Éditions Obsidiane

23 poètes et plusieurs peintres

Les Solitudes (cinquante),
Poésie & Cie

Anthologie
 

Ce volume, publié en septembre 2001, le cinquantième de la collection Les Solitudes, rassemble des textes et poèmes inédits de 23 poètes de la collection. Il est illustré par plusieurs des artistes de la constellation Obsidiane.

Voici donc les éléments d'une théorie de poètes et de leurs œuvres, ramassés en une non-anthologie (nomination symboliquement nécrophile) mais en un strict signe jubilaire qui coïncide – Ô coïncidence – avec le demi-siècle de l'ordonnateur des pompes éditoriales. (...) Sans forfanterie, la liste des poètes qui, déjà, honorent d'un livre ou de plusieurs la collection porte témoignage d'une certaine perception de la poésie vivante. Il n'en dira pas plus quant à cette esthétique (la fameuse ligne éditoriale) sauf à préciser que premièrement son seul goût importe (ainsi Paul Le Jéloux ou Dimitri T. Analis voisinent-ils avec Jean-Baptiste de Seunes), que secondement il entend mieux – par nature ? – une poésie qui n'a pas fait son deuil de l'homme au profit des énumérations du Bottin ou de la congélation des sentiments, que tiercement il croit toujours en la vertu du vers comme segment pulsatif du poème, lequel vers contemporain est l'indécrottable preuve que la langue française a son génie devant elle. Et s'il fallait prononcer l'aveu d'un nom, où l'on pourrait juger de son ambition plagiaire, ce serait "Métamorphoses" que dirigea avec souplesse et pertinence Jean Paulhan au fil du temps.               François Boddaert (Postface)



Sommaire

Préface de Claude Michel Cluny

Poèmes de Dimitri T. Analis, Alain Andreucci, Marie-Claire Bancquart, Mathieu Bénézet, Jean-Claude Caër, François Cariès, Gérard Cartier, Max de Carvalho, Jean-Louis Chrétien, Pascal Commère, Christian Doumet, Jean-Pascal Dubost, André Gateau, Bruno Grégoire, Petr Král, Paul Le Jéloux, Patrick Maury, Monchoachi, Emmanuel Moses, Nimrod, Jean-Baptiste de Seynes, Gérard Titus-Carmel, Franck Venaille.

Illustrations de Marie Alloy, Pascal Boulage, Jacques Busse, Luis Darocha, François Dilasser, Claude Faivre, Nathalie Fritsch, Jean-Louis Gerbaud, Sofi Hémon, Alexandre Hollan, Liliane Klapisch, Lazare, Jean de Maisonseul, Jean-Pierre Pincemin, Monique Tello, Gérard Titus-Carmel, Sylvie Turpin, Jan Voss, Harita Wybrands, Maciar Zendehroudi, Zoé.

Postface de François Boddaert.



Extraits


Marie-Claire Bancquart
Pourtant, la véhémence du désir ?

Vous avez des morts, vous ?

Vous n'en parlez guère
mais ils pèsent dans votre ventre
vous épient sur les branches.

Le jour tourne
eux, ils vont
à votre allure
tout doux sur la terre au galop.


*

Pascal Commère

Cailloux tombés des poches
de William Butler Yeats

Le pont de tôles jeté sur la rivière, fracas
de l'eau en bas – nul horizon, ciel immense.
Microscopique dans l'enclos tout en haut le chien qui rameutait
      le troupeau... Cenelliers
tors, couchées les brebis parmi les joncs – nuque bleue,
longtemps l'appel là-bas – sans réponse : capuchon
pesant des nuages. Et toujours (nous grimpons)
les bêtes accrochées des quatre pattes aux pentes
– multitude clairsemée, tremblante,
l'une d'elle agenouillée soudain, comme prise
d'un repentir plus vieux que la montagne.


*

Paul Le Jéloux

Poèmes

Ne fatiguez pas les traits de cette princesse
afin que jeune elle reste et altière
Ne devinez pas son regard d'amour
car l'amour à jamais vous serait interdit
Devinez la poésie là où le ciel est un charnier,
bleu et monotone.
Entendez tonner son sang même dans la foudre
Sentez battre son cœur même sous l'enclume,
ou le galop des chevaux en sueur.
Surtout ne l'oubliez pas car un sort la possède,
quelque démon la tient en bride –
C'est à de rares moments qu'elle viendra
Elle sera libre, et offrira tendrement ses ailes.


*

Patrick Maury

3 petites métanies du temps

Je suis plâtré dans la beauté
comme une écharde dans ta chair
douloureuse.
Dès lors, comment te convaincre
de venir me rejoindre
au cœur de la patrie sans nom ?
Car il n'a pas de pays celui qui passe
son temps à marier la lumière et la mort.
Mais il a des dettes.
C'est pourquoi je souffle sur ton adieu
afin que brille le foyer de la concorde.
Et notre maison recèle les derniers mots
que nous ne souhaitons plus sortir de nos poches.


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