, théologien syrien (306-373) docteur de l'Église.
Benoît XV fut appelé les "pape des missions". Il incita les évêques missionnaires à promouvoir un clergé autochtone
et à s'intéresser plus au bien des pays missionnés qu'à l'intérêt impérialiste de leur propre pays d'origine
("Maximum illud" - 1919)
Les Turcs ont érigé à Istanbul en 1920 une statue (par Canarica) saluant en lui "le grand pape de la tragédie
mondiale - le bienfaiteur de tous les hommes, indépendamment de leur nationalité et de leur religion". |
Pie XI
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1922-1939 | Ambrogio Damiano Achille Ratti, né à Desio,
près de Milan (Italie) le 27 décembre 1879, fils du gérant d'une usine de soierie.
Il reçut trois doctorats à l'université Grégorienne. Ordonné prêtre en 1879.
Professeur au séminaire de Padoue. Bibliothécaire à l'Ambrosienne de Milan.
Paléographe expert, il édita le missel ambrosien et publia d'autres ouvrages.
Passé à la Bibliothèque Vaticane en 1911, il en devint préfet en 1914.
Visiteur apostolique en Pologne en 1919.
Il refusa de quitter Varsovie en 1920 lorsque les bolcheviques menacèrent d'attaquer a ville.
Cardinal archevêque de Milan en 1921.
L'année suivante, au conclave des 2 - 3 février il fut élu pape au 14e scrutin.
Son premier acte fut de donner la bénédiction Urbi et Orbi depuis la loggia de Saint-Pierre,
ce qui ne s'était pas fait depuis 1870.
Il prit pour devise Pax Christi in regno Christi.
Sa première encyclique Ubi arcano Dei inaugurait l'Action catholique.
Quadragessimo anno célébrait le quarantième anniversaire de l'encyclique sociale Rerum novarum de Léon XIII,
mais allait plus loin. Le thème fut repris dans deux autres encycliques (1931 et 1932) avec la montée de la
crise économique mondiale.
Citons encore, entre autres, Divini illius Magistri (1929) sur l'éducation chrétienne; Casti connubii (1930)
sur le mariage chrétien. L'encyclique "Divini redemptoris" du 19 mars 1937 condamna le communisme athée.
La lettre aux catholiques d'Allemagne "Mit brenender Sorge" dénnonçant les abus du
national-socialisme en Allemagne, fut lue le dimanche 14 mars 1937 dans les messes de toutes les églises allemandes.
On reprocha cependant à Pie XI d'avoir conclu un concordat avec l'Allemagne hitlerienne le 20 juillet 1933.
En attendant, Pie XI adressa par la suite, entre 1933 et 1936, trente quatre notes de protestation au gouvernement du Reich.
En ce qui concerne l'Espagne, des critiques furent aussi faites à Pie XI par son atttitude conservatrice.
De l'autre côté de l'Atlantique les chrétiens du Mexique étaient aussi en proie de persécutions et
Pie XI protesta plusieurs fois, entre 1922 et 1930, auprès du gouvernement mexicain.
Surpris par la dissolution des mouvements des jeunes catholiques décrétée par Mussolini en 1931, Pie XI
durcit encore son attitude à l'égard du fascisme italien lorsque celui-ci adopta les thèses racistes d'Hitler (1938).
On parla alors de la préparation d'une encyclique contre le fascisme; mais le pape mourut entre temps.
Le pape arriva à un règlement avec la France concernant l'affaire de la séparation de l'Église et de l'État.
La réussite diplomatique la plus importante de Pie XI fut le Traité du Latran (11 février 1929) négocié avec Benito
Mussolini, premier ministre italien depuis 1922, qui fit de la Cité du Vatican un État indépendant, le catholicisme est
reconnu comme "religion d'État" et le Saint Siège indemnisé pour la perte des États pontificaux. De son côté le
Saint Siège reconnaissait l'Italie comme royaume ayant pour capitale Rome.
Par ailleurs, le pape conclut des concordats ou autres accords avec une vingtaine de pays.
Dur le plan ecclésiastique, il soutint fortement les missionnaires dont le nombre, avec le clergé autochtone,
doubla pendant son règne.
Il sacra les six premiers évêques chinois (1926) et un évêque japonais (1927); ainsi que des prêtres de
l'Inde et de la Chine (1933).Il fonda la faculté de missiologie à l'université Grégorienne et un musée au Latran.
