Éditions
Obsidiane
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Montesquieu
« Quand on court après
l'esprit,
on attrape la sottise...»
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Accompagné
d’études brèves sur Montesquieu par
Voltaire et Sainte-Beuve, cet ensemble d’aphorismes du
père de L’Esprit
des Lois est extrait des trois volumes posthumes de
Montesquieu, connus sous le nom de Cahiers
(il les avait pourtant intitulés Mes Pensées
!). Publiées seulement au milieu du siècle
dernier, ces notations intimes, assez méconnues, sont
marquées par l’humour,
l’extrême finesse d’analyse et un sens
aigu des travers du monde – qualités
déjà à l’œuvre
dans les Lettres
persanes...).
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Extraits
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Quel siècle que le
nôtre, où il y a tant de juges (critiques) et si
peu de lecteurs !
J'ai peur des Jésuites.
Si j'offense quelque grand, il m'oubliera, je l'oublierai, je passerai
dans une autre province, un autre royaume. Mais, si j'offense les
Jésuites à Rome, je les trouverai à
Paris ; ils m'environneront partout. La coutume qu'ils ont de
s'écrire sans cesse étend leurs
inimitiés. Un ennemi des Jésuites est comme un
ennemi de l'Inquisition : il trouve des familiers partout.
On dit que quelques missionnaires,
pour faire battre les Sauvages, leur disaient que
Jésus-Christ était français ; que les
Anglais l'avaient cruciifié.
Quand, dans un royaume, il y a plus
d'avantages à faire sa cour qu'à faire son
devoir, tout est perdu.
Je disais : « Le
gouvernement despotique gêne les talents des sujets et des
grands hommes, comme le pouvoir des hommes gêne le talent des
femmes. »
J'aime les paysans : ils ne sont
pas assez savants pour raisonner de travers.
Depuis que j'ai vu à
Amsterdam l'arbre qui porte la gomme appelée Sang de dragon,
gros comme la cuisse quand il était
auprès de l'arbre femelle, et pas plus gros que le bras
quand il était seul, j'ai conclu que le mariage
était une chose nécessaire.
Je dirai de l'argent ce qu'on
disait de Caligula, qu'il n'y avait jamais eu un si bon esclave et un
si méchant maître.
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