La forêt d'Amazonie

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Un territoire équivalent à celui de la Suisse part en fumée, chaque année en Amazonie ... Le phénomène de défrichement reste alarmant. Les enjeux écologiques concernant l'Amazonie sont aujourd'hui de première importance. La communauté internationale semble, devant ces faits alarmants, se mobiliser et tente d'imposer des mesures de protection à l'égard du milieu amazonien. L'Amazonie suscite de l'intérêt en ce qui concerne la gestion de l'environnement et réveille la conscience écologique de chacun.

Présentation

Le bassin amazonien occupe 7 millions de km2 dont presque 60 % reviennent au seul Brésil.
Mais d'autres Etats se partagent l'Amazonie comme le Pérou, la Bolivie, l'Equateur, la Colombie, le Vénézuéla, les Guyanes.
La forêt appartient donc à plusieurs Etats même si le Brésil en détient la plus grande part.
L'Amazonie légale représente 59 % du territoire brésilien ; elle inclut les 7 Etats de la région Nord, plus le Nord du Mato Grosso, le Nord du Goias et l'Ouest du Maranhao. Elle regroupe aujourd'hui 20 millions d'habitants.

Les états de l'Amazonie

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L'Amazonie brésilienne

En Amazonie brésilienne, il existe 3 grandes catégories de forêts : la forêt de Terra Firme, la forêt de Varzea et la forêt d'Igapo.


A ces 3 types de forêt s'ajoute une formation secondaire qui remplace la forêt dense primaire (celle où l'homme n'est pas intervenu), quand celle-ci a été défrichée. Cette dernière est plus basse, semi-décidue et dont le sous-bois est plus dense. Dans la mesure où les grands arbres disparaissent, la lumière atteint plus facilement le sol, permettant le développement d'un sous-sol inextricable.

Luxuriance, exubérance de la forêt amazonienne sont les mots les plus employés pour la qualifier. La richesse floristique exceptionnelle de cette forêt produit l'image d'une forêt impénétrable augmentée par l'obscurité liée à la densité du couvert forestier.

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La destruction de la forêt brésilienne

La forêt est détruite mais principalement le long des axes routiers. Toute l'Amazonie n'est pas touchée mais une partie de la forêt amazonienne est menacée dans son existence. Il semble même que la disparition de la forêt semble être le prix de la "modernisation" nationale brésilienne.
L'occupation de l'Amazonie s'accélère au gré du développement des projets agricoles et d'élevage nécessitant d'importantes coupes à blanc tellement destructrices.
Tous les projets de colonisation émanant de l'Etat fédéral ont été très destructeurs. C'est le cas des altérations forestières remarquées dans l'état du Para, très touché par la déforestation et où le rythme de destruction s'accélère. C'est l'Est de l'état le plus touché du fait de l'ouverture plus ancienne des routes, donc d'une colonisation qui a commencé bien plus tôt.
La destruction de la forêt amazonienne paraît intimement liée à son exploitation qui intègre l'Amazonie au territoire national et en fait une région à part entière parmi d'autres du Brésil.

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Les motivations géopolitiques

Depuis 1920, fin du cycle du caoutchouc, l'Amazonie sombrait dans une profonde léthargie.
Dans les années 70, l'Etat fédéral s'intéresse à cette région aux potentiels importants. Le gouvernement en place allait lancer des projets de colonisation destinés à peupler cette région aux densités très faibles, à fixer des populations déracinées, à assurer une souveraineté nationale sur la région Nord.
Cela ne fut possible que grâce à la construction des routes afin d' "intégrer" l'Amazonie à l'espace national brésilien, de la désenclaver. La volonté de peupler un espace vide devient une priorité du gouvernement. L'Etat pense qu'il faut occuper l'Amazonie pour y assurer une souveraineté.

Il est nécessaire pour bien comprendre toutes ces raisons, de reprendre le contexte géopolitique de l'époque.
L'Amazonie est un Far-West à reconquérir et les militaires au pouvoir au Brésil depuis 1964 souhaitent mettre fin aux menaces d'internationalisation de cette région. Par le PIN, le Plan d'Intégration Nationale, le président Medici met en place une occupation stratégique qui fut l'une des composantes de la géopolitique brésilienne : l'Etat fédéral devait assurer un contrôle territorial sur l'Amazonie.

A cela s'ajoutait une politique nationaliste et populiste, visant à occuper un espace vide ou sous peuplé et à développer des perspectives économiques et sociales. La politique était nouvelle, puisqu'elle n'était plus fondée par la pénétration de la région par l'important réseau hydrographique amazonien mais par un réseau routier dont le fleuron fut la Transamazonienne.

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De l'Amazonie des fleuves à l'Amazonie des routes

L'ouverture routière permettait le déplacement des populations autochtones ou non . Elle a donc contribué à changer l'occupation des sols puisqu'aujoud'hui, ce sont les interfluves qui sont occupés et non plus les vallées.