Il approuva les Conversations de Malines (1921-1926); mais l'encyclique Mortalium animos sur l'œcuménisme
fut mal reçue, car perçue comme trop restrictive.
Pie XI réorganisa la formation du clergé (Deus scientiarum - 1931).
Créa la "Radio Vatican" (1931) et fut le premier pape à se servir de ce moyen de communication.
Il installa aussi à Castel Gandolfo un moderne Obsevatoire astronomique.
Il créa l'Institut d'archéologie chrétienne.
Pie XI institua la fête de Christ Roi pour contrer le sécularisme qui, selon lui, envahissait de plus en plus
toutes les sphères de la vie humaine.
Il promut aussi les Congrès eucharistiques.
Il canonisa, entre autres, Jean Bosco; Thérèse de Lisieux; Thomas More; John Fisher. Déclara docteurs de l'Église
Albert le Grand; Pierre Canisius; Jean de la Croix; Robert Bellarmin.
On a dit de Pie XI, qu'il fut le "premier pape érudit depuis Benoît XIV".
Malgré les critiques qu'on a pu porter sur certaines de ces actions, il est hautement estimé pour avoir été
"un pape fait pour son temps"; entrepreneur; courageux; faisant face sans timidité aux totalitarismes les plus
inhumains de l'histoire (Hitler - Staline).
Sensible à la cause ouvrière qu'il traita avec classe et hauteur.
Réhabilita personnalités de premier plan écartées précédemment de la scène publique.
Il fut aussi autoritaire, délégant le moins possible ses fonctions de chef suprême de l'Église
et réduisant le rôle du Collège des cardinaux.
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Pie XII
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1939-1958 | Eugenio Maria Giuseppe Giovanni Pacelli, né à Rome le 2 mars 1876,
descendant d'une famille de juristes.
Il fréquenta un lycée d'État; puis fit des études à l'Université Grégorienne, au Collège Capranica et à l'Institut
Saint-Apollinaire de Rome.
Ordonné prêtre en 1899, il entra en 1901 au service de la papauté.
De 1906 à 1914, il fut le bras droit du cardinal Gasparri pour la codification du droit canonique.
Pendant plusieurs années il enseigna le droit international à l'Académie des Nobles Ecclésiastiques.
Benoît XV le nomma archevêque et nonce à Munich (avril 1917);
et en juin 1920, nonce auprès de la nouvelle république allemande.
Créé cardinal en décembre 1929, il succéda le cardinal Gasparri comme secrétaire d'État auprès de Pie XI.
En cette qualité, il fut l'auteur des concordats avec l'Autriche (juin 1933) et avec l'Allemagne national-socialiste
(juillet 1933).
Les violations répétées de ce concordat par Adolf Hitler et la dégradation de la situation de l'Église
en Allemagne ne cessèrent de grandir jusqu'à la chute du régime.
Polyglotte accompli, Pacelli visita la Grande Bretagne; puis, en visite officielle, il se rendit
en Argentine (1934), en France (1935 et 1937); en Hongrie (1938); et fit un long séjour privé aux États Unis (1936).
A la mort de Pie XI, et alors que la 2me guerre mondiale menaçait, il fut élu pape le 2 mars 1939 au troisième scrutin au terme
d'un conclave d'un jour. Il obtint 48 voix sur 53.
Il prit pour devise Opus justitiae Pax.
D'emblée, il multiplia les démarches diplomatiques pour éviter le conflit mondial.
Le 3 mai, il demanda une conférence internationale pour régler les différends.
Le 24 août, il appela le monde à s'abstenir de tout recours aux armes. La guerre éclata en septembre 1939.
Benito Mussolini, premier ministre italien, déclara la guerre le 10 juin 1940.
Mais grâce aux efforts du pape, Rome eut droit au statut de "ville ouverte".
Dans son message de Noël 1939, Pie XII lança un appel solennelle à une paix juste et durable.
Il posa 5 principes essentiels à cet effet, dont le désarmement général, la reconnaissance des droits des minorités
et le droit de toutes les nations à l'indépendance.
Par l'intermédiaire de la Commission Pontificale d'Assistance, il organisa un vaste programme de secours aux victimes
du conflit et aux prisonniers de guerre.
