Éditions Obsidiane

Gérard Noiret

Autoportrait au soleil couchant

(Prix Max Jacob, 2012)
 

«  Il y a d'abord eu l'écriture qui a suivi son propre jeu, dispersant dans les marges d'un roman des poèmes en apparence inconciliables entre eux et souvent inconciliables avec ce que j'avais déjà publié. Ces textes isolés se sont accumulés, ont fini par constituer des livres très différents ; j’hésitais entre publications sous mon nom et  mise en place d'hétéronymes. J'ai avancé alors vers une anthologie qui me permettait de joindre les pages de celui que j'aurais pu être, de celui que j'avais cessé d'être, de celle qui sommeillait peut-être en moi, et de celui qui portait les valeurs que je combats.  La notion d'autoportrait permettait de faire rejaillir le sujet du détour par l'impersonnel : elle m’a permis de trouver les proportions et les pièces manquantes du dispositif. » (G. Noiret).



Extraits


.EURYDICE.

Moi, à ses pieds, mordue par une vipère,
qui agonise pendant qu'il poursuit
son numéro de séducteur
voilà une image peu répandue.
Ce que tous, de bonne ou mauvaise foi
avalisent, c'est l'épilogue. La tromperie.
Orphée, trop craintif, ne s'est pas retourné.
J'ai délibérément choisi l'Hadès.
Finir au gynécée m'était insupportable.



.PÉNÉLOPE.

Aujourd'hui, la révélation est possible :
chaque nuit une fille détissait mon ouvrage
pendant que je rejoignais un amant.
Le plus dur fut de poursuivre ma liaison
et d'honorer la mémoire
des servantes massacrées par Ulysse.
Les prétendants m'ont bien servie,
leurs gros désirs confortant mes mensonges.




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