Éditions Obsidiane
|
|||
|
|||
Rilke écrit ce texte, poème en prose ou nouvelle poétique, en 1899, au retour de son premier voyage en Russie. Un de
ses lointains parents, Christoph Rilke, cornette en mission militaire à la frontière de l'Empire austro-hongrois, en
lutte avec l'Empire ottoman, fait tragiquement l'expérience de l'amour et de la mort. En co-édition avec Les 3P
|
|||
Extraits de la préface |
|||
"C'était cela la poésie; c'était l'expérience de tout cela, devenue sang, regard, geste, et communiquée par les
moyens les plus subtils. C'était cela, un poète. Son image, comme un cercle dans l'étang, pouvait grandir dans nos
yeux sans qu'elle eût besoin d'être précisée... |
|||
Extraits |
|||
*
Monsieur de Langenau écrit une lettre, tout absorbé. Lentement il moule de grands caractères , sérieux et droits :
"Ma bonne mère,
Puis il serre la lettre dans sa tunique, dans le coin le plus secret, auprès du pétale de rose. Et il pense :
Bientôt elle en sera toute parfumée. Et il pense : Peut-être quelqu'un la trouvera-t-il un jour... Et il pense : ...car
l'ennemi est proche. |
|||
*
La chambre du donjon est sombre. Mais ils s'éclairent au visage avec leurs sourires. Ils tâtonnent devant eux comme
des aveugles et ils trouvent l'autre comme une porte. Presque comme des enfants qui ont peur de la nuit, ils se
serrent l'un dans l'autre. Et pourtant ils n'ont pas peur. Il n'est rien qui soit contre eux : pas d'hier, pas de
lendemain : car le temps s'est effondré. Et ils fleurissent hors de ses ruines. |
|||
Haut de page |
|||
|