Quand Hitler occupa Rome le 10 septembre 1943, le pape fit de la Cité du Vatican un refuge pour d'innombrables
personnes, y compris de nombreux juifs.
Des critiques furent adressées au pape plus tard pour n'avoir pas fait assez en ce sens.
En défense du pape on a relevé: 1) qu'il ne manqua pas de dénoncer les barbaries nazies (Noël 1942 - juin 1943);
2) sa conviction que des protestations plus explicites ne feraient que stimuler des représailles;
3) l'aide qu'il fournit à un très grand nombre de juifs à titre individuel.
On ne peut pas se cacher pour autant que l'affaire continue aujourd'hui à faire débat.
Sur le plan ecclésiastique, Pie XII ne laissa pas tomber son souci de pasteur malgré les affres de la guerre.
Il publia deux encycliques majeures: Mystici corporis Christi (29 juin 1942) et Divino afflante Spiritu
(30 septembre 1943) laquelle autorisait les exégètes de l'Écriture à utiliser les méthodes historique modernes.
Il définit le dogme de l'Assomption de la Vierge Marie le 11 octobre 1950.
Il canonisa 33 personnes, dont Pie X.
Il créa un nombre sans précédent de cardinaux, 32 en 1946 et 24 en 1953, en réduisant le nombre d'Italiens à un tiers.
Le nombre des diocèses passa de 1696 en 1939 à 2048 en 1958.
Il encouragea d'importantes fouilles sous Saint-Pierre dans le but d'identifier le tombeau de l'Apôtre.
Une note conservatrice fut sonné avec Humani generis (12 août 1950) qui mettait en garde contre
l'accommodement de la théologie aux tendances intellectuelles modernes. Un certain nombre de théologiens
catholiques eurent à souffrir des conséquences de ce document.
Il condamna aussi la tentative pastorale des "prêtres ouvriers" en France malgré l'avis favorable des cardinaux français.
En politique, il conclut des accords avec l'Espagne du général Franco (27 août 1955) et le Portugal du
dictateur Salazar (18 juillet 1950).
Il fut le premier pape à être largement connu grâce à la radio et à la télévision.
Grand, mince, d'allure ascétique, il fit une profonde impression sur les milliers de personnes qui assistèrent
à ses innombrables audiences.
Son style de gouvernement était autoritaire; il fit lui-même office de secrétaire d'État à partir de 1944
et réduisit de plus en plus le rôle des cardinaux.
Dans ses dernières années, il fut accablé de graves maladies qui l'obligèrent à placer le pouvoir entre les mains
d'un cercle étroit qui jeta une ombre sur son pontificat.
A sa mort à Castel Gandolfo, on disait que son autorité était, dans les derniers temps, plus grande hors
de Rome que dans les milieux romains. |
Jean XXIII | 1958-1963 | Angelo Giuseppe Roncalli, né à Sotto il Monte, près de Bergame (Italie) le 25 novembre 1881,
troisième des treize enfants d'une famille paysane.
Il fréquenta l'école du village; puis, les deux seminaires de Bergame.
Il poursuivit ses études à l'Institut Saint-Apollinare de Rome. Docterur en théologie en 1904.
Secretaire de l'évêque de Bergame; il enseigna l'histoire de l'Eglise au seminaire diocésain.
Mobilisé pendant la première guerre mondiale, il servit d'abord comme infirmier, puis comme aumonier.
Benoît XV le nomma directeur national de la Propagande de la Foi.
A ses moments libres, il écrivait des monographies sur l'histoire de son diocèse et sur Saint
Charles Borromée (1538-1584).
Ses recherches à la Bibliothèque Ambrosienne de Milan le mirent en contact avec Achille Ratti.
Lorsque celui-ci devint le pape Pie XI, il le lança dans la carrière diplomatique.
Il le nomma archevêque et visiteur apostolique en Bulgarie (1925) puis délégué apostolique en Turquie (1931).
Il noua des relations amicales avec le gouvernement turc et avec les chefs de l'Eglise orthodoxe.
Pendant l'occupation de la Grèce par les Allemands (1941-1944), il s'efforça de venir en aide aux victimes
et d'empêcher la déportation des juifs.
Avant que la guerre ne finisse, il fut nommé nonce en France (22 décembre 1944), il s'occuppa du problème des
nombreux évêques accusés d'avoir collaboré avec le régime de Vichy.
