Éditions Obsidiane

François Cariès

La belle page

précédé de
L'ami des amitiés
 

François Cariès, écrivain hors normes et qui n’avait plus publié à nos éditions depuis Dantis ossa (2001), donne ici un ensemble de poèmes – dont l’inaugural et somptueux « Ami des Amitiés » – marqué par cette langue gourmande et riche où les étonnantes formulations syntaxiques déboîtent les rythmes classiques, où le bonheur d’écrire « lâche les vocatifs »…



Extraits

Le lit.

1

Au port ta barque hisse nos draps.
La nuit s'assied. Dors, bâtiment dévoilé.
Chair, peau, algues, poissons, je vous amarre.
La nuit se lève. Dors, corps ébloui, c'est tous les soirs.
Et couche-toi, journée...


3

Non Pulchra Mag mais sœur Syracuse. En grand faubourg, aux stores,
Notre Dauphin, criard, traînant, hideux d'humour, a écrit : bonne fête.
Les filles, en corsage christo-julien, prient pour les camisardes.
Et cause la terrasse : bougies, moustiques, vin de palus, minuit :
– Ils m'appellent par mon nom. – Eh Veni Creator, créante créature,
Oh malheureuse... – Tu disais ? – Té bé, là-bas tu vois ? – Non, quoi ?
–... là là là, jaune, le loriot ! – Loriot ? en Hérault ? Tu n'y penses....
– Tu be et orbi. – Ça c'est désert, ça c'est Gobi.
Là l'oreille se tend, veuve de vérité. Car au fond du babil, à menue
Encablure du fou rire, cogne un sourd jurement. C'est le bélier,
Le simplet de la source, la brute qui force, à coups d'obus d'eau
La source brûlante, aux reins du parc, sous les piscines mortes.
Là les gallo-païens prenaient leurs bains de nababs. Là, le bélier
S'oblige, mate, râle, ronfle ainsi que le pouls d'un mammouth. Assez,
Allez seuls. Le Chien, le Chat, la Bique, la Mésange, du Tout le tout
Raille Dieu. Or tout lui rit, surtout l'Âge d'Or et d'Adam,
Enfin la prose du zéro. Et ce bélier qui scande, plein de mètres
Sans mémoire ! Pomme d'Eden, Joyeuse je te mange...

Allez, on va, je vais. Toi, bélier d'eau
Oh amen te deum dixit, bah ! Hosanna, tu t'intimes l'amour
Ta poésie jolie (notre silence) le professe :
« ... le luxe du verre à vinaigre, une rose nue et natale... »




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