La Seine-Saint-Denis en devenir

Cette analyse socio-économique
du Département 93 est publiée par
le CERAS dirigé par les Jésuites

CONTACT:
Bertrand Hériard Dubreuil
CERAS
4 Rue de la Croix Faron
93217 La Plaine Saint Denis
Tel : 08 70 40 64 89 (prix d’un appel local)
Mail: Bertrand.heriard@ceras-projet.com
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La Seine-Saint-Denis est un des espaces les plus contrastés de la région parisienne.
Sa position géographique en a fait une banlieue qui a subi toutes les contradictions de la capitale : celle-ci y a exporté ses usines, ses services polluants, les logements de ses ouvriers, tout en y restant un propriétaire foncier important. Son industrie a accueilli une main-d’œuvre nombreuse venue de toutes les provinces de la France, puis de tous les pays d’Europe et du monde.

Lignes de fractures...
C'est en 1964 que le département a été constitué à partir de la volonté de l’Etat et de l'implication de certaines collectivités locales. Ce territoire a confirmé son identité populaire. Il demeure un des principaux bastions du communisme municipal.
Mais des lignes de fracture se dessinent : entre le Nord et le Sud du département, entre les secteurs relativement dynamiques et ceux classés "zones sensibles", entre zones denses et celles difficilement accessibles, entre cités et pavillons… Aux trois extrémités du département, les pôles de La Plaine-Saint-Denis, Roissy Charles-de-Gaulle, Noisy-Mont d’Est accueillent maintenant de nombreuses entreprises principalement tertiaires.
"Le 93": les trois arrondissements - les quarante communes

...avenir incertain
Outre le développement de l'immobilier de bureaux, de nombreux programmes de logements sociaux et de logements privés sont destinés à accueillir de nouveaux habitants, dans le cadre d'une "mixité sociale" inégalement revendiquée.
Mais ici habite aussi de longue date une population ouvrière (française et étrangère) dont le devenir est incertain.
Habitants ou professionnels, les populations qui se croisent en Seine-Saint-Denis subissent des pressions contradictoires : pression foncière de la proximité de Paris, logique économique de certains secteurs comme celui des nouvelles technologies de l’information et de la communication, logique sociale de l’appartenance à un des départements les plus populaires de France, logique politique d’une gouvernance décentralisée.

Multinationales et poches de pauvreté
Les logiques d'exclusion sont toujours à l'œuvre. Est-il possible de concilier des impératifs de développement économique et un soutien des populations existantes, leur enracinement et leur ascension sociale ? De grosses entreprises sont venues s'installer, obéissant à des logiques d'opportunités économiques dans un cadre mondialisé.
Dans le même temps, des poches de pauvreté semblent piéger des populations en grandes difficultés sociales, ou bien issues de l'immigration. Que vont-elles devenir ? Comment vont-elles subsister vu la faiblesse des créations d'emplois peu qualifiés ? Comment "faire" un département alors que les populations sont fragmentées et soumises à des dynamiques résidentielles et professionnelles qu’elles ne maîtrisent pas ?

Mixité sociale : mythe ou volonté?
L’Etat, la région, le département et les collectivités s’associent dans un vaste programme de rénovation urbaine au nom d’une mixité sociale. En parallèle, l'offre de logements privés se développe inégalement. Quelle population va s’installer dans le 93 ? Les nouveaux salariés sont-ils tentés de s'impliquer dans le territoire où ils viennent travailler ? La pluralité des stratégies possibles et la diversité des enjeux territoriaux dessinent une réalité très complexe : la rénovation urbaine créera-t-elle des espaces pour inventer une mixité sociale ? Offrira-t-elle l’occasion de rendre les quartiers plus attractifs et de les réinscrire dans des parcours résidentiels ? Une mixité sociale volontaire peut-elle inverser les tendances lourdes de ségrégation résidentielle et scolaire ?

Une gouvernance éclatée
En Seine Saint-Denis, la légitimité de l'institution départementale est contestée par une mobilité croissante des habitants et des salariés, grignotée par l'affaiblissement progressif de la majorité communiste du Conseil Général, écartelée dans les conflits récurrents entre la Région Ile-de-France et le grand Paris, étranglée par le désengagement progressif de l’Etat.
La survivance de l'échelle politique départementale pose deux types de questions : quelle pertinence par rapport aux problèmes traités et quelle légitimité démocratique ? Sur le territoire se croisent plusieurs échelles de gouvernance : mairies, communautés d’agglomération, département, région, établissements publics d’aménagement.
Comment sont réparties les compétences ? Quels sont les lieux de coopérations ou de blocages ? A quelle échelle traiter les problèmes ?
La question de la légitimité démocratique n’est pas moins difficile. La plupart des communes ont développé une pratique de concertation avec les habitants. Comment fonctionne cette démarche participative ? Quels sont les atouts et les limites de l’expérimentation ?


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