Il fit le nécessaire pourque les prisonniers de guerre allemands qui se préparaient au sacerdoce puissent suivre
des cours de théologie à Chartres.
Il voyait d'un oeil favorable l'expérience des prêtres ouvriers.
A partir de 1952, il fut nommé observateur du Saint Siège auprès de l'UNESCO.
Créé cardinal et patriarche de Venise en janvier 1953.
En 1958, il acheva le 5me et dernier volume de son étude sur Saint Charles Borromée.
Le 9 octobre de la même année, Pie XII mourait à Castel Gandolfo.
Dans le conclave qui s'en suivit (25-28 otobre), il fut élu pour le succeder au 12me scrutin.
Il fut couronné le 4 novembre fête de son vénéré Charles Borromée.
Il abolit la règle de Sixte V qui fixait à 72 le nombre des cardinaux, et 1962 il porta à 87 le collège des
cardinaux, qui devint par le fait le plus important et le plus international de l'histoire.
Sa grande réalisation fut le 2me Concile du Vatican. Il avait pour but "mettre à jour l'Eglise" (aggionamento).
Il ouvrit le Concile à Saint Pierre le 11 octobre 1962.
Des observateurs offciels de 18 Eglises étaient présents à titre d'invités.
Le 8 décembre, il clôtura la 1ère session et ajourna le Concile pour 9 mois.
Déjà malade, il ne vécut pas assez pour en voir la reprise.
Ses encycliques majeures sont Mater et Magistra (15 mai 1961) qui mettait à jour l'enseignement social de
l'Eglise; et Pacem in Terris (11 avril 1963) adressée (chose nouvelle) à toute l'humanité.
Ce texte fit impression partout et aboutit à l'audience accordée par le pape au gendre de Nikita Khrouschev
au printemps 1963.
Il fit rayer de la liturgie du Vendredi Saint des formules offensives pour les Juifs et se présenta un jour
à des visiteurs juifs par les mots: "Je suis Joseph, votre frère!".
Il créa un Secretariat pour l'unité des chrétiens.
Il acceuillit l'archevêque anglican de Cantorbery Geoffrey Fischer.
Il dépêcha des envoyés personnels à Instanboul pour saluer le patriarche oecuménique Athénagoras 1er.
Il échangea des salutations avec le patriarche de Monsou, Alexis.
A Noël 1958, il visita la prison de Regina Coeli et l'un des hôpitaux locaux.
Il intervint dans la crise de Cuba (1962); et reçut le Prix Balsan de la Paix (1963).
Il envoya cinq observateurs à lo'assemblée du Conseil Oecuménique des Eglises à New Delhi (1961).
D'une simplicité sans affectation, en dépit de son érudition et de sa laîtrise de nombreuses langues,
toujours d'humour jovail, il fit souffler sur la charge pontifical le vent du changement, en asspuplissant
la raideur hiératique.
Il agit de façon que tous croyaient en lui, homme d'une seule pièce. On l'appelait le "pape bon".
Sa longue agonie fut suivie avec anxiété par le monde entier.
A sa mort, le Time écrivit que peu de pontificats avaient à ce point captivé l'imagination
de l'humanité.
Pendant la 2me Session du Concile, un certain nombre de Pères proposa de le béatifier "par acclamation". |
Paul VI
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1963-1978 | Giovanni Battista Montini, né à Concesio, près de Brescia (Italie),
le 26 septembre 1897, fils d'un avocat prospère qui était également journaliste politique et député au Parlement italien.
De santé précaire, il fréquenta comme externe le séminaire diocésain et fut ordonné prêtre le 29 mai 1920.
A partir de 1922 il travailla au secrétariat d'État du Vatican, avec un bref passage par la nonciature à Varsovie (1923).
Au même temps, de 1924 à 1933, il s'engagea profondément dans le mouvement étudiant catholique.
Il enseigna l'histoire diplomatique à l'Académie pontificale pour les diplomates.
Le 13 décembre 1937, il devint assistant du cardinal Pacelli, alors secrétaire d'État.
Lorsque Pacelli fut élu pape en 1939, Montini continua à collaborer avec lui.
Promu pro-secrétaire d'État en novembre 1952, il refusa le chapeau de cardinal en décembre 1953.
Le 1er novembre 1954, il fut nommé archevêque de Milan.
Cet éloignement de Rome, fut interprété comme un signe de défaveur de la part du pape.