La structure du réseau routier a permis le peuplement de la région, engendrant ainsi son exploitation mais aussi un développement des défrichements.
Les premières grandes destructions de la forêt sont liées au désenclavement de la région.
Les dommages causés à la forêt ont commencé avec le désenclavement routier de l'Amazonie. L'Etat a détruit des milliers d'hectares de forêt pour créer des axes de communication à travers toute la région.
Quand une route est ouverte, les colons viennent s'installer et créer de nouvelles ramifications. Les dommages s'accentuent quand les activités agricoles, pastorales et forestières entrent en interaction. Les bûcherons ouvrent des pénétrantes forestières qui sont utilisées par les colons agriculteurs et éleveurs, pour aller plus loin, plus à l'Ouest dans l'occupation de l'espace. La route devient facteur de défrichements et de destructions forestières.

Depuis leur ouverture, le défrichement est de plus en plus alarmant.
Cependant, le déboisement est très inégal selon les états de la région Nord : c'est le Sud de l'Amazonie qui a été le plus touché puisque c'est la région la plus proche des colons du Centro-Oeste, du Sudeste et du Sud du Brésil. C'est également celle qui est la plus proche des grands centres de consommation, parce qu'aussi la mieux reliée avec les meilleures infrastructures routières, et la plus anciennement colonisée.
En revanche, le Nord de la région Nord, peu colonisé, ou colonisé plus tardivement, est plus faiblement touché par la déforestation.
Le plus souvent, la forêt est détruite par le feu, ce qui engendre d'emblée la différence entre le défrichement lié à la création des routes et le défrichement agricole et pastoral.

Depuis que l'Etat s'est lancé dans des opérations d'occupation des territoires forestiers, l'Amazonie s'intègre à l'économie nationale.
Par l'apport de migrants, l'Amazonie a été peuplée dans sa frange orientale et méridionale.
La combinaison de différents facteurs comme la précarité des contrats de travail, la mauvaise fertilité des sols, la pression foncière, la construction de nouveaux axes de communication explique le déplacement des populations qui vont toujours plus loin à l'Ouest pour tenter de trouver de meilleures conditions de vie.
La dynamique des fronts pionniers a suivi le tracé des routes réalisées par l'Etat fédéral et par les différents états amazoniens. Ces axes de direction Sud - Nord et Est - Ouest ont été le vecteur des migrations, ce qui confirme la destruction forestière le long des routes.

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L'exploitation forestière

L'exploitation forestière amazonienne, bien que secondaire, existe aujourd'hui.

L'Amazonie dispose d'un fort potentiel forestier, mais l'exploitation forestière en forêt amazonienne est difficile du fait du milieu naturel.
Les forêts de Terra Firme et Varzea, qui la composent, ne sont pas praticables toute l'année et l'extraction des grumes n'en est que plus délicate. La spécificité de cette forêt réside dans son hétérogénéité et son aspect impénétrable. Depuis maintenant 20 ans, les forestiers tirent parti de cette dernière avec une meilleure rentabilité, en utilisant un matériel adéquat acheté grâce à des investissements conséquents.
Les bois amazoniens sont aujourd'hui commercialisés dans tout le pays mais aussi sur le marché international.

C'est l'état du Para qui apparaît comme l'état du bois.
Dans cet état, le bois a pris une grande importance commerciale et économique quand les investisseurs ont réalisé qu'ils représentaient une véritable richesse sur pied qu'il s'agissait d'extraire.
Ces personnes venues du "Sud" ou de l'étranger ont placé des capitaux dans la région Nord et lui ont donné une vocation forestière qu'ils ont su développer.
L'état du Para joue aujourd'hui le rôle principal dans les exportations de bois amazoniens puisqu'il fournit 80 % du bois tropical exporté.
Cet état s'est doté d'un réseau de petits et de moyens centres urbains nés de la colonisation de la région et de la création des axes routiers. Les principales villes de l'état du Para sont aujourd'hui les mêmes que celles liées à l'activité forestière ; elles connaissent un fort dynamisme lié à l'activité forestière. Ces villes s'équipent, se développent et structurent l'espace.
Dans le Para existe maintenant une véritable organisation urbaine. Un réseau de villes aux activités industrielles et commerciales s'est établi sur les axes routiers paraenses. Le développement de ces villes est donc en partie lié aux revenus des activités forestières.

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En conclusion

L'Amazonie est un véritable enjeu pour le Brésil. C'est un espace original au centre d'enjeux écologiques, économiques et géopolitiques considérables.

L'Etat a décidé d'y exploiter massivement toutes les ressources et de développer la région en l'intégrant à l'espace national.

Les véritables raisons de la destruction de la forêt amazonienne

Un territoire équivalent à celui de la Suisse part en fumée, chaque année en Amazonie ... Le phénomène de défrichement reste alarmant.
Les enjeux écologiques concernant l'Amazonie sont aujourd'hui de première importance. La communauté internationale semble, devant ces faits alarmants, se mobiliser et tente d'imposer des mesures de protection à l'égard du milieu amazonien.
L'Amazonie suscite de l'intérêt en ce qui concerne la gestion de l'environnement et réveille la conscience écologique de chacun. Selon les journaux, l'Amazonie est défigurée.
Deux questions se posent alors :

En tout état de cause, il faut apprendre à gérer le patrimoine forestier pour assurer le développement durable de l'Amazonie brésilienne.

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Source: Marie-Françoise FLEURY, docteur en géographie, professeur au collège de Gasny