Le 5 décembre 1958, Jean XXIII le créa cardinal.
Au conclave de 1963, le plus nombreux de l'histoire de l'Église (80 cardinaux), il fut élu pape au 5e scrutin
et choisit un nom qui indiquait une approche tournée vers l'extérieur.
Il ouvrit la 2me Session du Concile le 29 septembre 1963 et la clôtura le 4 décembre par la promulgation de la
Constitution sur la liturgie et la Déclaration sur les moyens de communication sociale.
En janvier 1964, il fit un pèlerinage en Terre Sainte et rencontra Athënagoras 1er à Jérusalem.
Il ouvrit la 3me Session du Concile le 14 septembre 1964 et la clôtura le 21 novembre avec la promulgation de
la Constitution sur l'Église, le Décret sur l'Oecuménisme et le Décret sur les Églises orientales.
En décembre 1964, il se rendit à Bombay pour le Congrès eucharistique.
La 4me et dernière Session se déroula du 14 septembre au 8 décembre 1965.
Au cours de cette Session, il se rendit à l'ONU, à New York (4 octobre), pour plaider pour la Paix.
Avant la messe du 7 décembre 1965, le pape fit lire une déclaration signée par lui-même et Athënagoras 1er
déplorant les anathèmes de 1054 et le schisme qui s'en suivit.
Le lendemain, il confirma toutes les décisions du Concile.
Il convoqua, suivant les vœux du Concile, plusieurs synodes internationaux à Rome qui eurent pour thème
le sacerdoce ministériel (1971); l'évangélisation (1974); la catéchèse (1977).
En 1970, il fixa l'âge limite de la retraite des évêques et des prêtres (75 ans) et limita le droit des cardinaux
avec voix au conclave à 80 ans.
Après le Concile, Paul VI eut la difficile tâche de piloter l'Église à travers une période de mutation révolutionnaire:
opposition des traditionalistes avec à leur tête l'archevêque Marcel Lefebvre;
révoltes dans le jeune clergé en France; idéologies de "sécurité nationale" et prêtres
"tiers-mondistes" en Amérique Latine; terrorisme en Italie. En 1974, on parla d'une possible démission du pape;
rumeur sans fondement on répliquait de Rome.
Parmi ses documents post-conciliaires citons:: Populorum progressio (26 mars 1967), plaidoyer pour la
justice sociale; Humanae vitae (25 juillet 1968) qui alla, en qui concerne la contraception dans le mariage,
contre l'avis de la majorité de la commission nommée en 1963 pour examiner le problème.
Le pape fut profondément ébranlé par la réaction internationale critique que suscita ce document,
quoiqu'il demeura convaincu de sa justesse.
Le pape visita aussi l'OIT (Organisation internationale du travail) et la COE (Conseil oecuménique des Églises)
à Genève; ainsi que l'Ouganda (1969); Manille (1970), où il faillit être assassiné.
Il conféra pour la 1ère fois le titre de "docteur de l'Église" à deux femmes: Thérèse d'Avila et Catherine de Sienne.
Paul VI apparut pour la dernière fois en public pour présider au Latran les funérailles d'Aldo Moro, son ami
de toujours, homme d'État qui avait été enlevé et assassiné froidement par des terroristes en mai 1978.
Cet évènement détériora l'état de santé du pape qui mourut peu après à Castel Gandolfo,
pendant qu'on célébrait une messe devant lui, alité (6 août 1978).
Ce pape eut le grand mérite de mener à terme le Concile convoqué dans l'enthousiasme par Jean XXIII.
Mais la façon de gérer la période post-conciliaire resta problématique pour un certain nombre d'observateurs.
L'Église connut dans sa vie interne des commotions qu'on n'attendait pas; et la route à suivre dans
ces circonstances de tensions et d'oppositions devint incertaine.
Paul VI paraissait comme paralysé devant les paradoxes qu'exigeait l'application concrète des décisions et de
souhaits conciliairs.
Jean XXIII, bon observateur, avait dit de lui qu'il avait quelque chose d'Hamlet.
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Jean-Paul 1er | 1978-1978 | Albino Luciani,
né à Forno di Canale, près de Belluno (Italie), le 17 octobre 1912, au sein d'une famille ouvrière pauvre.
Son père se rendait souvent en Suisse comme travailleur migrant et sa famille ne cachait pas ses convictions socialistes.
Prêtre en 1935. Il prépara un doctorat à l'Université Grégorienne.
Puis, vicaire dans son village natal; vice-recteur du séminaire de Belluno; vicaire général du diocèse.
Il écrivit ses expériences dans un livre intitulé Catéchèse brin par brin.
Jean XXIII le nomma évêque de Vittorio Veneto.
En 1969, il fut nommé patriarche de Venise.
Il publia Humblement votre, recueil de lettres fantaisistes.
Paul VI le nomma cardinal le 5 mars 1973.
Vice-président de la Conférence épiscopale italienne de 1972 à 1975.
A la mort de Paul, au conclave tenu dans l'étouffant été romain, il fut élu au troisième scrutin du 26 août 1978.
La majorité des cardinaux réunis voulait un pape pasteur.
Après l'élection, le sentiment dominant des électeurs était une joie sans retenue, l'élu apparaissait comme
le "candidat de Dieu".
Le nom choisi aurait bien exprimé son désir d'unir les qualités de Jean XXIII et de Paul VI.
Il refusa le couronnement traditionnel et se contenta, sur la place Saint-Pierre, de l'imposition du pallium.
Sa personne transpirait une humilité sincère.
Dans la veine la plus spontanée, il donna une conférence de presse devant un millier de journalistes
enchantés du rapport étable par ce pape souriant.
Son règne ne dépassa un mois et demi mais son sourire reste dans toutes les mémoires.
Premier pape issu de la "classe ouvrière". |
Jean-Paul II | 1978-2005 | Karol Wojtyla, né le 18 mai 1920 à Wadowice
ville industrielle située à 40 kms de Cracovie (Pologne), d'une famille modeste.
Le père, lieutenant à la retraite, vivait de sa pension. Sa mère était morte lorsqu'il n'était qu'un petit enfant.
Premier pape slave et premier pontife non italien depuis l'Hollandais Adrien VI.
Et 6e pape à être reçu dans la Basilique Saint-Denis, près de Paris, en 1980, comme le rappelle une plaque
apposée à l'entrée de ce temple
Il entra à 11 ans su lycée d'État.
En 1938, père et fils s'installèrent à Cracovie, où Karol entra à l'Université Jagellon.
Étudiant, il fut très en vue dans le théâtre d'amateur et admiré pour ses poèmes.
En 1939, quand les Allemands occupèrent la Pologne, l'Université fut fermée.
Mais un cercle souterrain d'art dramatique fut organisé par Karol et un de ses amis.
Pendant l'hiver 1940 il travailla comme manœuvre dans une carrière de calcaire à Zabrówek.
En 1941, il fut transféré à l'usine Solway de purification des eaux à Borek Falcki.
A la mort de son père (1942), il décida de devenir prêtre et étudia clandestinement la théologie.
Diplôme en théologie, il fut ordonné prêtre par le cardinal Adam Sapieha (1er novembre 1946).
En mars de la même année apparut son 1er recueil de poèmes Chant du Dieu caché.
Envoyé à l'Université Pontificale (Angelicum) de Rome, il fut reçu docteur en 1948, avec une thèse sur l'expérience
de la foi chez Saint Jean de la Croix.
Mais, en attendant, il fait aussi connaissance des expériences missionnaires de l'Église de France de
l'après-guerre: Mission de France; Mission de Paris; prêtres ouvriers; etc.
De retour en Pologne, après avoir été curé de 1948 à 1951 à Niegowice puis à Saint-Florian, il retourna à l'Université Jagellon
pour étudier la philosophie. Il publia sa thèse sur Marx Scheler en 1960.
Son livre "Amour et responsabilité" servit plus tard à Paul VI pour la rédaction de sa célèbre
encyclique Humanae vitae.
En 1956, il enseigna l'éthique sociale et l'éthique familiale à Lublin.
En 1958, Pie XII le nomma évêque auxiliaire de Cracovie.
Le 30 décembre 1963, Paul VI le fit archevêque de Cracovie.
A ce poste, il se montra un vis à vis redoutable du régime répressif en place.
Le 26 juin 1967, il fut créé cardinal.
Au Concile Vatican II (1962-1965), il devint un personnage en vue au plan international.
Membre de différentes Commissions préparatoires, il assista ensuite à toutes les Sessions du Concile
et fit des contributions importantes sur la "liberté religieuse" et le schéma De Ecclesia.
Après le Concile, il assista à quatre des cinq synodes généraux d'évêques mis sur pied par Vatican II.
En 1976, il prêcha la traditionnelle retraite de Carême au pape et à la maison pontificale.
A la mort de Paul VI, deux cardinaux italiens étaient en vue pour lui succéder: Benelli de Bologne et Siri de Gênes.
Aucun des deux candidats ne réussit rallier un consensus. Aussi les cardinaux élurent au 8me scrutin
un cardial étranger par 103 voix sur 109.
Le 16 octobre 1978, Karol Wojtila devint, à 58 ans, le pape le plus jeune du XXe siècle.
Premier pape étranger après l'Hollandais Adrien VI (1522-1523).
Il préféra le titre de "pasteur universel de l'Église" à celui de "vicaire du Christ" ou de "servus servorum Dei".
Comme dans le cas de son prédécesseur, il n'y eut pas de couronnement.
La cérémonie eut lieu à la Place Saint-Pierre le 21 octobre 1978.
Sa première encyclique fut Redemptor hominis (mars 1979).
La seconde Dives in misericordia (décembre 1980).
Le 13 mai 1981, il fut grièvement blessé par un jeune homme turc, Ali Agça, sur la place Saint-Pierre.
Dans sa 3me encyclique Laborem exercens (septembre 1981) il commémorait l'anniversaire de Rerum Novarum de Léon XIII.
La 4me encyclique Slavorum apostoli (juillet 1985) concernait l'évangélisation des peuples slaves
et les divisions issues par la différence des cultures.
Ses voyages organisés aux quatre points du globe se déroulaient partout selon le même schéma: baiser du sol;
discours sur les problèmes concernant le pays visité; rencontres personnelles; grands rassemblements, surtout des jeunes,
où il donne libre cours à ses talents d'acteur et à sa personnalité ouverte.
En janvier 1982, le représentant du Royaume-Uni auprès du Saint Siège fut élevé au rang d'ambassadeur.
Il créa 46 nouveaux cardinaux, tout en poursuivant la politique d'internationalisation du Sacré Collège.
Peu de papes ont possédé un bagage intellectuel d'aussi grande envergure et aucun n'a eu un impact aussi considérable.
Mais son approche des problèmes en théologie et en éthique a été considérée trop conservatrice.
Il s'est résolument opposé à la "théologie de la libération" en Amérique Latine.
Le professeur hollandais Edwards Scillebeeckx fut rappelé à l'ordre dès décembre 1979.
Hans Küng de Tübingen fut interdit d'enseigner.
Il a pris d'énergiques mesures à l'égard de la Compagnie de Jésus.
Il souscrivit de manière significative à l'encyclique Humanae vitae de Paul VI.
En 1980, Jean-Paul II réunit à Rome un synode d'évêques d'Hollande, pays où l'aggiornamento de l'Église
va trop loin au goût du pape (Catéchisme hollandais, etc.).
Cependant, Mgr Marcel Lefebvre, tête d'un traditionalisme dur, ordonna en Ecône quatre évêques et se sépara
sépara définitivement de Rome.
Si sa position a déçu les progressistes, d'autres estiment qu'il a rendu à l'Église un sens de l'orientation qu'elle
semblait menacée de perdre dans les dernières années du pontificat de Paul VI.
Pape voyageur - charismatique, aimé de la jeunesse - on lui attribue
une forte influence dans la chute du "rideau de fer". |
Benoît XVI | 2005- | Joseph Ratzinger,
né dans une famille d'agriculteurs, à Marktl am Inn, en Basse-Bavière, Allemagne, le 16 avril 1927.
Jeunesse A douze ans (1939), il entre au séminaire. En septembre de la même année, l'Allemagne envahit la Pologne: c'est le début de la 2e guerre mondiale (1939-1945). L'adolescent Joseph Ratzinger est mobilisé peu après dans la DCA puis, en 1944, dans l'infanterie. En 1945, il est interné par les Alliés dans un camp de prisonniers de guerre. En juin 1945, il est libéré et retourne au séminaire. Le 29 juin 1951, il est ordonné prêtre. Enseignant et théologien Sa première thèse de doctorat porte sur « Le peuple et la maison de Dieu dans la doctrine ecclésiale de saint Augustin ». La seconde sur « La théologie de l'histoire chez saint Bonaventure. » De 1957 à 1959, il enseigne à l'École des hautes études théologiques de Freising. De 1959 à 1963, il est professeur ordinaire à l'université de Bonn, puis à Münster. En 1966, il occupe la chaire de théologie dogmatique à l'université de Tübingen, où il a Hans kg comme collègue Il passe ensuite à la faculté de théologie de l'université de Ratisbonne, dont il devient le doyen à partir de 1969. Parallèlement, durant le IIe concile du Vatican (1962–1965), il participe aux travaux en tant qu'expert théologien. Il est conseiller du cardinal archevêque de Cologne, Mgr Frings. Archevêque et cardinal Le 25 mars 1977, il est nommé par Paul VI archevêque de Munich et Freising. La même année, le 27 juin, il est promu à la pourpre cardinalice. Le 25 novembre 1981, Jean-Paul II le nomme préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, anciennement nommé le Saint-Office (ou Inquisition). Le 13 janvier 1992, il est élu associé étranger de l'Académie des sciences morales et politiques (France) au fauteuil d'Andreï Sakharov. En 1993, il est promu cardinal-évêque de Velletri; puis élu doyen du Sacré Collège (2002). Pape Le 2 avril 2005, Jean-Paul II meurt au Vatican, après une très longue agonie suivie par le monde entier. Le 8 avril, étant le cardinal éligible le plus ancien, Joseph Ratzinger a la charge de diriger l'office religieux des funérailles du pape défunt. Le 18 avril, les cardinaux électeurs se réunissent en conclave au Vatican. Une fumée noire se dégage dans la soirée sur le toit de la chapelle Sixtine. Le lendemain, 19 avril 2005, à 17h50, l'attendue fumée blanche est enfin apparue sur la chapelle Sixtine. A 18h35, l'annonce est faite à partir de la loggia de Saint-Pierre, accueillie par des applaudissent de la foule réunie sur la place. Le cardinal Joseph Ratzinger venait d'être élu pape pour succéder à Jean-Paul II; il a pris le nom de Benoît. (À noter qu'il existait déjà un Benoît XVI, considéré comme anti-pape qui régna à Avignon de 1470 à 1499) Trois Encycliques: * Dieu est Amour (Deus Caritas est) 25-XII-2005; * Sauvés par l'Espérance (Spe salvi) 30-XI-2007; * La charité dans la vérité (Caritas in veritate) encyclique sociale, signé le 29-VI-2009, publié le 7-VII-2009). Œuvres (liste non exhaustive d'avant son élection à la papauté): Entretien sur la foi, entretien avec Vittorio Messori, Fayard, 1985 ; Les principes de la théologie catholique, Téqui, 1985 ; Église, œcuménisme et politique, Fayard, 1987 ; La théologie de l'histoire de saint Bonaventure, Presses universitaires de France, coll. « Théologiques », 1988 ; Serviteurs de votre joie, Fayard, 1990 ; Regarder le Christ, Fayard, 1992 ; Appelés à la communion, Fayard, 1993 ; La mort et l'au-delà, Fayard, coll. « Communio », 1994 ; Petite introduction au Catéchisme de l'Église catholique, en collaboration avec Christophe Schönborn, Le Cerf, coll. « Documents des Églises », 1995 ; Un tournant pour l'Europe ? Diagnostics et pronostics sur la situation de l'Église et du monde, Flammarion, 1997 ; Le sel de la terre. Le christianisme et l'Église catholique au seuil du troisième millénaire entretiens avec Peter Seewald, Flammarion, 1997 ; Ma vie (autobiographie), Fayard, 1998 ; L'unique alliance de Dieu et le pluralisme des religions, Parole & Silence, 1999 ; L'Esprit de la liturgie, Ad Solem, 2001 ; Voici quel est notre Dieu, Mame, 2001 ; Un chant nouveau pour le Seigneur, Desclée, 2002 ; La Fille de Sion, Parole & Silence, coll. « Cahiers de l'École cathédrale », 2002 ; Faire route avec Dieu : l'Église comme communion, Parole & Silence, 2003 ; Dieu nous est proche : l'Eucharistie au cœur de l'Église, Parole & Silence, 2003 ; Église et théologie, Mame, coll. « Théologie », 2003. Après son élection: Jésus de Nazareth, en deux volumes. |